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mardi 3 décembre 2019

LA "DÉCHÉANCE" DE BIARRITZ EN LABOURD AU PAYS BASQUE EN 1931


LA "DÉCHÉANCE" DE BIARRITZ EN 1931.


En 1931, la Côte Basque voit se développer d'autres lieux de villégiature que Biarritz.


PÊCHE AUX CREVETTES BIARRITZ 1931
PAYS BASQUE D'ANTAN



Voici ce que rapporta à ce sujet le journal Comoédia, dans son édition du 18 septembre 1931, 

sous la plume d'Henry Mercadier :



"La saison en Côte Basque.




La déchéance de Biarritz et le destin de quelques plages.




La saison d'été 1931 sur la Côte basque sera, pour tous ceux que le destin capricieux des villes de luxe et de loisir intéresse à quelque titre que ce soit, une leçon et un enseignement dans l'avenir.




Cette saison fut l'aboutissement logique d'une succession de faits, révélateurs d'une double et dissemblable conception, dans la compréhension et la satisfaction de la vie qui est propre à ces cités de plaisir.


BIARRITZ SEPTEMBRE 1931
PAYS BASQUE D'ANTAN


La Côte basque est, sans conteste, l'une des plus pittoresques régions de France. Elle est d'une perfection naturelle, dont l'équivalence est difficile à établir. Tous les charmes, toutes les grâces, tous les attraits sont en elles. Et la nature a fait un coin de paradis de chaque coin de terre euskarienne. 




Des lacs ombreux et de calmes étangs, des rivières vives et pures, des champs, des prés, des pâturages, marqueterie polychrome et géométrique, des forêts et des bois épais et giboyeux, le bondissement harmonieux des collines capricantes et le creux verdoyant des fraîches vallées. Et dans le fond, vers la frontière la chaîne séculaire des Pyrénées et ses rochers aux formes onctueuses, polies par le vent qui passe à travers la montagne.




Puis, bordant l'océan, de Bayonne à Béhobie, échelonnées sur une courbe rive de lumière, Biarritz, Bidart, Guéthary, Saint-Jean-de-Luz, Hendave, les cinq plages de la Côte basque.


CASINO HENDAYE 1931
PAYS BASQUE D'ANTAN


Et, par-dessus toutes ces beautés, réunies en un coin privilégié du sol de France, une atmosphère de courtois accueil des êtres et des choses et le religieux mystère qui, sourd de l'air et du vent, entourant, grisant, soumettant à sa magie le voyageur euphorique et repu de désirs exaucés.




Tel est, en vérité, le portrait synthétique des agréments matériels de h Côte basque. Mais il est d'autres attraits.




Le sport est le premier de tous, aujourd'hui. Et la Côte basque est, pays de champions, un éden sportif. La simple énumération pourvoit à s'en convaincre : pelote basque, rugby, aéronautique, natation, chasse, cyclisme, golf, tennis, équitation, automobilisme, courses landaises, corridas, culture physique, football association, athlétisme, hockey, baseball, régates, etc.




Jean Borotra, Perchicot, Fontan, Fernand Forgues, Paolino, Larribaut, Thion de la Chaume, Massard, Détroyat, Bainonneau, Duhour, Magnanou, Ricardo Soriano, Chiquito de Cambo, Dongaïtz, Arcé, tant d'autres.



CHIQUITO DE CAMBO
PAYS BASQUE D'ANTAN




PAOLINO UZCUDUN
PAYS BASQUE D'ANTAN

Mais, où la beauté du sol et la perfection physique règnent, l'Art, sous toutes ses formes, s'épanouit.




Les poètes, les romanciers, les peintres, les musiciens, les orateurs et les fervents du septième art ont été conquis, depuis un siècle et plus, par la terre d'Euskarie. Citons, après Voltaire, Hugo, Taine, Barrés, Loti, Courteline, Farrère, Toulet, Jammes, d'Annunzio. Ils sont innombrables.




Ainsi donc, la Côte basque, riche par elle-même d'un incomparable merveilleux physique, profondément pénétrée d'un mystère historique encore inviolé, est, du triple point de vue tourisme, art et sport, l'incarnation la plus parfaite des réalités les plus ardemment attendues.




Et, malgré tout, il est certain que, cette année, une éclipse a voilé son soleil de gloire.




Si la Côte basque n'occupait, dans la hiérarchie des lieux de luxueux plaisirs que le monde a élu, l'une des premières places, il nous semblerait inutile d'étudier son évolution.




Mais il ne faut pas oublier que l'on a donné à Biarritz le nom de "Reine des Plages" et qu'elle le conserve encore. Il ne faut pas oublier que Saint-Jean-de-Luz a mérité ce titre enviable de "Perle de la Côte basque".



