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mercredi 10 juillet 2019

DES LÉGIONNAIRES À BAYONNE EN LABOURD AU PAYS BASQUE EN SEPTEMBRE 1914


DES LÉGIONNAIRES À BAYONNE EN 1914.


Dès le 3 août 1914, et la déclaration de guerre de l'Allemagne à la France, des étrangers veulent combattre au côté des français.


pays basque autrefois
REGIMENT DE MARCHE DE LA LEGION ETRANGERE


Voici ce que rapporta à ce sujet la Gazette de Biarritz-Bayonne et Saint-Jean-de-Luz, dans son 

édition du 5 septembre 1914 :


"Impressions Bayonnaises.


Le Camp des Braves.


Certes, partout où sont cantonnés les beaux régiments de France, l’expression de camp des braves a son emploi, sans réserve. Les fils, frères, pères des familles du pays se sont précipités dans ces camps, prêts à accomplir stoïquement leur devoir. Le premier signal les a trouvés debout pour prendre les armes et chasser les envahisseurs. Impatients, ils attendent le second signal qui leur assignera le poste de combat. 


legion etrangere
LEGION ETRANGERE "HONNEUR ET FIDELITE"

La Patrie est en danger ; ses braves défenseurs sont là ! 


Pourtant, si une comparaison est possible, il m’a été donné de voir en formation à Bayonne, un groupement militaire, qui, plus que les autres, par excellence, mérite l'épithète de brave. Les recrues s’y empressent de leur propre mouvement, sans que cela soit un devoir. Ils ne se réclament point du titre de citoyens français ; ils ont brisé tout lien de famille, toute attache nationale. Ils s'engagent pour défendre le drapeau de la Civilisation et du Droit. Ils se feront tuer pour celte cause idéale et ne demandent pour prix de leur dévouement que ce témoignage : ces soldats inconnus sont des braves. 




Les balles allemandes qui pourront les atteindre n'en auront pas pour leur argent, car ils sont décidés à disputer chèrement leur vie, à assurer la victoire. 




L’emplacement qui leur a été assigné à Bayonne, au hasard, est déjà un symbole. C’est une maison en construction, destinée à un orphelinat. Ce sont bien des orphelins volontaires de toutes les nations et de toutes les races qui se groupent là, entre le grand cimetière et un couvent d’où s’élève, jour et nuit, un murmure de prières. Il dut se glisser quelques distractions dans le recueillement des religieuses, que troublèrent longtemps des commandements et des sonneries militaires, qui sont des prières ardentes. Le camp des braves est entre la mort et la prière... 


legion etrangere bayonne 1914
LEGION DES BAYONNAIS POLONAIS 1914



Dès la constitution d'un dépôt de légionnaires à Bayonne, un premier groupe de 26 volontaires se présente. Huit jours plus tard, l’effectif était de 2 600. Devant cet élan, cette avalanche, les services d'organisation ont été pris à court, d’autant que les cadres et l’équipement doivent arriver d'Algérie. En hâte, un capitaine et quelques hommes, sous-officiers, caporaux, clairons, sont venus présenter la bienvenue à ces frères d’armes. Le cercle de la grande famille s’élargit à tout instant avec des éléments venus de toutes parts : des Anglais, des Espagnols, des Américains, des nègres. Il y a même quelques unités allemandes, prêts à faire le coup de feu sur leurs frères. Dans les familles déshonorées, il y a ainsi parfois des membres qui font justice.




Tous ces éléments vivaient de l’hospitalité française, quand la mobilisation jeta le cri d’alarme. Ces étrangers décidèrent qu’ils ne resteraient pas les bras croisés quand leurs compagnons de plaisirs ou de travail iraient à la guerre. Ils ont voulu montrer que la France est la patrie de tous les nobles cœurs. Pour prix de leur dévouement, ils demandent une faveur : celle d’être placés au premier rang dans la fournaise. 




