LA "MATA-HARI" BASQUE.
Tous les 8 mars, est célébrée la Journée Internationale des droits des femmes. Cette journée met en avant la lutte pour les droits des femmes et notamment celle pour la réduction des inégalités, salariales entre autres, par rapport aux hommes.
MARGA D'ANDURAIN PAYS BASQUE D'ANTAN |
Je vous ai présenté, dans un premier article le portrait de cette femme Basque, aventurière,
surnommée : "la Mata-Hari Basque", "la reine de Palmyre", "la comtesse aux vingt crimes",
"la maîtresse de Lawrence d'Arabie", "l'émule de la Brinvilliers" ou "l'amazone du désert".
Initialement, Marga avait surtout souhaité se prévaloir d’être la première européenne à entrer
à La Mecque de façon à pouvoir en faire la relation de voyage (une rihla).
Le "Mari-Passeport" ne fut pas aussi coopératif que prévu et l’aventure se termina
tragiquement par le décès de Soleiman.
MARGA D'ANDURAIN ET SOLEIMAN
PAYS BASQUE D'ANTAN
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Marga n’a jamais avoué être responsable de sa mort, mais tous ses récits montrent bien la
tension croissante entre les deux êtres durant tout le voyage.
Il apparaît évident notamment que, à son arrivée à Djeddah, Marga craignait de perdre sa
liberté.
A juste titre d’ailleurs puisque repérée immédiatement comme une roumi, elle avait été
enfermée dans un harem — seul lieu où une femme seule peut vivre en toute honnêteté et toute
sécurité – en attendant que les autorités responsables de l’accueil des pèlerins statuent sur son
sort.
MARGA D'ANDURAIN
PAYS BASQUE D'ANTAN
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Saoudienne de passeport et musulmane de religion, elle risquait d’être condamnée à la
lapidation pour adultère et meurtre de son légitime époux.
Soleiman avait bien pu succomber à une crise aiguë de paludisme, mais aucune autopsie
n’avait été pratiquée.
PROCES DE MARGA D'ANDURAIN EN EGYPTE EN 1933 |
Incarcérée le 21 avril 1933, elle passa soixante-trois jours en prison.
À la suite d’un procès où elle reçut le soutien du consul Maigret, elle fut acquittée et put
rentrer en France.
Après l’Orient.
Son projet de pèlerinage mecquois avait lamentablement échoué.
Mais volontiers provocatrice, Marga d’Andurain refusa cette image et mit en exergue
l’incroyable exploit qui avait sous-tendu le projet.
MARGA D'ANDURAIN
PAYS BASQUE D'ANTAN
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Elle insista sur son courage et sa ténacité lorsqu’elle se trouvait enfermée dans les geôles d’Ibn
Saoud et se présenta dès lors comme une aventurière.
Se méprenant sans aucun doute sur elle-même, sa vie eut alors comme le dit François Furet
"l’éclat tragique d’un roman" : en décembre 1936, Pierre, avec qui elle s’était remariée, fut
assassiné à Palmyre sans que l’on connaisse vraiment jamais les mobiles.
MARGA D'ANDURAIN A PALMYRE
PAYS BASQUE D'ANTAN
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Seule, inquiète, Marga se vit bientôt dans l’obligation de quitter Palmyre et l’Orient.
Revenue en France à la veille de la guerre, elle mena alors une vie très ambiguë, côtoyant
autant le monde de la Résistance à travers son fils Jacques – au point d’ailleurs que ce fut son
petit 6,35 mm qui servit lors de l’attentat du métro Barbès le 21 août 1941 – que celui de la
Gestapo avec laquelle elle envisagea un temps quelques affaires.
MARGA D'ANDURAIN
PAYS BASQUE D'ANTAN
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Finalement, impressionnée par les menaces que faisaient peser sur elle les truands Bonny et
Lafont, elle trouva refuge à partir de la fin de l’année 1943 auprès d’Emmanuel et de Grace
d’Astier de la Vigerie à Alger.
Mais elle devait très vite renouer avec les drames.
Après la mort de son aîné en février 1945, elle fut accusée au mois de novembre d’avoir
empoisonné son filleul, Raymond Clérisse.
Arrêtée à Nice, elle fut incarcérée quelques jours avant d’être rapidement mise en liberté
provisoire pour ne plus être inquiétée par la justice ensuite.
Enfin, alors qu’elle était devenue propriétaire d’un yacht, le Djeilan, qui croisait en
Méditerranée, elle disparut à son bord le 5 novembre 1948.
L’un de ses serviteurs, Hans Abele et son amie Hélène Kulz, furent jugés coupables du
meurtre.
Hans Abele fut condamné à 20 ans de réclusion et Hélène Kulz à une peine d’un an de prison.
La presse française s’empara du mystère qui entourait Marga d’Andurain en deux occasions :
en 1946 d’abord lorsqu’une présomption de meurtre pesa sur elle, en 1948 ensuite lorsqu’elle
disparut assassinée dans la baie de Tanger.
MARGA D'ANDURAIN
PAYS BASQUE D'ANTAN
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Entre ces deux dates, tout ou presque fut affirmé à son propos : "Émule de la Brinvilliers", "de
Mata Hari", "maîtresse du colonel Lawrence" puis du chef du Foreign Office, "amazone du
désert", "Reine des sables", "ex-reine de Palmyre", "aventurière aux vingt crimes",
"empoisonneuse", "comtesse aux vingt crimes", "espionne et agent double" pour le compte
des Anglais puis des Arabes… mais encore trafiquante de perles, de diamants, d’opium et d’or,
nymphomane, droguée, la liste augmentant d’ailleurs au fur et à mesure que le personnage
disparaissait de la mémoire de ses contemporains pour entrer dans une autre catégorie de
l’analyse, celle du fantasme de la femme aventurière, qui plus est, femme titrée issue d’une
"bonne famille".
Son parcours fut suffisamment inhabituel pour susciter un intérêt, au demeurant pas toujours
bienveillant, au même titre que celui dont avaient pu bénéficier avant elle d’autres
aventurières, Isabelle Eberhardt, Ida Pfeiffer, Alexandra David Neel ou Ella Maillard.
ALEXANDRA DAVID-NEEL |
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