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lundi 1 avril 2024

LES ORIGINES DU POISSON D'AVRIL EN 1902

LES ORIGINES DU POISSON D'AVRIL EN 1902.


Un poisson d'avril est une plaisanterie, que l'on fait le 1er avril à ses connaissances, à ses amis ou à sa famille.



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POISSON D'AVRIL


Voici ce que rapporta à ce sujet La Gazette de Biarritz-Bayonne et Saint-Jean-de-Luz, le 2 mai 

1902, sous la plume de Jules Delsol :



"Les origines du Poisson d’Avril.



Il vous est certainement arrivé, ami lecteur, une ou plusieurs fois dans votre vie, de vous faire prendre aux attaques du "Poisson d’Avril" Que nenni ! Allons donc ! Vous avez beau vous défendre comme un diable, vous ne me ferez pas croire, mon cher, que vous n’avez pas mordu à l’hameçon. 



Oh ! d’accord ! je ne dis pas que les mystifications du 1er avril ne sont parfois vexantes, méchantes même, mais, comme somme toute, elles ne font en général du mal à personne, le mieux est de se contenter d’en rire. 



Comment donc, ces petites farces que l’on a coutume de se faire chaque année, ces cadeaux que l’on s’envoie mutuellement, sont-ils entrés dans nos mœurs ? Quelle en est leur origine ? 



Si nous recherchons bien, nous remarquons, que dans certains pays, l’ouverture de la pêche a lieu le 1er avril. Comme à cette date, la pêche est assez infructueuse, le pauvre pêcheur revient le plus souvent bredouille, et cela fait dire aux gens : il a pris un poisson d’avril ! 



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SIRENE 1ER AVRIL



Ailleurs, nous lisons dans de vieux documents, qu'en 1564, le roi Charles IX rendit, durant un séjour qu’il fit au Château de Roussillon en Dauphiné, une ordonnance, en vertu de laquelle le commencement de l’année, qui se trouvait fixé alors au premier avril, était reporté au premier janvier. 



Cette décision provoqua une certaine perturbation dans l’envoi des cadeaux. 



Les personnes qui avaient coutume de recevoir le 1er avril ne reçurent plus rien naturellement ce jour-là, et comme il y en avaient qui ne s’accoutumaient que fort mal de ce nouveau système, des amis facétieux s’avisèrent d’envoyer à ces grincheux et mécontents des cadeaux drolatiques, ou des mystifications. Et. comme au mois d’avril, le soleil quitte le signe zodiacal des poissons, nos aïeux donnèrent â ces farces le nom de Poisson d’Avril. 



Quelques chercheurs préconisent aussi cette légende : Certain prince de Lorraine que Louis XII gardait prisonnier au Château de Nancy, s’échappa un premier avril en se jetant dans la Meurthe qu’il traversa à la nage. 



Cette évasion fit dire ironiquement aux habitants : Le prisonnier que les Français avaient à garder, n'était pas un homme, mais un poisson. 



Des érudits, et des plus sérieux, patronnent une autre version, d’après eux le mot poisson, serait une corruption de passion, et, les courses inutiles que l’on fait faire aux mystifiés, ne seraient qu’une allusion à une des circonstances principales de la Passion de Jésus-Christ. Il est avéré, en effet, que, c’est bien le premier avril, que Jésus fut renvoyé du Tribunal d’Anne à celui de Caïphe, de Caïphe à Hérode et d’Hérode à Pilate. 



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JESUS D'HERODE A PILATE
ILLUST MASTROIANNI



Comme on le voit, cette dernière explication est assez irrévérencieuse, mais, comme elle eut cours au Moyen Age. époque ou l’on traduisait en spectacles et divertissements les épisodes les plus respectables de l’Ancien et du Nouveau Testament, on peut l’admettre à la rigueur. 



Quoiqu’il en soit, les attrapes du premier avril ne cessent de se multiplier d’années en années. Il en est de spirituelles, il en est aussi d’absurdes. Dans certains pays, on a coutume d’accrocher dans le dos de son voisin une botte de paille, ou un poisson peint, Dans d’autres, certains restaurateurs, servent à leurs pensionnaires de petits poissons en sucre admirablement façonnés, ou des œufs à la coque imités à s’y méprendre. Or le nigaud, qui a piqué dans le poisson, ou a brisé la coquille de son œuf avant de crier : Poisson d’Avril ! est à l’amende de la traditionnelle bouteille de Champagne. Il y a aussi des pays ou l’on dissimule un poisson dans un gâteau, à l’instar des gâteaux de rois. 



Enfin, ce jour là, est le jour par excellence d’une foule de farces que nous ne pouvons énumérer ici, car cela nous entraînerait trop loin.



Parmi celles-ci on en compte des milliers. Au collège, les naïfs viennent invariablement frapper à la porte de M. le Principal pour savoir ce qu'il désire ; chez les épiciers, on envoie chercher de la corde à lier le vent ; au bazar, on vient demander un moule à guillemets ; chez le pharmacien, de l'huile cotret ou une once d'esprit en bouteille ; chez le droguiste, de la poudre d'escampette ; au marché, un brochet sans arêtes ; chez le libraire, une règle pour tracer les situations ; chez les maçons, une pierre philosophale ; au régiment, une pierre pour enfoncer le mou ; au tribunal, la minute du jugemenl dernier..., et combien d’autres !... 



