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lundi 30 décembre 2019

BIARRITZ EN LABOURD AU PAYS BASQUE PENDANT LA GUERRE 1914-1918 (première partie)


BIARRITZ EN 1914-1918.


Pendant la Première Guerre mondiale, Biarritz reçoit de nombreux réfugiés et de nombreux blessés.



pays basque guerre 1914 1918
HÔPITAL TEMPORAIRE BIARRITZ 1916
PAYS BASQUE D'ANTAN


Voici ce que rapporta à ce sujet La Gazette de Biarritz-Bayonne et Saint-Jean-de-Luz, dans son 

édition du 7 juin 1919 :



"Biarritz pendant la guerre.


Rapport de M. le Sénateur Forsans, Maire de Biarritz lu à la séance du Conseil Municipal du 

6 Juin 1919.



La guerre qui, pendant cinq ans, a arrêté la vie normale de la station, étant virtuellement terminée, le moment est venu de rappeler l'œuvre lui fut accomplie par la Ville de Biarritz pendant cette longue période, dans l’intérêt de la Défense Nationale. 




Dépourvue de moyens d'action, ne disposant ni d’établissements ni d’organisations qui, dans la plupart des villes ont pu faciliter la tâche des municipalités, la Ville de Biarritz, dont tous les services avaient été bouleversés par la mobilisation, a dû improviser de toutes pièces, par des moyens de fortune, les organisations dont la nécessité venait tout à coup d’apparaître. Grâce à de nombreuses initiatives personnelles, grâce aux généreux dévouements qui spontanément s’offraient dans un magnifique élan d'union sacrée, elle a pu cependant s’acquitter victorieusement de son devoir patriotique et c’est avec un sentiment de légitime fierté qu’elle peut aujourd’hui considérer l’œuvre qui a été accomplie. 



pays basque guerre 1914 1918
FORMATION POLIAKOFF BIARRITZ
PAYS BASQUE D'ANTAN

Secours aux familles des combattants. 



— Dès la mobilisation, la première pensée de l'administration municipale fut pour les familles que le départ de leurs soutiens laissait sans ressources et sans moyens d’existence. Une loi avait bien prévu pour le temps de guerre, le paiement d’allocations aux familles des mobilisés ; mais nulle organisation n’avait été envisagée et le droit à l'allocation lui-même se compliquait de formalités qui en éloignaient le paiement. Or il y avait urgence à aider les familles dans l'embarras. Il était nécessaire que ceux qui s'en allaient faisant à la France le sacrifice de leur vie, fussent du moins rassurés sur le sort des êtres chers qu’en partant ils avaient confiés à notre sollicitude. Dans ce but un Comité fut constitué et une souscription fut ouverte à laquelle la population l’associa généreusement.




C’est ainsi que, dès les premiers jours de la guerre et sans attendre l’intervention de l’Etat, la Ville de Biarritz fut en mesure de payer les locations aux familles des mobilisés. 




Ce paiement fut effectué sur la seule demande les intéressés, sans enquête préalable et sans délais. Une telle façon de procéder devait fatalement entraîner quelques abus. Mais on avait envisagé les risques et on trouva préférable de les courir plutôt que d’exposer une seule famille vraiment digne d’intérêt à des souffrances imméritées. 


pays basque guerre 1914 1918
HÔPITAL BIARRITZ MARS 1915
PAYS BASQUE D'ANTAN

Par la suite et jusqu'à ces derniers temps, l’œuvre d’assistance aux familles nécessiteuses des combattants a continué de fonctionner et le produit des souscriptions déposé à la Recette Municipale, a permis au Bureau de Bienfaisance, dont la guerre avait tari les ressources, de venir en aide à de nombreuses familles frappées par le malheur ou éprouvées par la maladie. Il est donc permis d’affirmer que la Ville de Biarritz est parmi celles qui ont manifesté la compréhension de leurs devoirs de solidarité, en témoignant aux victimes de la guerre une généreuse et constante sollicitude. 





