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mardi 13 septembre 2022

L'EXPLORATION D'UN GOUFFRE DANS LES BASSES-PYRÉNÉES EN AOÛT 1951

UNE EXPLORATION DE GOUFFRE EN 1951.


Depuis des milliers d'années, le Pays Basque et en particulier la province de la Soule possède des canyons, des gouffres et des abîmes.




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HÔTEL DES TOURISTES LICQ-ATHEREY SOULE



Voici ce que rapporta à ce sujet le journal Paris-presse, L'Intransigeant, le 24 août 1951 :


"Licq-Atherey.



Trois atomistes célèbres se reposent de leur laboratoires en explorant un gouffre.

(De notre envoyé spécial, René Miquel).

Licq-Atherey, 22 août.



Il a fallu qu'un petit bijoutier-orfèvre de Bagnères-de Bigorre, spéléologue d'inclination, batte le record du monde de descente à la verticale pour qu’on évente du même coup au bord du gouffre pyrénéen qu'il sondait un nid d’atomistes en vacances.



Car on n’y pensait pas, mais les gens qui toute l'année sont enfermés dans des laboratoires plus hermétiques que des prisons et se penchent sur la toute dernière manière de faire sauter la planète ont besoin quand vient l'août d'air pur, de détente, de vacances comme tout le monde.



Simplement, la spéléologie est pour certains physiciens nucléaires, un dérivatif à des travaux autrement dangereux, l’acte (agréable) de contrition que réclame par moments une conscience de savant dont on sait depuis les amères confidences de Nobelet et Pelouze qu'elle traverse de rudes crises.



Un coin tranquille.



Le Belge Max Cosyns depuis trente ans, l'Italien naturalisé Anglais Occhialini et le Français Jacques Labeyrie depuis cinq ans gagnent chaque été le petit village de Licq-Atherey, dans les Basses-Pyrénées, d’où il leur est relativement commode d'accéder aux gouffres qu'ils se proposent d'explorer. Entre deux montées à la Pierre-Saint-Martin (1 600 mètres d'altitude), ils résident à l'unique hôtel du cru avec famille, femme, enfants, nurses, biberons et parfois même chiens. L'endroit est calme, tranquille ; la montagne verte, le gave roule pêle-mêle cailloux et truites ; les fameuses gorges de Cacouetta sont proches.


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SPELEOLOGUE MAX COSYNS






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GIUSEPPE OCCHIALINI


Le savant belge fit jurer à un instituteur de Seine-et-Marne en vacances ici et qui s'intéressait à la spéléologie pour mieux l'expliquer à ses futurs élèves, qu'il n'était pas journaliste. Moyennant quoi, il put rester. Mme Cosyns montra spécialement de l’humeur :


— Vous êtes encore un journaleux (sic), dit la femme du physicien au dernier confrère, le plus jeune de France, qui arriva sur les lieux.


— Non, Madame, répondit celui-ci piqué, je suis un journaliste.



La verdeur de langage de l'épouse du savant belge, grande fumeuse de tabac noir, et les pépiements de "Cosynette", leur fillette, qu'on dirait avec ses nattes blondes sortie d'un dessin de Hansi, tranchent incontestablement avec les silences de celui-ci.



Comme dans toute société, il y a chez les spéléologues deux clans bien distincts. Le clan des scientifiques et le clan des sportifs, de ceux pour qui la spéléologie est d'abord une raison d’exercer son corps, de battre des records. A ce seul mot de record, le visage blafard et habituellement impassible de Max Cosyns grimace, son torse tressaille sous la veste de velours à côtes beiges — la même qu'il porte depuis quinze ans. A table, le savant laisse passer le salmis de palombes et le poulet à la basquaise.



"Vous mangez trop", dit-il à ses collaborateurs. Cette sobriété communicative a jeté sur le flanc jusqu'au caporal d'ordinaire de l'expédition, Robert Lévy. Les sportifs ont baptisé le saint laïc, avare de paroles et des gestes : Nucléaire.



Savants et pêcheurs.


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HÔTEL DES TOURISTES LICQ-ATHEREY 
SOULE D'ANTAN


A l’hôtel des Touristes, savants et pêcheurs s'ignorent tout en dégustant la même piperade. Les uns parlent de leur treuil, les autres de leur moulinet. Il apparaît futile au spéléologue qu'on puisse tenir au bout d'une ligne autre chose que la vie d'un homme. Il apparaît aussi futile au pêcheur qu'on puisse descendre à 500 mètres sous la terre pour trouver une rivière sans poissons.



Le physicien Jacques Labeyrie, collaborateur de Joliot-curie aux laboratoires de Châtillon et l'un des fils du caissier de le Banque de France qui paraphait nos billets d'avant la dévaluation, est le seul parmi les spéléologues présents qui soit à la fois sportif et scientifique. C'est un rude nageur et un alpiniste consommé. Il faut que Max Cosyns retienne par la manche de sa veste Occhialini. dit Beppo, qui veut descendre à tout prix dans le gouffre. Le physicien italien est venu ici pour se consoler d'avoir raté d'un poil cette année le prix Nobel.



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PHYSICIEN JACQUES LABEYRIE 



"Il l'aura l'année prochaine, disent ses amis, car il le mérite."




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