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mardi 5 novembre 2019

LE PROBLÈME D'ALIMENTATION EN EAU À SAINT-JEAN-DE-LUZ ET CIBOURE EN LABOURD AU PAYS BASQUE EN NOVEMBRE 1921


L'EAU À SAINT-JEAN-DE-LUZ ET CIBOURE EN 1921.


Avant leurs grandes voisines du Labourd, les deux cités soeurs du pays des corsaires : Ciboure et Saint-Jean-de-Luz, se préoccupent de leur alimentation en eau.


ciboure autrefois
AMENAGEMENT DE LA CITE FUTURE DE CIBOURE
PAYS BASQUE D'ANTAN

Je vous ai parlé dans deux articles précédents de l'alimentation en eau des communes de Saint-

Jean-de-Luz et Ciboure.



Voici ce que rapporta la presse locale dans diverses éditions :



  • La Gazette de Biarritz-Bayonne et Saint-Jean-de-Luz, le 1 novembre 1921, sous la plume 
d'H. Godbarge :



"Saint-Jean-De-Luz. La question de l'eau.




Nous ferons connaître plus tard nos idées personnelles sur les solutions générales que nous préconisons, à la fois pour la consommation actuelle largement assurée des besoins présents et pour ceux de l'avenir, tant à St-Jean-de-Luz qu'à Ciboure, car ces deux villes sont tellement villes-soeurs qu’elles ne forment en réalité qu’une seule et même agglomération, une seule et même station balnéaire, recherchée, goûtée, par les touristes élégants. 


pays basque autrefois
BAIE DE ST JEAN DE LUZ-CIBOURE 1921
PAYS BASQUE D'ANTAN


Pour le moment, nous nous contenterons d’attirer l’attention des lecteurs de la Gazette sur les conséquences de certaines défectuosités dont on ne semble pas suffisamment se rendre compte même quand on est un peu initié à ces questions, questions très complexes. 




D'abord, examinons le problème de la consommation par tête d’habitant, utile pour les calculs de débit nécessaire. Les statistiques sont très variables. Elles varient, bien entendu, suivant les cas d'espèce. D'abord, nous l'avons déjà déclaré, cette consommation s'accroît d’année en année. D'après "l'enquête statistique sur l'hygiène urbaine dans les villes françaises" dans toute ville de plus de 5 000 habitants, dotée d’une distribution d’eau, la consommation par tête s’élève à 111 litres. A remarquer que Paris dépasse 210 litres et New-York 280 litres. Ce sont des chiffres de consommation moyenne dans l’année. Il y a donc lieu de les augmenter pendant la période d’été et pour une clientèle de baigneurs ayant salle de bain, jardins. etc. — Saint-Jean-de-Luz est en grande partie une cité-jardin, ne l'oublions pas ; aussi, outre ces données sur l'alimentation quotidienne, il y a surtout lieu de tenir compte des variations inévitables de la consommation, de façon à parer aux pertes de la canalisation et au gaspillage qu'il est impossible de réprimer entièrement. 





La question des pertes. 




— Elles proviennent de l’imparfaite étanchéité de la canalisation et des appareils, car il n’y a pas de point qui résiste à la pression de l’eau ; point de robinet qui ne s’use. 


labourd autrefois
STE BARBE ST JEAN DE LUZ 1921
PAYS BASQUE D'ANTAN



Même pour une installation bien conçue et bien exécutée, même pour une installation bien entretenue, nous avons la déclaration suivante du professeur Nicholo, professeur hygiéniste à New-York, qui nous stupéfie par ses conséquences : 


"Il est généralement admis, dit-il, par des personnes chargées des distribution d’eau, que les pertes atteignent 25 à 50 % de la quantité d’eau dépensée". 




Quelle peut donc être la proportion pour une installation négligée et d’entretien insuffisant, c’est-à-dire avec des moyens limités, voire même de fortune ? 





Gaspillage.



 — Autre surprise révélée par les statistiques ou les données documentaires de plumes autorisées ! 




