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mardi 9 juillet 2019

LE VOL DU TRÉSOR DE PAMPELUNE EN NAVARRE AU PAYS BASQUE EN 1935 (première partie)


LE VOL DU TRÉSOR DE PAMPELUNE EN 1935.


En 1935, a lieu un événement très important dans la capitale de la Navarre : le vol du "trésor" de la cathédrale Sainte Marie.



navarra antes pais vasco catedral
JOSE OVIEDO DE MOTA
SUSPECT DU VOL DU TRESOR DE PAMPELUNE



Voici ce que rapporta la presse à ce sujet, dans le journal Paris Soir, le 18 août 1935, sous la 

plume de Louis Delaprée :


"Le vol du trésor. 


Entre ses remparts Pampelune unanime bouillonne de colère... contre José Oviedo de Mota.

Comte de noblesse incertaine mais escroc incontestable, il avait gagné la confiance des habitats 

et du clergé par l'édifiant spectacle de sa piété.



Pampelune, 17 Août (par téléph.) 



Pendant que toutes les polices d'Europe cherchent le comte Oviedo de Mota, dont la noblesse est incertaine et les méfaits incontestables, Pampelune tout entière, avec ses cireurs de bottes, ses mendiants aveugles, ses mantilles et ses yeux noirs, bouillonne de colère entre ses remparts couleur de mirabelle.



Dans les jardins de la Taconera, les éventails ont arrêté leur palpitation d'oiseaux captifs. De la citadelle à la basilique Saint-Ignace, on ne parle que de la cathédrale pillée. Les chaisières jurent comme des muletiers. Les prêtres passent en serrant les lèvres sur une moue de rage froide.




navarra antes pais vasco catedral
CHAPELLE CATHEDRALE STE MARIE PAMPELUNE
PAYS BASQUE D'ANTAN


José a volé le trésor, José ce saint homme, si pieux, si généreux pour les bonnes œuvres et les couvents, José s'est sauvé en France avec toutes les richesses de la cathédrale — plusieurs millions de pesetas au poids de l'or et des pierreries — après avoir trompé le Chapitre, l'archiprêtre, les confréries et le bedeau lui-même.



Que les ciboires, les croix, les ostensoires, qui depuis la fondation de la cathédrale par Charles III de Navarre en 1397, s'étaient déposés sur les rayons de la sacristie comme des sédiments au fond des mers, aient été vulgairement barbotés par un escroc international, c'était déjà une catastrophe pour Pampelune. Mais que l'auteur du cambriolage ait été justement José Oviedo de Mota, qui tous les jours faisait deux chemins de croix, lustrait son pantalon en prières, édifiait les nonnes par ses génuflexions et confondait les théologiens par ses connaissances, cela est trop, vraiment trop. Pampelune ne peut point le supporter. Le vol prend l'horreur de la trahison et bien des cœurs dressent en secret un autodafé pour le comte.



— Mais comment diable a-t-il fait, dis-je au bedeau, pour vous tromper ainsi ?



Le concierge de la maison du Seigneur, aux joues de reps bleu, fixe sur moi un sombre regard navarrais.



— Il est venu. Il s'est installé modestement, mais il a dépensé avec faste. Il donnait deux pesetas au "limpia bottas" (cireur), des vêtements aux galopins et des culottes aux petites filles trop court vêtues. Il parlait des courses de taureaux comme personne. Mais c'était son seul divertissement profane. En dehors de cela, il n'y avait pour lui que la religion. Du matin au soir, il était à la cathédrale. Bien souvent, la nuit tombée, je le trouvais effondré dans la pénombre d'une chapelle. Il poussait de gros soupirs et j'avais presque peur en regardant ses yeux écarquillés où l'on voyait remuer la lueur des cierges. Ah ! monsieur, comme il nous a trompés ! Tenez ! je sais que je fais un péché, mais tant pis. Je souhaite que le comte meure à l'instant même, sans confession et qu'il soit damné !


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CATHEDRALE STE MARIE PAMPELUNE
TOMBEAU DES ROIS DE NAVARRE
PAYS BASQUE D'ANTAN

Le bedeau me montre alors d'un doigt maigre les profondes armoires vidées par une main sacrilège, puis les vitraux aux jointures de plomb descellé.


— Mais à quoi bon aurait-il joué cette comédie de la piété, puisque le vol a été commis avec effraction ?


