Libellés

dimanche 3 novembre 2019

UNE FÊTE À AZPEITIA EN GUIPUSCOA AU PAYS BASQUE EN 1880 (deuxième et dernière partie)


UNE FÊTE À LOYOLA EN 1880.


En 1880, a lieu à Azpeitia une grande fête pour le retour de la statue de Saint Ignace, qui avait quitté le village depuis 1869.


PAIS VASCO GUIPUZCOA ANTES
FÊTES DE ST IGNACE LOYOLA GUIPUSCOA
PAYS BASQUE D'ANTAN


Voici ce que rapporta à ce sujet la Gazette Nationale ou Le Moniteur Universel, dans la 

deuxième partie de l'article paru, dans son édition du 5 août 1880 :





"Mais revenons. I.a voiture s’arrête devant une petite maison assise au bord de la route. Au-dessus de la porte de cette casa est écrit le mot Portazgo. Il en sort un miquelet avec ses pantalons rouges comme ceux de nos soldats français, avec sa capote gris bleu à pèlerine, avec son béret rouge à bouton de cuivre. I.e postillon lui pave une redevance connue sous le nom de cadena. C’est un impôt qu'on perçoit sur les chemins tous les trente kilomètres et qui est spécialement affecté à l’entretien des routes. Je ne sais s’il passe beaucoup de voyageurs au Portazgo de Zumarraga, mais je vous affirme que la voie est merveilleusement entretenue. 



Il ne faut pas croire que toutes les routes de la Péninsule sont dans cet état satisfaisant. Non. Les seules provinces du Guipuzcoa et d’Alava ont des chemins bien soignés. Dans tout le reste de l’Espagne les routes sont des casses-cou agrémentés de malfaiteurs. 




Nous traversons bientôt, au milieu du plus pittoresque pays du monde, la petite ville d’Ascoitia. 


guipuzcoa pais vasco antes
AZCOITIA GUIPUSCOA
PAYS BASQUE D'ANTAN


Ou sort de la messe. La fanfare de la localité joue un grand air devant la porte de l'église. Toujours pas de cravates. Toutes les maisons sont ornées de petits balcons en bois vermoulu sur lesquels vous ne conseilleriez pas à une hirondelle de se poser ; et pourtant de jolies et blanches espagnoles s'y montrent pour voir passer la diligence. 




Un jeune hidalgo qui voyage avec nous sur l’impériale croit de son devoir strict de leur souhaiter mille prospérités en leur disant qu'elles sont bonitas, tindas, hermosas




Et d’un sourire qu’accompagne un geste charmant elles le remercient se sa politesse. Personne n’est surpris. Chaque peuple a ses usages. 



Une chose qui me confond, c’est que dans ce pays de montagnes nous avons roulé deux heures déjà sans rencontrer une côte à monter. Et ce doit être comme cela jusqu'au terme de notre voyage. Bien mieux, la route descend incessamment. 




Enfin, nous arrivons. Un dôme immense et d’un caractère sévère apparaît à notre droite, c’est l'église du couvent de Loyola. Tout autour, et attenant au sanctuaire, se dressent des constructions considérables qui, pour la plupart, sont inachevées, car elles ont été interrompues par la proscription. 


pais vasco guipuzcoa antes
LOYOLA AZPEITIA GUIPUZCOA
PAYS BASQUE D'ANTAN



Nous ne nous arrêtons pas. Un journal de Paris a déclaré qu’il fallait descendre à l’hospederia ou maison d'hospitalité de Loyola. Mais cette maison n'a que trente lits à peine et presque personne n'espère y trouver un gîte qui serait d’ailleurs trop loin du principal théâtre de la fête. 




Il nous faut aller jusqu’à Azpeitia



Nous descendons à l’hôtel Arteche. M. Arteche est un homme charmant, un hôtelier modèle occupé à s'arracher les cheveux au milieu de son escalier devant la marée montante des voyageurs. 


pais vasco guipuzcoa antes
PLACE DU MARCHE AZPEITIA GUIPUZCOA
PAYS BASQUE D'ANTAN



Il n’a plus un lit, plus un grenier, plus une soupente. Depuis hier, avec une sollicitude aimable, il loge en ville le plus d'arrivants qu’il peut. El il est juste de dire qu'il s’est donné un mal horrible. 




