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mercredi 12 mars 2025

L'ILLETTRISME AU PAYS BASQUE NORD EN 1936 (deuxième partie)

 

L'ILLETTRISME AU PAYS BASQUE EN 1936.


Dans les années 1930, un illettrisme important est constaté chez les jeunes Basques lorsqu'ils effectuent leur service militaire.




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CASERNE HUSSARDS 65 TARBES



Voici ce que rapporta à ce sujet le quotidien La France de Bordeaux et du Sud-Ouest, le 20 août 

1936 :



"La plaie des illettrés.



Les causes.



Pour savoir à quels motifs on peut attribuer l'ignorance d'un jeune homme de 20 ans, nul autre moyen que de le lui demander à lui-même. C'est ce qui a été fait. Il peut bien y avoir dans les réponses quelque erreur plus ou moins volontaire. Cependant, les enquêtes conduites auprès de plusieurs centaines de militaires par 15 enquêteurs ont donné des résultats si concordants qu'on ne peut guère suspecter la valeur de l'ensemble des renseignements recueillis.



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ILLETTRISME A LA CASERNE


Voyons d'abord la catégorie des illettrés complets, c'est-à-dire de ceux qui ont eu à l'examen la note 0 soulignée (l'expression "illettrés complets" prête d'ailleurs à quelque équivoque, nous verrons plus loin).



Voici un premier groupe de 42 soldats venant pour moitié des Basses-Pyrénées : 3 ignorent le français ; 4 ne savent absolument ni lire, ni écrire. Motifs invoqués : mauvaise fréquentation et plus. La plupart invoquent l'éloignement de la maison d'école, 4 à 7 kilomètres.



Voici un autre groupe de 15, dont la moitié de Basques : 5 ne savent absolument rien, n'ont jamais été à l'école de laquelle les séparaient respectivement des distances de 2, 3, 4 et 6 kilomètres. Les autres ont fréquenté l'école 1, 2 ou 3 ans, un seul l'a fréquenté de 7 à 12 ans. Ici aussi, la distance de l'école était au minimum de 2 kilomètres ; dans deux cas 4 kilomètres, dans trois 5 kilomètres.




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CERTIFICAT D'ETUDES PRIMAIRES

Cinq étaient placés domestiques à 10, 9 et 8 ans.



Autre groupe de 97 élèves, dont 15 Basques. Une dizaine ont fréquenté l'école de 6 à 11 ans ; deux de 7 à 9 ans ; les autres pendant 3 ou 4 ans. Mais tous, sauf un, de façon irrégulière. Causes : les travaux des champs, la garde du bétail et la distance ; un habitait à 6 kilomètres de l'école, cinq à 5 kilomètres et les autres entre 1 à 4 kilomètres.



Autre groupe de 17, pour la plupart Algériens et Basques. Les Algériens habitaient fort loin de l'école (jusqu'à 25 kilomètres), et ne l'ont pas fréquentée pour cette raison ; un seul en était voisin, mais appartient à une famille indigente de 9 enfants. Les Basques ont été en classe irrégulièrement pendant 3 ou 4 ans, ont quitté l'école sans savoir bien lire ni parler le français, que l'un d'eux ne comprend même pas. Ils font partie de familles nombreuses (6, 7, 8 enfants) et pauvres. Les autres, qui ont fréquenté l'école jusqu'à 9 et 10 ans, ont été placés ensuite comme domestiques.



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CERTIFICAT D'ETUDES PRIMAIRES ELEMENTAIRES

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CERTIFICAT D'ETUDES PRIMAIRES


A peu près tous étaient fils d'agriculteurs et manquaient l'école pour aider leurs parents aux travaux des champs.



Quelques cas d'inintelligence totale, fort rares, mis à part, quelle est donc la cause qui ressort avec une irrécusable évidence de ces déclarations ? Une fréquentation nulle (nous en avons au moins une douzaine d'exemples) ou réduite à un, deux, trois ans, intermittente d'ailleurs et souvent limitée à la période d'hiver, terminée à un âge où les connaissances n'ont point de fixité. Il n'en faut pas plus pour aboutir, à 20 ans, au zéro souligné.



Mais l'absentéisme lui-même est une résultante : sans doute il y a lieu de déplorer une fois de plus la facilité avec laquelle sont éludées les dispositions sur l'obligation scolaire. Mais une fois la part faite à la négligence ou à la mauvaise volonté, il reste quelques constatations qu'il paraît nécessaire de souligner :


Les cas fréquents d'enfants placés domestiques ou apprentis à 9 ou 10 ans, ce qui indique sans doute une lacune ou une inobservance de la loi, mais non moins certainement la misère des familles.



La distance considérable qui sépare trop d'habitations de l'école : 3, 4, 5, 6 kilomètres à parcourir par de mauvais chemins, retardent le début de la scolarité, multiplient les occasions d'absence, mettent l'enfant en mauvaise disposition pour travailler.



Enfin, les familles nombreuses fournissent une forte proportion d'illettrés. Faut-il en être surpris ? Les aînés gardent les plus jeunes, et dès qu'ils sont en âge, sont mis en service."



A suivre...




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