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mardi 17 avril 2018

LES "AMÉRICAINS - AMERIKANOAK" DU PAYS BASQUE EN SEPTEMBRE 1933


LES "AMÉRICAINS" DU PAYS BASQUE EN 1933.


Ce surnom nommé aux émigrants Basques, revenus parfois fortunés au pays, fut longtemps associé aux noms de leurs maisons.



BASQUES EN CALIFORNIE

Voici ce qu'en rapporta le journal L'Intransigeant, dans son édition du 6 septembre 1933, sous 

la plume de Suzanne Balitrand :


"Les "Américains “ du Pays Basque s’en vont...


Aussitôt libérés de leurs obligations militaires ils s’étaient embarqués pour "les Amériques". Ils étaient plusieurs frères, le patrimoine, comme dans la plupart des familles basques, n’était pas assez important pour assurer à tous les fils les moyens de créer et d’entretenir honorablement un foyer. 


Il y avait bien la "maison" et ses dépendances... Mais la tradition basque, plus forte, mieux respectée que la plus forte et la mieux respectée des lois humaines, veut que ce bien passe, intact, entre les mains du fils aîné qui, lui-même, le transmettra, intact, à l'aîné de ses fils. 


Les cadets sont donc partis, comme leurs aïeux, tenter fortune au Pérou, au Chili, au Brésil, au Venezuela, dans toutes les parties, enfin, de l'Amérique du Sud. 


Ils ne revinrent pas tous. Quelques-uns moururent à la peine ; la chance bouda à d’autres. Mais ceux dont l'effort prolongé fut couronné de succès, ceux qui réussirent, ceux qui firent fortune, revinrent dans leur cher pays jamais un instant oublié. Ils achetèrent une belle maison, ils installèrent un foyer. Et de cet argent laborieusement amassé, ils firent profiter ceux de leur race. 




BASQUES AU CHILI


Voilà les hommes qu’on appelle, au pays basque, les "Américains". Ils composent, en quelque sorte, le fond même de la fortune du pays. 


Or, depuis des mois et des mois, les "Américains" ont dû restreindre leurs dépenses. Les revenus provenant de leurs affaires créés en quelque coin du Chili ou de la République Argentine, et qui fonctionnent toujours, mais sans eux, ne leur parvinrent tout d’abord plus, si l’on peut dire, qu’au compte goutte. Puis les arrivées de fonds s’espacèrent encore et cessèrent complètement. 


Des révolutions, petites pour les indifférents, grandes pour ceux qui eurent à en souffrir, bouleversèrent quelque peu les choses et l’heure vint où l’on barra la route aux capitaux. Les pesos restèrent en Argentine, au Chili, en Uruguay. 


Ainsi les "Américains-Basques" sont pauvres dans leur vraie patrie, alors qu'ils demeurent riches dans leur pays d'exil. 


Des êtres moins profondément attachés au sol qui vit naître leurs aïeux eussent tôt fait de repartir où les appelaient leurs intérêts. Les Basques n’ont pas voulu partir. Ils ont attendu, attendu, espérant que tout finirait par s'arranger.


Ceux qui avaient créé dans leur pays quelque nouvelle affaire purent attendre sans trop souffrir ; les autres empruntèrent. 


Le temps passa. Les dettes s’accumulèrent. La lutte devenant impossible les "Américains" repartirent, quelques-uns laissant, en France, une partie de leur famille, certains qu’ils étaient de revenir très vite. 


Ils ne sont pas revenus parce que la situation, au lieu de s’améliorer, s’est aggravée.

 

Elle s’est aggravée au point que ceux qui résistèrent le plus longtemps sont à bout. Eux aussi se préparent à retourner au pays où ils firent fortune. La fin de l’année en verra partir qui semblait pouvoir résister toujours. 


Et c'est un véritable drame qui déchire l’âme de ces êtres dont le seul but avait été de revenir mourir où avaient vécu leurs pères, après avoir enrichi leur cher pays du fruit d'un dur et long labeur.


Les "Américains" ne sont pas seuls à souffrir de ce nouvel exil. II y a aussi les Basques qui restent. Il y a ceux qui devaient leur bien-être à l’existence large de ceux qui pouvaient dépenser... 


Cependant devant ce drame nulle plainte ne s’exhale. Les Basques ont, plus que tous autres, la pudeur de leur douleur. Leur visage grave s'est seulement un peu assombri." 






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