Beaucoup arrivent de l’autre côté des Pyrénées. Ils n'ont pas attendu que l’Espagne déchirât, comme le mouvement se prépare, une neutralité qui pèse à son cœur de race latine. Ils ont presque tous des brevets de bons tireurs. Des Italiens ont déjà vu l’ennemi. Ils étaient employés aux mines de Longwy ; ils appartenaient à une équipe qui, après avoir accompli son travail souterrain, allait revoir la lumière. A la sortie des galeries, ils trouvèrent des uhlans qui, en traîtres, sans provocation, leur envoyèrent des décharges meurtrières. Les ouvriers ont aussitôt tout abandonné : familles, salaires, pour courir à la gendarmerie la plus proche et demander des fusils pour répondre aux bandits. Il y a loin de la coupe aux lèvres... puisque de Longwy il leur a fallu venir jusqu’à Bayonne. Leur impatience n’en est que plus grande. 



legion etrangere 1914 1918
SERGENT LEGION ETRANGERE PORTE DRAPEAU 1914



Au fur et à mesure qu’ils arrivent, tous ces éléments se confondent, s’agglomèrent dans ces deux sentiments : l'amour du drapeau français, la haine des couleurs allemandes. Jamais régiment n’a été plus souple, plus en main. Les chefs n’ont pas à commander, ils sont compris au premier geste, au premier regard. La même émulation anime toutes les volontés ; bien faire et rapidement. 




L’autre jour, sous le soleil d’été, tous ces gars merveilleux cherchaient à tuer le temps, en attendant d’avoir à tuer des Prussiens. Ces hommes faits s’amusent à des jeux d’enfants. A demi nus, ils jouent à saute-moutons ; des Anglais taillés en hercules font des prouesses d’athlètes. Des muscles se tendaient pour toutes les fatigues et pour tous les combats. 




Dans les salles ouvertes à tous les vents, une certaine coquetterie a présidé au bon ordre du "fourbi" et à l’alignement des paillasses. Maintenant, remplacement fait défaut ; dans les prairies on dispose des tentes C’est une grande foire, où l’on donne pour la France de la chair à canon et du sang. 



legion etrangere 1914 1918
VOLONTAIRES TCHEQUES AOÛT 1914



Un coin fort intéressant : la cuisine en plein air. Les maîtres queux improvisés ont conscience que les frères d’armes, pour avoir du cœur, doivent d’abord se mettre quelque chose sur l’estomac. Dans cette partie alimentaire, il faut surpasser aussi tous les autres régiments, et, manches retroussées, les cuisiniers font de l’art. C’est merveille de voir ruisseler de propreté la vaisselle, les verres, les couverts. On m’assure que le café est meilleur que celui du percolateur Farnié, de Bayonne... et ce n’est pas peu dire.




Ce n’est pas un régiment comme les autres. Il y a quelque trente ans, j’ai vécu avec leurs anciens, dans les plaines du Sud-Oranais. J’ai retrouvé ici les mêmes traditions d’honneur et de discipline. Mais au lieu de la résignation farouche qu'on voyait là-bas, dans les regards, aujourd’hui s’allume une flamme d'héroïsme résolu et fier. 




Pendant que tout s’agitait et grouillait dans le camp, j’ai découvert un coin tranquille et reposant : sur sa couchette disposée avec un ordre qui atteignait à l’élégance, le maître tailleur amené du Maroc se disposait à l’habillement de tous les camarades. Il revoyait sa trousse, faisait luire ses ciseaux, mesurait des galons de laine et d’argent. Il a onze ans de services, a fait Madagascar, le Chari, Casablanca. Parmi les souvenirs de ses campagnes, il conserve des photographies de Damas de la Croix-Rouge, à qui il donna sa collaboration pour réparer les déchirures des uniformes et même pour des représentations théâtrales. C’est, autour de lui, le dernier salon où l'on cause. Demain, on parlera des morts... et ce ne sera qu’un accident sans importance. 




Car les légionnaires savent ce qui les attend. On va leur remettre une première provision de 144 petites balles, dont 142 seront pour les Allemands. Ils guideront précieusement les deux dernières pour leur usage personnel : la légion meurt, mais ne se rend pas. 

guerre 1914 1918 bayonne
COMPAGNIE NAZDAR TCHEQUE 1914
MUSEE BASQUE DE BAYONNE



J’ai là un ami particulièrement cher : un jeune et noble fils de la République portugaise. Il était venu sous notre beau climat réparer une santé un peu délicate. Il avait tout ce qu’il faut pour être heureux dans ce monde : la jeunesse, la vie facile, une carrière qui s’annonçait brillante. Il avait surtout un de ces cœurs brûlants auprès desquels s’approchent volontiers les femmes. Sans une hésitation, il a dit adieu à tout ce sybaritisme, pour s’élancer vers le grand idéal. 




Et dans la légion, ils sont tous de cette trempe. La France salue très bas ces beaux gladiateurs qui savent combattre et mourir."


Merci ami(e) lecteur (lectrice) de m'avoir suivi dans cet article.

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