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vendredi 20 août 2021

L'INDUSTRIE DE LA CHAUSSURE À HASPARREN EN LABOURD AU PAYS BASQUE EN 1902 (deuxième partie)

 

L'INDUSTRIE DE LA CHAUSSURE À HASPARREN EN 1902.



Au début du 20ème siècle, la fabrication de la chaussure est la principale activité d'Hasparren.






pays basque 1900 chussure
CHAUSSURES ONA HASPARREN
PAYS BASQUE D'ANTAN





Voici ce que rapporta à ce sujet le journal La Gazette de Biarritz-Bayonne et Saint-Jean-de-Luz

le 17 octobre 1902 :



"La Chaussure à Hasparren.



Le travail à domicile.



L’aspect de la ville a un caractère bourgeois et paisible. Les maisons cossues sont nombreuses. Aucune cheminée d’usine ne rivalise de hauteur avec la flèche de l’église. Les narines délicates prétendent que l'atmosphère est saturée de cuir. Les rues, cependant, sont ouvertes à l’air et à la lumière. Aucun bruit, sauf le carillon de la paroisse et les cloches des couvents. Par les routes, des paysans un peu endimanchés vont, viennent, sillonnent la campagne : les hommes portent sur l’épaule de gros paquets enveloppés dans une serge verte ; les femmes voyagent à âne, sur de doubles paniers qu’on appelle "banastres" : ainsi circulent le travail fait, le travail à faire. Les allées et venues sont incessantes, plus fréquentes dans la matinée ; les samedis soirs ou dimanches matins, groupements pour la paye : chacun a son carnet où est noté le nombre de douzaines fabriquées et acceptées par la "Recette". A la sortie les auberges reçoivent bien la visite de leurs habitués, mais ces stations — lundis exceptés ne se prolongent guère. 


pays basque autrefois chaussure
ATELIER DE CHUASSURES
HASPARREN AUTREFOIS

Suivons les ouvriers chez eux. L’extérieur des maisons a l’aspect des fermes du pays ; à l’intérieur, une chambre, la cuisine souvent, constitue l’atelier : les hommes ajustent ; les jeunes garçons battent les semelles ; la femme, tout en surveillant son ménage, coud des empeignes. Comme tout est payé à la pièce, les heures de travail sont illimitées ; la longueur des journées dépend des commandes de la maison, des besoins de la famille et de l'activité personnelle des individus. 



C’est la pleine liberté du travail. L’ouvrier passe aisément d’une maison à une autre pour revenir ensuite à la première. Entre les employeurs règne le régime de la concurrence permanente : ils ne se connaissent pas, se cachent leurs relations et leurs voyageurs de commerce. Une maison a-t-elle une commande importante à exécuter, elle hausse légèrement le prix de la  main-d’œuvre, et aussitôt les ouvriers se passent la nouvelle et se présentent. Il n’y a point de stock de réserve ; on produit au fur et à mesure des commandes ; si celles-ci se font moins nombreuses, les prix retombent : la loi rigoureuse de l’offre et de la demande atteint le ménage de l’ouvrier en même temps que l’employeur ; mais si les commandes affluent, le travail s’infiltre partout : à la campagne on suspend les travaux ; à la ville les ménagères, les domestiques et jusqu’aux employés d’administration se laissent gagner par la fièvre et font leur douzaine d’empeignes, bordées et piquées. 



De 1860 à 1880, Hasparren connut les beaux jours d’une brillante prospérité. La moyenne de la production était d’abord de deux cents paires par journée ; elle fut bien vite doublée. Les fabricants haspandars enlevaient tous les marchés qu’ils voulaient ; ils eurent le monopole du midi de la France et de l’Algérie. Douze maisons se faisaient une concurrence incessante. Un moment, Hasparren put se croire en train de conquérir le monde : le grand-père des Hiriart-Urruty traverse l’Océan et établit un comptoir à Montévideo, qui est alors le grand centre des affaires dans l’Amérique du Sud ; les Amespil s’emparent de la même façon de Buenos-Ayres. La population se double avec cette fortune ; l’émigration est arrêtée ; on bâtit l’église... 



Survient les lois protectionnistes de M. Méline ; en même temps le machinisme fait sentir son influence : battus par les bas prix de revient du travail à la main d’Hasparren les autres centres de cordonnerie, tels que Fougères et Limoges, transforment leur outillage et produisent à la machine. Tous les débouchés extérieurs fermés, la chute fut complète ; les maisons qui s’étalent fondées à l’époque des succès, durent liquider dans des conditions désastreuses ; seules les plus anciennes supportèrent la crise. 



L’Epoque capitaliste.— L’Atelier.



Pendant les vingt années que dura cette crise, les chaussuriers de Hasparren ont fait leur éducation. Ils ont appelé des contremaîtres étrangers qui ont appris aux ouvriers du pays la manœuvre des machines dont l’acquisition a été indispensable. Les maisons restées sur la brèche se munirent de pédaleuses Blacke, de machines à clouer, à renforcer, à fraiser, à déformer et à polir (polir les talons). 



Le machinisme entraîne l’atelier : en 1897, Salvat-Amespil construisait la première fabrique de Hasparren et la dotait d’un moteur à pétrole ; l’année d’après, Hiriart-Urruty imitait son concurrent et installait une locomobile à vapeur. Une fois mis en mouvement l’engrenage du progrès, rien ne l’arrête : aujourd’hui l’outillage est aussi parfait que partout ailleurs ; très prochainement tout marchera â l’électricité. 



pays basque 1900 chaussure
ATELIER DE CHAUSSURES AMESPIL
HASPARREN AUTREFOIS


Cependant si, depuis ces transformations, les chaussuriers de Hasparren ont pu reprendre et soutenir la concurrence, ils le doivent uniquement à ce qu'une bonne partie du travail à domicile qui leur force, car c’est toujours lui qui permet de produire à meilleur compte : la préparation et le finissage se font à la fabrique, mais le montage se fait à l’extérieur ; seuls les ouvriers qui font les fortes journées ont accès à la fabrique ; à domicile, le travail aux pièces ne donne pas plus de 8 francs aux hommes et pas plus de 1 fr. 50 aux femmes. 