Mais nous, nous arrivons trop tard. Nous pourrons dîner chez lui, à la vérité, et encore en nous faisant inscrire, mais pour nous coucher, ce n’est pas possible, il n’y a plus un lit disponible dans la ville. Nous sommes forcés, M. La Caze, mon aimable compagnon, et moi de nous confier à la Providence et de remettre à plus tard la solution du problème do notre nuit. 




Nous dînons d’abord — on dîne à midi dans ces provinces primitives — et notre dîner nous fait regretter davantage les lits que nous espérions. 




Au moment où nous nous levons de table,des torrents d'harmonie s'épandent dans les airs. Une musique militaire joue un pas redoublé. Derrière elle vient un alguazil tenant à la main une petite baguette d’osier. Après l'alguazil marchent sur deux files des hommes de tout âge. Ce sont les membres de l’Ayuntamiento ou conseil municipal. Le maire en habit officiel, le bicorne à plumes sous le bras marche derrière eux tenant à la main une sorte de bâton de commandement, insigne de sa charge, et enfin pour fermer le cortège, trois autres alguazils toujours avec la baguette d’osier moins grosse que le petit doigt. Vous connaîtrez plus tard l'usage étrange et comique qu’ils font de cette inoffensive badine. 


pais vasco guipuzcoa antes
PROCESSION AZPEITIA GUIPUZCOA
PAYS BASQUE D'ANTAN



Notez en passant que les alguazils sont vêtus de magnifiques habits noirs à boutons do métal qui feraient honneur au plus distingué des sous-préfets de la République. 




Tout ce monde se rend solennellement à vêpres. A la porte de l’église, un prêtre en surplis présente l'eau bénite au maire et à ses conseillers. Tous font le signe de la croix à l’espagnole et se rendent dans le banc qui leur est réservé. 




J'ai songé, malgré moi, en voyant ce spectacle à nos belles municipalités radicales et je n'ai pu m'empêcher de faire une comparaison qui n'était pas à l'honneur de notre pays. 


pais vasco guipuzcoa antes
FÊTES DE ST IGNACE DE LOYOLA 1904
PAYS BASQUE D'ANTAN


Tout le monde se rangeait respectueusement devant le cortège ; tout le monde saluait ; personne ne paraissait ni surpris, ni scandalisé, 




Il est vrai qu’ici nous sommes en plein pays carliste. Le maire, M. Iturbe, était colonel dans l'armée carliste. Son adjoint était lieutenant-colonel, presque tous les conseillers combattaient à leur côté. Les administrés eux-mêmes, en grand nombre, ont fait campagne avec eux. Jusqu’au chef de la fanfare qui dirigeait la musique d’un régiment carliste. 




Enfin, nous avons eu le bonheur de faire la connaissance d’un prêtre fort aimable, qui parle français, et a bien voulu se faire notre gracieux et obligeant cicerone. Lui aussi était aumônier dans l’armée du prétendant. 




Mais on sort des vêpres, la foule est compacte. Le cortège municipal se reforme, et, pour lui frayer passage, un alguazil s’élance sur la foule et distribue à tour de bras, de gauche et de droite, des coups de baguette comme s’il en pleuvait. Cela nous fait rire. Mais les Basques ne s'émeuvent pas et se rangent sous cette touchante injonction. La musique joue un nouveau pas redoublé, et la municipalité se rend à la casa consistorial, des fenêtres de laquelle elle doit présider à une course de taureaux."








Merci ami(e) lecteur (lectrice) de m'avoir suivi dans cet article.

Plus de 5 000 autres articles vous attendent dans mon blog :

https://paysbasqueavant.blogspot.com/


N'hésitez pas à vous abonner à mon blog, à la page Facebook et à la chaîne YouTube, c'est gratuit !!!

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire