L'AVIRON BAYONNAIS ET LES "DOUZE" EN RUGBY EN LABOURD AU PAYS BASQUE EN 1930

L'AVIRON BAYONNAIS ET LES "DOUZE" EN 1930.

Lors de la saison 1930-1931, en rugby, 12 clubs sont exclus du championnat de France et forment l'Union Française de rugby amateur, qui organise son propre tournoi.

AVIRON BAYONNAIS RUGBY 1931

Sont concernés au Pays Basque, l'Aviron Bayonnais et le Biarritz Olympique, et la Section 

Paloise en Béarn.

Voici ce que rapporta à ce sujet La Gazette de Biarritz-Bayonne et Saint-Jean-de-Luz, le 5 juin 

1930 :

"L’Aviron Bayonnais et les "Douze". 

Nous avons brièvement donné le résultat de la réunion extraordinaire qui rassemblait les membres de l’Aviron Bayonnais dans la salle du Majestic. 

Le caractère particulier de la question qui motivait cette réunion nous oblige comme nous l’avions annoncé à revenir sur les détails de cette séance exceptionnelle. 

Jamais l’Aviron Bayonnais n’avait pu rassembler autant de membres actifs et honoraires et c'est devant un auditoire attentif et considérable que M. Frois, Président du Club, put faire l'exposé de Parfaire des "Douze".

Avec la plus grande impartialité, M. Frois retraça dans tous ses détails l’action des "Douze" depuis le début du mouvement. 

L’Aviron Bayonnais qui fut au point de départ, soutint toutes les luttes avec le plus grand calme.

Un groupement comme une individualité, possède une conscience, l'Aviron Bayonnais par son passé, par les traditions perpétuées jusqu’à ce jour a agi avec foi pour la défense du sport. 

Ce que M. Frois n’a pas dit, parce que trop modeste, c’est que son rôle personnel fut pour beaucoup dans les résultats obtenus. 

Le geste de fidélité, le serment d'attachement aux méthodes toujours en vigueur à l'Aviron, que firent tous les joueurs à l’occasion de cette réunion durent aller droit au cœur de M. Frois qui se dévoue depuis plusieurs mois pour faire triompher l’idéale formule qu’il a émise sur le rugby amateur. 

D’une grande puissance de travail, M. Frois a étudié la question avec un rare bonheur, et son autorité impartiale s'est affirmée au milieu d'un véritable enthousiasme. 

Il n’était peut-être pas utile que l’éloquence persuasive du Président vienne convaincre l’auditoire car les membres de l’Aviron Bayonnais, fidèles à leurs traditions étaient déjà acquis au programme que leur présentait leur dévoué Président. 

Ce qu’il importait surtout, c'était de détruire quelques légendes fantaisistes par trop intéressées.

Documents en mains, M. Frois fit l’historique des faits et démontra qu’aucune confusion ne pouvait être prévue. 

Le vote unanime qui sanctionna l’exposé de M. Frois est la plus grande marque de confiance qui pouvait lui être faite. 

Une véritable ovation accueillit la conclusion du si distingué et sympathique Président de l’Aviron Bayonnais. 

A ses côtés Fernand Forgues a été associé à tous les témoignages adressés à son ami et collaborateur. 

Dans une improvisation très heureuse, le grand animateur de l’Aviron Bayonnais dit à cœur ouvert quels étaient ses sentiments. 

Désireux de voir le sport revenir à de plus saines conceptions, Fernand Forgues espère que des interventions autorisées ramèneront la F.F.R. dans la voie de conciliation. 

RUGBY FORGUES FERNAND
AVIRON BAYONNAIS

Mais si se refusant à toute étude d’une organisation générale plus rationnelle, la F.F.R. continuait à ne pas vouloir discuter les suggestions présentées par les "Douze " ceux-ci doivent continuer leur travail d’assainissement et rester solidaires jusqu'au bout. 

De telles paroles prononcées par Fernand Forgues sont la conclusion attendue par tous les sportifs sincères. 

Celui qui fut de tout temps le porte-drapeau d'un club qui n’a jamais failli, trace aujourd’hui le chemin d’honneur que se doivent de suivre ceux qui placent l’avenir de la jeunesse française au-dessus des intérêts particuliers. 

Les "Douze" ne sont pas des réfractaires, ni des dissidents, mais ils estiment qu'ils doivent agir et faire leur devoir devant la situation sportive actuelle. 

L’Aviron Bayonnais vient de faire éclater toute grande sa confiance dans ses dirigeants qui s’étaient engagés en son nom ; sa foi enthousiaste de tous, jeunes et vieux, dans l'avenir. 

L'Aviron Bayonnais sera suivi par tous ceux qui comme lui savent rester fidèles à un passé d’honneur. 