Les devantures des magasins fourmillent de caricatures de toutes sortes ; on y voit des lettres fantaisistes de mariage, de drolatiques faire-part de décès, des testaments de farceurs, des certificats de tous genres. Aussi, profite-t-on du 1er avril pour adresser à sa concierge ou à sa belle-mère de petits billets et portraits assez pimentés. 



Doit-on se fâcher de ces plaisanteries plutôt bénignes que méchantes ? Non. 



Poisson d’avril est venu au monde sur un éclat de rire. On retrouve dans toutes les farces dont il est accompagné, la finesse, la raillerie et la vieille gaîté gauloise. 



Rions donc tous des poissons d’avril, rions en jusqu’aux larmes, et, si par malheur, nous nous trouvons pincés aujourd’hui, eh bien, cherchons à nous rattraper à l’avril prochain. 



A nigaud, nigaud à demi."





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mardi 12 septembre 2023

LES BALEINES AU PAYS BASQUE DE 1842 À 1902

LES BALEINES AU PAYS BASQUE AUTREFOIS.


C'est au début du 20ème siècle qu'a été tuée, au Pays Basque, la dernière baleine en chaloupe.


pays basque autrefois chasse baleine
BLASON DE LA VILLE DE BIARRITZ
PAYS BASQUE D'ANTAN




Voici ce que rapporta la presse au sujet des baleines aperçues ou chassées au Pays Basque, entre 

1842 et 1902 :



  • La Presse, le 17 février 1842 :

"Basses-pyrénées

Bayonne, 11 février. — Les baleines qui, depuis plus de trois cents ans, avaient abandonné le golfe de Gascogne, viennent d'y reparaître. Ce fait est presque journellement constaté depuis huit jours par les pêcheurs de la côte compris entre Biarritz et le Socoa. Cet événement est l'objet de tous les entretiens. Les marins basques ont toujours eu la réputation d'être au nombre des meilleurs baleiniers."



pays basque autrefois chasse baleine
CHASSE A LA BALEINE
PAYS BASQUE D'ANTAN



  • Le Constitutionnel, le 24 janvier 1854 :

"Les pêcheurs basques, jadis si renommés pour leurs exploits lointains à la pêche de la baleine, viennent de pouvoir se livrer à cette pêche en vue de Saint-Sébastien, le 17 de ce mois. 


"Ce matin vers neuf heures, dit une lettre de cette ville, trois baleineaux furent signalés à l'entrée de la Suricola (faussa baie située à la droite du port). La ville tout entière courut sur les remparts, afin d'assister au curieux et intéressant combat qui allait être livré aux géans des mers par nos hardis pêcheurs.


Bientôt trois chaloupes, montées par douze intrépides marins, se sont présentées et ont cerné les baleines. Pendant deux heures, la population entière a joui d'un émouvant spectacle ; les puissans cétacés ont été poursuivis, attaqués, évités et harponnés ; successivement on les voyait paraître à la surface de la mer, lançant par leurs évents d'énormes jets de sang et d'eau, agiter leur terrible queue, dont le contact aurait brisé les frêles embarcations de leurs ennemis, puis s'enfoncer dans les profondeurs de la mer, en formant un immense remous dans lequel on aurait dit qu'elles voulaient engloutir les hardis marins. A l'aide d'une habile manœuvre, et en filant les forts câbles attachés aux harpons fichés dans leurs corps, les baleines furent, sans prévoir le piège qui leur était tendu, remorquées jusque dans la rade de Saint-Sébastien, où elles furent échouées et achevées. Sur trois baleineaux signalés, deux ont été capturés, le troisième a échappé."


Cet hiver, ajoute le Messager de Bayonne, plusieurs baleines ont successivement été signalées sur nos côtes : à Cap-Breton, à Biarritz, à Saint-Jean-de-Luz, à Saint-Sébastien et à Bilbao."



  • La Gazette Nationale ou le Moniteur Universel, le 2 août 1874 :

"Le Courrier de Bayonne rapporte que dans l'après-midi d'avant-hier, plusieurs étrangers observaient du haut de la côte des Basques, à Biarritz, une masse noire qui flottait près du rivage. C’était une baleine, un cachalot ou cétacé quelconque, plein de vie, qui, après plusieurs allées et venues, s’est échoué, près du gracieux cottage de lady Bruce. Le nommé Greciet, boucher, s’est trouvé le premier sur les lieux, et, usant de ses droits de premier occupant, s’empressa d’attacher une corde à sa queue, afin de ne pas la voir enlever par un coup de mer. Le monstre marin mesure de 8 à 9 mètres de longueur."



  • Le Figaro, le 6 août 1874 :

"... Heureusement, la mer s'est chargée de venir en aide au directeur du Casino. Elle vient de fournir aux baigneurs de Biarritz un spectacle et un but d'excursion. 