— Ses complices ne sont peut-être pas entrés dans la sacristie, señor periodisto. C'est lui qui leur a passé le trésor par ce trou dans le vitrail. Les gens de la Seguridad (la Sûreté) m'ont dit qu'il opérait toujours ainsi.



C'est vrai, ce vol porte bien la même marque que les cambriolages ou les tentatives de cambriolages de Mota — énumérés hier par "Paris-soir" à Bergame, Caravaggio et Rome.


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JOSE OVIEDO DE MOTA
"JE N'AI PAS VOLE LE TRESOR"

Mais José de Motà, pilleur d'églises, n'est pas un banal malfaiteur spécialisé dans l'effraction des sanctuaires. Vous allez voir que c'est aussi un redoutable théologien.




Le cambrioleur pourvoyeur de l'inquisition.


Pendant que j'examinais la façade plâtrée sur l'illustre cathédrale par un architecte du XVIIIe siècle qui crut l'embellir et ne réussit qu'à se déshonorer, un prêtre passa.


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CATHEDRALE STE MARIE PAMPELUNE
PAYS BASQUE D'ANTAN

Un jeune prêtre, au petit chapeau de peluche, aux larges souliers montagnards. Je l'abordai.


— Est-ce pour une confession, me demanda-t-il. 


— Oui, Monsieur le curé, mais c'est vous que je veux confesser. Avez-vous connu le comte Oviedo de Mota ?



Je suis tombé par hasard sur l'homme qu'il me fallait. Mon jeune abbé a beaucoup trop connu le comte, à son gré. Une fois, il s'est laissé allé à controverser un peu trop avant avec le pieux mexicain.



— Savez-vous ce qu'il a fait le lendemain, Señor ? Vous ne devineriez jamais. Il est allé trouver t'évêque pour m'accuser de quiétisme. Il parait que ce que je lui avais dit tombait dans l'hérésie du théologien Molinos dont les soixante-huit propositions ont été condamnées par la Sainte Inquisition romaine en 1687. Oui, voilà, ce qu'il a fait le voleur !


— C'est assez drôle !


— Je ne trouve pas, dit l'abbé, en me tournant le dos. 



Et il s'éloigne à grands pas, en balançant sous sa soutane drapée, des épaules de joueur de rugby. Son petit chapeau plat oscille, comme l'armet de Don Quichotte, sur une tête pleine de pensées orthodoxes, j'en jurerais, quoique le Mexicain diabolique ait pu prétendre.




Et le manteau du christ !



Mais voici une vieille aveugle que traîne un adolescent efflanqué. La vieille joue de la guitare en levant ses yeux blancs vers le ciel. L'adolescent secoue une sébille, les yeux baissés vers les pavés pointus.


— Olga : arrêtez-vous un peu, bonnes gens. Avez-vous connu José de Mota ?



Tous deux font un pas en arrière, comme si j'avais évoqué Satan. Une peseta les rassure. Deux leur délient la langue.



— Que la Vierge détourne de lui sa miséricorde ! Que le sang du Christ ne lave plus ses péchés ! Il nous a tout pris ! Nous n'avons plus rien. Ce n'est pas l'or et les pierres qui comptent. Mais la relique, señor. La relique. Pourquoi nous l'a-t-il volée ?


— Quelle relique ?

— Un petit morceau du manteau du Christ.

La vieille se met à gémir, et je vois soudain deux larmes pures, plus étincelantes que les diamants du trésor, naître de ses yeux sans vie et tomber sur sa joue terreuse.

Je m'arrête comme si je venais d'assister à un miracle. Tout le monde, jusqu'ici, m'a parlé de l'or et des pierreries. Seule, cette vieille n'a pensé qu'au manteau du Christ.

Elle reprend son chemin, en gémissant encore :

— Que la colère de Dieu tombe sur toi, José !

Des cloches versent des poignées de perles sonores sur les remparts couleur de mirabelle. 

Angélus.

Il y a huit jours, à cette heure, un noble Mexicain faisait retentir les voûtes de la cathédrale de ses pieux mea culpa.

Où diable peut-il prier aujourd'hui ?

Bedeaux et sacristains, ouvrez l'œil, en attendant que José Oviedo de Mota aille édifier de sa contrition parfaite l'aumônier de quelque prison, car avant de fracturer la porte de Saint-Pierre, il ouvre fort bien celle des coffres-forts.

Vos serrures n'ont pas de secret pour sa pince-monseigneur et pour ses oraisons."


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