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samedi 29 mars 2025

LE FILM "GACHUCHA FILLE BASQUE" EN 1922 (première partie)

LE FILM "GACHUCHA FILLE BASQUE" EN 1922.


C'est un film muet, en noir et blanc, de 45 mn, réalisé en 1922 par Maurice Challiot et projeté pour la première fois le 9 février 1923.





pays basque autrefois cinéma gachucha
HEBDOMADAIRE LE FILM COMPLET 6 MAI 1923
FILM GACHUCHA FILLE BASQUE 1922



Le scénariste de ce film est Charles Torquet.

La société de production est Natura Films.

Les principaux acteurs sont : Ninon Balzan, Hugues de Bagratide, Paulette Ray et Raoul Paoli.



Le synopsis de ce film est le suivant : Gachucha veut venger la mort de son frère, le contrebandier, qu'une dénonciation a envoyé en prison. Elle est fiancée à un honnête garçon, mais courtisée par un homme habile qui lui promet de livrer le mouchard s'il est choisi comme époux. Adroitement ce rival arrive à compromettre le fiancé de Gachucha...



Depuis 2017, je vous ai parlé de plusieurs films tournés au Pays Basque ou avec des histoires se 

passant au Pays Basque, tels que Euskadi (1936), l'Appel du stade (1941), la Robe Rouge (1933), 

Au Pays des Basques (1930), Emak Bakia (1925), le Pays basque espagnol (1931), Sinfonia Vasca 

(1936), El Mayorazgo de Basterretxe (1928), Im Lande Der Basken (1944), Odette (1928), Vicenta 

(1920), Le Mariage de Ramuntxo (1947), Gure Sor Lekua (1956), l'Athlète aux mains nues (1952), 

The Land of the Basques (1955), La Reine de Biarritz (1934), Haut-le-Vent ou Air Natal (1942),

Ramuntcho (1938) et le film "Véronica" (1923).




Voici ce que rapporta au sujet du film "Gachucha fille basque" l'hebdomadaire Le Film Complet

le 6 mai 1923 :



"Gachucha par Jean Morlaix. — (Natura-Film).


Distribution : 

Raoul Paoli (champion d'athlétisme), José-Miguel.

M. Hugue de Bagratide, Mendiaz.

Mlle Paulette Ray, Gachucha.





pays basque autrefois cinéma gachucha
MLLE PAULETTE RAY GACHUCHA 



... Gachucha se pencha sur la fontaine. La cruche était pleine. Elle la posa en équilibre sur sa tête, et, un poing à la hanche, dans la magnifique attitude habituelle aux femmes basques, elle reprit sans entrain le chemin de sa maison.



Depuis la mort de son frère Chico, elle n'était plus la même. Ses beaux yeux si gais s'étaient embrumés de mélancolie. Constamment, elle était plongée dans de sombres méditations. Parfois, elle s'arrêtait et regardait au loin, comme une femme qui fouille ses souvenirs et, si l'on avait pu entendre ce qu'elle se disait à elle-même, on aurait surpris cette question :


— Mais qui donc a pu vendre Chico ?



C'était une triste histoire, très simple. Chico et sa soeur Gachucha vivaient chez leur mère, veuve d'un pêcheur de Saint-Jean-de-Luz. Chico était pêcheur comme son père, et, comme son père aussi, contrebandier. Quiconque, en ce pays de frontière, n'est pas contrebandier, au moins un peu, se singularise comme un collégien qui ne fumerait pas. Non seulement la contrebande n'y est nullement déshonorante, mais elle y est devenue quelque chose comme un sport national, au même tire que le fandango et la pelote. Certes, si l'on fait de la contrebande, c'est bien une question d'argent et de profits, mais encore plus une coutume ancestrale.



pays basque autrefois cinéma gachucha
HEBDOMADAIRE LE FILM COMPLET 6 MAI 1923
FILM GACHUCHA LA FILLE BASQUE 1922



Donc, lors de ses expéditions à la poursuite des saumons, des thons et des bonites, dans le golfe de Biscaye, Chico avait colporté des marchandises défendues entre la France et l'Espagne. Mais toujours il avait su échapper, non seulement à la poursuite, mais encore aux soupçons des douaniers. Et puis, un jour, comme il débarquait sur une grève déserte avec son ballot, il s'était vu empoigner par des gabelous embusqués derrière un rocher.



Il avait été condamné et jeté en prison. Mais il n'allait pas jusqu'au bout de sa peine. Cet indépendant, amoureux de grand air, de traversées en plein vent et de liberté, se trouva incapable de vivre en captivité. Entre ces 4 murs rebutants, à cette lumière mesurée, il s'ennuyait à mort, tant et si bien qu'il en mourut, à la lettre. Un matin le gardien de la prison l'avait retrouvé par terre, sans mouvement, déjà froid. Il est des oiseaux qui meurent comme cela.



