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mardi 26 novembre 2019

UN INCIDENT DE FRONTIÈRE AU PAYS BASQUE EN MARS 1899


UN INCIDENT DE FRONTIÈRE EN 1899.


Dans l'Histoire, des incidents ont souvent eu lieu au Pays Basque, à la frontière franco-espagnole, entre pêcheurs des deux côtés de cette frontière.


labourd autrefois
LE JAVELOT HENDAYE
PAYS BASQUE D'ANTAN



Voici ce que rapporta la presse, dans plusieurs éditions :



  • le journal La Presse, le 27 mars 1899 :



"Un incident de frontière



Bayonne, 26 mars. 



Depuis quelques jours, des faits très graves se passent entre pêcheurs français et espagnols, sur notre côte et dans nos eaux, à propos de la pêche de la sardine. Les Espagnols, dont les équipages sont plus nombreux, viennent chez nous disputer le poisson à nos équipages, les menacer et les maltraiter, sans que l'autorité maritime spécialement chargée de la garde de la côte, c'est-à-dire deux vieux bateaux de l'Etat, le Javelot et le Nautile, - le premier envasé dans la Bidassoa et incapable de prendre la mer, le second hors d'état de lutter de vitesse avec une barque de pêche marchant à l'aviron - puissent intervenir utilement.




En présence de l'abandon dont ils sont victimes, les pêcheurs de Socoa, de Ciboure et de Saint-Jean-de-Luz ont porté leurs doléances devant le maire de cette ville, dont ils connaissent et apprécient depuis longtemps l'énergie et le dévouement, et ce magistrat se prépare à en saisir M. le préfet maritime de Rochefort.


pêche pays basque autrefois
PORT DE ST JEAN DE LUZ 1898
PAYS BASQUE D'ANTAN


Des témoins déclarent avoir été victimes de violences ; les Espagnols, abusant de la supériorité du nombre, leur ont arraché les filets, chassé le poisson déjà pris en frappant l'eau de leurs avirons et en menaçant les hommes eux-mêmes ; le Nautile ayant voulu s'emparer d'une embarcation espagnole, celle-ci s'est enfuie à force de rames, et le patron à insulté le pavillon français."



  • La Gazette de Biarritz-Bayonne et Saint-Jean-de-Luz, le 4 mai 1899 :

"Pétition des Pêcheurs.




Nous donnons ci-dessous le texte de la pétition présentée à M. Lockroy, ministre de la marine, par les marins pêcheurs de Saint-Jean-de-Luz et des environs. Les doléances exprimées intéressent d’ailleurs également les pêcheurs de Biarritz : 



port labourd autrefois
MAISON DE L'INFANTE ST JEAN DE LUZ 1898
PAYS BASQUE D'ANTAN

"Monsieur le Ministre, 



Les soussignés, patrons armateurs d’embarcations de pêche de Saint-Jean-de-Luz, Socoa et Ciboure, ont l’honneur de vous faire connaître les graves préjudices qu'ils éprouvent dans l’exercice de la pêche côtière et particulièrement de celle de la sardine, qui constitue la principale ressource de leurs familles et de celles de leurs équipages. 



Ces préjudices ont deux causes principales : 


La première est le défaut de protection en mer contre leurs concurrents riverains de la côte espagnole ; la seconde, l’interprétation abusive en faveur des pêcheurs espagnols du décret du 18 février 1886, sur la réglementation de la pêche dans la Bidassoa.  




Le défaut de protection dont les soussignés se plaignent, provient de ce que les deux navires de l'Etat, affectés par le service de la marine à la surveillance de la frontière maritime, sont absolument impropres à ce service. Le Javelot, ancré près du pont de la Bidassoa, depuis de longues années, est dans l’impossibilité absolu de reprendre la mer. 




Le Nautile, placé sous les ordres du commandant du Javelot, n’est peut-être pas aussi radicalement incapable de naviguer, mais il est hors d’état d’exercer en mer aucune action utile, car il est de notoriété qu’il ne peut atteindre à la course les embarcations à la rame qui commettent journellement et impunément des contraventions en son absence et même sous ses yeux sans la moindre crainte ni la moindre répression. 




Et cette situation étant bien connue des pêcheurs espagnols, ceux-ci n’hésitent pas à pénétrer dans nos eaux avec des équipages supérieurs en nombre et abusant de la supériorité de leurs forces, ils exercent contre nous des violences pour s’emparer du poisson qui devrait nous appartenir et pour nous en priver. 




Du côté de l'Espagne, les choses sont tout autrement organisées : il y a un stationnaire en parfait état ayant des auxiliaires, très bons marcheurs, qui ne manquent jamais de se tenir à leur poste d’observation pour réprimer tout écart que nous pourrions être tentés de nous permettre et aux exigences plus ou moins justifiées desquels nous sommes forcés de nous soumettre, n’ayant derrière nous aucune force protectrice pour soutenir nos plus justes prétentions et résister aux leurs, même injustes. 

pais vasco antes
LE MAC-MAHON FONTARRABIE GUIPUSCOA
PAYS BASQUE D'ANTAN



Nous demandons, Monsieur le Ministre, que vous vouliez bien mettre fin à une situation aussi désastreuse pour nos intérêts qu’humiliante pour notre patriotisme, en faisant remplacer d'urgence, sinon le Javelot, au moins le Nautile, par un navire capable de remplir sa mission. 




Mais, non contents de vendre sur nos marchés les poissons qu’ils viennent nous prendre sur nos côtes, les pêcheurs espagnols nous font, par ailleurs, une concurrence tout aussi funeste pour nous. A l’abri des actes internationaux solennellement conclus entre les gouvernements pour nous protéger tous. 




Le décret du 18 février 1896 sur la réglementation de la pêche dans la Bidassoa dispose que la pêche du poisson de rivière est seule autorisée d’un point à un autre du fleuve, et que le poisson péché dans cette zone commune est admis en France, exempt des droits de douane ; mais il arrive dans la pratique journalière que la douane admet en franchise tout le poisson, non seulement de rivière, mais de mer, et notamment la sardine apportée par les barques espagnoles, de n’importe quel point de la côte. 


pêche pays basque autrefois
GUETHARY 1898
PAYS BASQUE D'ANTAN



Nous n’avons pas à insister sur la perte subie par l'Etat par suite de celle faveur injustifiée, mais qu’il nous soit permis de défendre nos propres intérêts privés que lèse gravement cette interprétation fausse d’un texte clair et précis, et cette extension illégale d’un privilège que la loi n’a pas entendu accorder à ses rivaux étrangers. 




Nous demandons en conséquence, Monsieur le Ministre, que le poisson d’eau douce, pêché dans la Bidassoa, dans les limites tracées par le décret du 18 février 1886, soit seul exempt des droits d’entrée en France. 




Que tout le poisson de rivière ou de mer, pêché en dehors de la Bidassoa, soit soumis à ces droits. 




A ces deux réclamations principales, les soussignés auraient à en ajouter une autre : ils ne se servent que des filets réglementaires, sévèrement examinés et contrôlés, tandis que des pêcheurs espagnols emploient surtout pour la sardine des engins d’un usage désastreux pour la reproduction. Ils demandent, en conséquence, que les mesures soient prises par les deux gouvernements intéressés pour imposer à leurs pêcheurs respectifs des filets de forme, de dimension et de maille déterminées obligatoires pour tous.




Les soussignés, Monsieur le Ministre, s’estiment heureux que des circonstances imprévues vous aient amené sur notre frontière et que vous ayez eu par là l’occasion de voir par vous-même le bien-fondé de leurs plaintes, confiants que dans votre initiative personnelle, si hautement appréciée, vous saurez appliquer à leurs maux les remèdes qu’ils sollicitent avec respect de votre haute autorité."



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