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dimanche 21 février 2021

LES HARAS DE SALDI-CHOURY À SAINT-PALAIS EN BASSE-NAVARRE AU PAYS BASQUE EN 1909

LES HARAS DE SALDI-CHOURY À SAINT-PALAIS EN 1909.



Les haras de Saldi-Choury ont été fondés, en 1894, par M. F. de Saint-Jayme.



pays basque autrefois haras
PADDOCK SALDI-CHOURY SAINT-PALAIS BASSE-NAVARRE
PAYS BASQUE D'ANTAN



Voici ce que rapporta à ce sujet le journal Le Jockey, le 20 mai 1909 :



"Nous recevons la lettre suivante : 


Saldi-Choury, le 15 mai 1909.



Monsieur le Directeur, 



Vous venez de résumer, dans le numéro du Jockey de jeudi dernier, un arrêt de la Cour suprême relatif à une intéressante question hippique.



Si cette décision ne visait que la Société des courses de Saint-Palais, son retentissement n’excéderait pas les bornes de la région du Sud-Ouest et je jugerais téméraire d infliger ma prose au Jockey et à ses innombrables abonnés et lecteurs,



Malheureusement pour l'institution même des courses, cet arrêt a une portée immense, bien que statuant sur une espèce d’importance infime.



Je reprends les faits brièvement, ces explications ab ovo me semblant indispensables :


Un employé place, à tort, une haie sur la piste, avant la course où son geste eût été correct, c’est-à-dire quand se courait la deuxième et dernière course plate précédant deux courses d'obstacles.



Sur cette haie malencontreuse, le cheval de M. de F... désarçonne son cavalier, tandis que le cheval concurrent, l'ayant franchie, court au poteau.



Notre bonne étoile, un peu ternie cependant, voulut que le champ fût réduit à ces deux partants !


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HARAS DE SALDI-CHOURY SAINT-PALAIS
PAYS BASQUE D'ANTAN



Naturellement, chacun des deux propriétaires réclama le prix, l’un parce qu’il avait passé le poteau le premier, l’autre parce qu'il est évident (en dépit de performances peu concluantes) qu’il eût gagné sans cet accident (?)



Il y avait faute, c’est certain, mais pourquoi les commissaires ont-il plaidé ? Uniquement parce qu’ils désiraient qu'il soit établi par une décision ayant le caractère d'autorité de la chose jugée si des commissaires peuvent être déclarés responsables personnellement de fautes ou manquements de cette nature.



Le Tribunal civil de Saint-Palais et la Cour d’appel de Pau répondirent affirmativement. Il paraît que nous avions eu grandement tort 1° dans le choix de l’employé ; 2° en le surveillant insuffisamment.



Il est, en effet, regrettable que les petites Sociétés de province ne puissent, faulte de monnoie, réquisitionner des employés de Longchamps et d'Auteuil, qui, rompus à ce métier, en accomplissent les rites complexes avec une ferveur avisée !


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HARAS DE SALDI-CHOURY SAINT-PALAIS
PAYS BASQUE D'ANTAN



Quant au manque de surveillance, erreur encore et injustice, car les instructions données aux prolétaires appostés aux haies leur furent redites à satiété en basque, en français et en... patois !...



Ces points rectifiés, admettons, contrairement à la réalité, que les commissaires aient : 1° mal choisi leur personnel ; 2° mal surveillé ces employés. La question qui se posait, et qui a, je le répète, une importance que nul ne contestera, était la suivante :



Quand il y a eu négligence de la part d'une Société de courses et qu'il en est résulté des conséquences dommageables pour quelqu’un, est-ce la Société, qui en est responsable ou les commissaires eux-mêmes, personnellement ?



La Cour de cassation a opté pour la responsabilité personnelle ! Par suite, donnez-vous donc beaucoup de peine, messieurs les commissaires et chers collègues de France et de Navarre, assumez, et de la façon la plus désintéressée, les labeurs et tracas d’organisations de ce genre ! Dévouez-vous, et sans marchander, au bien public !



En récompense, au premier accroc (survenu malgré toute votre vigilance), vous pourrez, à tort ou à raison, être taxés de négligence et condamnés personnellement. A quoi ? Mon Dieu ! les commissaires de Saint-Palais ont eu la chance relative de s’en tirer à bon compte, mais si M. de F... se fût tué, leur aurait-on réclamé moins de 100,000 fr. de dommages-intérêts ? Et, dans le cas où le champ étant nombreux il y aurait eu culbute générale, suivie de plusieurs morts et d’accidents graves ? Qu’en conclure, sinon que pour être, dans ce doux pays, commissaire des courses (très dévoué même et très absorbé, mais nullement rétribué), il est à peu près indispensable ou bien d'être multimillionnaire pour parer à des coups du sort dont nul ne peut, hélas ! se flatter d’être indemne, ou bien d'être parfaitement insolvable, puisque là où il n’y a rien le roi perd ses droits.



Vous voici prévenus, messieurs et chers collègues, commissaires des grandes Sociétés et seigneurs d’importance moindre et variable !



A cette suprême injustice, à ce mal profond, quel remède ? Un seul, à mon très humble avis : l'assurance si toutefois on admet que les Sociétés peuvent, à leurs frais, exonérer des commissaires non rétribués, de toute responsabilité pouvant résulter des innombrables aléas dérivant des courses. Ce curatif pèsera lourdement sur (les budgets modestes, mais combien de commissaires sont milliardaires ou, au contraire, non solvables !



Veuillez, monsieur le Directeur, agréer l’expression de mes sentiments les plus distingués.

F. de Saint-Jayme, 

Ancien juge au Tribunal civil,

conseiller général. 



P. S. — Bien que ce détail n’intéresse que moi, j’ajouterai que le jour desdites courses, voué désormais à une triste... célébrité, j’avais dû, pour cause de grand deuil, m’abstenir d’y assister ; je suis surpris que mon absence n’ait pas aggravé mon cas au point de vue "responsabilité personnelle !"




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