La création des fabriques n’a pas seulement modifié le régime de la production ; elle a amené la division du travail, grâce à laquelle un bon ouvrier de Hasparren est maintenant incapable de se faire lui-même une paire de souliers pour son usage personnel ; d’autre part, elle a déterminé la poussée capitaliste qui dresse désormais entre employeurs et employés une barrière infranchissable. — Il existait autrefois une certaine solidarité entre le petit patron et l’ouvrier ; il ne fallait pour lancer une affaire, que l’initiative ; une avance de quelques deux ou trois mille francs était suffisante : avec de l’ordre et de l’économie, bien des ouvriers pouvaient devenir patron. Aujourd’hui cet espoir n’est plus permis : le fonds roulant de chacune des maisons de Hasparren dépasse 200 000 francs, et à côté d’elles les banques de Bayonne règlent le mouvement. 



Etat d’esprit de la population.



Dans la plupart des centres, la poussée parallèle — et de sens contraire —, poussée prolétarienne favorable à la diffusion des idées socialistes. En est-il ainsi à Hasparren ? Nullement. Aucune association ouvrière, aucune coopération, aucune bourse du travail. On cherche à se séparer du socialisme, comme dans les vignobles on se garde du phylloxéra.


pays basque 1900 chaussure
CHAUSSURES ONA
HASPARREN AUTREFOIS

Quant à l’instruction populaire, on l’administre comme un médecin administre un poison, c’est-à-dire à toutes petites doses ; on sert de préférence le contre-poison, dans l’espèce l’instruction congréganiste : dans cette petite ville de six mille âmes il n’y a point d’école laïque de filles. Avec la complicité du maire, de M. le député, et de MM. les inspecteurs primaires qui n’osent contrarier ce dernier, la loi scolaire est constamment violée : une enquête faite par l’inspection du travail trouverait sans doute à Hasparren beaucoup d’irrégularités A relever ; les enfants ne seraient-ils pas de bonne heure retirés des écoles pour être mis à la chaussure forcée dans les familles ? Un fait certain est que depuis plusieurs années les conseils de révision reconnaissent comme impropres au service militaire un nombre de conscrits haspandars de plus en plus considérablement supérieur à la moyenne de cantons voisins. La tuberculose étend ses ravages parmi les jeunes gens employés à la chaussure, bien qu’ils vivent à la campagne ; leur peau blanche, leurs membres contrefaits contrastent péniblement avec la peau tannée et les muscles solides de leurs camarades assujettis aux travaux des champs. 



Une générosité privée, secondée par lés fonds du pari mutuel, a doté Hasparren d’un hospice de vieillards. Cette innovation a été peu appréciée des populations rurales pour lesquelles le meilleur hospice est celui de la famille ; quant aux invalides de la chaussure, qui trouvent encore moyen de se rendre utiles aux travaux de la campagne, ils se déclareraient satisfaits si la loi des retraites assurait enfin le repos de leurs vieux jours. 


pays basque avant chaussure
USINE CHAUSSURES ONA
HASPARREN AUTREFOIS


On ne formule donc pas un souhait exorbitant en demandant que le gouvernement affirme à Hasparren la prépondérance de l’école laïque (tant pour les filles que pour les garçons), et complète l’école laïque par une école professionnelle pour les jeunes ouvriers, il a été reconnu, en effet, que dans l’état actuel, les ouvriers du pays n’étalent pas aptes à fournir des contremaitres. Les employeurs estiment que cette condition défectueuse a son bon côté puisqu’elle écarte tout danger de grève.



"L'instruction du peuple, disait M. Garnier, — cité par K. Marx, — est en contradiction avec les lois de la division du travail et l’adopter serait proscrire tout notre système social." — M. Garnier était sénateur de l’Empire. La République devrait affirmer partout une opinion différente."





 



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mardi 20 juillet 2021

L'INDUSTRIE DE LA CHAUSSURE À HASPARREN EN LABOURD AU PAYS BASQUE EN 1902 (première partie)

L'INDUSTRIE DE LA CHAUSSURE À HASPARREN EN 1902.



Au début du 20ème siècle, la fabrication de la chaussure est la principale activité d'Hasparren.




pays basque autrefois economie chassure
CHAUSSURE ONA HASPARREN
PAYS BASQUE D'ANTAN





Voici ce que rapporta à ce sujet le journal La Gazette de Biarritz-Bayonne et Saint-Jean-de-Luz

le 3 octobre 1902 :



"La Chaussure à Hasparren.



La ville de Hasparren est située au cœur du pays basque, au centre des trois anciennes provinces (Labourd, Soule, Basse-Navarre) nettement distinctes par les mœurs, la physionomie, le dialecte. Hasparren compte environ 6 000 habitants. On y remarque une église moderne, — mauvaise œuvre d'architecture qui a coûté fort cher, — une grande communauté de Frères, une maison de missionnaires, et un Calvaire qui s’offre aux excursions des touristes. Hasparren est le siège d’un important marché de bétail qui se tient tous les quinze jours. Chef-lieu de canton, situé à vingt kilomètres de Bayonne, à onze kilomètres de Cambo-les-Bains (gare la plus proche), Hasparren aura, dans quelque dix ans, sa ligne de chemin de fer. 


pays basque autrefois religion
CALVAIRE HASPARREN
PAYS BASQUE D'ANTAN


Le maire de Hasparren, M. Harriague St-Martin, est conseiller général, et représente à la Chambre des Députés la deuxième circonscription de Bayonne. Il a été réélu pour la troisième fois, le 27 avril dernier, sans autre concurrence que celle d’un ouvrier du P. O. F. qui a obtenu 33 voix dans toute la circonscription. M. Harriague Saint-Martin fait partie du groupe Méline-Ribot. 


pays basque autrefois maire labourd
MORROCHCO  HARRIAGUE SAINT-MARTIN
MAIRE D'HASPARREN



Hasparren est un centre industriel important, que la production française cite, pour la fabrication de la chaussure, après les villes ouvrières de Fougères, Villeneuve et Limoges. L’histoire de cette industrie est intéressante à étudier.