Une jeune baleine est venue échouer sur la côte des Basques. Une baleine qui mesure huit mètres cinquante, rien que cela. 


Ayant essayé en vain de la remonter, — on a attelé huit bœufs devant sans pouvoir y réussir, — on l'a solidement amarrée dans le sable où elle est visible tous les jours. 


Naturellement, il y a foule. 


Tous les Basques des environs, sous prétexte à expliquer la baleine, l'exploitent à qui mieux mieux. Il pleut des gros sous autour de ce poisson mort. Les femmes en font le tour avec une curiosité toute particulière. 


— Et dire, s'est écriée l'une d'elles, que c'est avec cela qu'on fait les corsets !"



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CHASSE A LA BALEINE
PAYS BASQUE D'ANTAN



  • Gil Blas, le 14 novembre 1881 :

"On sait que, depuis fort longtemps, les baleines font, au moment de l'hiver, leur apparition sur la côte basque franco-espagnole qui s'étend de Bayonne à Santander.


Il y a quelques jours, une immense baleine, de 25 à 30 mètres de longueur, pénétra majestueusement dans la Bidassoa jusqu'au pont international du chemin de fer d'Irun-Hendaye.


Elle redescendit la rivière après s'être bien nourrie de poissons, poursuivie de près par les barques des pêcheurs des deux nations.


Comme la marée descendait, la baleine se trouva traquée et échoua sur un banc de sable, dans une profondeur de six mètres d'eau, du côté de la côte espagnole, près de Fontarabie.


Alors commença un véritable combat naval ; les douaniers, gendarmes pêcheurs, chasseurs, et amateurs espagnols et français, ouvrirent sur le monstre marin un feu très nourri.


Ce curieux combat était suivi par une immense foule échelonnée sur les deux rives, et bien que les balles sifflassent sur les rivages, il n'y eut aucun malheur à déplorer.


Comme la fusillade ne faisait rien sur la baleine, les marins de la canonnière française stationnée sur la Bidassoa pour la surveillance des pêcheurs voulurent l'abattre à coups de canon ; mais la crainte de violer les eaux les retint.


On télégraphia aux arsenaux de Bayonne et Saint-Jean-de-Luz, pour avoir des harpons et autres engins pour la pêche de la baleine ; malheureusement, la marée, commençant à monter, emporta la baleine, qui, malgré ses blessures, s'en alla majestueusement en haute mer, saluée par une fusillade des mieux nourries."



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ECHOUAGE DE BALEINE
PAYS BASQUE D'ANTAN



  • La Petite Gironde, le 2 novembre 1884 :

"Basses-Pyrénées,

On écrit de Biarritz qu'une baleine énorme est venue à deux cents mètres de la côte des Basques. Elle paraissait blessée. Il est donc probable qu'elle viendra s’échouer sur les côtes.



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ECHOUAGE DE BALEINE
PAYS BASQUE D'ANTAN



  • La Lanterne, le 24 mai 1901 :

"Baleines sur la Côte Basque.


Il y a environ une quinzaine de jours, une jeune baleine, d'environ six mètres de longueur, vint s'échouer dans le port très peu profond de Saint-Sébastien. Le fait était assez curieux, ces cétacés n'apparaissent que très rarement dans ces parages méridionaux.


Mais voici que le fait vient de se répéter. On annonce de Saint-Sébastien que ces jours-ci une baleine d'assez forte taille fut aperçue à l'entrée du petit port de Zarauz, à quelques kilomètres de Saint-Sébastien. Le cétacé se présenta à la marée haute, près d'Orio. Cinq barques de pêcheurs se mirent aussitôt à la mer pour lui donner la chasse. Les barques cernèrent la baleine et les pêcheurs lui lancèrent plusieurs harpons avec bonheur, car une heure après elle avait succombé et était remorquée dans le port de Saint-Sébastien et traînée sur une rampe du quai. La bête a une longueur de douze mètres et une circonférence de dix mètres."



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BALEINE 1863
PAYS BASQUE D'ANTAN



  • La Gazette de France, le 11 novembre 1902 :

"Une baleine capturée.


Saint-Sébastien, 9 novembre. 

— Le bruit s’étant répandu qu’on venait de découvrir une baleine près du port, les pêcheurs de Saint-Sébastien s’embarquèrent, armés de harpons et réussirent à découvrir le cétacé. Ils le blessèrent à plusieurs reprises et le firent échouer sur les rochers. Les embarcations des pêcheurs font la garde autour de leur capture en attendant que la marée permette de faire entrer la baleine dans le port."



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lundi 3 juillet 2023

LA VOIE FERRÉE HENDAYE-IRUN AU TRIBUNAL À BAYONNE EN LABOURD AU PAYS BASQUE EN 1902

LA VOIE FERRÉE HENDAYE-IRUN EN 1902.


En 1902, des négociants Hendayais assignent au tribunal des compagnies de chemins de fer des deux côtés de la frontière franco-espagnole.




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GARE D'HENDAYE 1900
PAYS BASQUE D'ANTAN



Voici ce que rapporta à ce sujet le quotidien Le Droit, le 28 juin 1902 :


"Tribunal Civil de Bayonne. Présidence de M. Villeneuve.