Le gaspillage est surtout réprimé par l'usage du compteur. D’après certaines statistiques le chiffre de la consommation varie parfois du simple au double, suivant que celle-là se fait ou non avec ou sans compteur. L'usage seul du compteur, à Paris, a permis, pendant plusieurs années, de subvenir aux besoins d'une alimentation jugée complètement insuffisante antérieurement. 


pays basque autrefois
PLAGE ST JEAN DE LUZ 1921
PAYS BASQUE D'ANTAN




La question du Réservoir. 




— Le réservoir de Saint-Jean-de-Luz est-il suffisant ?...Nous savons déjà qu’il serait désirable, sinon indispensable, qu’il fut plus élevé. A-t-il la capacité voulue ? Et quelle doit être celle-ci ? Voici ce que des ingénieurs en chef d’assainissement déclarent : "Il suffit que les réservoirs soient à même de recevoir à chaque instant du jour, la fraction de la quantité d’eau amenée ou élevée que n'absorbe point le service et qu'ils soient à même de fournir le supplément aux heures où le volume distribué dépasse l’alimentation". Il est donc ainsi possible de leur donner une capacité inférieure au volume d'eau représentant la consommation d’une journée. Dans quelle proportion ? D'après certains, il est bon que cette capacité soit égale au moins à la moitié du volume amené par 24 heures. Un autre déclare que "la règle la plus habituellement suivie consiste à prendre pour la capacité du réservoir un cube égal ou un peu supérieur au volume d'eau maximum à distribuer dans une journée."




Donc, même en admettant que les sources qui alimentent Saint-Jean-de-Luz soient assez abondantes, même en admettant que les canalisations oui conduisent l’eau au réservoir soient de diamètre suffisant et bien entretenues, donc, soient telles qu’il n'y ait pas trop grande déperdition, est-il possible de conclure que la capacité du réservoir se rapproche de celle qui est nécessaire ?... Je livre en quelques données à la méditation des initiés de ceux qui ont des renseignements précis sur le volume du réservoir luzien, déduction faite de la capacité utile, celle-ci étant toujours inférieure, bien entendu, à la capacité totale à cause des dépôts de fond."



  • La Gazette de Biarritz-Bayonne et Saint-Jean-de-Luz, le 3 novembre 1921 :


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ST JEAN DE LUZ 1921
PAYS BASQUE D'ANTAN

"La question de l'eau.




Les effets des dépôts dans les conduites.




Ceux-ci forment une couche blanchâtre ou jaunâtre qui va s’épaississant constamment. Ces dépôts augmentent le frottement et gênent considérablement la circulation, diminuent la section à tel point que l’on a observé parfois des réductions atteignant jusqu’à 54 %. 




Ainsi donc, avant d’établir les calculs de section nécessaire, ne serait-il pas utile de se rendre compte de la section actuelle et de la section véritable qu’il serait possible d’avoir par un détartrage, un nettoyage de parois et en multipliant les soins d’entretien. 




Il y aurait bien d’autres points à exposer ; par exemple : la façon de concevoir les joints, les dispositions à prendre pour l’édification d’un réservoir élevé permettant de desservir les plus hautes habitations sur les collines environnantes, la critique détaillée du réseau artériel établi au petit bonheur sans souci d'un développement futur, sans calculs scientifiques des sections, sans exécution soignée, l’établissement et la surveillance des compteurs...tous points de détail qu’il serait fastidieux d’examiner dans de simples articles de journaux. 


pays basque autrefois eau
SORTIE DU BAIN ST JEAN DE LUZ 1921
PAYS BASQUE D'ANTAN


L'exposé précédent, en démontrant l'importance de certaines défectuosités, montre aussi qu'il peut être apporté toutes sortes d’améliorations à une installation défectueuse, même insuffisante, améliorations qui peuvent suffire à une ville sans développement important. Mais en est-il de même à St-Jean-de-Luz, ville reliée à la pittoresque petite cité de Ciboure, laquelle est encore privée d’eau ? 




A notre sens, le problème est plus large, plus ample. La solution de celui-ci, la véritable solution, doit permettre une distribution abondante, à toute époque, quelle que soit l’affluence estivale, quel que soit le développement de l'une et l'autre ville, jumelles, donc indépendante de la question des sources oui ont manifestement, il faut l’avouer, un débit trop limité pour les besoins de deux stations balnéaires. 




