LE CENTENAIRE DE LA SYNAGOGUE DE BAYONNE EN 1937.
En 1835, la communauté juive de Bayonne demande officiellement au consistoire de Bordeaux dont elle dépend, ainsi qu'aux autorités administratives de la ville, l'autorisation de construire une synagogue pouvant accueillir 300 personnes.
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Voici ce que rapporta à ce sujet L'Univers Israélite, dans son édition du 10 septembre 1937 :
"Le Centenaire de la Synagogue de Bayonne.
C’est en mai 1836 que, "par Ordonnance du Roi, la construction d'un temple Israélite à Saint-Esprit (Bayonne), conformément aux plans de la Commission ad hoc, nommée par le Consistoire de Bordeaux, était autorisée".
Quelques semaines après, grâce à l’activité des fondateurs, les travaux étaient commencés, et à la veille des fêtes de Roch-Hachana 1837, le temple de Saint-Esprit était inauguré.
Vingt ans après, la commune de St-Esprit, appartenant au département des Landes, était rattachée à la ville de Bayonne, et au département des Basses-Pyrénées, et devenait un faubourg de la ville. Depuis cent ans, la population juive de Saint-Esprit-Bayonne fréquente donc le grand temple situé rue Maubec.
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Le Consistoire Israélite de Bayonne a tenu à célébrer solennellement l'anniversaire de la fondation de son temple, et les solennités préparées ont eu lieu mercredi dernier, 1er septembre.
M. le grand-rabbin Liber avait été invité à y assister. Il est arrivé dans la ville au moment même où la communauté se réunissait pour le pieux hommage envers les fondateurs, dans le vieux cimetière de Saint-Etienne, où dorment les ancêtres depuis plusieurs siècles.
La communauté y avait été réunie par les soins du Consistoire, mercredi matin à 10 h. 1/2, et après le "Chouba Israël", chanté par les deux ministres-officiants. M. le grand-rabbin Ginsburger, au cours d’une prière, prononça une délicate allocution évoquant la mémoire des fondateurs et des pasteurs qui furent ses prédécesseurs : Jacob Athias, Samuel Max, Elie Aristide Astruc, Emile Lévy ; puis l’assemblée, émue, récita le "Kadich".
A 5 heures de l’après-midi, une foule importante, composée non seulement des Israélites de la communauté et des environs, mais encore de Bayonnais sans distinction de culte, se pressait à l’entrée de la synagogue pour assister à la célébration solennelle de l’heureux anniversaire.
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A cette occasion, le temple avait été non seulement magnifiquement décoré de plantes vertes et de fleurs, mais il avait été, depuis plusieurs semaines, entièrement réparé, grâce à une collecte dont le Consistoire de Bayonne avait pris l’initiative, et qui a réuni plus de 50 000 francs.
Les autorités civiles et militaires avaient répondu avec empressement à l’invitation du président du Consistoire, M. Armand Gommez.
Parmi les personnes qui se sont excusées, nous avons noté : M. le grand-rabbin Israël Lévi ; M. Julien Weill, grand-rabbin de Paris ; l’évêque de Bayonne ; M. Léon Bérard, sénateur ; M. Isaïe Schwartz, grand-rabbin de Strasbourg, ancien grand-rabbin de Bayonne ; M. Edouard de Rothschild, président du Consistoire Central, etc...
Parmi les autorités présentes, il nous faut citer, aux côtés des représentants du gouvernement, M. le général de division, le Député de la circonscription, M. Delzangles, les maires de Bayonne et de Biarritz, M. M. Salzedo, du Consistoire Central. On remarquait également M. Gradis, président du Consistoire de Bordeaux ; M. J. Naquet, vice-président du même Consistoire ; et M. Jacob, membre du Consistoire de Paris.
Aux côtés de M. Ginsburger, grand-rabbin de Bayonne, se trouvaient M. Liber, grand-rabbin adjoint au grand-rabbin de France, M. Cohen, grand-rabbin de Bordeaux, ancien grand-rabbin de Bayonne, et M. Scaltiel, rabbin de Toulouse. Aux pieds du Tabernacle avaient pris place MM. Edmond Milhaud, âgé de 95 ans, et M. Aaron Salzèdo, âgé de 87 ans, présidents honoraires de la communauté de Bayonne.
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Après l’entrée de M. le grand-rabbin Liber, M. Armand Gommez, président du Consistoire de Bayonne, monta à la Téba et prononça une courte allocution, dans laquelle il remercia en termes délicats les autorités religieuses, civiles et militaires qui avaient bien voulu répondre à l’invitation de son Consistoire. Il rappela l’ancienneté de la communauté de Bayonne, et la cordialité qui a toujours régné dans les rapports de ses coreligionnaires avec les concitoyens appartenant à d’autres confessions.
Puis, après la partie musicale, techniquement préparée et exécutée sous la baguette magistrale de Mme Moyse Alvarez Pereyre, M. le grand-rabbin Liber monta en chaire et prononça une allocution pleine de ferveur, qui fut particulièrement remarquée. Après avoir rappelé le passé glorieux de la communauté de Bayonne, il exhorta les fidèles de ce temple à suivre l’exemple de leurs ancêtres et, dans sa péroraison, prenant pour texte l'Elohenou Che Ba Chamaim du rituel portugais, il bénit d'une façon émouvante l’assemblée, la communauté et la cité de Bayonne.