Audience du 3 juin 1902. Chemin de fer. — Voie ferrée entre Hendaye et Irun. — Pont International. — Circulation et transport des marchandises. — Timbre Français. — Perception. — Demande à fin de restitution de sommes. — Rejet. 



La voie ferrée existant entre Hendaye et Irun a beau avoir un caractère international en ce sens que, sur ce parcours, il y a pénétration et circulation, côte à côte, des trains et rails français allant, au-delà du pont international sur la Bidassoa, sur le sol espagnol jusqu'à Irun d'une part, des trains et rails espagnols allant, au delà du même pont, sur le sol français jusqu'à Hendaye, d'autre part ; il y a beau avoir, de par les traités ou la convention internationale du 8 avril 1864, une coexistence en quelque sorte, dans ces quelques kilomètres de rails et voies ferrées reliant Hendaye à Irun, des deux souverainetés française et espagnole, s'exerçant simultanément par leurs services respectifs de douane, de personnels de la Compagnie française du Midi, de Compagnie espagnole du Nord d'Espagne les attributs de la souveraineté territoriale française retenus sur cette portion du territoire (d'Hendaye à Irun) sont trop nombreux et prépondérants pour que le droit de timbre français de 0 fr. 35 et de 0 fr. 70 sur les récépissés, lettres de voiture, etc., accompagnant les expéditions de provenance espagnole à destination d'Hendaye ne puisse et doive être perçu et pour que ces expéditions ne soient pas réputées avoir circulé sur sol français, condition indispensable mais suffisante pour l'assiette et l'application de cet impôt. 



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ARRIVEE DU TRAIN D'ESPAGNE A HENDAYE
PAYS BASQUE D'ANTAN



La démarcation de la frontière franco-espagnole se trouve bien au milieu du lit de la petite rivière, historiquement célèbre, la Bidassoa, à trente-cinq et quelques kilomètres de Bayonne ; par suite, la première moitié du pont international jeté sur cette rivière est française, et la deuxième moitié est espagnole. Mais il n’a pas été possible de faire coïncider les gares extrêmes de la Compagnie française des chemins de fer du Midi et de la Compagnie espagnole des chemins de fer du Nord de l’Espagne, avec tous leurs services d’exploitation de voyageurs, de marchandises, d’expéditions des uns et des autres, d’opérations de douanes, sur ce pont et en ce point précis. En outre, les rails espagnols ont un écartement plus large de quelques centimètres que les rails français. Il a donc été adopté en 1864, pour tout concilier, le modus vivendi suivant :


Le personnel, les rails, les voitures, les trains, de la Compagnie française du Midi, sont autorisés à pénétrer et circuler au delà du point précis précité de la frontière française, et sur sol espagnol, jusqu’à Irun ville et première gare espagnoles ; par réciprocité, le personnel, les rails, les voitures, les trains de la Compagnie espagnole du Nord d’Espagne sont autorisés à pénétrer et circuler, au delà du point précis précité de la frontière espagnole, et sur sol français, jusqu’à Hendaye, première ville et première station françaises ; de telle sorte, les rails français et trains français, les rails et trains espagnols sont établis et circulent côte à côte entre Hendaye et Irun, Irun et Hendaye.


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PONT INTERNATIONAL HENDAYE
PAYS BASQUE D'ANTAN



Les douaniers espagnols et les douaniers français opèrent côte à côte dans ces deux stations extrêmes : Hendaye et Irun ; la force publique est franco-espagnole dans ces deux gares.



Néanmoins, la convention internationale du 8 avril 1864 a réservé la compétence exclusive des Tribunaux répressifs et non répressifs français sur la portion du territoire s’étendant entre Hendaye et le point précis sur le pont de la Bidassoa où coïncident les deux frontières.



C’est en cet état de fait qu’a été soulevée, entre l’administration des Domaines et du Timbre et les industriels français d'Hendaye dénommés au jugement, la difficulté qu’expose et tranche le jugement suivant, rendu sur le rapport de M. Villeneuve et les conclusions conformes de M. Levrat, juge suppléant :



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PONT INTERNATIONAL HENDAYE
PAYS BASQUE D'ANTAN


"Le Tribunal ; 


Attendu que Légarralde et Lapeyre prétendent que l’Administration des Domaines et du Timbre a fait illégalement apposer des timbres de 0 fr. 35 et 0 fr. 70 sur les récépissés, lettres de voilure ou pièces en tenant lieu accompagnant les expéditions de provenance espagnole à destination d’Hendaye. effectuées par la Compagnie du chemin de fer du Nord de l'Espagne ; qu’ils demandent que l’Administration soit condamnée à restituer les sommes indûment perçues de ce chef, provisoirement évaluées à 100 francs ;