Formation de l’industrie.



Comment le peuple basque, resté volontairement primitif, a-t il des enfants manufacturiers, dont la haute taille se courbe devant l’établi du cordonnier, dont les mains paresseuses se sont accoutumées au maniement de l'alêne ? 



Il n’y a là qu’une apparente bizarrerie ; entre la vie pastorale et la vie industrielle la transition fut très naturelle. 



Le peuple basque eut de tout temps le goût de l’élevage du bétail qui constitue sa principale richesse ; on sait avec quelle facilité il s’est acclimaté dans l’Amérique du Sud, pays essentiellement d’élevage ; il se serait acclimaté de même sur les hauts plateaux algériens si on s’était donné la peine de l’y transplanter. Semblable aux populations bibliques, avec lesquelles on lui a récemment découvert une parenté, le Basque reste de longues heures solitaire et contemplatif devant les troupeaux de moutons et de vaches qu’il mène paître sur le versant des collines. 




emigration basque histoire amerique
BERGERS
AMERIQUE D'ANTAN



Quand les produits du sol ou de l’élevage étaient privés des facilités de transport que les chemins de fer leur ont données, il fallait nécessairement qu’ils fussent traités sur place : c’est ainsi que se sont créées nos diverses industries régionales ; la tannerie qui s’approvisionnait dans les nombreuses écuries du pays basque, prit une certaine importance à la fin du dix-huitième siècle et au commencement du dix-neuvième ; en même temps et pour les mêmes raisons, l’industrie lainière se développait. 



Mais ces deux industries s’exerçaient dans des conditions très rudimentaires ; quand apparurent les méthodes nouvelles et rapides, quand se multiplièrent les moyens de transport, les industries locales du pays basque ne surent pas se modifier et disparurent. — L’industrie de la laine, qui cependant avait conquis des débouchés lointains, fut la première et la plus profondément atteinte : le nom même de buranguiers (travailleurs de bure) a complètement disparu, et le trafic des laines est aujourd’hui concentré dans une seule maison d’exportation dont les entrepôts sont à Ossès. — L’Industrie du cuir eut un sort identique : il y a quelque soixante ans, tous les villages traversés de cours d’eau possédaient des tanneries actives ; seules les fosses ont subsisté, sans emploi, auprès des maisons devenues désertes ou tombant en ruines. 



pays basque autrefois tannerie
TANNEURS HASPARREN
PAYS BASQUE D'ANTAN



La cause de ces disparitions est le progrès qui a transformé scientifiquement le matériel et les méthodes ; les tanneries de France et surtout celles de l’étranger se sont adaptées aux conditions nouvelles de l’industrie : le pays basque a voulu lutter contre le progrès et il a été vaincu.



Mais tandis que les tanneries disparaissaient, une autre industrie naissait et se développait. 



Les tanneurs du pays basque se targuaient volontiers du titre de corroyeurs. Ils avaient des débouchés en Espagne ; ils atteignaient Pampelune et Cordoue. Les déchets qui n’étaient pas transportables, ou que l’exportation refusait, furent utilisés dans la fabrication d’une chaussure légère, appelée "pacotille", dont l’industrie se concentra à Hasparren



Les débuts furent modestes. De petits cordonniers, les Daguerre, les Hiriart-Urruty, grands-pères des fabricants actuels, les Lorda, etc..., avaient trouvé une spécialité, le chausson recouvert de cuir ; à dos de mulets, ils colportèrent cet article dans les marchés du voisinage. Le faible prix de revient facilitant l’agrandissement de leurs débouchés, ils durent prendre des ouvriers qui se spécialisèrent dans la chaussure mi-fine, et ils ne s’occupèrent, quant à eux, que de la placer. 



De marché en marché et en dépit de la difficulté des transports, ils atteignent Bayonne et Dax. En 1830 la chaussure basque fait son apparition à Bordeaux. C’est un événement. A Hasparren on se passe ce propos : "Lorda a trouvé à Bordeaux les marchands de Bayonne et de Dax. — Dans cette conquête des lointains débouchés, la grand’mère des Amespil se distingua particulièrement ; elle ne savait pas un mot de français ; quand un acheteur lui demandait de quoi était faite sa marchandise, elle répondait en imitant les aboiements du chien ; "Ham ! Ham !" 



A mesure que s’étendait le cercle de leurs relations commerciales, les marchands de Hasparren développaient l’industrie locale. Ils fournirent du travail à leurs amis, petits artisans de la ville et même paysans. On réservait pour ces derniers tous les cuirs faciles à travailler : le chien, le veau blanc, le chameau, et plus tard le mouton bronzé de Beaucaire. Tout était confectionné à la main. Ces cordonniers improvisés alternaient leur nouvelle industrie avec les travaux des champs ; ils avaient comme collaborateurs, ou plutôt comme préparateurs, les femmes et les enfants : d’abord simple passe-temps et amusement des familles. La fabrication de la chaussure devint bientôt à Hasparren l’occupation principale de tous. 



