LE CONGRÈS D'ÉTUDES BASQUES À BIARRITZ EN 1948.
Le VIIème Congrès d'Etudes Basques se déroula du 12 au 19 septembre 1948 à Biarritz.
BIARRITZ - MIARRITZE 1948 PAYS BASQUE D'ANTAN |
C'est le premier Congrès de l'exil et incontestablement celui qui fut le plus important et qui
connut le plus grand succès.
Les travaux scientifiques furent de qualité et en tous cas de quantité appréciable , avec pas
moins de 260 communications!
L'implication dans l'organisation du Congrès du Gouvernement Basque en exil et une forte
participation des intellectuels Basques d'Amérique donnera à ce Congrès un large
retentissement.
Voici ce que rapporta le journal l'Aube, dans son édition du 22 septembre 1948, sous la plume
de Jean Dannemuller :
"De notre envoyé spécial au congrès de Biarritz.
Rien ne résiste au Basque. A la force de son biceps et de son jarret, il a vaincu les Pyrénées et l'Atlantique. Sa gentillesse attendrirait l'ogre qui voudrait l'avaler... C'est la leçon que nous tirons, nous, de cet attachant Congrès d'études basques qui vient de se terminer à Biarritz. Une manifestation tout à fait pacifique et internationale. Une véritable semaine de fraternité au-dessus d'une frontière. Ailleurs, trop souvent, les frontières sont des murailles à créneaux, offensives autant que défensives. Celle qui coupe leur pays, les Basques en ont fait un lien. Un pont solide qui résiste à l'orage.
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Une seule langue un seul thème.
Les sept provinces basques (les trois françaises et les quatre espagnoles) étaient représentées à Biarritz. Et tout ce monde parlait la même langue et de la même chose : du pays, des ancêtres, des traditions, de la culture, des arts... Ils étaient 400. Ils se se sont partagés en quinze groupes pour étudier les 253 communications ou conférences qui étaient au programme. Ils se sont réunis pour danser et chanter d’une même voix. Ils étaient heureux d’être ensemble et les non Basques ne se sentaient pas étrangers parmi eux. Surtout si. comme l'invité italien ou l'invité allemand, ils parlaient le basque. Le professeur italien l'avait appris par curiosité philologique. L'Allemand, à Orianenburg. La langue basque n’était pas étrangère non plus pour d’autres invités venus de loin : un professeur de l'université de Prague, un Anglais, une Australienne, un Irlandais, un Portugais, un juriste de Saint-Domingue, un Argentin et même un Russe blanc et un Géorgien qui n'habitent cependant que les bords de la Seine ou ceux de la Loire.
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La langue basque a fait le tour du monde. Parce que les Basques sont de grands voyageurs et même des migrateurs. S'ils ont fait du golfe de Gascogne leur vivier, l'Atlantique est leur "mare nostrum" : Ils s'y sont installés sur les rivages opposés. Ces migrations, le congrès de Biarritz les a longuement étudiées : des colons basques ont essaimé jusqu'aux Philippines, mais partout ils ont gardé leur âme et cette nostalgie du pays qui souvent les y fait revenir.
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Leur âme les porte à servir leur foi, la justice et la liberté. C’est pourquoi ils nous sont chers. D'autant plus qu'un grand nombre d'entre eux, d'entre ceux qui sont de l'autre côté des montagnes et que personne n’y obligeait sauf leur conscience, sont venus se battre, et souvent mourir, aux côtés de nos soldats dans la division Leclerc. M. Ernest Pezet a donné là-dessus, samedi matin, d'émouvants détails malheureusement ignorés.
ERNEST PEZET PAYS BASQUE D'ANTAN |
Servir la petite patrie.
Ce congrès n'avait néanmoins rien de politique. Il s'agissait de célébrer et d'apprendre à connaître la petite patrie basque. Mais aussi de la servir. C'est pourquoi on a décidé d’entreprendre des efforts pour le maintien et le développement de la maison et de l'exploitation familiale basque, pour l'organisation de contacts entre les savants océanographes basques et les pêcheurs, pour retourner après trois siècles à la pêche à la baleine (après si longtemps, dit à peu près la motion, ces pauvres mammifères doivent se languir de s'entendre harponner dans notre langue), pour entreprendre une action, surtout en Espagne, contre la tuberculose, pour que l'histoire locale soit enseignée à l'école, pour que des manuels d'enseignement ménager et d'agriculture soient imprimés en basque (à ce propos nous avons feuilleté et admiré un album magnifique et du meilleur goût pour enfants). Il est aussi question de la défense de la langue contre le néologisme. Surtout on s’est réjoui qu'une chaire de basque soit prochainement créée à Bordeaux, et on réclame l'inscription du basque à la suite des 23 langues qui sont admises au baccalauréat.
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Les personnalités qui ont suivi ou participé à cette semaine d'études, à cette véritable université d’été, nous ne pouvons les citer toutes. Nous nous contenterons de deux noms, une de chaque côté de la frontière, qui furent souvent associés : celui du président Aguirre et celui de Mgr Mathieu. Ce dernier, tirant dimanche matin les leçons de ce congrès, a montré que le malheur de ce siècle c’est que la conscience ne fait pas des progrès aussi rapides que la science, ce qui peut-être serait autrement si les hommes voulaient retrouver la conscience de leurs ancêtres.
JOSE ANTONIO AGUIRRE PAYS BASQUE D'ANTAN |
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