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mercredi 24 mars 2021

UN SANDALIER BASQUE EN 1933

UN SANDALIER BASQUE EN 1933.


En 1933, il est constaté au Pays Basque Nord une forte diminution du nombre de fabricants de sandales.





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SANDALIER A MAULEON
PAYS BASQUE D'ANTAN



Voici ce que rapporta à ce sujet le journal L'Intransigeant, le 29 août 1933, sous la plume de 

Suzanne Balitrand :



"Les métiers qui meurent.



Le sandalier Basque.



Soleil torride. On ne sait plus où passer dans la petite rue qui semble fondre sous la jaune lumière. 



Dans un coin qui fut, ce matin, à l’ombre, un homme est installé, assis sur un siège bas et semblant porter, sur ses genoux, une sorte de pupitre. 



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SANDALIER
DESSIN DE LE TANNEUR



A mouvements mesurés, réguliers, l'homme, tire une aiguille énorme enfilée d'une solide cordelette — une aiguille semblable à celles dont usent les matelassières. 



L’homme a si chaud que la sueur qui perle à son front ne tombe pas le long de ses joues brunes, pompée qu'elle est tout de suite par l'ardent soleil. 



Le travail presse : il ne s’agit pas de se reposer sous prétexte qu’il fait chaud. Et puis, le sandalier basque a l’habitude d'affronter des rayons aussi brûlants. 



Durant l'hiver, le sandalier a bien préparé ses modestes stocks pour la vente d’été ; mais on réclame, ici, de la sandale sur mesure et les commandes urgentes ne se refusent pas. 



Pour en avoir la forme et l’aspect général, la sandale basque ne peut être confondue avec cette chaussure commune qu’on nomme espadrille



La semelle de corde, le dessus de toile basque blanche ou rayée de vert, de rouge, de jaune, ont un je ne sais quoi de plus distingué, de plus fin, que la vulgaire espadrille. De plus solide aussi, puisque ces sandales résistent à de multiples fandangos et que le joueur de pelote peut assurer une rude partie sans risque de voir son orteil crever toile et corde. Et c'est pour que la chaussure légère et qui permet de courir, de bondir, comme le savent faire les Basques, prenne bien le pied, épouse étroitement la cheville, que joueurs de pelote et danseurs de fandango la commandent sur mesure. 

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FANDANGO
DESSIN DE LE TANNEUR


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PARTIE DE CHISTERA
DESSIN DE LE TANNEUR



Ah ! n’allez pas croire que le prix en soit élevé : 7 francs. A ce taux-là, évidemment, le sandalier ne fait pas fortune. 



Celui qui a consenti à lever la tête — sans cesser de tirer l'aiguille — pour répondre à nos questions est très habile : depuis plus de trente ans il fait de la sandale. Cependant, il avoue qu’en travaillant tout une journée, depuis le petit jour jusqu'à l’heure où le soleil plonge dans les flots, un bon ouvrier ne peut guère dépasser sa "pièce de vingt francs". Encore ne compte-t-il pas toujours le temps que la femme ou la fille est venue lui donner pour coudre le dessus de la sandale. 



On comprend, dès lors, que la jeune génération ne se montre pas enthousiaste à embrasser telle profession. 



Le sandalier de Saint-Jean-de-Luz, qui a appris le métier de son père, lequel l’avait appris de son grand-père, tient une minuscule boutique où il vend, non seulement les sandales confectionnées par lui et les deux ou trois ouvriers — les seuls aujourd’hui — qu’il fait travailler dans le pays, mais aussi des galoches, des chaussons qu’il achète. Sans cet appoint, il ne ferait pas ses frais. 



En outre, comme le métier ne peut occuper son homme toute l’année durant, et que le Basque est vaillant, notre sandalier dès qu'il eut ses dix-huit ans, apprit la profession de boulanger. 



C'est le cumul, ici aussi... 



Et pourtant, en dépit de ces possibilités, on ne trouve plus à faire d’apprentis sandaliers. 



Saint-Jean-de-Luz n’en compte plus de quatre ou cinq. Ciboure guère davantage et dans la montagne, leur nombre aussi diminue. 



Demain, il n’y aura plus de sandaliers dans le pays basque français. Demain les brillants danseurs de fandango et les bondissants joueurs de pelote devront se chausser d’espadrilles fabriquées en série. Pourront-ils s'en contenter ? 



Il est vrai qu’en pays basque espagnol, il y a encore des sandaliers..."



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