UNE PRISON EN NAVARRE EN 1935.
Le fort de San Cristobal, non loin de Pampelune, en Navarre, est un fort de sinistre mémoire.
FORT SAN CRISTOBAL PAMPELUNE PAYS BASQUE D'ANTAN |
Voici ce que rapporta le journal Les Cahiers des droits de l'homme, dans son édition du 20 juin
1935, sous la plume de J.-G. Gorkin :
"Dans les prisons espagnoles.
A mon retour de Paris, un de mes premiers soucis a été de rendre visite aux amis de la Prison modèle de Madrid. J’ai pu m’entretenir avec Largo Caballero, le jeune député socialiste Hernandez Zancajo, et d’autres encore. Ils ne sont pas trop mal et tous font preuve d’un très grand optimisme. A l’heure du départ, au moment de leur serrer la main, l’un d’eux me dit :
— Allez voir les camarades de la prison de Pampelune. Il paraît que c’est l’une des pires prisons de l’Espagne.
Je décidai d’y aller.
Pampelune, capitale de la Navarre, est une ville dominée par le clergé. Les couvents y abondent. Dans les rues, on y croise de nombreux curés. La réaction cléricale contre la République naquit et se développa, pendant les deux premières années, dans la région de la Navarre. Les partis démocratiques et les organisations ouvrières s’y sont développés à grand'peine.
A quelques kilomètres de Pampelune, sur une immense montagne qui domine la ville et la vallée, se trouve la forteresse militaire de San Cristobal. Après les événements révolutionnaires d’octobre dernier, cette forteresse a été transformée en prison, bien qu’elle ne réunisse aucune des conditions pour cet usage. Il y a, à l’heure actuelle, 450 prisonniers, venant de la Catalogne, des Asturies, de la Biscaye, d’un peu partout. Tous ont été condamnés à des peines graves, variant entre 14 et 30 ans de prison. Parmi eux, il y a 50 condamnés à mort dont la peine a été commuée en réclusion perpétuelle.
FLEUVE ARGA ET MONT SAN CRISTOBAL PAMPELUNE NAVARRE PAYS BASQUE D'ANTAN |
Un de mes meilleurs amis, condamné à perpétuité, se trouve là aussi : Luis Portela, ancien administrateur du quotidien Adelante, journal dans le quel je remplissais les fonctions de rédacteur en chef. Portela fut arrêté le 7 octobre dans les environs de Barcelone. Il n’avait pas d’arme sur lui : il aurait pu protester de son innocence et exiger sa libération. La garde civile le plaça sur le devant de la voiture qui la conduisait à un village voisin, où les révolutionnaires s’étaient emparés de la mairie.
-- Quand tes camarades te verront là, ils n’oseront pas tirer sur nous — lui dit le capitaine de la garde civile.
Les révolutionnaires se rendirent peu après et la garde civile en arrêta dix-huit, les armes à la main. Ils étaient tous très jeunes, presque des enfants ; Portela eut pitié d’eux et dit alors au capitaine de la garde civile :
— J’étais avec eux, vous pouvez me faire condamner en leur compagnie.
Et tous furent condamnés à la réclusion perpétuelle et envoyés à la forteresse de San Cristobal, où ils se trouvent encore.
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