L'HÔPITAL MARIN EN 1913.
Dès 1895, l'Assistance Publique de la Ville de Paris acquiert un terrain pour y construire un hôpital.
SANATORIUM DE LA VILLE DE PARIS HENDAYE 1913 |
Voici ce que rapporta à ce sujet le journal Le Figaro, le 5 octobre 1913, sous la plume de Paul
Strauss :
"A Hendaye.
En des pages émouvantes, Alexandre Hepp a dépeint les désastres d'une hérédité morbide invaincue ; il a voulu, romancier social, exhorter à l'action les indifférents, en montrant la gravité des tares héréditaires tenues pour inéluctables. L'auteur d'Une Cruelle Etreinte s'est efforcé de frapper dur et il a recouru à la manière forte pour faire pénétrer dans les cerveaux rebelles l'idée neuve de prophylaxie antituberculeuse ; il a déployé avec son talent accoutumé un pessimisme fait pour justifier la thèse du certificat de mariage du bon poète Jean Lahor et pour servir d'excuse au législateur de l'Etat d'Indiana ou de celui de New-Jersey.
Les maîtres de la médecine contemporaine, Brouardel, Grancher, Landouzy, ne professent pas une doctrine aussi intransigeante ; ils enseignent la prudence, également éloignée, suivant la parole même du professeur Landouzy, de l'indifférence pernicieuse aux individus, à la famille et à la société et d'une peur inconsidérée, mauvaise et inhumaine conseillère.
EXERCICES D'ASSOUPLUSSEMENT ENFANTS HÔPITAL MARIN HENDAYE |
Quelle que soit l'hérédité, de graine ou de terrain, s'il y a toujours des précautions à prendre et des risques à courir, l'espoir d'une sauvegarde victorieuse n'est pas amoindri. Et cette perspective d'une résistance efficace s'élargit chaque jour, à mesure que le domaine de la médecine préventive s'étend et que l'hygiène sociale prend davantage conscience d'elle-même.
Il n'est jamais permis de désespérer, surtout en puériculture. Des soins attentifs et, la tendresse maternelle ont raison des pires prédispositions morbides. Et, si le milieu familial est périlleux ou suspect, si la famille est impuissante à l'oeuvre de préservation physique, la bienfaisance privée et l'assistance publique ont leur responsabilité qui commence.
La France, si lente à organiser de toutes pièces sa défense sanitaire, a eu la première un riche outillage d'hôpitaux marins et de sanatoriums maritimes. Non sans une légitime fierté, le docteur Armaingaud, l'un des promoteurs avec Bergeron de ces stations marines, a pu invoquer des statistiques triomphantes. Toutes les nations ont renforcé, sur le modèle français, leur armement antituberculeux ; quelques-unes semblent avoir pris l'avance pour leurs colonies de vacances, leurs stations de forêts ou d'altitude, sans toutefois rivaliser avec nous pour le traitement maritime.
Les chantres de la mer, Michelet en tète, n'ont pas exagéré ses bienfaits. C'est la grande réparatrice. Il la faut aimer jusque dans ses excès. Cette dévotion n'a d'ailleurs rien d'exclusif. Les amoureux de la montagne ne doivent pas être jaloux ; les cures d'altitude leur sont réservées et les sports d'hiver leur valent un regain de vogue, un surcroît d'attraction. Les amis des champs, eux non plus, n'ont aucun sacrifice à l'aire. La part qui leur reste est la plus grande et la plus belle.
ENFANTS HÔPITAL MARIN PLAGE HENDAYE PAYS BASQUE D'ANTAN |
Toute une science nouvelle, indépendante de l'hydrologie en plein épanouissement. et dont le rôle n'est pas réduit, s'est formée pour utiliser les climats, la mer, la montagne, les vallées, la campagne, dans un but sanitaire et pour un objet médicamenteux. La thérapeutique puise dans la nature de meilleures armes et de plus sûrs remèdes. Le soleil lui-même, trop longtemps ignoré pour ses vertus purifiantes, concourt à des cures merveilleuses, à Leysin et ailleurs.