Secours aux blessés


— Le Comité de Secours aux Blessés qui vient de se dissoudre après avoir accompli une difficile et noble tâche, comprenait au début, sous la présidence du Maire, MM. le duc de Montebello, Blaise, Maurice Trubert, Emmanuel Labat, Léon Garay, Jaulerry et Staehling. 




Le compte-rendu de ses opérations, publié récemment, a permis d’apprécier les services importants rendus par cette organisation qui a fonctionné sous le contrôle de l’Etat et qui étendit son action bienfaisante à toutes les œuvres de guerre. Grâce aux importantes ressources qu’il s’était créées et qui se sont élevées à 147 000 francs, le Comité a pu distribuer notamment, tant aux blessés de nos formations qu’aux réfugiés de France et de Belgique, près de 24 000 articles divers consistant en chemises, caleçons, flanelles, chaussettes, pyjamas, sandales, mouchoirs, etc... Par ses soins un Ouvroir a été créé qui a fourni du travail à de nombreuses mères de famille travaillant à domicile ; celles-ci ont confectionné peur le compte de l’Intendance, plus de 37 000 articles divers, caleçons, bourgerons, pantalons de treillis, chemises, etc., en plus des 24 000 articles délivrés gratuitement aux formations sanitaires. Ajoutons à l’éloge des dames qui avaient assuré l’administration de l’Ouvroir, que ce travail considérable a été accompli sans que jamais une contestation se soit produite entre les ouvrières et la direction. 

pays basque guerre 1914 1918
HÔPITAL MILITAIRE BIARRITZ 1915
PAYS BASQUE D'ANTAN

Il m’est agréable de rendre ici un hommage mérité aux dames patronesses ayant à leur tête Madame la Marquise d'Arcangues, qui, dès le début apportèrent à l’œuvre les soins les plus éclairés et le concours le plus précieux et qui ont jusqu’à la fin participé à son succès par leurs dons et par leurs travaux. 




C’est au Comité de secours aux blessés qu’est due l’installation du Pavillon d’isolement d’Aguiléra, dont il supporta les frais.




Il a aussi contribué pour une part importante à l'installation du Cercle des Blessés, apporté une notable participation au Comité de secours franco-belge, etc. C’est lui enfin qui a assuré l’organisation de toutes les journées de quêtes au bénéfice des œuvres nationales. Partout son action généreuse s’est utilement employée.




Mais c’est surtout dans la sombre période du début que son intervention s'exerça avec une incontestable efficacité. Ceux qui ont vécu ces heures de douleur et d’angoisse n’en oublieront jamais le souvenir. 




Les violents combats de Lorraine, la sanglante bataille de Charleroi, venaient de révéler ce qu’allait être cette guerre qui commençait. Les blessés, par milliers, affluaient des champs de bataille. Mais en dehors des hôpitaux militaires déjà insuffisants, rien, du moins dans notre région, n'avait été prévu pour les recevoir. La Ville de Biarritz ne disposait ni d’un hôpital, ni d’un établissement similaire. Grâce à de généreuses interventions elle avait pu cependant, dès les premiers jours, mettre 400 lits à la disposition du Ministre de la Guerre. Mais qu’était cela en présence des besoins auxquels il fallait faire face ! 


pays basque guerre 1914 1918
HÔPITAL MILITAIRE BIARRITZ 1915
PAYS BASQUE D'ANTAN

Le Service de Santé, dont les prévisions — en admettant qu'il en eût établi — étaient formidablement dépassées, ne songeaient pas encore, comme il le fit plus tard, à réquisitionner les grands établissements de Biarritz. Débordé, ne sachant où faire tète, c’est à la Municipalité qu’il s'en remettait du soin de suppléer à son insuffisance et d’hospitaliser les blessés pour les quels il n’avait lui-même rien préparé. 




Chacun aussitôt fut ici prêt à faire son devoir. 




Les trains de blessés nous arrivaient à toute heure de jour et de nuit, parfois même sans avoir été annoncés. N’importe ! la Ville de Biarritz ne fut jamais prise au dépourvu ; à tout instant, la population fut prête à recevoir nos héroïques soldats, et c’est ainsi que, dès les premiers jours de septembre 1914, plus de 2 200 blessés, répartis en 53 hôtels ou pensions de famille, étaient fraternellement accueillis parmi nous. 




