L'ATLANTIDE ET LES BASQUES.
De nombreuses hypothèses ont été évoquées, au cours de l'Histoire, au sujet de l'origine des Basques.
Voici ce que rapporta à ce sujet Le Petit Provençal, le 17 juin 1926, sous la plume de François
Prieur :
"Sur les traces du 6ème Continent.
L'Atlantide.
L’idée d’une civilisation antérieure aux civilisations connues, évanouie sans laisser de trace, l'idée d'un sixième continent, berceau des races humaines — l’Atlantide — disparu à l’aurore du monde, n'a pas cessé depuis l’antiquité, de s'imposer à la pensée des hommes.
C'est dans Platon qu’on trouve pour la première fois le souvenir, venu des Egyptiens, de ce monde anéanti au cours des lointains millénaires, effondré dans l'Océan par un cataclysme tel que l’image terrestre en a été changée.
Le Timée en parle dès l'abord : "Ecoutez donc, ô Socrate, une histoire singulière mais absolument vraie... Et le Critias qui fait suite au Timée, porte le sous-titre d'Atlantikos. Si toutefois, dit Critias, ... C'est ainsi que Poséidon ayant reçu en partage l'île Atlantide...
A l’exception d'Aristote qui ne voyait là qu'une fable et disait de Platon et de cette terre étrange : "Celui qui l’a créée l’a détruite", le monde ancien a tenu pour vraie l’épouvantable et grandiose aventure des Atlantes. Le moyen âge aussi y a cru. Les poètes surtout, qui n’ont jamais su "se résigner à abandonner la divine légende", et quelques hommes de science. On dit que Christophe Colomb, en relâche aux Canaries, méditait sur le récit platonicien. Au XVIe siècle, un médecin de Verone, astronome à demi, a promené dans la ville de Roméo et de Juliette, sur la place aux Herbes, et sur la charmante Seigneurie, sa rêverie atlantidienne qu'il a chantée en vers latins. Dans les temps modernes l’Atlantide a toujours fait entendre son appel mystérieux. Mais c’est surtout depuis le siècle dernier que le problème a été pris au sérieux et abordé par la science. Encore que beaucoup de savants s’obstinent à n’y voir que rêverie de poètes et sujet de divagations pour les théosophes.
On a placé un peu partout l’Atlantide. Il est acquis depuis longtemps qu’elle était là-même où Platon la situait. Le sondage des grandes profondeurs qui a révélé, sous l’Océan Atlantique, un certain relief montagneux de l’abîme ; la présence, dans ces fonds, d’une lave entièrement vitreuse qui n’a pu se consolider en cet état qu’à l’air libre et qui marque donc, en même temps, pour ces vallées sous-marines, le souvenir d’une période continentale et d’une catastrophe volcanique, tout décèle l’Atlantide au delà de Gibraltar, entre les rivages européo-africains et les rivages lointains de ce que nous avons appelé le "nouveau monde". Les Canaries, les Açores, les îles du Cap-Vert, le plateau des Bermudes, ne seraient que des sommets épars, demeurés émergé, du grand continent englouti.
Mais on a signalé des vestiges peut-être plus pathétiques qui restituent, pour ainsi dire, sur la côte européenne et sur la côte d’Amérique, les bords intérieurs de l’immense rupture atlantidienne. La science a demandé au langage un peu du secret qu’elle ne peut obtenir encore de l’océan ; elle a recherché dans la parole humaine des empreintes de ce monde englouti depuis des millénaires, à des milliers de mètres de profondeur.
M. Jean Carrère, qui vient de publier sur ce sujet un beau livre : La fin d'Atlantis, a écrit ces jours-ci, dans le Messaggero de Rome, divers articles sur l’Atlantide. Ils ont été très remarqués en Italie où les études sur le sixième continent sont particulièrement en faveur, où l’on adjure les savants d’en finir avec la "pudeur scientifique" et d’oser aborder l’antique problème, où M. Mussolini, enfin, semble vouloir agréger les Atlantes au faisceau italien. Un de cés articles, Les Basques et l'Atlantide, signalait un livre de linguistique qui vient de paraître à Milan.
LIVRE LA FIN D'ATLANTIS DE JEAN CARRERE |
On croit que le basque est un idiome sauvé, sur les cimes des Pyrénées, du naufrage de la civilisation européenne, et qu'il permet d'expliquer les origines et les conséquences des migrations humaines d'un continent à l’autre. "Or, écrit M. Jean Carrère, il y a longtemps que les savants ont observé d'émouvantes ressemblances entre les très vieilles langues des peuples primitifs de l’Amérique et la langue parlée, par les Basques, le peuple le plus antique d'Europe. On a prouvé que les mots basques andiae (haut), ura ugayo (eau courante), oren (cerf), u bai (bonne eau), arina (rapide), pichaco (rocher), et d’autres nombreux, se retrouvent dans les dénominations géographiques familières aux peuples de l’Amérique, surtout au Mexique, au Guatemala, au Pérou... Ce seul fait suggère invinciblement l'idée que, entre les peuples des deux rivages atlantiques, il y a eu en un temps d'incontestables liens... Quel fut donc le lien entre les Toltèques, Aztèques et Incas d’une part, et la vieille race ibère on basque qui habitait le versant occidental des Pyrénées ? Ce fut évidemment la mystérieuse terre disparue..."
L’archéologie a trouvé déjà, dans les pierres, sur l'un et sur l’autre continent, les mêmes ressemblances que la linguistique dans les mots. Il y a quelques jours à peine, la nouvelle d’une étonnante découverte, comme un cri nouveau de l'Atlantide, s'est répandue. On vient de mettre au jour à Toxolas, dans l'Etat mexicain de Chiapas, une vaste cité préhistorique dont aucune tradition orale, aucune légende, aucun écrit ne gardait le souvenir. Elle possédait des temples élevés, d'immenses constructions y entouraient d'immenses places. Elle couvrait plus de 60 acres de terrain, plus de 200 kilomètres carrés.
PALENQUE CHIAPAS MEXIQUE |
On voit quelle attirance, quel mystère caractérisent ce problème que les poètes, et le plus grand d’entre eux, le divin Platon, ont transmis à la science. L'Atlantide ne cessera pas, sous le bâillon de l'humus et des forêts tropicales, sous l’étendue des eaux tumulaires, d'appeler les fils oublieux que nous sommes peut-être."
La presse italienne a commenté la trouvaille de Toxolas et rappelé à ce sujet les articles de notre confrère Jean Carrère. Celui-ci a même demandé, pour le Messaggero, sur le problème atlantidien, l'opinion du grand savant français Charles Richet, que l'Italie tient en particulière estime, et qui a répondu :
"L’Atlantide de Platon est-elle un rêve, une fable, une légende ? Ce n’est guère probable. Platon est formel et Platon c’est quelqu'un. La question est bien vieille mais elle se rajeunit chaque jour. On sait maintenant (hypothèse de Weggener) que les continents sont des îles immenses flottant presque à la dérive sur la masse liquide ignée qui fait le centre de notre planète. On sait aussi qu’il y a eu des communications entre le continent américain actuel et le continent européo-africain. La zoologue et la linguistique sont d’accord là-dessus. Il faut espérer que l’exploration des fonds de l'Atlantique va éclairer cet angoissant problème. Attendons et travaillons." (Charles Richet)
CARTE DE L'ATLANTIS |
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