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mercredi 22 novembre 2017

LA SAINTE CÉCILE À SAINT-JEAN-DE-LUZ (DONIBANE LOHIZUNE) EN LABOURD AU PAYS BASQUE EN NOVEMBRE 1923


LA SAINTE CÉCILE À SAINT-JEAN-DE-LUZ EN 1923.


Sainte Cécile est la patronne de la musique, des musiciens, des compositeurs, des luthiers, des chanteurs et des poètes. Elle est fêtée le 22 novembre.


pays basque d antan
HARMONIE MUNICIPALE ST JEAN DE LUZ - DONIBANE LOHIZUNE
PAYS BASQUE D'ANTAN


Voici ce qu'en rapporta la Gazette de Bayonne, de Biarritz et du Pays Basque:

  •  le 27 novembre 1923, 

"A Saint-Jean-de-Luz : La Sainte Cécile. 



La déplorable pluie qui s'obstine à tomber sur notre Côte Basque, nous a privés, dimanche dernier du beau concert qui devait avoir lieu sur la place Louis XIV. L'Harmonie Municipale faisant preuve de la plus aimable bonne volonté, est montée cependant sur le kiosque. Mais, sentant bien qu'elle ne pouvait imposer à ses auditeurs un trop long stationnement dans la boue et l'humidité, elle s'est bornée à nous jouer la délicieuse romance de Martini et l'hymne du Guernikako Arbola. Et beaucoup, tout en le comprenant, l'ont regretté;  notons, au passage, en effet, que, malgré la pluie obstinée et la température aigre, nombreux étaient ceux qui, parapluies ouverts, pataugeaient pour jouir des délicates sensations d'art que les grands progrès réalisés par notre musique, lui permettent désormais de nous donner. 



Ces grands progrès, elle nous en a donné une preuve éclatante au cours de la Grand Messe. Songez que, disloquée par la guerre, ayant eu pendant cinq années une période de cessation de travail utile, l'Harmonie Municipale se bornait, il y a un an encore, aux flons-flons de paso-dobles faciles, aux romances édulcorées de "fantaisies" simplifiées, aux fandangos classiques sus depuis l'enfance. Il y avait, semblait-il, une singulière audace à nous annoncer, pour dimanche matin, du Bach, du Schubert, du Beethoven. Pourtant ce sont bien les oeuvres de ces grands maîtres que nous avons entendues, exécutées avec une précision et une finesse auxquelles on pouvait ne point s'attendre. Désormais, nous le répétons, notre Harmonie Municipale est en bonne voie et c'est bientôt, à juste titre, qu'elle pourra se permettre "toutes" les audaces.


avant pays basque
HARMONIE MUNICIPALE ST JEAN DE LUZ - DONIBANE LOHIZUNE
PAYS BASQUE D'ANTAN

De tous les morceaux qui ont été donnés à la grand messe, le plus difficile et le plus délicat à jouer, était l'allegro moderato de la Symphonie Inachevée de Schubert. C'est précisément celui qui nous a paru de meilleure exécution. Bien pris, admirablement nuancé, les diverses parties balancées avec soin et netteté, ce magnifique cri d'angoisse a produit une impression profonde sur la foule qui se pressait dans l'église. L'Aria de Bach et l'Adagio de Beethoven, ce dernier ajouté au programme ont également été enlevés avec un souci de perfection et une réussite absolus. Et, tandis que la très nombreuse assistance venue entendre notre Harmonie, s'écoulait grave, recueillie et satisfaite, la Marche Nuptiale de Mendelssohn emplissait de ses larges sonorités le beau vaisseau de notre église.




