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mardi 31 décembre 2019

LE CHANT "GUERNICACO ARBOLA" AU PAYS BASQUE EN 1893


"GUERNICACO ARBOLA" EN 1893.


"Gernikako Arbola" est le titre d'une chanson écrite par José Maria Iparraguirre à Madrid en 1853, au café San Luis de la rue de la Montera, accompagné au piano par Juan Maria Blas Altuna. 

PAIS VASCO ANTES
CHANT "GUERNIKAKO ARBOLA"
PAYS BASQUE D'ANTAN

Je vous ai déjà parlé de ce chant dans un article précédent.





compositeur basque guernicaco arbola
JOSE MARIA IPARRAGUIRRE
PAYS BASQUE D'ANTAN








compositeur basque guernicaco arbola
JOSE MARIA IPARRAGUIRRE
PAYS BASQUE D'ANTAN





Voici ce que rapporta à ce sujet La Gazette de Biarritz-Bayonne et Saint-Jean-de-Luz

dans son édition du 3 septembre 1893 :


"Guernicaco Arbola.



Nous pensons satisfaire la légitime curiosité de nos lecteurs en leur donnant l’origine et la traduction du chant national Guernicaco arbola qui a résonné à Saint-Sébastien et dont les accents puissants donnèrent le signal d’une sanglante émeute. 



L'Arbre de Guernica, telle est la traduction du titre basque de ce chant. 



Dans le pays vascongado, composé des quatre provinces : Alava, Guipuscoa, Biscaye et Navarre, de tous temps, le rouvre, variété du chêne, fut le symbole des fueros, comme l’arbre de la liberté fut chez nous, en 1848, le symbole de la République. 



Il serait trop long d'énumérer tous les arboles basques qui furent l’objet d’un culte ; nous nous bornerons à signaler les trois plus fameux, dont le nom reste attaché à l’histoire tourmentée, sanglante des quatre provinces. 




Trois arbres fameux


Ces trois arbres sont celui de Guernica, le Malato et le chêne de Arechabalaga. 



Le Malato se dressait à Luyando, frontière méridionale de Biscaye ; aujourd’hui, une croix de pierre évoque son souvenir. 



L’arbre de Arechabalaga se trouvait proche de Rigoitia, sur une montagne qui domine Guernica. C'était là que le seigneur et la Junta prêtaient serment de défendre les fueros. 



L'arbre de Guernica est le plus illustre de tous. 



guernica antes vizcaya
GUERNICACO ARBOLA
PAYS BASQUE D'ANTAN

Les traditions basques font remonter son existence au IXe siècle. C’est sous sa puissante ramure, qu’après une victoire remportée par les basques sur les gens du Léon, les vainqueurs se réunirent et acclamèrent pour leur chef Lope Fortun plus connu sous le nom de Seigneur blanc. 



L’arbre de Guernica est situé dans la paroisse de Luna, voisine de la ville autrefois plus étendue qu’aujourd’hui. Il se dresse près de l'église du Serment et sou nom évoque dans l’imagination vive des Basques de belliqueuses pensées. 



L’histoire du chant Guernicaco Arbola est attirante par les circonstances dans lesquelles il retentit pour la première fois, par la rapidité avec laquelle il se propagea et fut adopté par les vascongados, par la vie aventureuse de son auteur, José Maria Iparaguirre, un vrai troubadour égaré dans la civilisation du XIXe siècle. 



Iparraguirre naquit, le 12 août 1820, à Villaréal (province de Guipuscoa). 



A treize ans, quand, à la mort de Ferdinand VII éclata la terrible insurrection en faveur de Charles VI malgré sa famille, il s’engagea dans le 1er bataillon de Guipuscoa et se signala presque aussitôt par son énergie dans les marches, sa valeur dans les combats. 



Au sanglant combat de Arrigorriaga, il recevait une légère blessure à la jambe ; à l’attaque du pont de Castrejana, une balle qui vint s’incruster dans la crosse de son fusil au moment où il mettait son arme eu joue, lui occasionna une violente contusion au côté droit de la figure. Quelques jours après, à la bataille de Mandigorria, où il reçut une nouvelle blessure à la tête et faillit être fait prisonnier, le commandant général le nomma cadet dans un des bataillons placés sous ses ordres ; enfin Zumalacarregui le fit entrer dans la garde de hallebardiers qu’il venait de créer. 