Il est vrai que l'eau de source est l’eau idéale pour les distributions intérieures d’habitation, mais, trop souvent, les sources font défaut, et les nappes souterraines n’offrent pas également une ressource suffisamment sûre et abondante, tandis que les rivières, les lacs fournissent des quantités d'eau presque indéfinie et de qualité très suffisante dans la plupart des cas. Au reste, aujourd'hui, des procédés artificiels d'amélioration permettent d'atténuer les inconvénients de l'eau de rivière. 




Aussi nous sommes disposés à préconiser la solution de l'alimentation multiple avec tous les perfectionnements modernes, c’est-à-dire le système de deux canalisations, l'une pour les usages domestiques, l’autre pour les usages publics, industriels, l’arrosage, le jardinage, etc. 



pays basque autrefois
PONT ST JEAN DE LUZ-CIBOURE 1921
PAYS BASQUE D'ANTAN



Et pour être conforme "aux décisions de congrès d'hygiène" en particulier, celui de Londres 1891, l’eau de source, seule, pénétrerait dans les habitations, la plus grande quantité d’eau à St-Jean-de-Luz étant absorbée par les besoins d’arrosage, de jardinage, les besoins industriels...




Ainsi un deuxième système artériel devrait être adjoint, juxtaposé au premier. Le captage se ferait en rivière, suivant les procédés actuellement usités, après décantation, filtrage mécanique et chimique, et l’eau serait amenée au moyen de machines élévatoires dans un réservoir, lequel, en la circonstance, peut être extrêmement réduit et n’avoir donc qu’un tout petit volume. Ensuite écoulement dans le 2ème système artériel déjà énoncé. 




Et le coût ? nous dira-t-on. Beaucoup trop considérable ! se récrieront certains, avant même d'avoir le moindre renseignement. D’abord, il est possible de déterminer approximativement, il est vrai, mais d'assez près cette évaluation au moyen de barèmes comparatifs établis par exemple par 1 000 mètres cubes montés à un mètre. Et celle-là permettrait de se prononcer ou non pour une étude plus approfondie du système. Nous ajouterons que cette solution, même dispendieuse, s’impose, souvent, dans le cas où le système existant est à refaire ou à peu près. En est-il autrement dans le cas de St-Jean-de-Luz, si vraiment on recherche une installation satisfaisante à tous égards, donc, définitive ? D'autre part, elle permettrait ou tout au moins faciliterait l’alimentation de Ciboure, la sœur pauvresse de St-Jean-de-Luz, jusqu’à ce jour privée d’eau comme nous l’avons déjà dit. Et à notre sens, tout bien examiné, tout bien pesé, les ressources des deux communes mises en commun permettraient, nous en sommes convaincus, la réalisation de ce projet. 


labourd autrefois
CIBOURE 1921
PAYS BASQUE D'ANTAN



Et avec celui-ci, plus d’appréhensions, plus de surprises désagréables, plus d’alimentation à la portion congrue, plus de chasses sans effet d'eau, plus de baignoires sans eau, plus d'habitations, plus de villas éloignées ou trop élevées, sans alimentation d'eau de ville, plus de pensions de famille, plus de restaurant à Ciboure sans eau courante, à certaines heures. Désormais, toutes les collines pourraient être approvisionnées. Toutes, elles pourraient être peuplées ou de villas élégantes ou d'hôtels somptueux qu'exige, que réclame la vogue croissante de deux stations agréables, pittoresques, au centre d’un des plus beaux sites du monde. 




Nous ne doutons pas, édiles de St-Jean-de-Luz, de vos méditations, de vos études anxieuses ; nous connaissons votre désir de bien faire. Mais nous vous prions de songer à la difficulté, à l’urgence des questions agitées et à votre responsabilité, de ce fait. Car, nous ne dramatisons rien. L'heure est à la fois grave et décisive. C'est l'heure des réalisations, réalisations dont dépendra non seulement le développement immédiat, mais peut-être aussi l'avenir du pays."










Merci ami(e) lecteur (lectrice) de m'avoir suivi dans cet article.

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