L’émotion était intense.
Après lui, M. le grand-rabbin Ginsburger, avec son éloquence connue et appréciée, fit avec compétence l’historique de la communauté de Bayonne, notamment dans ses rapports avec la Cité. Il précisa certains points d’histoire particulièrement intéressants ; il pouvait d’autant plus le faire, qu’il s’est consacré depuis longtemps, et avec science, au passé de sa Kehila. Il affirma en termes heureux la vitalité actuelle de celle-ci et les espoirs qu’elle donne ; il cita les nombreuses œuvres de charité et de solidarité qui. depuis des siècles, sont l’honneur des Juifs de Bayonne, et il termina en donnant à son tour, et éloquemment, la bénédiction à ses fidèles et aux nombreuses personnes accourues pour assister à cette belle cérémonie.
N’oublions pas, en terminant ce compte tendu, trop court par rapport à l'importance de cette manifestation religieuse, de mentionner que M. Benaroche, bien connu dans les milieux musicaux parisiens, avait prêté son précieux concours, que la toute charmante Mlle Jacqueline Frois tint l'orgue avec virtuosité, et que M. Moyse Pereyre, premier ministre-officiant, au moment de la Sortie de la Loi pour la bénédiction de la République, chanta le "Barouch Hamakom" avec sa maîtrise habituelle.
Après la cérémonie, MM. le grand-rabbin et les membres du Consistoire reçurent, dans la salle des séances, les personnalités qui vinrent leur adresser leurs félicitations à l'occasion de cet heureux anniversaire.
La communauté se réunit ensuite dans le grand salon de la maison d'asile, où un lunch fut servi et où M. Gommes Vaez, vice-président du Consistoire et vice-président de la Hebra, prit la parole, pour rappeler opportunément combien Mme Edmond Foix, présidente des oeuvres féminines et de charité, s'occupait activement des groupements dont elle est l'animatrice, et parmi celles-ci de la Maison d'asile qu’elle dirige, et où la secondent si parfaitement Mmes Gommes Vaez, Dacosta, Armand Gommez, etc...
Puis M. M. Salzedo, en sa qualité de membre du Consistoire Central, prit la parole pour rappeler l’œuvre de cette haute institution ; il remercia M. le grand-rabbin Liber d’avoir interrompu ses vacances pour venir prendre part à cette importante solennité, il souligna que l’accueil qui lui avait été fait était digne de sa haute personnalité, et que la communauté de Bayonne était aussi particulièrement digne de recevoir le représentant du grand-rabbinat de France. Il rappela qu’à Bayonne tous les Juifs sans exception font partie de la cultuelle, ce qui est un hommage à leur adresse et à l’adresse de ceux qui dirigent cette importante communauté. Il regretta l’absence de M. Israël Lévi, et formula des souhaits ardents pour sa vieille communauté.
Puis on procéda à la signature du "Livre d’Or" du Centenaire, et ces festivités prirent fin au milieu du plus grand enthousiasme de tous les membres de la communauté.
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A midi, et entre les deux cérémonies. Mme Gemmez et M. Armand Gommez, président du Consistoire, avaient réuni à déjeuner dans leur belle propriété de "Huire", MM. les grands-rabbins et délégués des autres communautés, les présidents honoraires de la communauté, M. M. Salzedo, membre du Consistoire Central, M. Maurice Lévy, bibliothécaire en chef du Conservatoire de Paris, et les membres du Consistoire et des Administrations, etc...
Le soir, MM. les grands-rabbins et rabbins étaient conviés en un dîner intime dans sa villa par M. Aaron Salzedo, président honoraire, où ils étaient d’ailleurs descendus, pendant leur séjour à Bayonne ; sauf M. le grand-rabbin de Bordeaux qui fut l’hôte de M. Joë Naquet.
Il faut louer la communauté de Bayonne et le Consistoire de cette ville non seulement de cette belle initiative, mais encore de l'heureuse organisation de cette journée de souvenirs et de fête.
Et celui qui a été le bon ouvrier de cette œuvre, celui qui a été "l’exécutif" de cette manifestation, nous permettra, malgré sa grande modestie, de le féliciter pour l’effort persévérant et intelligent qu’il a fourni à cette occasion.Il est d’ailleurs le grand animateur de la communauté. Ceux qui le connaissent savent déjà qu’il s’agit de M. Edouard Gommes Vaez, vice-président du Consistoire. Qu’il soit remercié de son activité et de sa précieuse collaboration. Il nous faut aussi signaler et remercier M. Albert Lévi, correspondant de l'Univers à Bayonne, qui a fait éditer à cette occasion de jolies cartes postales représentant l’intérieur du temple et la médaille portant les noms des fondateurs, et qui fut placée sous la première pierre de ce bel édifice. Belle et émouvante journée juive et bayonnaise dont le souvenir ne s’effacera jamais sans doute de la mémoire de ceux qui eurent le plaisir de la vivre.
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