Mais comment leur assurer les soins nécessaires alors que nous étions démunis de tout ! Pas de médecins militaires ! pas d’infirmiers ! pas de service pharmaceutique ! aucune organisation ! Il fallait tout improviser et c’est alors que la Ville de Biarritz montra ce dont était capable une population généreuse, animée de l'amour de la Patrie résolue à faire son devoir. 




A l’appel de l’Administration Municipale, elle répondit toute entière avec le plus noble empressement. 


pays basque guerre 1914 1918
HÔPITAL POLIAKOFF BIARRITZ
PAYS BASQUE D'ANTAN

Admirables de dévouement et d’abnégation, les quelques médecins de Biarritz que la mobilisation avait épargnés et qui étaient à peine suffisants pour le service de la population civile, accouraient auprès de nos blessés au mépris de toutes les fatigues et continuaient de les secourir même après l’arrivée des premiers médecins militaires. 




Sœurs de charité improvisées, les dames de Biarritz et les dames de la colonie étrangère, rivalisant de grâce et de bonté, apportaient à nos héros avec le réconfort de leur sollicitude, les soins les plus prévenants et les plus affectueux. Les résidents étrangers que la guerre avait surpris dans notre station au début de la saison d’été, s’empressaient de mettre leurs automobiles à la disposition de la municipalité, facilitant ainsi le transport des blessés, de concert avec la Société des brancardiers dont j’aurai à rappeler le rôle si éminemment utile. Les hôteliers organisaient le service de la subsistance, etc. Chacun enfin, selon ses moyens, tenait à participer à l'œuvre commune de solidarité, aussi avions-nous le droit de mépriser l'odieuse calomnie élaborée, en ces jours tragiques à la Villa Velleda, calomnie inspirée par celui qui, plus tard, expia ses trahisons au poteau de Vincennes et qui essayait de jeter la suspicion et l’insulte au patriotisme de Biarritz et de troubler l’opinion publique. 

Aujourd’hui comme alors, le simple énoncé des faits constitue non pas une justification, certes, mais bien l’éloge le plus éloquent pour l'œuvre accomplie par la Ville de Biarritz où toutes les bonnes volontés, toutes les générosités, tous les dévouements se trouvèrent unis dans l’accomplissement du devoir sacré. 



pays basque guerre 1914 1918
HÔPITAL MILITAIRE CARLTON BIARRITZ
PAYS BASQUE D'ANTAN

Mais parmi toutes les interventions, celle du Comité de Secours aux blessés ne fut ni la moins active ni la moins efficace. C’est à lui que revient pour une grande part le mérite de l’organisation d’un grand nombre de formations sanitaires auxquelles il apporta les moyens de fonctionner. Non seulement en effet, il a fourni aux diverses formations le linge et les vêtements dont les blessés étaient généralement dépourvus, mais encore pendant la période difficile du début, il a pu se substituer au service de santé pour procurer aux diverses formations les produits pharmaceutiques et les objets de pansement qui faisaient défaut et pour assurer le nettoyage et la désinfection du linge et des vêtements des blessés. 

Le Comité de Secours aux blessés s’est dissous le 17 mars dernier laissant, tant en espèces qu’en linge et effets divers, des disponibilités représentant une somme de 23 500 francs qui ont été mises à la disposition du Comité de secours aux démobilisés sans travail. 

Il a pu prononcer sa dissolution avec la conscience d'un grand devoir patriotiquement accepté et accompli avec une inlassable persévérance. Il a bien mérité de Biarritz ; mais je manquerais à mon devoir si je n’adressais ici un particulier témoignage de gratitude à M. Blaise qui, en qualité de trésorier fut en quelque sorte l’âme agissante de cette organisation, à laquelle il ne cessa d’apporter la collaboration la plus active, la plus éclairée, la plus généreuse."



A suivre...







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