Attendu qu’il résulte des articles 10 de la loi du 13 mai 1863, 2 de la loi du 23 août 1871, 11 de la loi du 28 février 1872, 1er de la loi du 30 mars 1872 et du décret du 2 juin 1864 rendu pour faciliter l’exécution de la loi de 1863 précitée, que les Compagnies de chemins de fer sont tenues de délivrer des récépissés timbrés contenant les conditions du transport aux expéditeurs qui demandent des lettres de voiture ; que le droit de timbre de ces récépissés a été porté à 0 fr. 35 pour les transports en grande vitesse et à 0 fr. 70 pour les transports par voie ferrée autrement qu’en grande vitesse ; que des timbres mobiles doivent être apposés sur les récépissés accompagnant les envois venant des pays étrangers ou sur les pièces tenant lieu de récépissés ; que l’opposition et l’annulation sont confiées soit aux receveurs de l’Enregistrement, soit aux préposés des douanes ; qu’un arrêté du ministre des Finances du 7 mai 1864 a expressément autorisé les receveurs des douanes frontières de terre, placés dans les gares des chemins de fer, à apposer les timbres mobiles ;


Attendu que ces dispositions ne renferment aucune distinction ni entre les expéditions qui ont leur point de départ en France ou à l’étranger, pour le paiement des droits de timbre, ni entre les Compagnies de chemins de fer françaises ou étrangères qui opèrent les transports, ni entre les marchandises qui transitent et celles qui sont à destination des habitants du territoire français, quelque courte que soit la distance parcourue entre la frontière et le point d’arrivée ;


Attendu que Lapeyre et Légarralde, négociants à Hendaye, contestent la légalité de l’application des dispositions de lois susvisées aux marchandises transportées par la Compagnie du Nord de l’Espagne dont les rails traversent la ligne séparatrice de la France et de l’Espagne (ligne située dans le lit de la Bidassoa) sur le pont international jusqu’à la gare de sortie, française, d’Hendaye ; qu’ils prétendent que la circulation, sur le réseau du chemin de fer espagnol, s’est effectuée sur une fraction du territoire français dans laquelle les personnes et les marchandises ne sont plus soumises à la souveraineté française et sont affranchies, par conséquent, de l’impôt du timbre grevant en France tout contrat de transport ;



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PONT INTERNATIONAL HENDAYE
PAYS BASQUE D'ANTAN


Attendu, à cet égard, que les deux pays voisins (France, Espagne), dont la frontière géographique, dans le lit même de la Bidassoa, ne leur permettait pas d’édifier une gare au point terminus de leur territoire et qui avaient à tenir compte de la volonté de l’un d’eux (l’Espagne), d’exiger sur son territoire un écartement de rails différent, ont conclu une convention le 8 avril 1864 ; qu’ils ont déclaré régler les mesures de surveillance et de douane applicables au service international des deux lignes à créer, de manière à accélérer le transport des marchandises ; qu’il fut convenu que, sur la route internationale entre la station française d’Hendaye et la station espagnole d’Irun, l’action administrative s'étendrait pour chaque pays, sur la voie qui lui était réservée, jusqu'à la station étrangère, mais que la compétence des Tribunaux judiciaires, si leur intervention était nécessitée par un événement quelconque, n’aurait d’autre limite que la frontière des deux Etats ; qu’il fut stipulé aussi que chaque envoi serait accompagné d’une feuille de route distincte par lieu de destination, relatant le nombre et là nature des colis et destiné à être soumise au visa des employés des douanes ; que les agents des douanes, en fonctions dans la gare étrangère, seraient revêtus de leurs uniformes et porteurs de leurs armes, seraient affranchis du recrutement, des prestations communales, des impositions directes et personnelles, relèveraient de l’autorité de leur pays pour le service et la discipline, et jouiraient, sur la vue de leurs uniformes ou la représentation de leurs commissions, de tous les droits et privilèges que les lois nationales accordent aux agents officiels, ...mais que ces agents seraient soumis aux lois du pays et paieraient les contributions indirectes comme les autres étrangers ; qu’il fut entendu (article 22) qu’il ne serait pas plus dérogé aux lois de chaque pays en ce qui concernait les pénalités encourues dans le cas de fraude et de contravention qu’à celles qui prohiberaient ou restreindraient l’exportation, l'importation ou le transit ;


Attendu que la souveraineté française, sur le territoire où sont posés les rails de la Compagnie espagnole du chemin de fer du Nord d’Espagne, n’a nullement été aliénée par cette convention, en faveur de la nation, de la souveraineté espagnoles ; que les deux gouvernements n’avaient eu pour but que de régler les conditions d'un service de transports ; que les immunités indispensables ont été seulement accordées aux agents de la Compagnie du Nord de l'Espagne et de la Douane espagnole ; que c’est ainsi, par exemple, que la compétence des Tribunaux français a été expressément réservée ; que tous les agents étrangers restent placés, en ce qui ne concerne pas leur service, sous l’autorité des lois françaises et notamment des lois fiscales relatives aux contributions indirectes parmi lesquelles est classé l’impôt du timbre ;