Hôpitaux marins et Sanatoriums maritimes, les uns publics, les autres privés, remplissent pour le relèvement de l'enfance maladive ou malade le rôle le plus efficace. La cure marine est à double fin, chirurgicale et médicale ; elle n'a pas pour unique objet le traitement médical ou chirurgical proprement dit, elle comporte la prévention des maladies infantiles, la préservation de l'enfance chétive.
Après l'hôpital de Berck-sur-Mer, l'un des joyaux de l'Assistance publique de Paris, la création de l'établissement modèle d'Hendaye, dans un site ravissant, a comme inauguré une seconde étape dans l'histoire du traitement marin.
HÔPITAL MARIN 62 BERCK-SUR-MER |
L'Asile pour enfants de la Ville de Paris, dont le nom technique devrait être celui de Préventorium, après quatorze ans de fonctionnement, a réalisé les espérances des fondateurs et a pris rapidement, dans l'outillage préventif, une place de choix.
Au début, les familles parisiennes s'effrayaient un peu de l'éloignement. C'était, ou peu s'en faut, l'exode pour l'Espagne. Le retour à Paris des premiers bénéficiaires de ce séjour réparateur dissipa promptement les appréhensions initiales. En peu de temps, l'institution d'Hendaye devint populaire dans les faubourgs.
Le Conseil municipal de Paris, à bon droit fier de cet établissement si utile, n'a pas tardé, d'accord avec le conseil de surveillance, à tripler l'effectif, à le porter de deux cents à plus de six cents. Le nombre des convois a augmenté ; la durée moyenne du séjour a pu être légèrement prolongée. L'afflux des demandes d'admission ne s'est pas ralenti ; toutes les exigences ne sont pas satisfaites. La règle inflexible de la limite d'âge ferme la porte de l'Asile tutélaire à de nombreux adolescents des deux sexes qui ne trouvent nulle part l'abri de salut dont ils ont besoin.
GARCONS HÔPITAL MARIN HENDAYE PAYS BASQUE D'ANTAN |
En toute saison, hiver comme été, au printemps comme à l'automne, six cents enfants convalescents, débiles, plus ou moins profondément atteints dans leur équilibre de santé, des garçonnets amaigris, des fillettes aux joues pâles, passent plusieurs mois sur cette plage hospitalière ; ils parviennent ainsi, pour la plupart, à conjurer la maladie, à reprendre des forces, à recouvrer la santé. Les candidats à la tuberculose, comme on les appelle, ont les plus grandes chances d'échapper à leur destinée tragique.
Souvent l'amélioration n'est qu'éphémère. Une fois réintégrés au logis familial, l'action délétère du taudis a tôt fait d'effacer les traces de la bienfaisante villégiature au pays basque. Une deuxième cure peut bien restituer le terrain perdu. Si les conditions d'existence et de milieu ne se modifient pas, une récidive fâcheuse est toujours à craindre.
Une fois de plus, s'affirme la connexité des mesures de bienfaisance et de prévoyance. Leur enchaînement seul assure la sécurité définitive. Le protectorat de l'enfance en danger physique a pour aboutissant le patronage familial.
SANATORIUM PLAGE HENDAYE PAYS BASQUE D'ANTAN |
Tout d'abord, il importe essentiellement d'établir une surveillance médicale prolongée à la sortie des stations de repos et de convalescence, afin de pouvoir dépister promptement les récidives et ordonner d'urgence le retour à la mer ou aux champs.
Une fois l'enfant soustrait au péril imminent, c'est la famille atteinte ou menacée que le devoir social ordonne de protéger, par l'assainissement du logis, la fourniture d'une habitation salubre et économique, par l'intervention sanitaire la plus secourable et la plus préventive.
C'est évidemment le sauvetage de la graine qui doit avoir la priorité. Un grand praticien, Grancher, ne s'est pas borné à proclamer le principe, à promulguer la théorie ; il a fondé l'oeuvre admirable qui porte son nom et dont les Foyers de campagne, épars en plusieurs départements, sont des outils de régénération par la terre et par le grand air, comme les hôpitaux marins et les asiles maritimes opèrent le salut par la mer.
DOCTEUR GRANCHER ET SON EPOUSE ROSA BREU CAMBO-LES-BAINS |
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