C’est ainsi que ce mode de travail s’est implanté dans la région ; il caractérise la fabrication d’Hasparren qui lui doit sa force, son succès et aujourd’hui encore sa principale résistance. Le même régime se retrouve autour de Besançon pour l’horlogerie, autour de Lyon et de Saint-Etienne pour le tissage des rubans et soieries. — Si l’on veut examiner d’un peu près le fonctionnement de ce régime industriel à Hasparren, il faut remonter à l’époque déjà ancienne où la loi du progrès ne s’y était point encore fait sentir."



A suivre... 




   


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mercredi 24 mars 2021

UN SANDALIER BASQUE EN 1933

UN SANDALIER BASQUE EN 1933.


En 1933, il est constaté au Pays Basque Nord une forte diminution du nombre de fabricants de sandales.





pays basque autrefois sandales
SANDALIER A MAULEON
PAYS BASQUE D'ANTAN



Voici ce que rapporta à ce sujet le journal L'Intransigeant, le 29 août 1933, sous la plume de 

Suzanne Balitrand :



"Les métiers qui meurent.



Le sandalier Basque.



Soleil torride. On ne sait plus où passer dans la petite rue qui semble fondre sous la jaune lumière. 



Dans un coin qui fut, ce matin, à l’ombre, un homme est installé, assis sur un siège bas et semblant porter, sur ses genoux, une sorte de pupitre. 



pays basque autrefois sandales
SANDALIER
DESSIN DE LE TANNEUR



A mouvements mesurés, réguliers, l'homme, tire une aiguille énorme enfilée d'une solide cordelette — une aiguille semblable à celles dont usent les matelassières. 



L’homme a si chaud que la sueur qui perle à son front ne tombe pas le long de ses joues brunes, pompée qu'elle est tout de suite par l'ardent soleil. 



Le travail presse : il ne s’agit pas de se reposer sous prétexte qu’il fait chaud. Et puis, le sandalier basque a l’habitude d'affronter des rayons aussi brûlants. 



Durant l'hiver, le sandalier a bien préparé ses modestes stocks pour la vente d’été ; mais on réclame, ici, de la sandale sur mesure et les commandes urgentes ne se refusent pas. 



Pour en avoir la forme et l’aspect général, la sandale basque ne peut être confondue avec cette chaussure commune qu’on nomme espadrille



La semelle de corde, le dessus de toile basque blanche ou rayée de vert, de rouge, de jaune, ont un je ne sais quoi de plus distingué, de plus fin, que la vulgaire espadrille. De plus solide aussi, puisque ces sandales résistent à de multiples fandangos et que le joueur de pelote peut assurer une rude partie sans risque de voir son orteil crever toile et corde. Et c'est pour que la chaussure légère et qui permet de courir, de bondir, comme le savent faire les Basques, prenne bien le pied, épouse étroitement la cheville, que joueurs de pelote et danseurs de fandango la commandent sur mesure. 

pays basque autrefois danses fandango
FANDANGO
DESSIN DE LE TANNEUR


pays basque autrefois pelote chistera
PARTIE DE CHISTERA
DESSIN DE LE TANNEUR



Ah ! n’allez pas croire que le prix en soit élevé : 7 francs. A ce taux-là, évidemment, le sandalier ne fait pas fortune. 



Celui qui a consenti à lever la tête — sans cesser de tirer l'aiguille — pour répondre à nos questions est très habile : depuis plus de trente ans il fait de la sandale. Cependant, il avoue qu’en travaillant tout une journée, depuis le petit jour jusqu'à l’heure où le soleil plonge dans les flots, un bon ouvrier ne peut guère dépasser sa "pièce de vingt francs". Encore ne compte-t-il pas toujours le temps que la femme ou la fille est venue lui donner pour coudre le dessus de la sandale. 



On comprend, dès lors, que la jeune génération ne se montre pas enthousiaste à embrasser telle profession. 



Le sandalier de Saint-Jean-de-Luz, qui a appris le métier de son père, lequel l’avait appris de son grand-père, tient une minuscule boutique où il vend, non seulement les sandales confectionnées par lui et les deux ou trois ouvriers — les seuls aujourd’hui — qu’il fait travailler dans le pays, mais aussi des galoches, des chaussons qu’il achète. Sans cet appoint, il ne ferait pas ses frais. 



En outre, comme le métier ne peut occuper son homme toute l’année durant, et que le Basque est vaillant, notre sandalier dès qu'il eut ses dix-huit ans, apprit la profession de boulanger. 



C'est le cumul, ici aussi... 



Et pourtant, en dépit de ces possibilités, on ne trouve plus à faire d’apprentis sandaliers. 



Saint-Jean-de-Luz n’en compte plus de quatre ou cinq. Ciboure guère davantage et dans la montagne, leur nombre aussi diminue. 



Demain, il n’y aura plus de sandaliers dans le pays basque français. Demain les brillants danseurs de fandango et les bondissants joueurs de pelote devront se chausser d’espadrilles fabriquées en série. Pourront-ils s'en contenter ? 



Il est vrai qu’en pays basque espagnol, il y a encore des sandaliers..."



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lundi 4 janvier 2021

UNE CONVENTION DU TRAVAIL POUR L'INDUSTRIE DE LA CHAUSSURE À HASPARREN EN LABOURD AU PAYS BASQUE EN 1939 (deuxième partie)

UNE CONVENTION POUR LA CHAUSSURE 

À HASPARREN EN 1939.


En 1900, environ 2 500 habitants d'Hasparren travaillent dans l'industrie de la chaussure et dans les années 1950, ce sont encore 1 300 personnes qui travaillent dans une quinzaine d'usines.



pays basque autrefois industrie chaussure
CHAUSSURE ONA HASPARREN 
PAYS BASQUE D'ANTAN



Voici ce que rapporta à ce sujet le Journal Officiel de la République Française, le 23/03/1939 :


"Convention collective de travail (industrie de la chaussure d'Hasparren, Basses-Pyrénées).



Salaires minima.



