LES CÔTES DE BISCAYE EN 1863.
La province de Biscaye, en Hego Alde, a environ 150 kilomètres de côtes.
ABRA DE BILBAO BISCAYE PAYS BASQUE D'ANTAN |
Voici ce que rapporta à ce sujet le journal les Annales Hydrographiques, le 1er janvier 1864 :
"Routier de la Côte Nord d'Espagne (suite).
Chapitre V (suite).
De la Pointe de Onton à la Pointe Santurraran.
La côte.
— Après la pointe de la Galea, les escarpements blanchâtres et presque verticaux qui caractérisent celle partie de la côte se dirigent vers le N. E. jusqu’auprès de l'embouchure de la Pléncîa. La seule plage que l’on rencontre dans cet espace est celle de Sopelana qui reste à 1 mille environ de cette pointe ; elle est rocheuse, malsaine et entourée de roches comme toute la côte adjacente.
PLAGE DE SOPELANA BISCAYE |
A 1/2 mille environ dans le N. de la plage de Sopelana gît la pointe de Meñacoz, également saillante et escarpée. Elle forme une baie nommée Calle de Meñacoz, et dans laquelle les barques trouvent un abri lorsque le temps est beau. On voit dans l’entrée les restes d'une batterie et d’une caserne.
Après la pointe de Meñacoz vient celle de Machilando, également escarpée avec des rochers à sa base. Elle reste à 1 mille 1/2 de la première et elle forme la limite S. O. de la baie de Pléncia qui a environ 3 milles d’ouverture et qui est limitée au N. E. par la pointe Ormenza. Elle a peu de profondeur et c’est au milieu de sa courbe que gît l’entrée du havre de Pléncia.
Havre de Pléncia.
— L’entrée de ce havre est à l’extrémité S. O. de la vaste plage de Gorliz qui est limitée au S. O. par la pointe Barrica, basse, hachée et se prolongeant sous l’eau, et au N. E. par la pointe Gorliz plus élevée, escarpée et sur laquelle on voit les restes d’un fort. Le havre s’enfonce au S. S. O. jusqu’au pont qui est en face de la ville et sous lequel passent les bateaux qui vont aux moulins situés en amont de la rivière. A marée basse le havre assèche, à l’exception d’une petite fosse qui est en face du pont et dans laquelle il y a 1m 13 à 1m 41 de fond.
PLAGE DE GORLIZ BISCAYE |
La barre est dangereuse parce qu’il n’y a que 2m 83 à 3m 11 d’eau dessus à marée haute dans les grandes marées et parce qu’elle est battue fortement par les vents de N. O. Le canal par lequel on entre est limité à l’O. par le rocher San Valentin, et à l’E. par la pointe de la plage de Gorliz. Un rocher de la grosseur d’une barque git au milieu ; il découvre à mi-marée, et lorsqu’on entre il faut passer entre ce rocher et le San Valentin, en se rapprochant davantage du second.
A cause du peu de largeur de l'entrée et des brisants qu'on y trouve dès qu'il y a un peu de mer, ce port n’est fréquenté qu'en été par les barques du pays et par quelques caboteurs.
La ville de Pléncia, autrefois Placéncia, est bâtie au pied d’une colline de la côte Est du havre, à plus de 1/2 mille de son embouchure, et elle contient 955 habitants. Lorsqu’on est au large on ne la distingue pas bien, mais on voit les faubourgs de Gorliz, qui sont au sommet de la grève de ce nom.
La rivière Pléncia, qui a environ 7 lieues de cours, se jette dans le havre en passant sous les neuf arches d'un pont qui est en face de la ville.
PLENCIA VUE D'ANDRACAS BISCAYE PAYS BASQUE D'ANTAN |
Marées.
— La mer est haute à 3 heures du soir les jours de nouvelle et de pleine lune ; la montée de l’eau est la même que sur toute la côte des Biscayes.
Attention.
— Le fronton de côte escarpé qui est entre la pointe de la Galea et le cap Villano est extrêmement dangereux avec la mer grosse du N. O. qui brise continuellement dessus ; en outre le fond au large est de roche, petit et très inégal ; la mer déferle sur un grand espace et il faudra passer à une bonne distance de celte partie de la terre.
POINTE DE LA GALEA GETXO BISCAYE |
Echouer le navire.
— Si on se trouvait affalé sur cette côte dangereuse et si, par suite d'avaries, on était forcé de se jeter au plein, on pourrait choisir la plage de Gorliz ; les pilotes assurent que l’on pourrait sauver la vie des hommes, en échouant le navire sur l'extrémité Nord de la plage et à l’endroit nommé de Astongo, où elle est abritée de la mer du N. O. par le grand coude que fait au N. E. la pointe de Gorliz dans cet endroit. Un petit môle qui est an pied de la montagne, à l'extrémité de la plage et auquel accostent les barques de Gorliz, peut servir de guide pour choisir le point d'échouage ; il suffira de laisser courir à 1/2 câble dans le S. dudit môle.
La côte.
— On nomme cap Villano une grande presqu’île qui s’avance au N. O. et sur le sommet de laquelle gît la Atalaya de Fanor ou de Villano, élever de 283 mètres au-dessus du niveau de la mer. Le cap se termine a l'O. par la pointe Ormenza ou de Villano, basse et se prolongeant à une certaine distance sous l’eau.
Entre les pointes Ormenza et Gorliz il y a deux rochers qui ne découvrent jamais et dont on reconnaît la position aux brisants qui sont dessus ; ils gisent à 1/2 encablure de la côte et à 1/2 encablure l’un de l’autre.
Le Villano.
— Un îlot haché et peu élevé nommé le Villano reste au N. E. de la pointe du même nom. Il est à 1 encablure de la côte, avec laquelle il forme un passage bon pour les petites embarcations lorsque le temps est beau. Mais lorsque la mer est grosse, elle brise constamment dans le passage. Les récifs qui entourent cet îlot se prolongent dans le N. N. O. avec de petits fonds, qui demandent une grande attention lorsqu'il y a de la mer, car à 1 mille de distance elle déferle avec beaucoup de force ; aussi on devra en passer à 2 milles au moins dans ces circonstances.
Le cap Villano est à 1/2 mille au S. E. de l’îlot Villano. C’est un mont élevé, taillé à pic et malsain à sa base. Entre le cap et la pointe Villano, la côte forme un golfe en dehors duquel il y a un îlot. A 2 milles environ dans l'E. de l’îlot Villano, et à l'extrémité du cap de ce nom, il y a une baie ouverte au N. nommée Armenza. Elle est entourée par une plage remplie de roches qui laissent un canal bon pour des lanches et praticable seulement lorsqu’il fait beau temps. Le village d’Armenza est bâti au centre de la baie et il est bien visible du large. La Basorda est une autre baie plus petite que la précédente, avec une plage également malsaine et située à moins de 1 mille dans l’E. de celle de Armenza. Elle n’est d'aucune utilité pour la navigation de la côte.
La plus grande des trois baies qui divisent le fronton compris entre le cap Villano et le cap Machichaco est celle de Baquio ouverte aussi aux vents de la partie du Nord. La plage qui l'entoure est saine et de sable, et sur son milieu coule la rivière Estepona, après avoir arrosé le village de Basigo que l'on voit du large sur la pente de la montagne et au milieu de la baie.
L'île de San Juan de la Peña ou Gastelugache gît à 1 mille 1/2 environ dans le N. E. de cette baie ; elle est élevée, hachée, plate au sommet et réunie au pied d'un escarpement élevé par un pont avec deux arches. Trois cent soixante-douze marches permettent de monter au sommet de l’île où se trouve l’ermitage de San Juan. Cet édifice et le profil particulier de l'île la font reconnaître d'une grande distance. A sa partie extérieure il y a deux rochers qui paraissent toujours ; ils sont à peu de distance de sa base, et au S. E. de ces rochers il y a un îlot petit et haché, situé à petite distance de la côte.
SAN JUAN DE GAZTELUGACHE BISCAYE |
L’îlot Aquech git à 5 encablures dans le N. E. de l'île de San Juan de la Peña ; il est élevé, rond et escarpé. C’est un rocher aride qui ne tient pas au continent et en dedans duquel les caboteurs peuvent passer lorsque le temps est beau.
ÎLOT AQUECH BERMEO BISCAYE PAYS BASQUE D'ANTAN |
Cap Machichaco.
— Le fronton de côte compris entre les caps Villano et Machichaco est exposé au vents du N. O. au N. E. et la mer brise avec violence dans ses environs ; aussi on devra en passer à 2 ou 3 milles lorsqu’on aura des vents du travers. Il forme un golfe, et sur son milieu, à 2 milles dans l'intérieur des terres, on voit le mont Jata, remarquable en ce qu’il est le point le plus élevé de tout le fronton. Les navigateurs le désignent sous le nom de Alto de Pléncia. C est un bon point de reconnaissance pour atterrir en venant du large sur les caps Villano et Machichaco. Le cap Machichaco descend en pente douce de terrains plus élevés et se termine en pointe saillante au N. ; son versant occidental est escarpé, tandis que son versant oriental descend en pente douce vers la mer ; c’est un dérivé du mont Sollube qui court N. et S. et au centre duquel s'élève un pic bien remarquable nommé Burgon. Quand on le voit de l'O. ou de l’E. on le reconnaît par son prolongement vers le N. et par un léger creux qu’il forme avant d’arriver à la mer. Quand il se projette sur les hautes terres dont il est dérivé, il est difficile de le reconnaître lorsqu’on est au large. Mais si l'on est plus rapproché, le phare qui est auprès de son extrémité le fait alors distinguer.
CAP MACHICHACO BERMEO BISCAYE PAYS BASQUE D'ANTAN |
Le phare de Machichaco est construit sur un morne qui est à 1 encablure de distance de l’extrémité du cap. Le feu est fixe blanc à éclats blancs de 4 minutes en 4 minutes ; il est élevé de 80m 4 au-dessus du niveau de la mer et avec une atmosphère claire on peut le voir d’une distance de 23 milles. L'appareil d’éclairage est à lentilles et du premier ordre. La tour qui a... mètres de hauteur est blanche, et avec les maisons des gardiens, blanches également, elle forme un groupe que l’on voit bien de toutes les directions à cause de son élévation.
La variation était de 20° 28' N. O. en 1860.
Auprès de la pointe du cap, il y a deux rochers qui gisent à petite distance de sa base, mais la chaîne des récifs qui le terminent et qui sont sous l’eau est très étendue et la mer brise dessus avec une grande violence ; il faudra passer à 1 mille de distance pour les éviter.
Après le cap Machichaco, la côte se dirige au S., inclinant au S. E. cl à l'E. de manière à produire avec la côte de France qui remonte sensiblement vers le N. le golfe de Gascogne si redouté des marins ; on comprend sous ce nom le grand golfe que forment les côtes d Espagne et de France entre le cap Ortegal et file d’Ouessant.
Baie de Machichaco.
— A 1/2 mille dans l’E. du cap Machicaco, on trouve la pointe de roche de Potorroarri avec un petit îlot du même nom qui git presque à toucher la terre. A 2 milles environ dans le S. 32° E. de cette pointe gît celle de Uguerraiz ou Uguerrey, plus saillante et formant avec la première la baie de Machichaco, dans laquelle il y a des fonds de bonne tenue. Elle a 1/2 mille de profondeur et on y est bien abrité contre les vents de l’O. au S. et en partie contre ceux du N. à l’O., mais elle est dangereuse avec tous les autres ; le N. O. y soulève une très grosse mer, et lorsqu'il souffle il faut la quitter immédiatement.
CAP MACHICHACO BERMEO BISCAYE |
La baie est entourée de roches qui s’étendent à petite distance du bord de la mer et la côte est en grande partie escarpée. Quelques récifs se répandent à 1/2 encablure de distance des escarpements. La seule partie de la baie abordable à mer basse est la petite plage de Gibela ou Arichachu qui est dans une crique située à l’O. de la pointe Uguerrey. Mais elle est dominée par des escarpements élevés.
On s’exposerait beaucoup en allant en hiver au mouillage de Machichaco, parce que si on y était surpris par un coup de vent de N. ou de N. N. E. violent, étant à l’ancre, il serait bien difficile de sortir de la baie. Lorsqu’on aura pris ce mouillage, on devra toujours être en appareillage et courir la bordée de l’E. aussitôt que le vent dépassera le N. O. jusqu'au N., on a une bonne bordée vers l'E. parce que la côte fuit dans le S. E. et on peut aller chercher un refuge à San Sébastian ou au Pasages ; mais le N. N. E. est déjà très dangereux parce que ce vent bat en côte.
Mouillage.