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PONT INTERNATIONAL HENDAYE 
PAYS BASQUE D'ANTAN


Attendu que le gouvernement français n’avait renoncé ni explicitement ni implicitement à appliquer l’impôt du timbre à l'occasion de la circulation des trains de la Compagnie espagnole sur les marchandises venant d'Espagne à destination d’Hendaye ; que le paiement de cet impôt est le prix de la protection qui est due en France aux marchandises, aux agents et aux trains, nonobstant la nationalité Espagnole de ces derniers :


Attendu que la perception, en Espagne, d’un impôt, proportionnel à la distance parcourue, jusqu’à la sortie du réseau et des rails espagnols à Hendaye, sur les expéditions, ne peut empêcher l’Administration des Finances en France d'agir en pleine indépendance sur tout le territoire pour l’application des lois fiscales ;


Attendu que le droit de percevoir l’impôt sur les expéditions de provenance espagnole repose sur l’existence de contrats de transports reconnus par les agents de la douane français et exécutés partiellement en territoire français ; que l’espèce à juger est identique à celle où les rails ayant le même écartement en France et dans des pays voisins de la France autres que l’Espagne, des trains de nationalité étrangère dépasseraient la frontière et viendraient décharger les marchandises dans l’intérieur de la première gare française ; qu’elle est encore identique à celle où des marchandises seraient expédiées d'Irun à Hendaye par la ligne française du Midi, qu’elles provinssent d’Irun ou d’autres points de la région ; qu’on ne saurait admettre, en effet, qu’en utilisant la ligne et les rails espagnols au lieu d’utiliser la ligne et les rails français, on puisse s’affranchir d’un impôt qui doit peser également sur tous les destinataires ;



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PONT INTERNATIONAL HENDAYE
PAYS BASQUE D'ANTAN



Par ces motifs ; 

Déboute Légarralde et Lapeyre de leurs demandes, fins et conclusions et les condamne aux dépens".







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vendredi 3 février 2023

LE MUSÉE BONNAT À BAYONNE EN LABOURD AU PAYS BASQUE EN 1902

LE MUSÉE BONNAT EN 1902.


Le musée Bonnat-Helleu est le musée des Beaux-Arts de la ville de Bayonne (Pyrénées-Atlantiques).




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MUSEE BONNAT BAYONNE
PAYS BASQUE D'ANTAN



Le bâtiment a été construit à la fin du 19ème siècle par l'architecte Charles Planckaert, membre 

de l'Institut.

La première pierre a été posée en 1896 par le maire Léo Pouzac, puis le Musée a été ouvert en 

1897 et inauguré en 1901.



Voici ce que rapporta à ce sujet le quotidien Le Figaro, le 25 avril 1902, sous la plume d'Armand 

Dayot :


"Le Musée Bonnat.

Bayonne, le 20 avril. 



Réalisant un projet de vieille date, l'illustre artiste a légué les inestimables trésors de sa collection d'art à Bayonne, sa ville natale, dont la clairvoyante générosité permit, il y a un demi-siècle, à son jeune talent, plein de brillantes promesses, de se développer librement dans l'étude des musées étrangers, grâce à l'attribution d'une bourse triennale. 



La plus grande partie des merveilles d'art qui faisaient de l'hôtel de la rue de Bassano un des musées les plus rares, mais accessible à quelques privilégiés seulement, est exposée depuis peu de jours à l'admiration du public. 



Elle occupe toute la première galerie du musée de la Ville, désormais le musée Bonnat, superbe édifice construit à la suite d'un concours, d'après les plans de M. Plankaert, et admirablement adapté à sa destination.  



Bientôt la publication d'un catalogue, dont la rédaction a été confiée à l'érudition artistique de M. Gruyer, énumérera les richesses accumulées depuis quelques jours dans le musée de Bayonne, devenu, du même coup, un lieu de pèlerinage de premier ordre. 



Le département des Basses-Pyrénées est décidément riche en centres d'attractions très variées : Pau, Lourdes, Cambo, Saint-Jean-de-Luz, Biarritz, Bayonne avec son musée Bonnat... 


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MUSEE BONNAT BAYONNE
PAYS BASQUE D'ANTAN


Heureux pays !



Nous avons retrouvé ici la plupart des œuvres déjà admirées dans l'atelier du maître peintre, mais exposées cette fois dans une lumière tout particulièrement favorable et qui permet à l'œil d'en saisir les plus délicates et les plus subtiles beautés, aussi bien dans l'inoubliable figure de Vierge de Philippo Lippi, que dans les fraîches et aristocratiques peintures de Reynolds, d'Hoppner et de Lawrence.



Dans cette note de voyage, jetée au courant de la plume, nous ne tenterons même pas une nomenclature complète, des merveilles entrevues en passant et dont tous les journaux d'art parleront bientôt avec les développements indispensables. 



Ce qui donne à la collection Bonnat une valeur d'art presque unique, c'est l'harmonieuse perfection de l'ensemble. A l'encontre de bien des collections particulières dont l'excessive réputation est souvent due à des procédés discrets de réclame usités en vue de spéculations éventuelles, elle doit surtout son aspect idéal au goût éclairé aussi bien qu'à la passion esthétique très pure-et très élevée de celui qui mit de si longues années à la composer. C'est comme un palais magnifique dont les précieux matériaux de construction auraient été choisis un à un, après le plus minutieux examen, par un architecte impeccable désireux de présider lui-même aux moindres détails des recherches nécessaires. 