Art. 18. — Tous les avantages actuels restant acquis, les salaires horaires minima ci-dessous, toutes majorations comprises, seront appliques aux ouvriers à la journée et à ceux travaillant aux pièces :


                                      Hommes. Femmes.

14 ans                           1 81           1 81 

15 ans                           2 04           2 04 

16 ans                           2 40           2 40 

17 ans                           2 90           2 76 

De 18 à 21 ans ........... 3 78           3 05 

De 21 à 60 ans ........... 4 72           3 34



Art. 19. — Les tarifs des ouvriers aux pièces doivent être calculés non sur le rendement des plus habiles ou des moins habiles, mais sur celui des ouvriers produisant normalement, ces derniers devant gagner un salaire supérieur aux salaires minima.


Les ouvriers, qu'ils soient payés aux pièces ou à la journée, ne pourront refuser, pour compléter leur journée, d'exécuter d'autres façons différentes.



pays basque autrefois industrie chaussure
USINE CHAUSSURES ONA
HASPARREN AUTREFOIS


Art. 20. — Les ouvriers entre 60 et 70 ans, dont le rendement serait déficitaire, seront ramenés à la catégorie des salaires de 18 à 21 ans.


Les ouvriers de plus de 70 ans seront ramenés à la catégorie de 17 ans.



Art. 21. — Les salaires minima ne s'appliqueront cependant pas aux ouvriers à capacité réduite et plus ou moins inaptes, qui seront déclasses de une ou plusieurs catégories de salaires d'âge suivant les services qu'ils pourraient rendre. 


Afin d'éviter des abus, les rendements des ouvriers déclassés seront vérifiés à chaque paye. En cas d'insuffisance de 15 p. 100, l'ouvrier resterait déclassé d'une catégorie de salaires d'âge. Si cette insuffisance atteignait 25 p. 100, le déclassement serait de deux catégories. Au delà de cet écart, il serait remercié. 


Le nombre des ouvriers objet de ces déclassements ne pourra pas dépasser 7 p. 100 du nombre total des ouvriers de l'intérieur.


La liste des ouvriers déclassés sera conservée au bureau et sa communication ne pourra être refusée.



Art. 22. — Le travail sera réparti d'une façon égale afin d'éviter qu'un ouvrier reste régulièrement au-dessous du salaire minimum pour le profit de ses camarades de la même équipe.



Art. 23. — L'application des articles 20, 21 et 22 est subordonnée à une entente préalable avec les délégués d'atelier.



Art. 24. — Les apprentis adultes, autres que les apprenties piqueuses, seront classés dans la catégorie de salaire d'âge en dessous. Leur période d'apprentissage est fixée à six mois.


Après ce délai, sauf incapacité notoire, ils rentreront dans leur catégorie de salaire d'âge. Leur contrat de travail ne partira qu'après cette période d'apprentissage.


Sauf les apprentis adultes, toute personne mariée à partir de 18 ans passera dans la catégorie de 21 à 60 ans.


Les apprenties piqueuses adultes seront payées de la façon suivante :

Les six premiers mois, 2 fr. 40 ;

Les six mois suivants, 2 fr. 76 ;

Les six mois suivants, 3 fr. 05 ;

Et ensuite, 3 fr. 34.


Tous les apprentis adultes des deux catégories ci-dessus pourront, sur leur demande, être payés aux pièces avant les délais indiqués si leurs capacités le permettent réellement.



pays basque autrefois industrie chaussure
CHASSURES ARY HASPARREN
PAYS BASQUE D'ANTAN


Art. 25. — Les pour-compte et les amendes justifiées pour un mauvais travail ou détérioration, seront appliqués sans abus après accord avec les délégués d'atelier.



Salaires minima des employés et contremaîtres payés au mois.



Art. 26. — Leurs appointements mensuels (toutes majorations comprises) seront:

                               Hommes. Femmes.

14 ans                     303           273 

15 ans                    363            333  

16 ans                    424            394 

17 ans                    484            454 

18 ans                    545            515 

19 ans                    666            575 

20 ans                    787            636 

21 ans                    847            666 

De 22 à 25 ans       908            696 

Après 25 ans ....... 968            726


Tous les employés au mois toucheront une gratification de demi-mois en fin d'année.


Les appointements de directeurs, chefs-comptables et chefs de fabrication seront à débattre entre leurs maisons et les intéressés.



pays basque autrefois industrie chaussure
CHASSURE AMESPIL HASPARREN 
PAYS BASQUE D'ANTAN


Révisions des salaires.



Art. 27. — Conformément à la loi la révision des salaires ne pourra être effectuée que tous les six mois, sous la condition que la variation accusée par l'indice officiel du coût de la vie des Basses-Pyrénées soit d'au moins 5 p. 100 par comparaison avec l'indice qui existait lors du dernier réajustement.

 

La prochaine révision sera basée sur l'indice 109,54 qui existait le 19 avril 1938, date de la dernière augmentation des salaires.


Il serait également procédé à la révision des salaires sans fixation de délai dans le cas où la variation de l'indice considéré atteindrait 10 p. 100.


Ces modifications en hausse ou en baisse des salaires seraient appliquées dès la quinzaine suivant leur fixation.


Après chaque révision le réajustement des salaires serait ajouté ou diminué des salaires du moment. Ce réajustement sera de l'importance d'un pourcentage égal aux deux tiers de celui ressortant de la différence entre les deux indices considérés ; il sera arrondi à l'unité supérieure ou inférieure selon que sa fraction dépassera ou non 0,50 p. 100.



Congés payés.



Art. 28. — Un congé annuel sera accordé au personnel dans les conditions fixées par la loi du 20 juin 1936.


L'époque de la période ordinaire des congés payés est fixée du 24 juin au 30 septembre.


pays basque autrefois industrie chaussure
ATELIER DE CHAUSSURES HASPARREN
PAYS BASQUE D'ANTAN

Délais congés.


