LES MONARCHISTES ESPAGNOLS SUR LA CÔTE BASQUE EN 1932.
Après l'avènement de la Seconde République en Espagne, le 14 avril 1931, de nombreux monarchistes s'exilent dans toute l'Europe, et en particulier sur la Côte Basque.
Voici ce que rapporta La Gazette de Bayonne, de Biarritz et du Pays Basque, dans son édition
du 9 septembre 1932 :
"Les monarchistes espagnols ne complotent pas sur la Côte Basque.
Nous avons dit que notre distingué confrère Géo London, du Journal, était en ce moment à Biarritz. Après avoir consacré un article à la grande station et à la présence du Prince de Galles et du Sultan du Maroc, il nous parle aujourd'hui des résidents espagnols sur la Côte Basque. A son tour, il dément qu’ils aient jamais comploté, ici, contre le régime républicain en Espagne.
BIARRITZ - MIARRITZE 1932 PAYS BASQUE D'ANTAN |
Nous nous faisons un plaisir de reproduire ci dessous son article :
"Biarritz, 8 septembre. —
Après la révolution bolchevique, on a pu longuement épiloguer sur la mélancolique odyssée des réfugiés russes, décrire leur détresse, magnifier très justement leur stoïcisme dans l’adversité, montrer ces milliers d'aristocrates, jadis comblés de biens et d’honneurs, soudain astreints à conquérir le simple droit de vivre en se vouant aux besognes les plus rudes, les plus modestes.
Et voici qu’au delà des Pyrénées, une autre révolution a grondé et que, vers la France douce libérale et accueillante ont accouru avec leur roi, les monarchistes espagnols.
On les rencontre en grand nombre sur cette Côte basque, dont beaucoup d’entre eux ont, de tout temps, goûté le charme et les plaisirs mondains.
En ce moment où la saison bat son plein, il pourrait sembler à un observateur superficiel que la colonie espagnole surmontant miraculeusement les événements politiques, ait subsisté aussi nombreuse, aussi opulente qu’autrefois. Au hasard de nos promenades, nous pourrons rencontrer le duc de Salamanque le duc de Tamames, neveu de l’impératrice Eugénie, M. La Cierva, ancien premier ministre, le duc de Maura, chef des monarchistes, le comte de la Cimera, le marquis d'Alcedo, bien d’autres encore.
JUAN DE LA CIERVA PAYS BASQUE D'ANTAN |
GABRIEL MAURA GAMAZO PAYS BASQUE D'ANTAN |
Dans ces lieux de plaisir qu’honore le patronage du prince de Galles, au golf, au fronton de pelote basque, où Chiquito de Cambo prouve chaque jour que le sport, comme la littérature, a ses immortels, nous trouverons d’autres Espagnols, en apparence joyeux et insouciants, pour qui l'exil semble le prolongement d'un éternel voyage d’agrément. On nous montrera de nombreuses et opulentes villas, qui continuent d’être des propriétés espagnoles.
CHIQUITO DE CAMBO PAYS BASQUE D'ANTAN |
Ce qui est moins visible, ce sont certaines misères pudiquement cachées : ces fastueux Madrilènes, jadis familiers de nos palaces et de nos casinos, qui végètent dans d’humbles meublés ; ces familles d’anciens riches, entassées dans des villas où les salons ont été convertis en dortoirs et où d’altières grandes dames se consacrent à de rudes travaux ménagers.
Evidemment, le problème des réfugiés espagnols ne se pose pas avec l’ampleur que comportait le problème des réfugiés russes. Le bolchevisme a fait déferler sur le monde entier un flot d’exilés.
L’instauration du régime républicain en Espagne n'en a rejeté vers nous qu’une poignée.
D’autre part, la chute d’Alphonse XIII était si logiquement escomptée que la prudence commandait aux privilégiés de la fortune, surtout à ceux d’entre eux qui étaient décidés à répudier le régime nouveau, d’élémentaires précautions La plupart d’entre eux les ont prises en convertissant, il y a plusieurs années déjà, leur avoir en valeurs mobilières internationales et cette fortune ainsi modifiée n'a été touchée qu’en fonction de la crise économique.
Il n’en reste pas moins vrai que le dénuement de certains réfugiés espagnols qui semblent être d'heureux touristes de la Côte basque, est total, navrant.
Tel est le côté économique et sentimental du problème.
Le côté politique est extrêmement délicat.
La réunion à proximité de la frontière de la plupart des monarchistes espagnols groupés sur la Côte basque autour de leur chef, le duc de Maura, provoque de la part du gouvernement espagnol, certaines appréhensions. Il eût souhaité que les réfugiés ne fussent pas autorisés à séjourner en France aussi près de leur pays et qu’ils fussent refoulés au delà de la Loire.
Cette mesure avait été demandée par le gouvernement monarchiste à l'égard des exilés républicains et avait été appliquée à l’encontre de certains d’entre eux, notamment M. Ortega y Gasset, aujourd’hui député aux Cortès, dont l’interpellation vient de causer tant de sensation.
JOSE ORTEGA Y GASSET PAYS BASQUE D'ANTAN |
Cette mesure restrictive, le gouvernement français n’a pas cru devoir la prendre. Il a considéré à juste titre que l’attitude des réfugiés espagnols installés sur la Côte basque ne justifiait nullement des dispositions dictées par la défiance.
Il faut le dire bien haut : ni à Biarritz, ni à Saint-Jean-de-Luz, ni à Hendaye, on ne complote contre la République espagnole. D'abord parce que les monarchistes espagnols entendent respecter l'hospitalité française ; ensuite, parce qu’ils savent que toute tentative d’insurrection fomentée sur le sol français serait suivie de sanction.
On a dit que le complot du général Sanjurjo avait été préparé à Biarritz même. Le ministère de l’intérieur sait que rien n’est plus faux.
GENERAL SANJURJO PAYS BASQUE D'ANTAN |
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire