SAINTE-ENGRÂCE EN 1921.
La commune de Sainte-Engrâce, en Haute-Soule, compte 851 habitants en 1921.
Voici ce que rapporta à ce sujet la revue Gure Herria, en avril 1922, sous la plume de l'Abbé
P. Foix :
"Sainte-Engrace.
... Maintenant on arrive à Licq, dont le bourg est bâti autour de l'Eglise qui domine la route et le gave ; voici l'Hôtel des Touristes, renommé dans le pays, la Mairie, le palais scolaire trop luxueux peut-être pour un village de cette importance, son pimpant bureau des Postes, tous construits dans ces dernières années, aux environs de la tapageuse cataracte qui fourmille de truites. Ce coin est depuis fort longtemps le rendez-vous des pêcheurs et des touristes.
HÔTEL DES TOURISTES LICQ-ATHEREY SOULE PAYS BASQUE D'ANTAN |
Quelques pas plus loin, voici un pont de pierre, très ancien, qui conduit au bourg et à l'Eglise. La légende trop longue à raconter ici, affirme qu'il a été construit en une seule nuit par les Lamigna, sirènes ou monstres fabuleux des anciens temps. - Son plein cintre hardi qui s'élève sur la rivière bouillonnante a eu besoin d'être récemment consolidé par une armature en fer.
A trois kilomètres en amont de Licq se terminait autrefois pour le voyageur qui allait à Sainte-Engrâce, la route carrossable. Aujourd'hui grâce à d'importants travaux exécutés avant la guerre, sur une longueur de six kilomètres, les voitures peuvent atteindre assez aisément la caserne des Douanes à Sainte-Engrâce ; il est regrettable que la parcimonie des subventions accordées n'ait pas permis de construire la nouvelle route sur une plus grande largeur, car le trafic est actuellement gêné par les rails du Decauville qui restreignent énormément la largeur déjà insuffisante du chemin.
Nous voici à la Jonction des Eaux, ainsi dénommée parce qu'en cet endroit où vient aboutir l'éperon du mont Jora, se rejoignent au-dessus d'un pont en fer en construction récente, le torrent ou Uhaitza de Sainte-Engrâce et de l'Olhado, torrent d'un débit moindre, venant de Larrau. Les deux eaux d'égale limpidité ont cependant à leur rencontre deux nuances différentes et semblent se marier à regret, la vitesse acquise avec laquelle elles dévalent faisant garder à chacune son courant propre sur une distance de cinquante mètres. Leur jonction, forme dès lors le Saison ou Gave de Mauléon.
JONCTION DES EAUX LICQ-ATHEREY SOULE |
JONCTION DES EAUX LICQ-ATHEREY SOULE |
Cet endroit qui ne présentait autrefois que l'intérêt de l'aboutissement pittoresque de deux torrents et de deux vallées montagneuses, offre en ce moment le spectacle merveilleux d'une usine électrique, bâtie sur un terre-plein conquis sur le gave, à la base de l'éperon du mont Jora, et d'une cascade qui se déverse en nappes diamantées et scintillante d'une altitude de 150 mètres environ. L'usine électrique de la Jonction, dont le but est de fournir la force motrice nécessaire à la traction électrique des convois circulant sur le réseau des tramways des Basses-Pyrénées, particulièrement dans la région de Bayonne-Biarritz, et aussi à la marche d'un gigantesque four électrique au Boucau, a été entreprise dans les débuts par la Société Giros, Ader et Loucheur, puis rétrocédée à la Compagnie du Midi. L'usine est construite dans un style qui se rapproche sensiblement de celui des maisons basques du Labourd ; elle est mise en mouvement par une chute d'eau de 143 mètres de hauteur.
BARRAGE ET USINE HYDRO-ELECTRIQUE STE ENGRÂCE SOULE |
Des travaux gigantesques ont été exécutées avant et pendant la guerre, pour capter l'eau du Gave de Ste-Engrâce, exécuter à 7 kilomètres huit cent en amont, un barrage élévateur dont nous parlerons plus loin, et amener ensuite par son niveau naturel l'eau à un point donné du mont Jora, dominant le gave de cent cinquante mètres environ.
La canalisation entre le barrage en amont de la Caserne de Sainte-Engrâce et l'usine de la Jonction, comprend deux kilomètres trois cent à ciel ouvert et cinq kilomètres cinq cent en tunnel ; on peut y circuler à pied d'un bout à l'autre.
Quand on songe à la configuration abrupte du pays et à la quantité de roches granitiques et de conglomérats d'origine volcanique qu'il a fallu percer sur pareille distance pour mener à bonne fin une telle entreprise, on demeure stupéfait devant le génie et l'audace de l'homme.
L'eau ainsi amenée au réservoir de Jora se précipite par conduites forcées de 90 centimètres de diamètre et d'une hauteur de 143 mètres, sur un groupe de puissantes turbines fournies par la maison réputée Neyret-Bélier, de Grenoble. Les turbines fournissent actuellement une force moyenne de huit mille chevaux ; la puissance est de trois mille six cents kilowatts : les alternateurs fonctionnent à quatre mille cinq cents volts, et les transformateurs élévateurs de la ligne à quarante-cinq mille.
USINE HYDRO-ELECTRIQUE ET PIC DE JORA LICQ-ATHEREY SOULE |
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