Art. 29. Le délai congé est fixé à quinze jours avec préavis réciproque. Pour les employés ce délai sera de un mois pour les deux premières années et de deux mois pour ceux ayant plus de deux ans de présence toujours avec réciprocité.


La durée du délai congé réciproque, sauf les cas de faute grave, sera pour les ouvriers payés au tarif horaire, équivalente à celle du travail de la quinzaine.


Dans le cas d'inobservation du délai congé par la partie qui aura pris l'initiative de la rupture, l'indemnité sera égale au salaire minimum correspondant à la durée de travail prévue ci-dessus. 


Pendant la période de délai congé, si l'initiative de la rupture émane de l'employeur, les ouvriers et ouvrières sont autorisés à s'absenter deux heures chaque jour pour leur permettre de trouver du travail. Ces absences seront fixées alternativement un jour au gré de l'ouvrier ou ouvrière, un jour au gré de l'employeur.



Art. 30. —La maladie constatée de l'employé, si elle ne se prolonge pas au delà de six mois, doit suspendre et non rompre le contrat de travail.


L'employé, qui, au bout de ce délai, désirera reprendre son emploi, devra en adresser la demande par lettre recommandée afin que l'employeur puisse signifier son congé à l'employé embauché en remplacement et à qui sa situation de remplaçant aura été notifiée lors de l'embauchage.



Apprentissage.


Art. 31. — L'apprentissage devra être organisé conformément a la loi du 25 juillet 1919 et aux dispositions du Livre 1er du code du travail.



Allocations familiales.



Art. 32. — Les allocations familiales seront payées conformément à la loi.



Maternité.



Art. 33. — La suspension du travail par la femme pendant douze semaines consécutives dans la période qui précède et suit l'accouchement, ne peut être une cause de rupture par l'employeur du contrat de travail et ce, à peine de dommages-intérêts au profit de la femme.


Celle-ci devra provenir son employeur du motif de son absence dans les conditions prévues à l'article 30 du présent contrat.


Si, à la suite d'une maladie attestée par certificat médical comme résultant de la grossesse ou des couches, l'intéressée se trouvait dans l'impossibilité de reprendre son travail, le contrat do travail ne saurait pour autant être considéré comme rompu.


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CHAUSSURE ONA HASPARREN
PAYS BASQUE D'ANTAN

Hygiène et sécurité.



Art. 34. — Les établissements s'engagent à se conformer aux lois, décrets et règlements en vigueur sur l'hygiène et la sécurité ainsi que toutes les dispositions du code du travail.


Les délégués auront à veiller à l'application de ces lois.



Conciliation et arbitrage.



Art. 35. — Conformément aux prévisions de la loi du 4 mars 1938, les parties contractantes conviennent des dispositions suivantes en vue d'assurer par les procédures de conciliation et d'arbitrage le règlement des différends collectif du travail au sens de la loi sur les procédures de conciliation et d'arbitrage dans les conflits collectifs de travail ainsi que ceux pouvant survenir entre elles relativement soit à l'application de la présente convention collective et ce, au sens de l'article 31 vc n° 6 C. T., soit à la révision ou à la modification de ladite convention et ce, au sens de l'article 31 vc n° 7 C. T.



Commission paritaire de conciliation.



Art. 36. — En exécution de l'article 2 de la loi du 4 mars 1938 et en vue des procédures de conciliation, il est constitué une commission paritaire de conciliation. composée en nombre égal de membres désignés par chacun des deux groupements signataires du présent contrat.


En dehors du président désigné par l'article 2 de la loi du 4 mars 1938, la commission comprendra en principe six membres dont trois de chaque part.


Dans un délai de un mois suivant la signature de la convention, les organisations syndicales intéressées-prendront toutes dispositions utiles pour assurer leur représentation éventuelle à la commission paritaire, dont les membres seront désignés en chaque cas par chacun des organismes représentés.


La commission paritaire de conciliation statue à la majorité des voix..


Aucun représentant des maisons intéressées dans une affaire évoquée à une séance ne pourra faire partie de la commission à ladite séance.



Procédure de conciliation.



Art. 37. — Dans tous les cas de différends collectifs à l'article 36 ci-dessus, les parties contractantes s'engagent à respecter un délai d'une semaine franche en vue de l'examen en commun desdites réclamations avant la mise en œuvre de la procédure de conciliation préalable à celle d'arbitrage. Passé ce délai et en cas de persistance du différend, la Commission paritaire de conciliation est saisie soit d'office, suivant les prévisions de l'article 2 de la loi du 4 mars 1938. soit par requête de la partie la plus diligente adressée au président de La commission.


La commission paritaire de conciliation se réunit sur convocation du président dans le délai d'une semaine du jour de la convocation.


La commission procédera à toute audition ou enquête jugée par elle utile.


Elle statuera à huit clos dans un délai maximum de huit jours du jour de sa réunion.


Ses conclusions seront consignées en un procès-verbal mentionnant en cas de conciliation, l'objet du différend, les considérations motivant la conciliation et les conditions de celle-ci. En cas de non-conciliation, le procès-verbal mentionnera l'objet du différend, constatera, sans motif, l'impossibilité d'une conciliation et mentionnera les points soumis à l'arbitrage.


Les procès-verbaux seront établis en double exemplaire, paraphés par les membres de la commission, chacune des parties en conservant un. Le président assurera l'expédition du procès-verbal et autant de copies certifiées conformes qu'il sera nécessaire pour être transmises aux organisations syndicales."





 


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mardi 24 novembre 2020

UNE CONVENTION DU TRAVAIL POUR L'INDUSTRIE DE LA CHAUSSURE À HASPARREN EN LABOURD AU PAYS BASQUE EN 1939 (première partie)

UNE CONVENTION POUR LA CHAUSSURE 

À HASPARREN EN 1939.


