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vendredi 20 décembre 2019

L'HISTOIRE DE SOCOA EN LABOURD AU PAYS BASQUE EN 1931 (deuxième et dernière partie)


L'HISTOIRE DE SOCOA AUTREFOIS.


Depuis des siècles, Socoa a été un refuge pour les navires dans le golfe de Gascogne, en particulier lors des tempêtes.


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SOCOA
GRAVURE DE FERDINAND CORREGES


Voici ce que rapporta à ce sujet La Gazette de Biarritz-Bayonne et Saint-Jean-de-Luz, dans 

son édition du 2 septembre 1931, sous la plume de Charles-Henri Besnard :


"Le Socoa.



...Cette décision était opportune. Il fallait un abri pour le bâtiment léger, armé en guerre, que l’on entretenait pour faire la chasse aux corsaires qui, alors, infestaient le Golfe de Gascogne. D’autre part, le vieux port restait insuffisant les jours de grosse mer. 




Vauban vint en 1693 visiter la forteresse qu’il jugea insuffisante. Il étudia également la baie qu’il estima pouvoir être un refuge admirable, à la condition de la protéger par un endiguement allant du Socoa à la pointe de Sainte-Barbe en laissant seulement un étroit passage pour les navires. 



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VAUBAN

La grande tour du fort fut de suite commencée, les travaux rapidement menés à bonne fin. On construisit les casernements dont un des bâtiments subsiste encore. Vauban fit transformer les batteries basses qui, du côté de la rade protègent l’entrée du port ; on peut encore les voir aujourd’hui. Il fit également aménager une autre batterie qui a disparu. En outre, pour protéger le port, on construisit le gros mur qui relie la forteresse à la terre ferme. La brèche par laquelle passaient les grosses lames fut ainsi fermée et le port devint un des meilleurs qui fut. 



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BAIE DE ST JEAN DE LUZ-CIBOURE
PAYS BASQUE D'ANTAN



Au cours du XVIIIe siècle on fit plusieurs améliorations importantes. On construisit notamment le bâtiment situé au nord-est. Il fallait, en effet, loger plus confortablement la garnison pour laquelle le voisinage de la frontière était bien tentant. Las de voir le nombre des déserteurs qui préféraient la liberté à la vie de caserne, le roi fit installer, au Socoa, une garnison d’invalides de la marine ; elle y demeura jusqu’à la guerre d’Amérique. 




Sous Napoléon 1er, on reconstruisit les parties hautes du mur d’enceinte, percé de meurtrières. En 1861, d’autres modifications furent apportées à celui-ci qui fut augmenté. Mais dès 1830. époque à laquelle on supprima le toit qui couvrait la tour, l'ensemble de la forteresse avait déjà l’aspect que nous voyons aujourd'hui. 




À dire vrai, cette fortification est des moins homogènes. Alors que partout Vauban a réalisé ses conceptions basées sur le souci de placer l’assaillant sous des feux croisés, ici, soit parce que l'emplacement était insuffisant pour l'établissement d’un ouvrage avancé, soit qu'il eût jugé la position comme très forte par elle-même, le grand ingénieur se contenta de faire dresser la tour qui, d’ailleurs, ne permet l’emplacement d’une batterie qu'à son sommet, Vauban ayant estimé que les batteries basses assureraient la défense des approches. 


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SOCOA 1863
PAYS BASQUE D'ANTAN



Le raisonnement, en somme, était bon. En effet, ou bien l’ennemi était loin, et la hauteur de la tour permettait, en augmentant la trajectoire, de tenir les vaisseaux à une distance suffisante pour que les boulets dirigés sur le fort restassent, sans effet ; ou bien, par suite d’une surprise, les bateaux ennemis ayant pénétré dans la rade, s'efforçaient de détruire les môles du port, alors les feux conjugués de la plate-forme supérieure et des batteries basses extérieures devaient obliger l’audacieux à s'éloigner.  




La disposition la plus singulière de la grosse tour est d’ailleurs dans la situation de la porte d’entrée, placée au premier étage et accessible seulement à l'aide d’une passerelle que la garnison peut anéantir après s'être réfugiée dans la tour. Ce système de défense, renouvellement de celui en honneur au XIIIe siècle, ne pouvait cependant que retarder de peu la reddition de la garnison, qui, si elle avait des vivres et des munitions ne pouvait, par contre, disposer que d’une très faible réserve d'eau potable. 


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SOCOA
PAYS BASQUE D'ANTAN



Cette grave question de l'approvisionnement en eau qui a toujours dicté l'emplacement des forteresses était particulièrement délicate en un endroit où l’on ne pouvait espérer trouver une source. Le problème fut tourné et résolu avec beaucoup d'élégance. 





Au XVIIe siècle, sans doute, on établit une grande citerne au pied de la tour ; on peut encore l’apercevoir en se penchant sur la margelle du puits. Les eaux pluviales étaient recueillies dans des gouttières et dirigées vers cette citerne. Mais, avant d'y pénétrer, elles traversaient des sortes de petits puits, encore existants, qui paraissent comblés. Ce sont, en réalité, des filtres dans lesquels sont entassés par couches superposées : du charbon de bois, du sable, du gravier, des gros cailloux et enfin de la terre. La garnison possédait, par ce moyen, une réserve très importante d'eau excellente et parfaitement distillée. On n'avait d'ailleurs rien inventé puisque nous avons, naguère, découvert au Mont Saint-Michel une citerne filtrante analogue qui avait été construite au pied de la Merveille en 1415. 


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FORT DE SOCOA
PAYS BASQUE D'ANTAN




La dernière garnison a quitté le fort du Socoa en 1876. Pendant la guerre de 1914, quelques artilleurs séjournèrent dans les casernements pour manœuvrer les pièces de canons que l'on avait placés sur la plate-forme pour écarter les sous-marins de la côte. Depuis, après avoir été déclassée, la forteresse devint le séjour mélancolique de quelques douaniers. Ces braves gens appartenaient à une administration qui se souciait fort peu des bâtiments. Ceux-ci eussent été voués à une ruine certaine si l’administration des Beaux-Arts n’avait classé comme monument historique la vieille forteresse. 





Aujourd’hui, les douaniers, à leur tour, sont partis, les bâtiments ont été restaurés. Un Yacht-Club s'y est installé qui disposera du fort et d’une organisation unique au monde. Le port, autrefois capable de contenir, à flot, plus de quatre-vingts galères, sera désensablé, et la vie maritime va reprendre, plus brillante que jamais, en ce lieu historique d’où la vue s’étend sur l’un des plus beaux panoramas que l’on puisse voir. 



Charles-Henri Besnard. 

Architecte en chef des Monuments Historiques."











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