ST JEAN DE LUZ PERLE DE LA CÔTE BASQUE
PAYS BASQUE D'ANTAN



De Guéthary et de Bidart, que dire ?...




La première, plage de famille, est condamnée à une extension restreinte, par ses gardes du corps Saint-Jean-de-Luz et Biarritz. Sa saison fut bonne, dans la moyenne honorable des plages moyennes. Et sa petite plage connut de belles heures. On y fait effort pour satisfaire une clientèle vite lassée de plaisirs trop mondains. Et l'heure du sommeil sonne vite, selon Léon Vérane :

A Guéthary, lorsque les cloches

Chantent avec la mer.




Quant à Bidart, qui semble une paisible annexe de Biarritz, son destin est semblable à celui de Guéthary. Plage de famille, vacances bourgeoises, tennis pour jeunes filles de province...Calme, silence, ennui léger, flirts innocents, bézigue...




Cependant, Bidart, qui vécut les nuits triomphantes de l'extraordinaire "Pavillon Royal" a connu, cette année, avec "l'Impérial-Club", la défaite, en vingt-quatre heures, du seul effort, tenté par un seul homme, pour sauver Biarritz.




Hendaye, dont la situation était désespérée l'an dernier, pour avoir voulu préjuger de ses possibilités, a retrouvé son équilibre et ses succès.




Le même homme qui la mena au bord de la faillite, l'a relevée en quelques mois de façon supérieure.




La saison 1931 marque, pour elle, le départ vers une prospérité nouvelle et vers un destin assagi et mieux dirigé.




Hendaye possède un homme : Henri Martinet. Qu'elle le conserve !




Enfin, Saint-Jean-de-Luz.




Saint-Jean-de-Luz, depuis trois ou quatre ans, voyait grandir sa vogue chaque saison davantage.




La petite plage où Maurice Ravel, enfant, jouait avec la mer, le petit village des pêcheurs de sardines, à tout nouvel été, présentait un visage plus souriant et plus gracieux.




La plage où mourut Joseph Galtier, le "village Saint-Jean-de-Luz" que chanta Jane Catulle-Mendès, devenait, de plus en plus et de mieux en mieux, "la Perle de la Côte basque".




Cette année, la perfection fut atteinte, ou quasi.




Une poignée d'hommes résolus et d'une intelligente activité, décidés à tous les sacrifices pour le plus grand bien du pays, se sont employés, sans relâche et sans hésitation, à satisfaire une clientèle extrêmement nombreuse.




Je ne sais pas si leurs efforts unis leur ont, personnellement, valu d'importants bénéfices pécuniaires. Je ne le crois pas. Je suis même convaincu qu'ils ont perdu de l'argent, beaucoup d'argent. Mais je sais qu'ils ont donné, pour la première fois, une impulsion magistrale à leur domaine, qu'ils ont apporté à Saint-Jean-de-Luz le fruit de leur travail heureux, malgré les dénigrements d'une séquelle d'aveugles et de pudibonds cafards, et qu'ils ont semé un grain prodigue et sûr pour les moissons fructueuses de l'avenir.




Je sais que, de juillet à fin septembre, Saint-Jean-de-Luz fut le seul endroit de la Côte basque où la clientèle mondaine put trouver l'atmosphère qui lui convenait. Je sais que Saint-Jean-de-Luz fut la seule plage de luxe où il fit bon vivre et se distraire. Je sais que toute la clientèle de Biarritz - je parle des "étrangers chics" se donnait chaque jour rendez-vous sur la plage, dans ses établissements de jour et de nuit. Je sais que Saint-Jean-de-Luz fut vraiment la plage de la joie, de la jeunesse et du plaisir.




Je sais tout cela. Et je le dis. Je le dis parce que c'est vrai, parce qu'il fallait le dire, parce qu'il y eut là un effort magnifique de la part des meneurs de jeu et une satisfaction sans bouderie de la part de la clientèle.




Et M. Ferdinand Hirigoyen, maire de Biarritz, m'approuvera, dont la fidélité au dancing de "La Pergola" fit, un moment - mais pourquoi ? scandale chez ses administrés. On peut être maire de "la Reine des Plages" et courtiser une "Perle", la fille du voisin. Cela s'est déjà vu et M. Hirigoyen le confirme.


DANCING LA PERGOLA ST JEAN DE LUZ
PAYS BASQUE D'ANTAN


Il reste, dans sa hautaine solitude et. sa désaffection, Biarritz, "la Reine des Plages", le joyau naturel de la Côte. Les armes de Biarritz portent une fière devise : Aura, sidus mare adjuvant me. C'est à cette devise que Biarritz doit de vivre encore, dans le souvenir de sa splendeur. Car certains naufrageurs ont voulu chavirer la barque de ses armoiries. Et c'est un lamentable drame qu'il faut étudier pour en tirer de profitables leçons."





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