L'HISTOIRE DE HENDAYE EN LABOURD AU PAYS BASQUE RACONTÉE EN 1927 (troisième partie)

 

L'HISTOIRE DE HENDAYE RACONTÉE EN 1927.

En 1927, la commune d'Hendaye comprend environ 5 700 habitants et est administrée par le Maire Léon Lannepouquet.

HENDAYE ET FONTARRABIE VERS 1650
PAYS BASQUE D'ANTAN

Voici ce que rapporta à ce sujet François Duhourcau dans le mensuel Pyrénées et océan : organe des stations thermales et des bains de mer desservant tout le littoral et la chaîne des Pyrénées, le 1er mars 1927 :

"Hendaye Autrefois-Aujourd'hui-Demain.

Hendaye autrefois.

... Nous arrivons au fameux siège de Fontarabie, en 1638, où le grand Condé fit ses premières armes. Le 1er juillet, "au point du jour, les collines de Hendaye parurent couronnée des étendards blancs qui guidaient les soldats français vers les murs de Fontarabie" ; le même jour, Condé entrait en Espagne par Béhobie et s'emparait d'Irun et Renteria ; le 4, Fontarabie était entièrement investie. C'est pendant ce siège que le fort de Hendaye acquit ses titres de gloire les plus éclatants ; outre le feu qu'il dut soutenir pendant toute la durée du siège contre la ville ennemie, c'est lui qui défendait le camp des Français du côté de la Bidassoa, et qui protégeait la flotte commandée par l'archevêque de Bordeaux, à l'entrée de cette rivière ; il avait acore une autre fonction : quand les assiégés voulaient tenter une sortie par la porte qui fait face à la France et qui était cachée au camp ennemi, les habitants d'Hendaye, "en observatoire sur la colline du fort, donnaient l'alarme, au moindre mouvement, en sonnant les cloches". De là, ils purent assister au désastre de la flotte espagnole envoyée au secours de Fontarabie ; tous les vaisseaux furent brûlés, sauf un seul qui réussit à gagner Pasages. Malgré les nombreux assauts qu'elle eut à soutenir, la ville ne se rendit pas, et, le 8 septembre, l'armée envoyée par le roi d'Espagne envahit le camp des Français à l'ermitage de la Guadeloupe et força ceux-ci à repasser la rivière.

LOUIS II DE BOURBON-CONDE

C'est à Hendaye et à Fontarabie qu'eurent lieu les discussions préparatoires du traité des Pyrénées, signé en 1659 à l'île des Faisans. Un pavillon avait été construit dans l'île ; on y accédait par un "pont qui était comme une galerie qu'on avait tapissée" et qui réunissait les deux rives. C'est là qu'eut lieu la première entrevue entre Louis XIV et l'infante Marie-Thérèse.

Le 26 février 1667, par sentence rendue par d'Artagnan, commandant de Bayonne, et approuvée par le roi le 25 janvier 1668, les habitants d'Hendaye furent maintenus "d'un droit égal à celui des Espagnols" sur la Bidassoa, et autorisés à pêcher en tout temps, "avec toute sorte de filets, toute espèce de poissons". La rivalité entre les pêcheurs d'Hendaye et de Fontarabie n'avait pas été apaisée, en effet, par la sentence de 1510 ; elle ne le fut pas davantage par celle de 1667. En 1685, les espagnols ayant tué plusieurs pêcheurs d'Hendaye, Louis XIV fit tirer du fort de cette ville mille coups de canon sur Fontarabie. En 1776 et 1777, de nouvelles difficultés s'élevèrent ; des lettres furent échangées entre les deux gouvernements, et dans le volumineux dossier de cette affaire se trouve une lettre écrite le 14 septembre 1777 à l'intendant de Guyenne, Dupré de St-Maur signée : Dionisio de Iramburu, au nom et par L. M. N. M. L. Y. M. V. Ciudad de Fuenterabia.