L’insurrection vaincue, Iparraguirre émigra, en France et commença sa carrière de chanteur ambulant, de troubadour. Sa voix superbe, sa figure d’une grande beauté le firent partout bien accueillir. A Lyon et à Paris les recommandations du général Cabrera et du marquis de la Rochejacquelin lui ouvrirent toutes grandes les portes des salons aristocratiques où ses chants furent applaudis avec enthousiasme. 



Les républicains eux-mêmes, sous l’Empire, le reçurent parmi eux et lui firent chanter la "Marseillaise" à laquelle son accent exotique, sa chaleur rare, sa voix puissante donnaient une intensité extraordinaire. 



Le gouvernement impérial l’expulsa bientôt et Iparraguirre se rendit en Angleterre où se tenait l’exposition universelle. 



Dans un concert, le général espagnol Mazarredo, l’ayant entendu interpréter une romance basque, s’engagea à lui faciliter sa rentrée en Espagne. Débarqué à Santona, après avoir échappé à une furieuse tempête, il se rendit à Bilbao où la jeunesse biscayenne lui fit un accueil enthousiaste. 



Voici dans quels termes Iparraguirre raconte comment il composa le "Guernicaco Arbola". 



"A l’époque où je revins en Espagne, j’ignorais ce qu’étaient les fueros . Ce lut un jeune homme qui m'expliqua quelles idées sublimes symbolisait l’arbre de Guernica. Je me sentis saisi d’enthousiasme et dans la même nuit je composai l’hymne que devait bientôt chanter tout le pays." 



Ce fut D. Juan José AItuna qui, à Madrid, écrivit la musique du chant d'Iparraguirre dont on put dire : "Aujourd’hui, de même que ces mélancoliques, étranges mélopées que l’arabe jette dans le morne silence du désert comme le calmant nécessaire à sa misérable existence, l’hymne de l’arbre de Guernica est un adoucissement aux douleurs du basque et un caressant souvenir des libertés évanouies." 



Voici la traduction française du Guernicaco Arbola (basque), el Arbol de Guernica (espagnol), l’arbre de Guernica. 

I L’arbre de Guernica est  un symbole béni aimé de cœur par tous les vascongados. 

Arbre Saint, étends et propage ton fruit à travers le monde. Nous autres nous t’adorons. 

II Il y a plus de mille ans, dit-on, que Dieu planta le chêne de Guernica. 

Tu te maintiens fier, arbre sacré ; ne va pas tomber à cette heure, car sans ton ombre protectrice nous serions irrémédiablement perdus. 

III Non, tu ne tomberas pas, arbre chéri, si du moins, comme le doit, se conduit la Junte de Biscaye. 

Les quatre provinces sœurs, nous la prêterons notre appui,afin que vive en paix le pays vascongado. 

IV Pour demander à Dieu qu’éternellement vive ce symbole sacre, jetons-nous tous à genoux : si nous le demandons du fond du cœur, le chêne séculaire vivra aujourd’hui et toujours. 

V Dans la terre vascongada nous savons tous qu’on a tramé d’abattre l’arbre de Guernica.

L’heure est venue pour nous de grouper nos efforts et de donner notre appui afin de le maintenir droit. 

VI Toujours tu resteras feuillu, comme en un éternel printemps chêne séculaire et immaculé, heureux témoin des âges antiques. 

Aie pitié de nous puisque nous t’aimons de cœur, offre nous vite de nouveau ton fruit savoureux. 

VII Le vénérable chêne nous dit de nous tenir prêts de prier Dieu du plus profond de notre cœur pour sa conservation. 

Nous ne désirons pas la guerre ; nous voulons une paix inaltérable afin de vivre tranquilles à la chaleur de nos lois séculaires et dans le doux amour de ces lois. 

VIII Demandons tous à Dieu qu’il nous octroie la paix éternelle, qu’il féconde la terre qui maintient l’arbre de nos libertés et qu’il répande sa bénédiction sur le pays basque. 

La musique de Guernicaco arbola est alerte et martiale à la fois ; chaude comme le sang qui coule dans les veines des Basques et des Navarrais, elle entraîne, fait vibrer ces montagnards intrépides qui tant de fois prirent les armes pour la défense de leurs Fuéros menacés et laissèrent des milliers des leurs sur les champs de bataille d’Alava, Guipuscoa, Navarre et Biscaye."



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