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jeudi 15 décembre 2022

L'HISTOIRE DE BOLO PACHA À BIARRITZ EN LABOURD AU PAYS BASQUE EN 1917 (troisième partie)

 

BOLO PACHA À BIARRITZ EN 1917.


Paul Marie Bolo, plus connu sous le nom de Bolo Pacha ou Bolo-Pacha, né le 24 septembre 1867 à Marseille et exécuté le 17 avril 1918 au fort de Vincennes, était un aventurier français.



pays basque autrefois justice espions
BOLO PACHA FEVRIER 1918



Voici ce que rapporta à son sujet le quotidien Le Matin, le 5 décembre 1917, dans plusieurs 

éditions : 


  • dans sa 3ème édition :



"Les millions de l'ennemi.

De nouveaux témoignages sur Bolo.


Deux députés déposent.



Lundi après-midi, le capitaine Bouchardon a reçu les témoignages de deux députés, MM. Ajam et d'iriart d'Etechepare.


député france 1917
DEPUTE MAURICE AJAM



La déposition de M. Ajam a porté sur deux points : 


1° L'attitude de Bolo, lors des troubles de Champagne, attitude que le Matin a longuement déterminée ; 


2° les origines des relations de l'aventurier avec M. Caillaux. 


"Pendant les troubles de Champagne, a déclaré M. Ajam, la Petite Gironde dont j'étais le collaborateur me chargea de faire une enquête sur place. Bolo était alors propriétaire du journal de la Confédération générale des vignerons. Je le rencontrais à Epernay en compagnie des présidents des divers syndicats de vignerons. Je ne cacherai pas qu'il me produisit alors une excellente impression.



De retour à Paris, un de mes amis à qui je parlai de cette affaire, me conseilla d'être prudent, car, disait-il, Bolo est un rasta. Désirant en avoir le cœur net, j'allai prier Bolo de s'expliquer. Celui-ci me déclara qu'il y avait en effet un dossier le concernant à la Sûreté générale mais qu'il démontrerait son innocence si je voulais lui ménager une entrevue avec M. Caillaux, alors ministre de l'intérieur.



J'allai voir M. Caillaux, qui me montra le dossier Bolo. Convaincu, je signifiai à Bolo que je rompais toutes relations avec lui. 



Allez voir le président Monier, me dit-il alors, il vous édifiera en vous apprenant que je suis innocent et que c'est un autre homme qui s'est fait condamner sous mon nom.



Je me rendis chez le magistrat indiqué qui me mit sous les yeux une lettre de M. Panon, dans laquelle ce dernier reconnaissait le fait allégué par Bolo. (Cette lettre, nos lecteurs en connaissent l'histoire détaillée moyennant 2 000 francs, Bolo l'extorqua à son ami d'alors, Panon.)



Le président Monnier s'étant porté garant de l'honorabilité de Bolo, j'en fis part à M. Caillaux. Que se passa-t-il ensuite, je l'ignore. Je ne revis plus Bolo ni le président Monier."



Ce que dit M. d'Iriart d'Etchepare.



DEPUTE LOUIS D'IRIART D'ETCHEPARE



M. d'Iriart d'Etchepare, député des Basses-Pyrénées, ne connut qu'en 1914 le pacha, qui passait chaque année plusieurs mois à Biarritz. Bolo fréquentait en effet chez plusieurs personnes, amies du député de Pau. 



A la fin d'août 1914, à Paris, M. d'Iriart d'Etchepare rencontra Bolo qui paraissait fort ennuyé. Aux questions de M. d'Iriart d'Etchepare, Bolo expliqua que le moratorium, auquel d'ailleurs il ne comprenait rien du tout, le gênait sérieusement : bref, il manquait d'argent. Le député essaya de lui préciser les prescriptions du décret ministériel, et l'accompagna jusqu'à la succursale d'un établissement de crédit, située avenue de Villiers. Là Bolo ne put toucher, conformément au moratorium, que le dixième de son compte courant, soit une somme de 7 000 francs.



Dans cette banque, Bolo se fit apporter des titres de rente française 3%, immatriculés au nom de Mme Bolo. M. d'iriart d'Etchepare crut discerner que le capital de ces titres se chiffrait à plusieurs millions. De 1914 à 1916, M. d'iriart d'Etchepare rencontra encore plusieurs fois Bolo qui se vantait de posséder une grande influence auprès de nombreux personnages, parmi lesquels il citait notamment le khédive Abbas Hilmi.



khedive egypte
KHEDIVE ABBAS HILMI



Enfin, en 1917, M. d'îriart d'Etchepare apprit, par M. Coggia, préfet des Basses-Pyrénées, que Bolo était particulièrement surveillé. Vers le mois de mai, M. Coggia prévint 1e gouvernement que Bolo devenait de plus en plus suspect, et conseilla de rappeler à Paris le pacha qui sinon pourrait bien profiter de sa liberté pour franchir la frontière.



Le député de Pau jugeait Bolo un hâbleur il pense encore qu'il n'a pas assez d'envergure pour avoir organisé et dirigé en France les manœuvres de trahison."



  • dans sa 4ème édition :

"Les millions de l'ennemi.

Déposition de de M. Maurice Barrés.

Les agissements de Cavallini.



Le capitaine Bouchardon a recueilli hier matin, de 10 h. 30 à 11 h. 40, la déposition de M. Maurice Barrès, député de Paris, au sujet du discours qu'il prononça il y a huit jours à la Chambre.


député france droite 1917
DEPUTE MAURICE BARRES


A sa sortie du cabinet du juge d'instruction, M. Barrès nous a déclaré :


Excusez-moi de ne pouvoir fournir à la presse les indications que je n'ai pas cru devoir fournir à la tribune. Tout ce que je puis vous dire, c'est que ma déposition a porté sur le rôle de M. Malvy et sur le Bonnet Rouge.