Songez donc que dans, cette collection, qui compte déjà plus de cinq cents numéros et dont chaque pièce est une œuvre remarquable, sans parler de celles qui sont des chefs-d'œuvre, depuis le Christ de Piero della Francesca, jusqu'au Bellérophon de Rubens et au Seigneur espagnol de Greco, toute l'histoire de l'art, depuis l'antiquité jusqu'à nos jours, est décrite par d'incomparables suites de statuettes égyptiennes et grecques, de vases étrusques, d'ivoires des treizième et quatorzième siècles, de dessins et de peintures des quinzième et seizième siècles français, allemands et italiens, avec Vittore Pisano, Giovanni Bellini, Lucas Signorelli, Pérugin, Botticelli, Ghirlandajo, Léonard de Vinci, Michel Ange, Raphaël, Le Corrège, Veronèse, Primatice... Dürer, Holbein... Clouet, Dumoustier, Poussin, Watteau, Boucher, Lancret, David... 




pays basque autrefois musée labourd
TABLEAU BELLEROPHON PAR RUBENS



Et les admirables esquisses peintes de Rubens et de Van Dyck ! Et les quatre merveilleuses toiles de Rembrandt ! Et l'Homme aux lunettes de Goya ! Et le Duc d'Ossuna, du même peintre ! Et les superbes aquarelles de Géricault, de Charlet, de Barye, de Delacroix ! Et les dessins et les peintures de Decamps, de Chassériaux, de Corot, de Degas, de Daubigny, de Français, de Mélida, de Baudry ! Et les bronzes de David d'Angers, de Barye, de Frémiet !... et caetera



pays basque autrefois musée labourd
TABLEAU L'HOMME AUX LUNETTES
DE FRANCISCO GOYA



Mais c'est d'Ingres surtout qu'il faudrait parler, car la fleur de son œuvre est à jamais déposée dans le musée Bonnat sous les espèces d'une cinquantaine de peintures et de crayons dont l'ensemble, bien mieux que l'amas d'essais intéressants du musée de Montauban, constitue l'expression la plus géniale de l'art du grand peintre. 

pays basque autrefois musée labourd ingres
TABLEAU DE INGRES
MUSEE BONNAT BAYONNE - BAIONA
PAYS BASQUE D'ANTAN


Ajoutons que plusieurs peintures de M. Bonnat, et entre autres l'Idylle, qui figura au salon de 1889, et le beau portrait de Barye, représentent très dignement, avec quelques eaux-fortes, l'œuvre du maître dans le musée qui porte son nom. 



pays basque autrefois musée labourd
PORTRAIT DE BARYE
PAR LEON BONNAT



Il est fort possible que M. Bonnat, dont le pieux attachement à son beau pays basque et à sa ville natale est bien connu, n'ait obéi qu'à un sentiment de reconnaissance — ce dont il faudrait déjà le louer— en léguant ses collections d'art à Bayonne



Mais ce qui est certain, c'est que ce transport de tant de chefs-d'œuvre, de Paris, assez riche en merveilles d'art, dans une des régions les plus éloignées de la capitale, a une portée enseignante considérable, et c'est là un fait indéniable dont se réjouiront tous ceux qui pensent, avec raison que jamais les causes susceptibles de développer la vie de l'esprit ne prendront racine avec assez de force dans les centres vraiment trop déshérités intellectuellement de nos vieilles provinces françaises. 



N'est-ce pas une joie de penser que, dimanche dernier, près de quatre mille personnes visitèrent le musée Bonnat ? 



Quoi qu'il en soit, les angoisses qui, dans l'autre monde, doivent tourmenter l'âme de l'excellent M. La Caze en présence des périlleuses lenteurs mises par les ministères des finances et des colonies, ces deux brûlots, à se détacher des flancs du Louvre, seront épargnées à M. Bonnat. Et ce seul rêve de paix d'outre-tombe eût pu suffire à lui dicter une résolution qui fait en même temps le bonheur de tous et assure l'éternité à ses chefs chefs-d'œuvre."


(Source : Wikipédia)



Le Musée est actuellement fermé au public, en cours de rénovation et d'agrandissement et sa 

réouverture est prévue en 2025.






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dimanche 11 décembre 2022

LA LANGUE BASQUE À PARIS EN 1902

LA LANGUE BASQUE À PARIS EN 1902.


Le Basque (euskara) est  la langue d'Europe occidentale la plus ancienne in situ.

Elle était appelée aquitain, dans l'Antiquité et Lingua Navarrorum (langue des Navarrais).  



communes paris boulevard
PARIS 1902




Voici ce que rapporta à ce sujet le quotidien Gil Blas, le 5 novembre 1902, sous la plume de 

Santillane :



"Le Basque.



Chaque année, au début de l'hiver, le tout Paris littéraire, artistique et mondain est pris d'une véritable rage d'exotisme. Il est convenu qu'on doit adopter un pays et un écrivain étrangers, comme on adopte le raylan et la robe tailleur.