Mentionnons encore, le nouvel échange de princesses, Mlle de Montpensier, fille du régent, et Marie-Anne-Victoire, infante d'Espagne, qui eut lieu à l'île des Faisans, le 9 janvier 1623.

TABLEAU L'ECHANGE DES 2 PRINCESSES DE FRANCE ET D'ESPAGNE
Par Pierre Paul Rubens — The Yorck Project (2002) 10.000 Meisterwerke der Malerei (DVD-ROM), distributed by DIRECTMEDIA Publishing GmbH. ISBN : 3936122202., Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=158522

C'est en 1793 que le fort d'Hendaye fut détruit. A la déclaration de guerre de la Convention (7 mars 1793), l'Espagne avait répondu en envahissant le Roussillon et les Pyrénées occidentales. Hendaye était occupé par le général Duvergez, à la tête d'une armée de 8 000 hommes qui s'appuyait d'une part contre le fort, de l'autre contre la redoute Louis XIV ; en face, l'armée espagnole, forte de 30 000 hommes, s'étendait depuis San Martial jusqu'à Fontarabie. Le 23 avril, les Espagnols ouvrirent le feu avec une telle violence qu'au bout de peu de temps la ville n'était plus qu'un monceau de ruines, et les Français durent battre en retraite. Un détachement espagnol venant de Béhobie occupa Hendaye ; ils trouvèrent dans le fort un canon en fer de 30, cinq de 24, six de 18 et plusieurs mortiers de 12, ainsi qu'une grande quantité de boulets, bombes, balles, grenades, poudre et autres munitions.

PLAN DE LA REDOUTE DE HENDAYE 1753

L'armée espagnole ne put dépasser la Croix-des-Bouquets. Le 22 juin, les Français les en délogèrent. Le 26 juin, Hendaye retomba entre les mains des Français, et enfin, le 13 juillet, le général Labourdonnaix obligeait les Espagnols à se maintenir au-delà de la frontière.

PORTRAIT DE BERTRAND-FRANCOIS MAHE DE LA BOURDONNAIS
AMIRAL FRANCAIS
PAR ANTOINE GRAINCOURT

VI

Le bombardement du 23 avril avait à peu près anéanti Hendaye. Les Espagnols, une fois maîtres de la place, achevèrent de détruire l'église et les maisons qui restaient debout en y mettant le feu ; ils installèrent une nouvelle municipalité, brûlèrent sur la place publique les décrets de l'Assemblée nationale et contraignirent les habitants à prêter serment de fidélité au roi d'Espagne. "La moitié des habitants obligés à se réfugier à l'intérieur de la France ont péri de misère et ceux qui ont survécu ont eu la douleur de se voir dépouillés de tout ce qu'ils possédaient". Le IV frimaire an II (24 novembre 1793), Barrère demanda à la Convention, au nom du Comité de Salut public, la somme de 80 000 francs pour les habitants d'Hendaye.

Ceux-ci rentrèrent en partie dans leurs foyers ; mais le 8 septembre 1813, à l'approche de l'armée de Wellington, ils les quittèrent si rapidement et si précipitamment, au dire de témoins qui existaient encore il y a quelques années, qu'ils abandonnèrent les opérations de cuisine et de ménage auxquelles ils procédaient. Hendaye fut de nouveau détruit. Il y a quelques années on voyait encore les ruines des anciennes maisons. L'église ne fut rendue au culte que vers 1807. Nous avons vu qu'au 18ème siècle Hendaye comprenait plus de 700 familles ; en novembre 1827, ce chiffre s'était abaissé à 78. Depuis cette époque, par suite de l'importance que l'établissement du chemin de fer a donnée à cette commune, et par suite de l'annexion de 1896, la population s'est élevée à 4 500 âmes, chiffre qu'elle a dépassé aujourd'hui. Sa situation privilégiée au point de vue de la douceur du climat et de la beauté du paysage, qui attire chaque année un nombre plus considérable d'étrangers, contribuera à augmenter sa prospérité."

A suivre...

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