Or, Gachucha adorait son frère Chico. A peine plus âgé qu'elle, il avait été son ami d'enfance. Elle ressentit profondément cette perte. Tout d'abord, la vie sans Chico avait été pour elle comme pour Chico, la vie sans liberté. Et puis, le chagrin de sa mère avait doublé celui qu'elle éprouvait pour son propre compte. La pauvre femme était si fière de son aîné ! 



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HEBDOMADAIRE LE FILM COMPLET 6 MAI 1923
FILM GACHUCHA LA FILLE BASQUE 1922



De toute évidence, les amis de Chico en étaient tombés d'accord, le pauvre et, pourrait-on dire, innocent contrebandier avait été trahi. Incontestablement, la douane avait été prévenue. Les douaniers étaient venus l'attendre au lieu même fixé pour son débarquement, et il en changeait à chaque voyage.



Chico, pourtant, ne se confiait guère qu'à ses collaborateurs immédiats et à un ami sûr, José-Miguel, pêcheur comme lui, un athlète magnifique, le champion de la pelote, et e tous les athlétismes, bon comme le pain, beau et fort comme un arbre, franc comme l'or et qui, depuis quelques temps, faisait la cour à Gachucha. Quel misérable avait donc pu surprendre le secret de Chico et le dénoncer aux soldats du fisc ?



C'était ce mystère que Gachucha avait pris à tâche d'élucider. Mais elle ne disposait pas de beaucoup de temps pour son enquête. Seule avec sa mère, elle gagnait leur vie en raccommodant les filets avariés des pêcheurs du port, car, si la pauvre femme l'aidait de toutes ses forces, elles n'étaient pas bien grandes, ces forces, Mme Irigoyen n'y voyait plus bien clair, et puis, comme disaient les voisins, "le grand ressort était cassé" et tout ce qu'elle pouvait faire de besogne dans une journée ne rapportait guère.




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HEBDOMADAIRE LE FILM COMPLET 6 MAI 1923
FILM GACHUCHA LA FILLE BASQUE 1922



Donc, Gachucha n'avait qu'à peine le temps de chercher des indices, mais, tout en faisant courir la navette entre les mailles, elle pensait, cherchait, confrontait ses souvenirs, sans jamais rien découvrir qui pût la mettre sur la voie.



La jeune fille retrouva sa mère qui travaillait un peu aux filets devant la porte de la maisonnette, pour avancer la besogne. Elle porta sa cruche dans la maison, puis elle revint et reprit l'ouvrage des mains de Mme Irigoyen qui s'en alla préparer le repas.



A peine était-elle assise qu'une fois de plus l'image de la mort de Chico se leva devant ses yeux. Gachucha essuya une larme et retomba en son éternel sujet de méditations. Qu'il s'agisse d'organiser sa vie pour la conquête de la fortune, ou de mener à bien n'importe quelle oeuvre entreprise, les Basques ont comme cela des idées fixes. Cette disposition est naturelle à leurs natures le plus souvent sérieuses, concentrées, réfléchies.



Le travail ne manquait pas, cette année-là ; la pêche était active et fructueuse. Pendant que Gachucha travaillait, des femmes de pêcheurs apportaient par moments des filets endommagés à remettre en état. Elle examinait ce qu'il y avait à faire, promettait le travail pour tel jour et, avec un cordial bonjour, la cliente s'en allait. Une voix sympathique s'éleva auprès d'elle :


— Toujours triste, Gachucha ? Il faut quitter ces pensées-là, ma petite.



Elle releva la tête et reconnut Mme Loris, une Parisienne conquise par le charme de l'admirable pays et qui, désormais, ne se décidait plus à le quitter. Peintre, elle avait une fois remarqué la joliesse de la jeune fille à qui elle demandait de lui servir de modèle. Aucun supplément de gain n'étant à négliger pour elle, Gachucha, enchantée de l'aubine, avait volontiers consenti et Mme Loris, au cours de leurs séances quotidiennes, s'était prise, pour son modèle, d'une amitié qui grandissait à chaque rencontre.



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HEBDOMADAIRE LE FILM COMPLET 6 MAI 1923
FILM GACHUCHA LA FILLE BASQUE 1922



Gachucha lui prit la main et répondit :


— Vous êtes bonne, madame, mais vous savez bien que je ne vivrai pas tant que je n'aurai pas trouvé et puni celui qui a dénoncé mon pauvre Chico à la douane. Je ne suis pas méchante, mai il me semble, que Chico ne me pardonnerait pas de considérer sa mort comme la fin de cette histoire."



A suivre...




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