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jeudi 6 mars 2025

L'ÉNIGME BASQUE EN 1936 PAR FRANÇOIS DUHOURCAU (cinquième et dernière partie)

 

L'ÉNIGME BASQUE EN 1936 PAR FRANÇOIS DUHOURCAU.


François Duhourcau, né le 5 février 1883 à Angers (Maine) et mort le 3 mars 1951, à Bayonne (Basses-Pyrénées), est un romancier, essayiste et historien français, lauréat du Grand prix du roman de l'Académie française en 1925.




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FRANCOIS DUHOURCAU



Voici ce que rapporta à ce sujet François Duhourcau, dans le quotidien Le Mercure de France, le 

1er mai 1936 :



"... Pour ma part, lorsque je lis la Bible dont les travaux des orientalistes ont confirmé l'ensemble des vues, si bien qu'ils ont nettement adopté la terminologie "sémite, chamite ou japhétite" (la Bible a dit vrai ! proclame le savant anglais), je me reporte aux versets disant qu'à l'époque où Sem, Cham, Japhet et leurs fils se dispersèrent pour essaimer autour des monts d'Arménie, il n'y avait alors qu'une seule langue et qu'une seule manière de parler. C'est plus tard seulement que les langues se différencièrent après une dispersion plus vaste en toutes régions, dispersion que précéda un confusionnisme célèbre, ainsi qu'on peut toujours l'attendre, hélas ! des tristes humains, envieux, orgueilleux et querelleurs. Les Caucasiens, eux, qui vécurent comme en vase clos dans leurs vallées écartées et cernées de hautes cimes, purent garder mieux que quiconque le langage primitif. Aujourd'hui encore, Marr voit dans le géorgien "le type pur du langage japhétique". Ne pourrait-on mieux encore le dire de l'euskara ?



Précisément, le terme d'Eskualdunac, "possesseurs du langage euske", ou celui d'Euskariens, "ceux qui parlent l'euskara", (eu-eskara), c'est-à-dire le langage bien né, le langage patricien, le langage des pères et, pour tout dire d'un mot définitif, le langage originel, n'expliquent-ils point leur destinée ? Pour ma part, ils m'apparaissent avec leur esprit conservateur si singulier, dont ils font preuve toujours par la maintenance de leur langue, de leur esprit, de leurs moeurs, comme prédestinés, dès leur origine, à maintenir et transmettre le génie japhétique, ainsi qu'en Israël la tribu de Lévi, 7ème fils de Jacob, fut préposée, avant la migration ver la Terre Promise, pour la sauvegarde du culte et de la législation sémitiques. Je n'en dis point davantage et, quoique je lise dans la Genèse le verset mystérieux sur le premier couple humain : "Dieu les créa mâle et femelle ; il les bénit et leur donna le nom d'Adam, au jour qu'ils furent créés", je n'en conclus pas encore avec certains basquisants aventureux (et aventurés) qu'Adam soit une contraction des deux termes basques ata-ama, père et mère.



Pour être les plus nobles parmi les bipèdes de race blanche, il n'est peut-être pas besoin de faire remonter sa généalogie jusqu'au Paradis terrestre, au premier couple humain et à Dieu même qui, sachant évidemment toutes les langues qu'il créerait ou permettrait, aurait daigné s'exprimer en euskara dès son premier colloque avec l'homme ! Mais les Basques me semblent pouvoir justifier le fier propos de l'un deux à un Montmorency qui se glorifiait de remonter à mille ans : "Et nous, nous ne datons plus !" Ainsi qu'ajoute Michelet : "Nos jeunes antiquités leur font pitié."



Pouvoir remonter aux Ibères qui apportent, les premiers, la civilisation à l'extrême occident de l'Europe pour être à l'origine des peuples espagnol et français, pouvoir remonter aux Etrusques et par eux aux Romains, pouvoir remonter peut-être aux Spartiates, et de là aux races autochtones du Caucase d'où jaillirent les premiers civilisateurs du monde, cela s'appelle avoir de la lignée ! Nous avons parlé des mythes qui nimbent le Caucase et ses rivages du Pont : Prométhée, Jason et ses Argonautes, sans mobiliser, d'ailleurs, Vulcain ni Deucalion. (Il faut savoir être discret, et aussi prudent, quant à l'usage de ces notions plurimillénaires). Nous n'allons donc pas, afin de renforcer une noblesse d'origine, rappeler le magnifique morceau d'Eschyle dans son Prométhée enchaîné qui fait dire aux héros malheureux toute son oeuvre civilisatrice et ce que lui doivent les hommes. Mais les savants modernes le confirment quant à la très antique race caucasienne.


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TABLEAU DE PROMETHEE ENCHAINE
PAR JACOB JORDAENS



Faute d'avoir remonté assez haut dans le passé, à travers le brouillard de la période mythique, écrit Moreau de Jonnès, en 1801, dans son Ethnologie caucasienne, on a supposé que la civilisation était éclose dans la Babylonie et avait d'emblée atteint le degré de perfection qu'attestent les restes qu'on y a découverts ; cependant il n'est pas douteux pour nous que la puissante impulsion qui décida le progrès parmi les populations établies dan l'Asie central soit venue d'abord du nord par le Caucase.



