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dimanche 11 décembre 2022

LA LANGUE BASQUE À PARIS EN 1902

LA LANGUE BASQUE À PARIS EN 1902.


Le Basque (euskara) est  la langue d'Europe occidentale la plus ancienne in situ.

Elle était appelée aquitain, dans l'Antiquité et Lingua Navarrorum (langue des Navarrais).  


communes paris boulevard
PARIS 1902




Voici ce que rapporta à ce sujet le quotidien Gil Blas, le 5 novembre 1902, sous la plume de 

Santillane :



"Le Basque.



Chaque année, au début de l'hiver, le tout Paris littéraire, artistique et mondain est pris d'une véritable rage d'exotisme. Il est convenu qu'on doit adopter un pays et un écrivain étrangers, comme on adopte le raylan et la robe tailleur.



Cette mode prit naissance, il y a quelques années, au théâtre de l'Œuvre, pendant les représentations des pièces d'Ibsen.



Durant tout un hiver, on vit s'entasser, dans la demi-obscurité de la petite salle de l'Œuvre, tout ce que Paris compte de personnalités dans le monde des lettres, des arts, de la politique et de la finance.



L'impulsion était, donnée.



Peu de temps après, notre grande artiste, Sarah Bernhardt, toujours à l'affût d'une entreprise artistique quelconque et qui connaissait de longue date le talent de M. Gabriele d'Annunzio, se mit à interpréter elle-même une œuvre du maître, en son théâtre de la Renaissance.



heros italien ecrivain
GABRIELE D'ANNUNZIO


Le grand romancier italien fut tout de suite lancé chez nous.



L'année suivante, tous les suffrages allèrent à la Russie et au grand philosophe Tolstoï.



Après l'Exposition, la vogue passa à l'Allemagne, mais le Parisien, patriote avant tout, ne conserva pas longtemps son admiration pour le peuple de Guillaume II et les représentations en langue allemande de Mme Bartrany, à Marigny annoncées à grand renfort de publicité, échouèrent misérablement.



Puis, ce furent l'Espagne et la Pologne avec Sienkiewicz, qui concentrèrent sur elles, pendant une saison, toute d'admiration des Parisiens.



écrivain polonais prix nobel littérature
HENRYK SIENKIEWICZ VERS 1910


Cette année, c'est M. Lothas et le basque, qui paraissent devoir être à la mode cet hiver.



La pelote va remplacer le lawn-tennis, et nos mondaines se lancent à corps perdu, dans l'étude de la langue basque



Quelques remarques sur cet idiome, si original et si intéressant, me paraissent venir très à propos.



Le basque est une des plus anciennes langues. Cet idiome appartient au groupe des langues agglutinantes. Le basque était la langue nationale des antiques populations de l'Ibérie.



Aujourd'hui, cette langue se parle en Espagne, dans la Haute-Navarre, dans les trois provinces basques appelées : Biscaye, Alava et Guipuzcoa, et en France, dans trois petits pays différents, qui sont : le Labourd, la Basse-Navarre et la Soule, et qui forment environ une moitié du département des Basses-Pyrénées.



La langue basque est très compliquée. Les substantifs se déclinent non pas au moyen de changements flexionnels, mais au moyen de particules suffixes, qui s'agglutinent au radical. Tout substantif peut donner naissance à deux adjectifs du nombre singulier et à deux adjectifs du nombre pluriel.



La conjugaison basque présente beaucoup de difficultés. Les verbes se partagent en quatre classes principales : la première, comprend des verbes passifs ou neutres, sans complément, avec l'auxiliaire (naiz) être ; la seconde comprend les verbes neutres avec complément indirect, singulier ou pluriel ; la troisième, les verbes actifs, sans complément, ou avec complément direct et la quatrième, les verbes actifs à double complément.



Le basque ignore les genres.



Quant à la prononciation, elle est des plus originales et varie suivant les localités.



Le basque, comme le celtique, a contribué à former le roman.



C'est surtout dans les noms de lieu, qu'on a retrouvé les traces.



Il ne faut pas croire, cependant, que tous les mots dont les terminaisons sont en ès, ez, etz, comme Ambès, Castets, sont d'origine basque. Les terminaisons vraiment basques sont : dy, ry, ia, ea, itz, oa, ait.



Voici un exemple de deux mots français d'origine basque :


Anchois, correspondant au mot antzua (prononcez oua), qui signifie sec : (anchois, poisson sec).


Bizarre, byzare, qui paraît venir de la locution bis ara : traduction (qu'il soit un homme). Ce mot signifie successivement : barbu, viril, vaillant, téméraire, brave et fantasque.



Il est à regretter que la langue basque n'ait pas toujours été fixée par l'écriture, car je suis convaincu que nous eussions trouvé chez elle, bien des étymologies curieuses. Le plus ancien manuscrit basque que nous possédions, remonte à deux siècles.



De nos jours, les improvisations poétiques à l'occasion des bals, des baptêmes, sont très en honneur chez les Basques.



Voici la traduction d'un de ces chants :


Peu de femmes bonnes, sont bonnes danseuses, 

Bonne danseuse, mauvaise fileuse,

Mauvaise fileuse, bonne buveuse.

Des femmes semblables.

Sont bonnes à traiter à coups de bâton.



Et combien d'autres cantilènes, amoureuses qui perdraient toute leur saveur en passant dans notre langue !



Un congrès s'est réuni, ces jours-ci, à Fontarabie, pour aviser aux moyens de maintenir la langue basque dans toute sa pureté et la préserver de la submersion par le français et l'espagnol.



Non, le basque n'est pas près de disparaître ! Ceux que les Romains appelaient Cantabri, mot qui signifie, dans la langue basque, chanteurs excellents, khanta-ber, sont encore bien vivants. Et c'est peut-être de ce petit coin de France que sortira le chef-d'œuvre que nous attendons !"




Merci ami(e) lecteur (lectrice) de m'avoir suivi dans cet article.

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