LES BASQUES FRANCAIS EN AOÛT 1914.
En 1914, les Basques du Nord se mobilisent pour défendre leur "grande" patrie.
ORDRE DE MOBILISATION GENERALE 2 AOÛT 1914 PAYS BASQUE D'ANTAN |
Voici ce que rapporta Le Figaro, dans son édition du 30 août 1914, sous la plume de Victor
Trésaugue :
"Les Basques français.
On ne parle plus d'émigration en France ! Nous en connaissons la triste raison ! Le seul coin du pays où ce mot ait encore sa signification est cette partie des Basses-Pyrénées que l'on appelle le "Pays Basque".
MARCHE MILITAIRE 49E RI BAYONNE PAYS BASQUE D'ANTAN |
Beaucoup d'écrivains, romanciers, économistes, militaires ont abordé ce problème désormais local et lui ont donné la seule explication suivante : "l'horreur, pour les Basques, du service militaire". Ces jours derniers, certains bruits tendancieux ont couru. Ils sont faux... je les démens de toute mon énergie et d'une façon absolue.
Certes, le basque français, est de tendances très particularistes. Il est basque avant toute autre chose. Lorsqu'à Saint-Jean-de-Luz ou à Cambo vous lui demandez : "Quelle est cette personne?" avec le plus grand sang-froid il vous répond : "C'est un Français !!!"
Oui, je l'avoue, c'est extraordinaire en 1914 ! Mais avant de condamner il faut connaître l'âme basque, le passé de la fière petite nation basque !
SOUVENIR DE BIARRITZ 1914 PAYS BASQUE D'ANTAN |
La France, je l'affirme, est sa plus belle, sa plus chère patrie ! Le basque français est plus français que le basque espagnol n'est espagnol.
Son histoire abonde en preuves éclatantes de son constant loyalisme et de son courage. Tous les gouvernements rendant hommage à son courage, à ses vertus guerrières, ont eu, toujours, une tendance à grouper les recrues basques en un groupe homogène. César Auguste en avait fait une garde d'élite. Le régiment célèbre du Royal Cantabre dura jusqu'à la Révolution. Son étendard portait cette devise : "Bellicosus cantaber non pluribus impar".
HÔPITAL BIARRITZ 1915 PAYS BASQUE D'ANTAN |
Les chasseurs basques du colonel Harispe s'illustrèrent en 1792 et en 1795 aux redoutes de Berdalitz et à Pampelune où ils sauvèrent la division Marbot. A Iéna, ils formèrent le 4° léger. L'Empereur les remarqua et s'adressant à leur colonel :
— Vous avez là un beau régiment, colonel !
— Plus brave que beau, sire ! répondit le colonel Harispe.
— Nous le verrons tout à l'heure, riposta Napoléon...
L'Empereur passa !... Le soir on apporta Harispe blessé devant l'Empereur qui le fit général, l'embrassa et félicita les "rudes gaillards" basques.
Murat, pendant les guerres d'Espagne, prit au 4° léger les trois cents jeunes Basques qui firent sa garde d'honneur.
Voilà pour l'armée de terre ! Que dire de nos corsaires célèbres tels que Le Coursic, Schtebe Pellat que n'ont pu oublier nos valeureux alliés d'aujourd'hui, les Anglais !
Les souverains britanniques leur rendirent hommage. Louis XIV les combla d'honneurs. Notre marine de guerre ne peut oublier le Basque Renau d'Eliçagaray qui, en 1680, inventa la bombe et décidait, par cette découverte, du triomphe de notre flotte au bombardement d'Alger. En 1705, il reçut le titre de lieutenant-général des armées, titre octroyé à la fois par Louis XIV et Philippe V.
HÔPITAL BAYONNE 11 DECEMBRE 1914 PAYS BASQUE D'ANTAN |
Voilà du passé ! Peut-on y faillir ?
Un dicton populaire : "Euskwaldun Fededun" signifie : "Basque croyant". Il n'y a pas de Basque sans foi !
Le courage est sa seconde foi.
Cela, c'est de l'atavisme, en tant que ce mot s'applique, comme le dit Pierre Lhande, a une chaîne ininterrompue d'êtres homogènes. Le peuple basque est, en effet, celui qui a peut-être le mieux gardé ses énergies héréditaires, le plus soigneusement opéré "la sélection atavique". Il s'est entouré d'une muraille impénétrable de traditions et d'idiomes ; par son organisation des familles-souches il s'assurait la permanence du même sang aux mêmes foyers. A prendre l'atavisme dans son sens très pur et très strict, les Basques forment l'un des rares peuples d'Europe qui puissent encore se réclamer justement de "leurs" aïeux.
BIARRITZ 1916 PAYS BASQUE D'ANTAN |
Or, je viens de le montrer, les aïeux sont d'admirables et infatigables soldats, des hommes dont la foi, le courage et l'amour de la France furent toujours très purs et très élevés.
La guerre, aujourd'hui, déchaîne sur nos frontières les crimes et les lâchetés de hordes sauvages. La France s'est dressée courageuse, résolue. Ses fils se sont fraternellement tendu la main, opposant ainsi à l'ennemi un bloc qu'il lui serait impossible de dissocier. Assez de méditations, d'analyses, assez de science qui nous viennent du troupeau des badauds imbéciles et des inutiles !
HÔPITAL BAYONNE 1915 PAYS BASQUE D'ANTAN |
Les Basques ont répondu à l'ordre de mobilisation avec un élan admirable. Une personne étrangère au pays, mais y vivant toutefois depuis quelques années m'écrit à ce sujet : "Vous le savez, je ne pouvais aimer les Basques... mais ils ont répondu avec un tel enthousiasme, un tel amour pour la France qu'ils m'ont ému. Maintenant, je les aime très fort".
C'est la note juste. Ils se battront, ces gars, avec une farouche énergie, chantant leur hymne de liberté, le plus ancien qui soit, et leur chant de croisade qui se terminait par ces mots :"... en avant, jusqu'à Madrid (disons Berlin !) pour rendre les Français libres !"
HÔPITAL BAYONNE 1915 PAYS BASQUE D'ANTAN |
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