Et M. de Morgan, l'explorateur fameux d'Egypte et de Bactriane, après ses fouilles archéologiques admirables en Géorgie, conclut dans son rapport sur sa Mission scientifique au Caucase (1889).



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EGYPTOLOGUE JACQUES DE MORGAN



Nous sommes en droit, dans l'état actuel de nos connaissances, de supposer que ces races caucasiennes étaient nées sur le sol où nous les trouvons à l'aurore des civilisations chaldéennes et que les Géorgiens de nos jours sont les véritables autochtones de l'Asie antérieure. La durée de leur existence dans ces parages est donc supérieure à 60 siècles, antiquité comparable aux plus anciennes données sur l'Egypte, la Chine et sur les plus anciens pays du Monde.



Mais il ajoute qu'après avoir trouvé les notions fondamentales de la civilisation, ils s'en tirent là, pendant que Chinois et Egyptiens développaient leurs progrès et qu'ils tombèrent ensuite sous les coups des Sémites et des Aryens. Cet arrêt à l'essentiel nous paraît très basque d'esprit. Cela explique aussi la migration ibère vers l'Ouest, lorsque les premières vagues aryennes affluèrent, comme on le sait, dans les vallées du Caucase qui forme l'isthme de passage tout naturel entre l'Asie et l'Europe.



Enfin, dans le second in-octavo de son rapport : Recherches sur les origines des peuples du Caucase. M. de Morgan précise encore : "La Bible fait des peuples du Caucase et du Pont les producteurs des métaux à son époque." Yavan, Toubal et Meschech, dit Ezéchiel, trafiquaient avec Tyr. Contre de âmes humaines (esclaves) et des ustensiles d'airain ils échangeaient ses marchandises. Cette prophétie, poursuit de Morgan, fut écrite entre les années 587 et 574 avant notre ère. Pour Josèphe, les peuples de Toubal et de Meschech désignent les Ibères et les Cappadociens. Le renom de ces peuples comme métallurgistes s'était aussi étendu en Grèce. L'airain de l'Ibérie caucasienne primait tous les airains", ainsi qu'on l'a vu.



Et, rassemblant les résultats de ses fouilles surprenantes dans les plus vieux tombeaux de la Géorgie, M. de Morgan conclut :


L'antiquité la plus reculée nous montre le Caucase comme le berceau des arts métallurgiques... Les habitants du Causse, au début des arts métallurgiques, étaient mineurs, cultivateurs, chasseurs, potiers et tisserands ; ils possédaient déjà une civilisation très avancée, comparable à celle dont on a retrouvé le traces dans la basse Chaldée, mais très supérieure aux restes les plus anciens retrouvés dans l'Asie Mineure occidentale, la Grèce et les îles de l'Archipel.




Aussi peut-on se demander, d'une part, si la race des fameux Sumériens de Basse-Chaldée, immigrée "du pays montagneux" qui est à l'origine de la civilisation chaldéenne, ne serait pas caucasienne, alors surtout qu'elle ne se rattache ni aux Sémites ni aux Indo-Iraniens (André Parrot). On peut se demander d'autre part, si les Egéens ne doivent pas autant aux Ibères passagers que ceux-ci ne leur doivent, et s'ils n'auraient pas reçu plus qu'ils n'ont donné. Je livre cet aperçu au savant anglais Gordon qui tente de déchiffrer par l'euskara les inscriptions égéennes. Je lui abandonne volontiers ce terrain de fouilles.



Ainsi, soulever peut-être un large pan du voile qui fait l'énigme basque pour en venir à trouver l'origine des Euskariens au plus antique berceau de la civilisation, avec l'agriculture, la métallurgie et le langage, déceler en eux les mainteneurs de l'esprit fondamental des races japhétiques, c'est-à-dire européennes, ce n'est point enlever à ce beau peuple mystérieux sa profonde poésie. Bien au contraire, c'est l'approfondir encore, l'élargir et la hausser. C'est lui octroyer peut-être le plus noble blason qui soit, à côté duquel s'avèrent et bien jeunes et bien minces, quoique très glorieux, le blason du Bastan avec son damier de las Navas, ou celui de la Navarre avec ses chaînes et son émeraude arabes, ou celui du Guipuzcoa avec ses neuf canons pris à Bayard au combat d'Elizondo ! Cela apparaît surtout plus grand, voire grandiose, et plus vrai que de prétendre, contre toute vraisemblance scientifique, qu'il y a, d'une part, l'Humanité universelle avec son curriculum vitae, même son pedigree, bien établis, et, d'autre part, tout à fait part, sans rien de commun avec le reste des races, les Basques, nés on ne sait comme et confinés miraculeusement dans le canton réservé du Monde, fort beau d'ailleurs, qui enclôt les Sept Provinces."



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BLASON DE LA VALLEE DU BAZTAN
NAVARRE D'ANTAN



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