Près de lui, le club bayonnais trouvera à ses côtés son voisin et ami le Biarritz Olympique dressé tout entier pour faire triompher la vérité, la sincérité. 

BIARRITZ OLYMPIQUE RUGBY 1930 1931
COLL JOSE URQUIDI MUSEE B.O.

Du Béarn nous viendra la voix de la Section Paloise fidèle à ses serments et c'est sur toute la Côte Basque que rejaillira la gloire du succès qui couronnera les efforts de ces trois grands clubs, pionniers du Sport, flambeaux d’honnêteté, qui ont le plus contribué à l'essor magnifique de ces dernières années."

SECTION PALOISE RUBY 1929 1930

"Le Blocage des Recettes.

Jamais réforme ne fut plus combattue que le blocage des recettes adopté cette année par la Fédération de rugby. 

A tous ceux qui élevaient des protestations, je disais : 

"Pourquoi combattez vous une réforme sans savoir ce qu’elle va donner ? Etes-vous certain que votre club, votre comité, ne retirera pas un avantage de cette nouvelle répartition des sommes importantes que rapportent les compétitions officielles de rugby ?  

Ne pensez-vous pas que vous serez très satisfaits, vous, dirigeants, de toucher, en fin de saison, une somme rondelette qui vous permettra de garnir la caisse de votre société, après avoir fait des économies... forcées ?" 

Mais l'idée des protestataires était bien arrêtée : 

Le "blocage" ne servait qu’à une chose : "A engraisser la Fédération." Il fallait à tout prix le supprimer. 

Or, nous voici arrivés à la fin de la saison 1929-1930. C’est le moment d’étudier les avantages et les inconvénients du blocage des recettes. C’est le moment de voir qui, des clubs, des comités régionaux ou de la Fédération a subi un réel préjudice avec le nouveau mode de partage. 

Je me suis livré à un travail assez long qui consiste à déterminer pour chaque club et pour chaque Comité la somme exacte qui lui a été attribuée cette année au cours de la saison et celle qu’il aurait perçue si le partage des recettes de l'année dernière avait été maintenu. 

C’est ainsi que j'ai trouvé que les clubs avaient eu, dans l’ensemble, un très gros avantage au blocage des recettes. Ils y ont gagné au total, plus de 60 000 francs, ce qui n'est pas à dédaigner.

Certes, individuellement, quelques clubs y ont perdu. Les finalistes et les demi-finalistes, notamment, n'ont pas réalisé ces petites fortunes qui iraient jusqu’ici l'apanage des clubs qui arrivaient jusqu’aux épreuves ultimes du championnat. 

C'est ainsi qu’Agen, au lieu d'avoir encaissé les 263 000 francs qui lui seraient revenus l’an dernier, n’en a perçu cette année, que 133 000, soit un déficit de 130 000 francs ! c’est ainsi que Quillan peut évaluer son manque à gagner, à 100 000 francs ; Pau, à 56 000 francs ; Carcassonne à 45 000 francs etc...

QUILLAN RUGBY 1930

Mais à côté de huit clubs qui ont perdu, nous en trouvons 32 qui ont gagné avec le blocage des recettes et certains d'entre eux, comme Villeneuve, comme Biarritz, comme Vienne, par exemple, au lieu de percevoir dans toute l’année un maigre apport de 20 000, à 25 000 francs, ont encaissé respectivement, 54 000, 61 000. et 58 000 francs. 

Certes, ils sont encore loin des 133 000 francs d’Agen ou des 139 000 francs de Quillan, mais ils pourront grâce à cette judicieuse répartition, boucler un budget qui, certainement aurait été déficitaire sans cela. 

N’est-ce pas là un bel exemple de solidarité sportive ?

Les Comités régionaux, dans l’ensemble, n’ont pas eu de bénéfice dans le blocage des recettes. Certains y ont perdu des sommes assez importantes notamment ceux qui ont eu jusqu'à la fin des équipes en action ; c'est ainsi que la Côte d’Argent aurait gagné 30 000 frs de plus sans le blocage, le Languedoc, 18 000, Paris, 17 000, le Périgord-Agenais, 13 000, etc... 

Mais le plus grand nombre des comités ont eu intérêt au blocage. Intérêt assez marqué, puisqu’il est de 15 000 francs pour la Côte Basque, 12 000 pour les Pyrénées, 9 000 pour le Roussillon, 7 000 pour le Lyonnais, 4 000 pour le Limousin, etc. 

En somme seule la Fédération française de rugby a subi un réel préjudice dans l'application du blocage des recettes. Elle l’accepte d’ailleurs de grand cœur. Mais que l’on ne vienne pas dire pourtant qu’elle a proposé le blocage pour en retirer un avantage. En l'adoptant elle n'a eu qu’un but : venir en aide aux petits clubs et éviter que l’on cherche à remporter une victoire pour gagner de l'argent."

(Source : Wikipédia)

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