Un des substituts de M. Bouchardon, le lieutenant Bondoux, a reçu la déposition d'un camarade de régiment de Goldsky, M. Hirsch, qui apporta un témoignage concernant la moralité de l'inculpé.



De son côté, le lieutenant Jousselin, lui aussi substitut de M. Bouchardon, a entendu dans la matinée deux témoins au sujet des tentatives d'achat du Figaro, vers la fin de 1915, par les émissaires de Cavallini. 



L'un de ces témoins est M. Kaufman, banquier, rue de la Boétie. M. Kaufman a raconté qu'il reçut en 1905 la visite de M. Gaston Lebel, publiciste, que Cavallini avait chargé de rechercher et d'acheter des actions du Figaro.



M. Kaufman lui répondit que cette tentative était vouée à l'insuccès, car elle était antifrançaise.


– Vous ne trouverez pas un agent de change, déclara-t-il, pour se prêter à ces manoeuvres.



M. Lebel rompit alors toutes relations avec Cavaliini. Auparavant, il s'était adressé à M. Ley, administrateur du Figaro, lequel a été aussi entendu hier et a fait une déposition qui corrobore celle de M. Kaufman. Il nous en a indiqué le sens à sa sortie du cabinet de M. Bouchardon.

"– Il s'agit d'une vieille histoire, nous déclara-t-il. Les faits remontrent mai et juin 1915. A cette époque, de nombreux courtiers de Bourse cherchèrent à exécuter des ordres d'achat en actions du Figaro. Ils se passaient le mot entre eux et je reçus plusieurs visiteurs qui me demandèrent :

– Avez-vous des actions vendre-ou connaissez-vous des vendeurs ? 


Ma réponse fut négative. Mais le conseil d'administration du Figaro tenait à être fixé sur cette manœuvre. Il nous fut facile de savoir que les ordres de Bourse émanaient d'un nommé Cavallini et une courte enquête nous apprit que ce Cavallini était un agent de Bolo pacha. Or, nous connaissions les relations de Bolo pacha et de Caillaux. Nous étions fixés."



Le lieutenant Bondoux a, d'autre part, entendu un soldat, M. Haase, ancien secrétaire général d'un music-hall, lequel a donné certains détails sur Almereyda.



Dans l'après-midi, le capitaine Bouchardon a reçu le lieutenant Pruvost, du service des traductions étrangères du bureau de la presse, lequel lui a apporté plusieurs articles parus dans la presse américaine au sujet de Hearst.



Il a ensuite interrogé de nouveau Porchère, l'expert-comptable, ami de Bolo. Me Marcel Héraud, qui assiste Porchère, a demanda que son client fût soumis à un examen mental : à la suite d'une fièvre typhoïde, Porchère a eu une hémiplégie et a perdu l'usage de l'oeil droit. Le docteur Roubinovitch a été commis par M. Bouchardon.



Le boche Emmel.



Le capitaine Mangin-Bocquet s'attache surtout présentement à élucider tout ce qui concerne les relations de Paix-Séailles et du Boche Emmel.



Il a reçu hier le témoignage de Mme Gattez, qui fut pendant un an au service des Emmel comme femme de ménage. Emmel, a-t-elle dit, sortait de chez lui le matin et ne revenait que le soir. Elle croyait qu'il gérait des propriétés. Elle a signalé que Mlle Habert, qui avait dans la maison l'emploi d'une demoiselle de compagnie, recevait les visites et le courrier et semblait connaître les habitudes et les occupations des Emmel. 



Mlle Habert a déjà été entendue par le capitaine rapporteur. Elle a vingt-quatre ans et habite 280, boulevard Raspail, chez sa mère, concierge d'un immeuble qui appartient à Paix-Séailles. Au mois de juillet 1914, lorsque les Emmel se rendirent en Allemagne, Mlle Habert les accompagna. Elle assista là-bas à un dîner où des officiers allemands, invités par les Emmel, portèrent la santé de l'Allemagne et du kaiser. Il y eut un assez vif incident, parce qu'elle refusa de se joindre à leurs toasts.



A la déclaration de guerre, Mlle Habert, qui se trouvait à Cologne, réussit à traverser le Rhin en barque et à regagner la France.



En revanche, Mlle Habert a donné, sur l'existence et les ressources d'Emmel, des indications très utiles à la justice.



Emmel vivait avec une femme qu'il présentait comme son épouse. Dans la réalité, il n'était pas marié. Sa compagne était une Anglaise, Mme Deany. Et cela explique comment Paix-Séailles a pu acquitter le loyer de l'appartement des Emmel, situé rue Géricault. Quoique Mme Deany soit volontairement en Allemagne, elle n'en demeure pas moins de nationalité anglaise, et ses biens n'ont pas été mis sous séquestre. Elle avait, dans les sociétés montées par Emmel, un certain nombre d'actions. Et c'est avec l'intérêt de ce capital que Paix-Séailles a payé le loyer de la rue Géricault. 



L'interrogatoire de Desouches.



M. Drioux a continué hier d'interroger l'ex-avoué Guillaume Desouches, le complice de Lenoir. Il a repris le premier interrogatoire, dont il examine et approfondit, successivement chaque détail. L'interrogatoire a pris fin à 18 h. 45."



A suivre...







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