En 1900, environ 2 500 habitants d'Hasparren travaillent dans l'industrie de la chaussure et dans les années 1950, ce sont encore 1 300 personnes qui travaillent dans une quinzaine d'usines.



pays basque autrefois industrie chaussure
CHAUSSURE ONA HASPARREN 
PAYS BASQUE D'ANTAN




Voici ce que rapporta à ce sujet le Journal Officiel de la République Française, le 23/03/1939 :


"Convention collective de travail (industrie de la chaussure d'Hasparren, Basses-Pyrénées).



Le ministre du travail,


Sur le rapport du directeur général du travail,


Vu les articles 31 et suivants du livre 1er du code du travail complété par la loi du 24 juin 1936, et notamment les articles 31 vd, ve et vf ;



Vu la convention collective intervenue le 1er septembre 1936 (modifié le 7 septembre 1937 et le 9 juin 1938, avenant du 6 septembre 1938, entre la chambre syndicale des fabricants de chaussures d'Hasparren, d'une part, et le syndicat professionnel des ouvriers et employés des établissements de chaussures d'Hasparren, d'autre part, déposée au greffe de la justice de paix d'Hasparren ;


Vu la demande d'extension présentée par les organisations signataires ;


Vu l'avis inséré au Journal officiel du 10 décembre 1938 ;


Vu les avis recueillis au cours de l'enquête ; Vu l'avis de la section professionnelle compétente du conseil national économique.



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CHAUSSURE ONA HASPARREN
PAYS BASQUE D'ANTAN



Arrête :



Art. 1er — Les dispositions de la convention collective de travail du 1er septembre 1936 (modifiée le 7 septembre 1937 et le 9 juin 1938, avenant du 6 septembre 1938), intervenue entre la chambre syndicale des fabricants de chaussures d'Hasparren, d'une part, et le syndicat professionnel des ouvriers et employés des établissements de chaussures d'Hasparren, d'autre part, et réglant les rapports entre employeurs et ouvriers de l'industrie de la chaussure de la ville d'Hasparren (Basses-Pyrénées), sont rendues obligatoires pour tous les employeurs et ouvriers des professions et régions comprises dans le champ d'application de la convention, à l'exclusion de celles des dispositions des articles 4 à 17 inclus qui sont contraires aux prescriptions du décret-loi du 12 novembre 1938 portant statut des délégués du personnel, et du décret du 25 février 1939 fixant les modalités-des opérations électorales, de l'article 25, du dernier alinéa de l'article 27, du deuxième alinéa de l'article 30, et des articles 35 à 39 inclus.



Art. 2. — Cette extension des effets et sanctions de la convention collective et de ses annexes est faite à dater de l'entrée en vigueur du présent arrêté pour la durée restant à courir et aux conditions prévues par la convention.



Art. 3. — Le directeur général du travail est chargé de l'exécution du présent arrêté.



Fait à Paris, le 20 mars 1939.



Charles Pomaret.



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ATELIER DE CHAUSSURES HASPARREN
PAYS BASQUE D'ANTAN



Convention Collective de Travail  de l'Industrie de la chaussure de Hasparren du 1er septembre 1936 modifiée par l'Avenant du 7 septembre 1937, modifiée à nouveau et complétée en date du 9 juin 1938.

Entre la chambre syndicale des fabricants de chaussures de Hasparren, d'une part, et le syndicat professionnel des ouvriers et employés des établissements de chaussures de Hasparren, d'autre part, il a été établi et convenu ce qui suit :



Art. 1er. — Le présent contrat règle les rapports entre employeurs et ouvriers de l'industrie de la chaussure de la ville de Hasparren.



Durée de la convention.


Art. 2. — Le présent contrat est prévu pour une durée de un an à dater de sa signature. Il pourra être dénoncé par l'une ou l'autre des parties contractantes un mois au moins avant la date de son expiration.


A défaut de dénonciation de l'une ou l'autre des parties, dans les délais prévus, il sera reconduit de plein droit d'année en année.


Les demandes de révision de dispositions de la présente convention, formulées par l'une des parties signataires et motivées par des circonstances exceptionnelles ou des dispositions légales ou  réglementaires concernant le régime du travail, seront instruites conformément aux dispositions des articles 35 à 41, ci-après relatifs à la conciliation et à l'arbitrage.


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CHASSURE AMESPIL HASPARREN 
PAYS BASQUE D'ANTAN



Droit syndical.


Art. 3. — L'observation des lois s'impose à tous les citoyens, les parties contractantes reconnaissent la liberté d'opinion ainsi que le droit pour les travailleurs d'adhérer librement et d'appartenir à un syndicat professionnel constitué en vertu du livre 3 du code du travail.


En ce qui concerne l'embauchage ou le congédiement, la conduite ou la répartition du travail, les mesures de discipline et toutes autres questions relevant uniquement et entièrement de la direction de l'entreprise, les employeurs s'engagent à ne pas prendre en considération le fait d'appartenir ou de ne pas appartenir à un syndicat.


Les travailleurs, de leur côté, s'engagent à n'exercer aucune pression directe ou indirecte tendant à gêner soit la liberté syndicale reconnue ci-dessus, soit la liberté du travail.


Si, dans la quinzaine suivant le délai de préavis, il y a contestation entre les deux parties contractantes sur le congédiement d'un collaborateur ou d'un ouvrier comme ayant été effectué en violation des clauses ci-dessus, les deux parties s'emploieront suivant la procédure de conciliation prévue plus loin à reconnaître les faits et à apporter au cas litigieux une solution équitable.


Cette disposition ne fait pas obstacle an droit pour les parties intéressées d'obtenir judiciairement réparation du préjudice causé. 


L'exercice du droit syndical, ne doit pas avoir pour conséquence des actes contraires aux lois.


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CHASSURES ARY HASPARREN
PAYS BASQUE D'ANTAN


Délégués ouvriers.