AVANT PAYS BASQUE
FANDANGO PLACE LOUIS XIV ST JEAN DE LUZ - DONIBANE LOHIZUNE
PAYS BASQUE D'ANTAN

Cette belle audition musicale offerte par l'Harmonie pendant la cérémonie religieuse à laquelle, chaque année, elle assiste en l'honneur de sa Patronne, est une manifestation superbe de la vie artistique intense qui anime notre phalange municipale. Nous ne voulons pas ici lui adresser des félicitations banales, des éloges uniquement dictés par les usages de la civilité puérile et honnête. Nous voulons lui parler franc et net, d'un coeur ami et, par cela même juste. Nous dirons donc à l'Harmonie Municipale de Saint-Jean-de-Luz : "Vous nous avez donné, dimanche matin, un très beau concert. Il prouve trois choses : D'abord, que, depuis un an, vous avez, messieurs les musiciens, fourni un gros effort de travail, d'attention et de discipline ; que vous avez compris le sens et l'orientation nouvelle qui vous est donnée ; que votre perfectionnement n'en est par conséquent qu'à ses débuts, et que les plus légitimes aspirations vous sont permises si vous persistez à travailler en suivant la méthode qui vous a si bien réussi. Et, nous savons qu'aucun de vous n'hésitera à le faire. Ensuite : vous avez la chance rare d'avoir, à votre tête,  un chef éminent tant par ses qualités remarquables de technicien, que par ses dons naturels de véritable artiste. Déjà, il vous a ouvert la voie à suivre en vous donnant les moyens de vous perfectionner comme exécutants, et en vous rendant limpides et chers les grands horizons de la musique qui plaît et surtout qui touche. C'est parce qu'il vous dirige non seulement avec son intelligence, mais encore avec son coeur, que, selon le mot de Bonnal prononcé à la sortie de l'église, dimanche, on "a pleuré quand vous jouiez Schubert". A ce chef, faites confiance et crédit ; bel avenir d'art vous est assuré.  — Enfin, chef et musiciens, vous formez maintenant un corps vivant qui a, eu douze mois, réalisé un gros labeur et obtenu des résultats considérables. Marchez donc hardiment ; créez des élèves, perfectionnez les anciens, au cours de ces douze nouveaux mois, préparez-vous à être une Harmonie de Concours pour 1925 ! Vous le pouvez". 




pays basque autrefois
HARMONIE MUNICIPALE ST JEAN DE LUZ - DONIBANE LOHIZUNE
PAYS BASQUE D'ANTAN

Nous donnerons demain le compte rendu du banquet amical qui réunissait, à midi, l'Harmonie Municipale et ses invités dans les salons du parfait maître-queux Larramendy."


  • le 28 novembre 1923 :

"Le banquet de l’Harmonie Municipale.




 Dans les salons de la Pension Larramendy tout parfumés d’œillets, autour d’une table chargée de fleurs et de cristallerie scintillante, les membres de l’Harmonie Municipale ont reçu, dimanche, les invités qu’ils avaient priés au banquet de la Sainte-Cécile. C’étaient M. le Maire de Saint-Jean-de-Luz, ses adjoints, le comte de Rivière, M. Dop, le docteur Dotézac, président et membres du Syndicat des Fêtes ; c’était aussi M. Bonnal, le si distingué directeur de l’Ecole de Musique de Bayonne, qui avait bien voulu venir entendre l’Harmonie et qui partageait avec M. Barnetche, la présidence de ce repas. Disons tout de suite que la réunion ne voulut rien avoir, et n’eut rien en effet d’officiel ni de guindé ; la plus franche cordialité et une gaieté de bon aloi ne cessèrent de régner parmi ces convives qu’unissait une réelle sympathie. 



PAYS BASQUE AUTREFOIS
ERMEND BONNAL
PAYS BASQUE D'ANTAN

Menu heureusement choisi et supérieurement exécuté. Que de ministres inaugurateurs de statues, que de préfets en tournée, que de présidents angoissés par le toast à faire, auraient échangé les poissons filandreux ou les poulets en carton de leurs festins officiels, contre le merlus fondant et les volailles dorées que servit le vatel qu’est Larramendy ? Songez qu’il soignait des musiciens ! Aussi ! ce fut le fin du fin ! Personne ne s’étonnera donc que les conversations n'aient pas nui à l’actif va et vient des fourchettes, ni au mouvement fréquent des flacons.




A l’heure du champagne, M. E. Bonnal se leva. D’une belle stature, d'un profil de médaille, l'œil pétillant de vivacité intelligente, le masque empreint à la fois d’autorité d de bonté, le directeur du Conservatoire Bayonnais en impose par sa présence seule. Dans le milieu où il se trouvait dimanche, il avait encore pour lui, la sympathie respectueuse de gens sachant apprécié son talent, son œuvre, ses hautes qualités d'artiste et de savant ; l’admiration attentive de musiciens profondément reconnaissants qu'il ait bien voulu venir les entendre et leur donner ses conseils précieux. 