Cette mode prit naissance, il y a quelques années, au théâtre de l'Œuvre, pendant les représentations des pièces d'Ibsen.



Durant tout un hiver, on vit s'entasser, dans la demi-obscurité de la petite salle de l'Œuvre, tout ce que Paris compte de personnalités dans le monde des lettres, des arts, de la politique et de la finance.



L'impulsion était donnée.



Peu de temps après, notre grande artiste, Sarah Bernhardt, toujours à l'affût d'une entreprise artistique quelconque et qui connaissait de longue date le talent de M. Gabriele d'Annunzio, se mit à interpréter elle-même une œuvre du maître, en son théâtre de la Renaissance.



heros italien ecrivain
GABRIELE D'ANNUNZIO


Le grand romancier italien fut tout de suite lancé chez nous.



L'année suivante, tous les suffrages allèrent à la Russie et au grand philosophe Tolstoï.



Après l'Exposition, la vogue passa à l'Allemagne, mais le Parisien, patriote avant tout, ne conserva pas longtemps son admiration pour le peuple de Guillaume II et les représentations en langue allemande de Mme Bartrany, à Marigny annoncées à grand renfort de publicité, échouèrent misérablement.



Puis, ce furent l'Espagne et la Pologne avec Sienkiewicz, qui concentrèrent sur elles, pendant une saison, toute d'admiration des Parisiens.



écrivain polonais prix nobel littérature
HENRYK SIENKIEWICZ VERS 1910


Cette année, c'est M. Lothas et le basque, qui paraissent devoir être à la mode cet hiver.



La pelote va remplacer le lawn-tennis, et nos mondaines se lancent à corps perdu, dans l'étude de la langue basque



Quelques remarques sur cet idiome, si original et si intéressant, me paraissent venir très à propos.



Le basque est une des plus anciennes langues. Cet idiome appartient au groupe des langues agglutinantes. Le basque était la langue nationale des antiques populations de l'Ibérie.



Aujourd'hui, cette langue se parle en Espagne, dans la Haute-Navarre, dans les trois provinces basques appelées : Biscaye, Alava et Guipuzcoa, et en France, dans trois petits pays différents, qui sont : le Labourd, la Basse-Navarre et la Soule, et qui forment environ une moitié du département des Basses-Pyrénées.



La langue basque est très compliquée. Les substantifs se déclinent non pas au moyen de changements flexionnels, mais au moyen de particules suffixes, qui s'agglutinent au radical. Tout substantif peut donner naissance à deux adjectifs du nombre singulier et à deux adjectifs du nombre pluriel.



La conjugaison basque présente beaucoup de difficultés. Les verbes se partagent en quatre classes principales : la première, comprend des verbes passifs ou neutres, sans complément, avec l'auxiliaire (naiz) être ; la seconde comprend les verbes neutres avec complément indirect, singulier ou pluriel ; la troisième, les verbes actifs, sans complément, ou avec complément direct et la quatrième, les verbes actifs à double complément.



Le basque ignore les genres.



Quant à la prononciation, elle est des plus originales et varie suivant les localités.



Le basque, comme le celtique, a contribué à former le roman.



C'est surtout dans les noms de lieu, qu'on a retrouvé les traces.



Il ne faut pas croire, cependant, que tous les mots dont les terminaisons sont en ès, ez, etz, comme Ambès, Castets, sont d'origine basque. Les terminaisons vraiment basques sont : dy, ry, ia, ea, itz, oa, ait.



Voici un exemple de deux mots français d'origine basque :


Anchois, correspondant au mot antzua (prononcez oua), qui signifie sec : (anchois, poisson sec).


Bizarre, byzare, qui paraît venir de la locution bis ara : traduction (qu'il soit un homme). Ce mot signifie successivement : barbu, viril, vaillant, téméraire, brave et fantasque.



Il est à regretter que la langue basque n'ait pas toujours été fixée par l'écriture, car je suis convaincu que nous eussions trouvé chez elle, bien des étymologies curieuses. Le plus ancien manuscrit basque que nous possédions, remonte à deux siècles.



De nos jours, les improvisations poétiques à l'occasion des bals, des baptêmes, sont très en honneur chez les Basques.



Voici la traduction d'un de ces chants :


Peu de femmes bonnes, sont bonnes danseuses, 

Bonne danseuse, mauvaise fileuse,

Mauvaise fileuse, bonne buveuse.

Des femmes semblables.

Sont bonnes à traiter à coups de bâton.



Et combien d'autres cantilènes, amoureuses qui perdraient toute leur saveur en passant dans notre langue !



Un congrès s'est réuni, ces jours-ci, à Fontarabie, pour aviser aux moyens de maintenir la langue basque dans toute sa pureté et la préserver de la submersion par le français et l'espagnol.



Non, le basque n'est pas près de disparaître ! Ceux que les Romains appelaient Cantabri, mot qui signifie, dans la langue basque, chanteurs excellents, khanta-ber, sont encore bien vivants. Et c'est peut-être de ce petit coin de France que sortira le chef-d'œuvre que nous attendons !"




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