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dimanche 14 février 2021

LE MAKHILA AU PAYS BASQUE EN 1932

LE MAKHILA BASQUE EN 1932.


Le Makila (ou Makhila) est l'outil (l'instrument) inséparable du Basque, lorsqu'il se rend aux foires et aux marchés en ce début de 20ème Siècle.




pays basque autrefois makila
FABRICANT DE MAKILAS MUSEE BASQUE BAYONNE
PAYS BASQUE D'ANTAN




Voici ce que rapporta à ce sujet la Gazette de Bayonne, de Biarritz et du Pays basque, le 26 

novembre 1932 :



"Le Makhila Basque.



Sur notre "bâton national", sur le makhila, le Réveil Basco-Béarnais publie un article, qu’il nous est agréable de placer sous les yeux de nos lecteurs :



Figure fine, nez mince, droit, yeux gris-verts dénotaient la plus pure origine basque chez Jean Ainciart, l’artisan le plus populaire, le plus connu du Pays Basque, le dernier de cette famille de fabricants de makhilas



Hélas ! tout le pays a pleuré, cet été, la mort de cet homme extrêmement modeste et bon, parti après une longue et douloureuse maladie. 



Cependant, je m’étais promis de faire une enquête sur la fabrication et l’origine du makhila pour mes compatriotes de Paris, et je courus un beau soir de septembre, à Larressore. 



Près d’un tout petit fronton ancien à deux faces, ce qui permet de jouer deux parties simultanément, se trouve, au milieu de chênes séculaires, une coquette maison blanche aux portes et fenêtres rouges entourée d’une charmille de bois. C’est là qu’on fabrique, à côté d’une épicerie-mercerie et d’une salle d’auberge, ce bâton qui a couru le monde sous le nom de makhila.


pays basque autrefois makila larressore
MAISON AINCIART BERGARA LARRESSORE
PAYS BASQUE D'ANTAN


— Agur jauna ! (bonjour monsieur). 


— Ongi etorri ! (soyez le bienvenu), me répond un jeune pépère qui promène en ses bras un superbe poupon de quelques mois. C’est M. Bergara, élève, gendre et successeur de Ainciart. 



"La fabrication du makhila a commencé en 1810 ou 1815, me dit-il, par Gratien Ainciart, à Larressore." 



Il était à son origine beaucoup plus longue de nos jours et servait en même temps d’aiguillon, de bâton de montagne et d’arme de défense. 



pays basque autrefois makila
MAKILA
PAYS BASQUE D'ANTAN



J’ai eu dans ma jeunesse un makhila qui avait appartenu au célèbre bandit basque Chirrip, et qu'il portait le sinistre soir où il assassina le domestique d’un docteur de Sare, qui cherchait à défendre son maître. Ce bâton faisait environ un mètre trente ; il était en néflier très mince et très souple, sa lance était à peine plus grande que le clou d’un aiguillon et la gaine en cuivre qui la protégeait était faite pour, tout juste la couvrir. Les cuivres étaient à peu de chose près les mêmes qu’aujourd’hui et le pommeau minuscule était en corne de bœuf. 



A Gratien Ainciart succéda son fils Antoine et, à celui-ci, son fils Jean, dit Manech Killo, en souvenir des quenouilles qui, du temps de son grand-père, voisinaient à l’atelier avec les makhilas.



Grâce à eux, le makhila a porté le nom de l’Euskarie autour du monde et de hautes personnalités de New-York, Londres, Rome, Paris, etc., en possèdent. 



S. Mgr Gieure ne trouva de plus beau cadeau à offrir au Pape Pie X, qui en fut ravi, qu’un beau makhila. Le Prince de Galles en possède un en néflier et argent et son grand-père, Edouard VII, en faisait sa canne préférée. 



La fabrication du makhila a été sujette à une étude particulière. Ainsi le bois de néflier, qui est plus indispensable à sa fabrication que le fameux sou de la légende, est cultivé à Mauléon qui, grâce à la qualité de son terrain, donne un bois plus dur en même temps que très souple. 


pays basque autrefois makila
FEMME AVEC MAKILA
PAYS BASQUE D'ANTAN


La terre du Labourd est trop grasse et donne un bois trop tendre. 



Les arabesques, qui sont toujours en relief, sont obtenues en pratiquant une incision dans l’écorce du jeune arbuste un an avant la coupe. 



Expédié à Larressore, ce bâton est redressé, séché et roussi à la cendre de bois, puis verni en le frottant avec des noix. 



Vient ensuite le travail du cuivre. Celui-ci est débité dans la forme conique du néflier et ciselé de divers dessins basques et légendes, tels que : 


"Nere laguna eta laguntza" (Mon compagnon et mon aide) ; "Nere etsaiaren bildurra" (La terreur de mes ennemis), etc. 



Au bas du bâton on trouve toujours la signature du fabricant. 


pays basque autrefois makila
MAKILA
PAYS BASQUE D'ANTAN


Autrefois, on se servait simplement de la corne de bœuf pour le pommeau, mais aujourd’hui les beaux makhilas sont munis de corne de buffle. C’est-à-dire que sans perdre son caractère primitif, le makhila devient une canne de plus en plus élégante. 



Le manche ou gaine qui renferme la lance est une des particularités qui fait, le charme des connaisseurs. Ceci est la spécialité de Mme Bergara qui tresse le cuir merveilleusement depuis son plus jeune âge, d’abord aux côtés de son père, et aujourd’hui de son mari. 



Il existe plusieurs légendes sur le makhila, et, à en croire certains, il serait le précurseur de la baïonnette. Il aurait en ce cas existé du temps de Louis XIV et celui-ci l’aurait remarqué quand il vint se marier à Saint-Jean-de-Luz



D’autres disent que les Basques repoussèrent les Anglais envahisseurs de Bayonne, à coups de makhila. 



Nombreux sont ceux qui prétendent qu’on reconnaît un vrai makhila d’un faux à l’existence ou à l’absence d’une pièce d’un sou qu’on retrouve souvent au-dessous du bâton. 



Je dis souvent, car nombre de beaux makhilas ne l’ont pas. Moi-même j’en possède deux. L’un signé J. Ainciart 1924, l’autre Ainciart-Bergara. Celui-ci a le sou traditionnel dans le bas alors que l’autre ne l’a pas. Pourquoi celui du maître serait-il moins vrai que celui de l’élève ? 



pays basque autrefois makila
MAKILA MUSEE BASQUE BAYONNE
PAYS BASQUE D'ANTAN



Si les fabricants de makhilas ont mis un sou au-dessous de leurs bâtons, c’est que la rondelle de bronze qui soutient ce qu’ils appellent le trèfle (le bout de fer qui termine), coûterait beaucoup plus d’un sou s’ils devaient la faire à la main. 



D’ailleurs les fabricants de faux makhilas, ceux qui les font avec toutes sortes de bois, moins le néflier, ne manquent pas d’y mettre le fameux sou dans le bas et les armoiries des sept provinces basques sur le pommeau, preuves d’authenticité pour les naïfs. 



Ayant entendu l’appel répété d’un clackson, je quittai l’aimable Bergara qui continuera l’œuvre de ses beaux-parents, aidé de sa jeune femme, en attendant que le superbe poupon qu’il promène sur ses bras lui succède à son tour. 



Et je montai dans l’autobus qui me ramena, à travers un pays merveilleux, à mon coin d’Aïnhoa."



 



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