M. E. Bonnal exprima d’abord l’émotion profonde que lui avait causé la messe du matin; émotion religieuse et artistique, due d'abord à la beauté, à la gravité sereine et vibrante du chant à l'unisson de tous ces hommes emplissant la nef si belle de notre église ; due aussi à l’exécution si remarquable des œuvres interprétées par l’Harmonie. Il dit les qualités éminentes de M. Dupouy, et comment, sous son impulsion et sa direction, la musique de Saint-Jean-de-Luz devait marcher vers une perfection dont il constatait, avec joie, l’aurore. En quelques mots simples, clairs, précis, frappés au coin du plus pur bon sens, il donna des conseils dont tous apprécieront la valeur et feront leur profit. Il promit enfin de ne pas oublier Saint-Jean, d'y revenir, affirmant, une fois de plus, son attachement, déjà éprouvé d’ailleurs, pour le Pays Basque. 




M. le Maire lui succéda. Ce n’est un secret pour personne qu’il a toujours eu, pour son Harmonie, une sollicitude, une attention, des bontés que cette Société n’oublie pas. En ce jour où un succès éclatant récompensait les efforts et le travail du protecteur et des protégés, M. Barnetche éprouvait une joie bien légitime. Aussi est-ce avec une vive émotion que, en quelques paroles, il félicita ses musiciens et les encouragea à persévérer avec l’appui d'une municipalité fière de son Harmonie. 




M. A . Dupouy remercia le maître Bonnal d'avoir bien voulu honorer de sa présence cette fête de famille. Il lui dit sa gratitude pour les conseils et les encouragements reçus. Il exprima à M. le Maire les sentiments de reconnaissance que tous conservent pour lui et le Conseil municipal. Après un rapide historique de la formation de l’Harmonie, il esquissa, à grands traits, ses aspirations, et termina en buvant à la concorde, à l’union des cœurs et des bonnes volontés, sans quoi tout effort est vain.




A la suite d’une courte intervention dans la quelle le président du Syndicat des Fêtes se félicita de voir Saint-Jean-de-Luz acquérir une musique digne de ses destinées sans cesse grandissantes, M. Dardisquy prit à son tour la parole. Au nom de l’Harmonie, il remercia ses invités d’avoir répondu à son appel ; il exprima à son chef sa reconnaissance et celle de ses camarades, et lui renouvela le serment de le suivre sur le chemin du travail et de la perfection. Il lui dit enfin, combien les Luziens avaient apprécié le geste délicat par lequel il avait voulu terminer son programme de cette fête, par le Guernikako Arbola. L’Harmonie Municipale n'oublie pas en effet qu’elle est une musique basque. Admiration ardente et convaincue des grands maîtres, prête à s’adonner à un éclectisme musical que le goût si sûr de son chef saura doser, elle garde un attachement particulier et une vénération patriotique aux vieux airs populaires, aux vieilles mélodies mélancoliques et larges des ancêtres euskariens. Toute la population partage d’ailleurs ces sentiments. C’est donc avec une joie vive que tous voient le musicien de grand talent qu'est M. Dupouy, rechercher, rétablir et harmoniser pour sa musique, ces airs ancestraux et exquis qui chantent au fond de tout cœur basque. 




Et les discours terminés, les convives mus par une même pensée, se levèrent d'un seul mouvement, pour entonner le Guernikako Arbola.



 

M. E. Bonnal demanda ensuite d’autres chansons basques. Elles furent données, en solo, par M. Larramendy dont nous avons trop peu souvent, hélas, l'occasion d’entendre la voix pure agréable et chaude ; les refrains et reprises étaient chantés, mezzo voce, par les convives. Le directeur de l’Ecole de Musique de Bayonne dit toute son admiration pour cette mélodie barque si simple, si profonde, si prenante. Et l’heure avançant, il fallut se séparer en se donnant rendez-vous à l’année prochaine, pour un plus grand progrès et un nouveau succès."






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