Art. 4. — Dans chaque établissement occupant plus de dix ouvriers il est institué des délégués ouvriers.



Art. 5. — Le délégué est le représentant de son groupe d'ouvriers auprès de la direction.


Les délégués ont qualité pour présenter à la direction les réclamations individuelles qui n'auraient pas été directement satisfaites, visant l'application des lois, décrets, règlements du code du travail, des tarifs de salaires, des mesures d'hygiène et de sécurité et, en général, tout ce qui concerne la présente convention.


Art. 6. — Les attributions des délégués sont nettement délimitées par l'article 5 précédent.


Art. 7. — Les délégués sont reçus par la direction au moins une fois par mois.


Le jour et heure sont fixés par la direction et affichés dans l'atelier. 


Le délégué titulaire est toujours accompagné du délégué suppléant. 


Les délégués et la direction pourront se faire assister s'ils le jugent nécessaire par un représentant de syndicat de leur profession ou de l'organisation signataire de la convention. Le représentant syndical pourra faire partie de l'établissement.


Dans le cas où les délégués seraient reçus pendant les heures de travail ils percevront pour le temps passé à l'exercice de leurs fonctions de délégués le salaire normal de leur catégorie. 


Pour accélérer et faciliter l'examen des questions à étudier dans les réceptions périodiques, les délégués résumeront les points à discuter et les consigneront par écrit dans une note qu'ils remettront à la direction deux jours de travail avant la date de la réception. Dans un délai de six jours au maximum, la direction fera connaître sa réponse aux délégués et personnel intéressés.


Art. 8. — Les ouvriers restent libres de présenter eux-mêmes leurs réclamations propres à la direction ou à leurs contremaîtres.


Art. 9. — Les délégués sont élus pour un an. Ils sont rééligibles.


Art. 10. — Sont électeurs tous les ouvriers et ouvrières âgés de dix-huit ans, à condition au moins trois mois de présence à l' établissement au moment de l'élection et être en possession de leurs droits civils.


Art. 11. — Sont éligibles les électeurs définis par l'article précédent de nationalité française, âgés d'au moins vingt-cinq ans, travaillant dans l'établissement sans interruption depuis au moins un an.


Les ouvriers tenant commerce de détail de quelque nature que ce soit, soit par eux-mêmes, soit par leur conjoint, ne sont pas éligibles.



Art. 12. — L'élection aura lieu au scrutin secret, après avis affiché préalablement dans l'atelier, accompagné de la liste des éligibles. Les candidats devront se faire connaître au plus tard cinq jours avant la date fixée pour l'élection.


Le vote a lieu après la fin du travail.



Procédure de l'élection.


Art. 13. — La date et les heures, de commencement et de fin de scrutin seront déterminées par la direction après avis des délégués sortants. 


Cette date doit être classée dans le mois qui précède l'expiration du mandat des délégués. 


Les élections sont annoncées au moins quinze jours ouvrables à l'avance par un avis fixant les lieu, date et heure de début et de fin de scrutin, affiché par les soins de la direction dans les services et accompagné de la liste par catégorie des électeurs et des éligibles.


La liste des candidats à la fonction de délégué établie par catégories est affichée par les soins de la direction, dans les mêmes conditions que précédemment et au plus tard quatre jours ouvrables avant la date fixée pour ces élections.


Les réclamations au sujet des listes d'électeurs ou d'éligibles doivent être formulées à la direction par lettre recommandée ou par écrit contre reçu au moins trois jours ouvrables avant la date fixée pour les élections.


Les listes définitives sont affichées par la direction dans les mêmes conditions que déjà indiqué au moins deux jours ouvrables avant fa date fixée pour les élections.


Un emplacement est réservé, pendant la période prévue pour les opérations électorales, pour l'affichage des communications de service concernant celle-ci.



Art. 14. — Le bureau électoral sera composé des deux électeurs les plus anciens dans l'établissement et du plus jeune présent à l'ouverture et acceptant.


La présidence appartiendra au plus ancien dans l'établissement.



Art. 15. — Le vote aura lieu à bulletin secret dans une urne et en présence du bureau de vote, dans le local désigné à cet effet.


Les électeurs mettront leur bulletin dans une enveloppe de modèle uniforme qui leur sera remise à l'avance.


Toute enveloppe contenant plusieurs bulletins à noms différents sera annulée et annexée, au procès-verbal ainsi que son contenu.


Dans le cas de plusieurs bulletins au même nom, il ne sera compté qu'une seule voix.


Les délégués élus seront ceux ayant obtenu le plus grand nombre de voix. Le premier sera délégué titulaire, le second délégué suppléant. En cas d'égalité, l'avantage sera donné au plus ancien chez l'employeur.


Le dépouillement du vote aura lieu immédiatement après l'heure fixée pour la fin du scrutin.


Les résultats seront consignés sur un procès-verbal en double exemplaire : l'un destiné à être affiché, l'autre à être remis à la direction.


En cas de vacance d'un siège de délégué titulaire, le délégué adjoint devient titulaire et une élection aura lieu pour nommer un délégué suppléant. Le nouvel élu sera nommé pour le temps restant à courir jusqu'au terme qui était assigné aux fonctions de celui qu'il remplacera.



Art. 16. — Les établissements comptant de 11 à 50 ouvriers auront un délégué et un délégué suppléant ; les Établissements comptant de 51 à 250 ouvriers auront deux délégués et deux suppléants ; les établissements comptant de 251 à 1 000 ouvriers auront trois délégués et trois suppléants.



Art. 17. — Les signataires patronaux s'engagent à ne pas licencier, sauf pour cas de faute grave, les délégués pendant la durée de leur mandat."


pays basque autrefois industrie chaussure
USINE CHAUSSURES ONA
HASPARREN AUTREFOIS

A suivre...




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