UNE FÊTE À LOYOLA EN 1880.
En 1880, a lieu à Azpeitia une grande fête pour le retour de la statue de Saint Ignace, qui avait quitté le village depuis 1869.
FÊTES DE ST IGNACE LOYOLA GUIPUSCOA PAYS BASQUE D'ANTAN |
Voici ce que rapporta à ce sujet la Gazette Nationale ou Le Moniteur Universel, dans la
deuxième partie de l'article paru, dans son édition du 5 août 1880 :
"Mais revenons. I.a voiture s’arrête devant une petite maison assise au bord de la route. Au-dessus de la porte de cette casa est écrit le mot Portazgo. Il en sort un miquelet avec ses pantalons rouges comme ceux de nos soldats français, avec sa capote gris bleu à pèlerine, avec son béret rouge à bouton de cuivre. I.e postillon lui pave une redevance connue sous le nom de cadena. C’est un impôt qu'on perçoit sur les chemins tous les trente kilomètres et qui est spécialement affecté à l’entretien des routes. Je ne sais s’il passe beaucoup de voyageurs au Portazgo de Zumarraga, mais je vous affirme que la voie est merveilleusement entretenue.
Il ne faut pas croire que toutes les routes de la Péninsule sont dans cet état satisfaisant. Non. Les seules provinces du Guipuzcoa et d’Alava ont des chemins bien soignés. Dans tout le reste de l’Espagne les routes sont des casses-cou agrémentés de malfaiteurs.
Nous traversons bientôt, au milieu du plus pittoresque pays du monde, la petite ville d’Ascoitia.
AZCOITIA GUIPUSCOA PAYS BASQUE D'ANTAN |
Ou sort de la messe. La fanfare de la localité joue un grand air devant la porte de l'église. Toujours pas de cravates. Toutes les maisons sont ornées de petits balcons en bois vermoulu sur lesquels vous ne conseilleriez pas à une hirondelle de se poser ; et pourtant de jolies et blanches espagnoles s'y montrent pour voir passer la diligence.
Un jeune hidalgo qui voyage avec nous sur l’impériale croit de son devoir strict de leur souhaiter mille prospérités en leur disant qu'elles sont bonitas, tindas, hermosas.
Et d’un sourire qu’accompagne un geste charmant elles le remercient se sa politesse. Personne n’est surpris. Chaque peuple a ses usages.
Une chose qui me confond, c’est que dans ce pays de montagnes nous avons roulé deux heures déjà sans rencontrer une côte à monter. Et ce doit être comme cela jusqu'au terme de notre voyage. Bien mieux, la route descend incessamment.
Enfin, nous arrivons. Un dôme immense et d’un caractère sévère apparaît à notre droite, c’est l'église du couvent de Loyola. Tout autour, et attenant au sanctuaire, se dressent des constructions considérables qui, pour la plupart, sont inachevées, car elles ont été interrompues par la proscription.
LOYOLA AZPEITIA GUIPUZCOA PAYS BASQUE D'ANTAN |
Nous ne nous arrêtons pas. Un journal de Paris a déclaré qu’il fallait descendre à l’hospederia ou maison d'hospitalité de Loyola. Mais cette maison n'a que trente lits à peine et presque personne n'espère y trouver un gîte qui serait d’ailleurs trop loin du principal théâtre de la fête.
Il nous faut aller jusqu’à Azpeitia.
Nous descendons à l’hôtel Arteche. M. Arteche est un homme charmant, un hôtelier modèle occupé à s'arracher les cheveux au milieu de son escalier devant la marée montante des voyageurs.
PLACE DU MARCHE AZPEITIA GUIPUZCOA PAYS BASQUE D'ANTAN |
Il n’a plus un lit, plus un grenier, plus une soupente. Depuis hier, avec une sollicitude aimable, il loge en ville le plus d'arrivants qu’il peut. El il est juste de dire qu'il s’est donné un mal horrible.
Mais nous, nous arrivons trop tard. Nous pourrons dîner chez lui, à la vérité, et encore en nous faisant inscrire, mais pour nous coucher, ce n’est pas possible, il n’y a plus un lit disponible dans la ville. Nous sommes forcés, M. La Caze, mon aimable compagnon, et moi de nous confier à la Providence et de remettre à plus tard la solution du problème do notre nuit.
Nous dînons d’abord — on dîne à midi dans ces provinces primitives — et notre dîner nous fait regretter davantage les lits que nous espérions.
Au moment où nous nous levons de table,des torrents d'harmonie s'épandent dans les airs. Une musique militaire joue un pas redoublé. Derrière elle vient un alguazil tenant à la main une petite baguette d’osier. Après l'alguazil marchent sur deux files des hommes de tout âge. Ce sont les membres de l’Ayuntamiento ou conseil municipal. Le maire en habit officiel, le bicorne à plumes sous le bras marche derrière eux tenant à la main une sorte de bâton de commandement, insigne de sa charge, et enfin pour fermer le cortège, trois autres alguazils toujours avec la baguette d’osier moins grosse que le petit doigt. Vous connaîtrez plus tard l'usage étrange et comique qu’ils font de cette inoffensive badine.
PROCESSION AZPEITIA GUIPUZCOA PAYS BASQUE D'ANTAN |
Notez en passant que les alguazils sont vêtus de magnifiques habits noirs à boutons do métal qui feraient honneur au plus distingué des sous-préfets de la République.
Tout ce monde se rend solennellement à vêpres. A la porte de l’église, un prêtre en surplis présente l'eau bénite au maire et à ses conseillers. Tous font le signe de la croix à l’espagnole et se rendent dans le banc qui leur est réservé.
J'ai songé, malgré moi, en voyant ce spectacle à nos belles municipalités radicales et je n'ai pu m'empêcher de faire une comparaison qui n'était pas à l'honneur de notre pays.
FÊTES DE ST IGNACE DE LOYOLA 1904
PAYS BASQUE D'ANTAN
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