LE MAKILA EN 1925.
Le Makila ou Makhila est un bâton de marche doublé d'une arme appartenant à la culture et à la tradition Basques.
Voici ce que rapporta à ce sujet La Gazette de Bayonne-Biarritz et du Saint-Jean-de-Luz, le 14
août 1925 :
"Le Makila Basque.
Parmi les objets caractéristiques du Pays Basque, se placent en première ligne la ferreta, gracieux vase de bois cerclé de cuivre dont la forme originale en a fait un des ornements de prédilection des intérieurs rustiques et le makila, l'arme basque de jadis devenue aujourd’hui une canne traditionnelle plutôt qu'un instrument de combat.
Le gracieux et robuste makila mérite une étude particulière, et cette étude ayant été fort bien faite par noire confrère espagnol Turismo, sous la signature de M. Martin de Anguiozar, de Saint-Sébastien, nous ne pouvons mieux intéresser et documenter nos lecteurs qu’en reproduisant cet article dont voici le texte :
MAKILA PAYS BASQUE D'ANTAN |
L’origine du bâton comme arme offensive et défensive, remonte sans doute aux premiers temps de l’humanité. La plus grande préoccupation de l'homme primitif devait être de se procurer la nourriture et un gîte, ainsi que le moyen de satisfaire ses passions.
Il s’ensuit que nos premiers ancêtres avaient fréquemment l’occasion d’attaquer ou de se défendre. Dans ce but, ils inventèrent des armes de combat : une grosse branche, un jeune tronc, ou une vieille racine : le formidable makila brandi par eux d'une main puissante.
Ce Makila fut ainsi le bâton du gorille vigoureux, et la première arme du roi de la création dans les temps lointains, bien avant la lance et la hache de l'"aizkolari".
En dehors de son rôle historique comme arme de combat, il a une autre fonction, un autre aspect par lequel l’être humain l’a élevé en dignité, en faisant passer en lui sa noblesse : c’est lorsqu'il a fait d’un bâton ou d’une baguette un symbole de commandement, un insigne de justice, de pouvoir et d'autorité.
L’usage du makila devint peu à peu familiers aux premiers hommes, et l'habileté qu’ils acquirent dans son maniement les conduisit naturellement à l’adoption de certains principes généraux qui servirent de principes à l’art spécial de l’escrime ; de ce progrès dans l’emploi du bâton naquit le "makila".
GANICH AVEC SON MAKILA PAYS BASQUE D'ANTAN |
Que furent sinon des makilas, les sabres de bois des comédies grecques et romaines, devançant l’arlequin italien ?
Le gourdin à deux pointes de fer est familier aux bas Bretons entre les mains desquels il est une arme redoutable. Les Français disent "jouer du bâton" pour exprimer la connaissance de l’art de la matraque pour attaquer ou se défendre, jeu d’escrime très usité anciennement en pays basque, où les pères l’enseignaient à leurs enfants.
L’escrime au pieu plus ou moins poli est traditionnelle dans ce pays.
Le solide makila du pays basque septentrional a évolué avec le temps jusqu’à se transformer en une simple canne de promenade, acceptée et sanctionnée par la société de nos villes.
MAKILA PAYS BASQUE D'ANTAN |
Elle a gardé, de son origine, la réputation d’être terrible lorsqu’elle est maniée par le bras musclé d’un "makilari".
Edouard VII d’Angleterre, devint un admirateur du makila, du jour où l’un de ces bâtons lui fut offert par le Marquis d’Arcangues, un basque.
EDOUARD VII ET CHIQUITO DE CAMBO SARE PAYS BASQUE 1908 |
Cette canne est en bois de hêtre de montagne ou en bois de néflier, en jonc retors ou en nerf de bœuf. Son extrémité est revêtue d’une armature métallique terminée elle-même par une pointe ferrée triangulaire ou quadrangulaire dans sa partie inférieure. La partie supérieure, de diamètre moindre, est constituée par un manche recouvert de cuir et muni d'un nœud coulant permettant de le suspendre au bras ; enfin, la poignée est en corne ou en métal. Cependant, certains exemplaires comportent de nos jours quelques modifications : il arrive qu’à la corne, au métal ou au cuir de la poignée ou du manche on substitue l’argent et parfois l’or. Parfois aussi on grave sur ces métaux précieux d’artistiques incrustations d’Eibar.
MAKILA PAYS BASQUE D'ANTAN |
Enfin, certains makilas dissimulent dans l’intérieur du manche un aiguillon acéré fort utile à l’occasion, pour maintenir à distance les molosses des fermes. Jadis, au cours des foires de bétail qui se tenaient à Bayonne, l’usage du makila occasionnait des incidents fréquents. Aussi, pour éviter de pareils ennuis, la police de cette ville dut-elle en venir à prohiber l'usage du makila.
COUPLE GASCON DONT HOMME AVEC MAKILA |
Dans les concours de "bersolaris" ou "koblakaris" créés au nord des Pyrénées, au siècle dernier, par le regretté Antoine d'Abbadie, celui-ci accordait clés prix en espèces et un makila d’honneur.
TYPE BASQUE AVEC MAKILA |
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