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mardi 20 juillet 2021

L'INDUSTRIE DE LA CHAUSSURE À HASPARREN EN LABOURD AU PAYS BASQUE EN 1902 (première partie)

L'INDUSTRIE DE LA CHAUSSURE À HASPARREN EN 1902.



Au début du 20ème siècle, la fabrication de la chaussure est la principale activité d'Hasparren.




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CHAUSSURE ONA HASPARREN
PAYS BASQUE D'ANTAN





Voici ce que rapporta à ce sujet le journal La Gazette de Biarritz-Bayonne et Saint-Jean-de-Luz

le 3 octobre 1902 :



"La Chaussure à Hasparren.



La ville de Hasparren est située au cœur du pays basque, au centre des trois anciennes provinces (Labourd, Soule, Basse-Navarre) nettement distinctes par les mœurs, la physionomie, le dialecte. Hasparren compte environ 6 000 habitants. On y remarque une église moderne, — mauvaise œuvre d'architecture qui a coûté fort cher, — une grande communauté de Frères, une maison de missionnaires, et un Calvaire qui s’offre aux excursions des touristes. Hasparren est le siège d’un important marché de bétail qui se tient tous les quinze jours. Chef-lieu de canton, situé à vingt kilomètres de Bayonne, à onze kilomètres de Cambo-les-Bains (gare la plus proche), Hasparren aura, dans quelque dix ans, sa ligne de chemin de fer. 


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CALVAIRE HASPARREN
PAYS BASQUE D'ANTAN


Le maire de Hasparren, M. Harriague St-Martin, est conseiller général, et représente à la Chambre des Députés la deuxième circonscription de Bayonne. Il a été réélu pour la troisième fois, le 27 avril dernier, sans autre concurrence que celle d’un ouvrier du P. O. F. qui a obtenu 33 voix dans toute la circonscription. M. Harriague Saint-Martin fait partie du groupe Méline-Ribot. 


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MORROCHCO  HARRIAGUE SAINT-MARTIN
MAIRE D'HASPARREN



Hasparren est un centre industriel important, que la production française cite, pour la fabrication de la chaussure, après les villes ouvrières de Fougères, Villeneuve et Limoges. L’histoire de cette industrie est intéressante à étudier.



Formation de l’industrie.



Comment le peuple basque, resté volontairement primitif, a-t il des enfants manufacturiers, dont la haute taille se courbe devant l’établi du cordonnier, dont les mains paresseuses se sont accoutumées au maniement de l'alêne ? 



Il n’y a là qu’une apparente bizarrerie ; entre la vie pastorale et la vie industrielle la transition fut très naturelle. 



Le peuple basque eut de tout temps le goût de l’élevage du bétail qui constitue sa principale richesse ; on sait avec quelle facilité il s’est acclimaté dans l’Amérique du Sud, pays essentiellement d’élevage ; il se serait acclimaté de même sur les hauts plateaux algériens si on s’était donné la peine de l’y transplanter. Semblable aux populations bibliques, avec lesquelles on lui a récemment découvert une parenté, le Basque reste de longues heures solitaire et contemplatif devant les troupeaux de moutons et de vaches qu’il mène paître sur le versant des collines. 




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BERGERS
AMERIQUE D'ANTAN



Quand les produits du sol ou de l’élevage étaient privés des facilités de transport que les chemins de fer leur ont données, il fallait nécessairement qu’ils fussent traités sur place : c’est ainsi que se sont créées nos diverses industries régionales ; la tannerie qui s’approvisionnait dans les nombreuses écuries du pays basque, prit une certaine importance à la fin du dix-huitième siècle et au commencement du dix-neuvième ; en même temps et pour les mêmes raisons, l’industrie lainière se développait. 



Mais ces deux industries s’exerçaient dans des conditions très rudimentaires ; quand apparurent les méthodes nouvelles et rapides, quand se multiplièrent les moyens de transport, les industries locales du pays basque ne surent pas se modifier et disparurent. — L’industrie de la laine, qui cependant avait conquis des débouchés lointains, fut la première et la plus profondément atteinte : le nom même de buranguiers (travailleurs de bure) a complètement disparu, et le trafic des laines est aujourd’hui concentré dans une seule maison d’exportation dont les entrepôts sont à Ossès. — L’Industrie du cuir eut un sort identique : il y a quelque soixante ans, tous les villages traversés de cours d’eau possédaient des tanneries actives ; seules les fosses ont subsisté, sans emploi, auprès des maisons devenues désertes ou tombant en ruines. 



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TANNEURS HASPARREN
PAYS BASQUE D'ANTAN



La cause de ces disparitions est le progrès qui a transformé scientifiquement le matériel et les méthodes ; les tanneries de France et surtout celles de l’étranger se sont adaptées aux conditions nouvelles de l’industrie : le pays basque a voulu lutter contre le progrès et il a été vaincu.



Mais tandis que les tanneries disparaissaient, une autre industrie naissait et se développait. 



Les tanneurs du pays basque se targuaient volontiers du titre de corroyeurs. Ils avaient des débouchés en Espagne ; ils atteignaient Pampelune et Cordoue. Les déchets qui n’étaient pas transportables, ou que l’exportation refusait, furent utilisés dans la fabrication d’une chaussure légère, appelée "pacotille", dont l’industrie se concentra à Hasparren



Les débuts furent modestes. De petits cordonniers, les Daguerre, les Hiriart-Urruty, grands-pères des fabricants actuels, les Lorda, etc..., avaient trouvé une spécialité, le chausson recouvert de cuir ; à dos de mulets, ils colportèrent cet article dans les marchés du voisinage. Le faible prix de revient facilitant l’agrandissement de leurs débouchés, ils durent prendre des ouvriers qui se spécialisèrent dans la chaussure mi-fine, et ils ne s’occupèrent, quant à eux, que de la placer. 



De marché en marché et en dépit de la difficulté des transports, ils atteignent Bayonne et Dax. En 1830 la chaussure basque fait son apparition à Bordeaux. C’est un événement. A Hasparren on se passe ce propos : "Lorda a trouvé à Bordeaux les marchands de Bayonne et de Dax. — Dans cette conquête des lointains débouchés, la grand’mère des Amespil se distingua particulièrement ; elle ne savait pas un mot de français ; quand un acheteur lui demandait de quoi était faite sa marchandise, elle répondait en imitant les aboiements du chien ; "Ham ! Ham !" 



A mesure que s’étendait le cercle de leurs relations commerciales, les marchands de Hasparren développaient l’industrie locale. Ils fournirent du travail à leurs amis, petits artisans de la ville et même paysans. On réservait pour ces derniers tous les cuirs faciles à travailler : le chien, le veau blanc, le chameau, et plus tard le mouton bronzé de Beaucaire. Tout était confectionné à la main. Ces cordonniers improvisés alternaient leur nouvelle industrie avec les travaux des champs ; ils avaient comme collaborateurs, ou plutôt comme préparateurs, les femmes et les enfants : d’abord simple passe-temps et amusement des familles. La fabrication de la chaussure devint bientôt à Hasparren l’occupation principale de tous. 



C’est ainsi que ce mode de travail s’est implanté dans la région ; il caractérise la fabrication d’Hasparren qui lui doit sa force, son succès et aujourd’hui encore sa principale résistance. Le même régime se retrouve autour de Besançon pour l’horlogerie, autour de Lyon et de Saint-Etienne pour le tissage des rubans et soieries. — Si l’on veut examiner d’un peu près le fonctionnement de ce régime industriel à Hasparren, il faut remonter à l’époque déjà ancienne où la loi du progrès ne s’y était point encore fait sentir."



A suivre... 




   


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