— Le meilleur mouillage et dans lequel on est bien en appareillage est par 25 mètres de fond, sable vasard, entre la pointe de Potorroarri et les ruines du fort de Valdés ; on relèvera l'îlot Arriederra qui est au N. E. de Izaro par l'ermitage de Santa Catalina de Lequeilto, et le Trompon Mayor par les arbres de la Atalaya de Bermeo, ou le centre de l'île Izaro au S. 63° E. et le pic de Burgon par le travers. On sera mouillé à 5 encablures de la côte et par des fonds de bonne tenue. Le fond dans toute la baie est plat, variant entre 20 et 30 mètres, sable, et il n’y a de la roche qu’aux approches de la terre.
Corps-morts.
— On doit établir prochainement des bouées d’amarrage pour les bâtiments qui iront chercher un refuge dans celte baie. Ces bouées serviront à faire reconnaître la position du mouillage. Il sera prudent de ne mouiller que sur une seule ancre pour être mieux en appareillage dans le cas où l’on serait forcé de prendre la mer.
Observations.
— Dans le cas où l’on serait surpris par un coup de vent de N. N. E. qui ne permettrait pas de quitter le mouillage, il est probable que l’équipage sera secouru par les embarcations de Bermeo. Si le temps était tellement mauvais que les embarcations de Bermeo ne pussent pas sortir pour venir au secours du navire, ou pourrait l'abandonner en temps opportun en filant le câble par le bout et laisser courir vers le port de Bermeo qui est plus grand et où l’on s’échouerait pour sauver la vie des hommes. Si le bateau n'avait que 2m26 à 2m 83 de tirant d’eau, on pourrait, en profitant du moment de la haute mer, tenter d’entrer dans le havre de Mundaca où l'on trouverait des barques de secours.
VUE GENERALE DE MUNDACA BISCAYE PAYS BASQUE D'ANTAN |
On ne doit jamais oublier que si les amarres manquaient avec un coup de veut du travers, les hommes périraient certainement contre les falaises élevées de la côte, qui est excessivement raide et escarpée dans sa partie Sud, où les escarpements entourés de récifs se continuent jusqu’à la pointe Uguerrev. En dehors de cette pointe et à la distance de 1/3 d’encablure, il y a l'Uguerraiz, rocher rond qui découvre toujours.
La côte.
— On nomme Trompon Mayor la partie la plus élevée des terres qui dominent la pointe Uguerrey sur laquelle était la batterie de Trompon ; on peut la reconnaître par le mur d’une maison en ruine. Le Trompon Menor est une autre petite élévation qui est plus dans l’O.
Au pied du mont Sollube un plateau s’étend vers l’E. et au N. de Bermeo, et se termine par les pointes de Uguerrey et de la Atalaya, séparées par deux ravins. Elles ont le mime aspect et elles sont terminées par des récifs. Il y a au sommet de la Atalaya une plantation avec une maison de plaisance d’où les marins consultent l’horizon. On voit une batterie en ruine sur son extrémité.
La roche Salve-Ach qui découvre à peine de basse mer git à petite distance de la pointe Atalaya. après laquelle les escarpements continuent vers le S. jusqu’au môle de Santa Clara, du port de Bermeo ; la côte s’infléchit ensuite vers l’O., en formant nue crique de 160 mètres de largeur et d’un peu plus de 2 câbles de longueur que l’on nomme Puerto Mayor pour la distinguer de l’espace entouré par un môle que l’on nomme Puerto Menor ou le Cay.
La crique de Bermeo est le petit espace de mer qui est en dehors de l'embouchure du Puerto Mayor. C’est dans cet endroit que mouillent les grands bâtiments avant d’entrer dans le Puerto Menor. Le Puerto Menor (petit port) est entouré par le môle de Santa Clara ; il a une forme polygonale, avec une entrée de 17 mètres de largeur ouverte au S. et produite par deux bras du môle qui s’avance de 101 mètres environ dans le rumb ci-dessus. Celui de l’E. est le plus large, celui de l’O. n'était pas terminé en 1861. A marée basse dans les grandes marées ce port est presque tout à sec, et il n’y a que 0m 28 d’eau dans l'entrée. Le fond est de roche couverte d'une légère couche de gravier et de vase et l'entrée est entourée de récifs."
PORT DE BERMEO BISCAYE |
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