Libellés

samedi 6 février 2021

LES TOMBES DISCOÏDALES AU PAYS BASQUE (troisième partie)

  

LES TOMBES DISCOÏDALES.


L'art funéraire Basque se caractérise par des sculptures sur pierres (stèles discoïdales ou tabulaires, ou pierres tombales), dont les plus anciennes datent de la fin du 16ème siècle.



religion mort cimetière tombes discoîdales
TOMBES DISCOÏDALES
PAYS BASQUE D'ANTAN



Voici ce que rapporta à ce sujet la presse, dans diverses éditions :



  • La Gazette de Biarritz-Bayonne et Saint-Jean-de-Luz, le 20 juin 1922 :

"La tombe Basque.



Hypothèse de l’origine ibérique. - Autres hypothèses : Hypothèse d’archéologue et de constructeur. - Considérations sur la décoration euskarienne. 



Nous sommes heureux de pouvoir reproduire in-extenso et en trois coupures consécutives le texte de l'intéressante conférence faite par notre distingué collaborateur M. H. Godbarge au cours de la dernière réunion de la Société des Sciences, Lettres et Arts de Bayonne. 



Cette étude a pour but de réfuter la thèse soutenue par le savant historien archéologue M. Colas, thèse qui a été exposée dans diverses conférences et publications. 

N.D.L.R. 



pays basque autrefois cimetiere morts
TOMBE DISCOÏDALE
MUSEE BASQUE BAYONNE


Les hypothèses sur l'origine.



M. Colas, dans plusieurs de ses conférences, a exposé les raisons qui, d’après lui, militent en faveur d’une hypothèse, de traditions ancestrales remontant au Ibères, pour expliquer l’origine des stèles discoïdales fréquentes dans les vieux cimetières basques... Des pierres tumulaires semblables auraient été retrouvées dans les pays où ces Ibères laissèrent des traces de leurs invasions. Les anciennes tombes basques seraient les tombes discoïdales, si l’on en juge par les plus anciennes inscriptions ne remontant pas du reste, au-delà du quinzième siècle. Les éléments décoratifs de ces pierres seraient des ornements géométriques, qui se retrouveraient analogues sinon identiques, dans les vieux vestiges attribués à ces Ibères, ou dans les fragments décoratifs inspirés des traditions ibériques, perpétuées dans tous pays envahis par ces peuplades. En particulier, ils subsisteraient dans toutes les contrées qui avoisinent la chaîne des Pyrénées et le bassin méditerranéen : ils se retrouveraient même au Maroc, si j’ai bien compris la pensée de M. Colas sur ce point... En vérité, malgré la sincère admiration que nous professons pour le consciencieux et remarquable travail de M. Colas, ces dernières hypothèses nous paraissent hasardeuses : il nous semble que les exprimer ainsi, c’est aller fort loin dans le domaine des conjectures ; il nous semble que c’est échafauder toute une thèse artistique, avec des éléments insuffisants d’appréciation et, grâce à des déductions qui ne forment pas, que je sache, une chaîne assez continue et serrée. 



Il faut remarquer tout d’abord que cette thèse, qui est une thèse artistique, après tout, est presque uniquement échafaudée sur des réminiscences historiques, dont les données sont bien confuses, et même bien incertaines. Cette thèse artistique, donc, est développée en bannissant le salutaire secours, l’indispensable examen de 1'"expression artistique". 


pays basque autrefois cimetiere morts
TOMBE DISCOÏDALE ESPES
PAYS BASQUE D'ANTAN

Expression artistique.



Or, en pareilles matières, le meilleur guide entre tous les guides, le meilleur fil conducteur, sorte de fil d’Ariane, dans ce labyrinthe éloigné de l’histoire de l’art, c’est l’œil, l’œil éduqué, au service d’une analyse serrée, savante, technique, de professionnels rompus à ces sortes d’examens et experts en les nécessités de métier. Et parfois, l'éducation de l’œil est telle, qu’en certaines circonstances, celui-ci est juge presque infaillible sans le secours de lumières complémentaires. En effet, il y a des perceptions spéciales, des signes manifestes, une divination intuitive, qui deviennent les fruits sains, la moisson certaine d’une longue expérience consacrée aux choses de l’art. Et faire abstraction de ce contrôle efficace, des analogies visuelles, qu’il sait discerner et analyser, c’est marcher, à mon sens, à tâtons, sur une voie incertaine, obscure ; c’est aboutir à des affirmations hasardées, n’ayant pas la portée qu’elles pourraient mériter d’avoir, si, les données sur lesquelles elles ont été étayées, étaient sinon plus certaines, du moins plus nombreuses, plus diverses. 



Ainsi, un exemple de la méthode. Pourquoi détacher les pierres tumulaires basques de tout l’ensemble architectural de l’époque, dans cette contrée, et dont elles font partie intégrante ? En quoi sont-elles différentes des autres pierres architectoniques, où sont incrustés des motifs identiques à ceux des tombes discoïdales ou autres, avec des inscriptions de la même date ?... Il suffit d’examiner attentivement les linteaux des portes, par exemple, des quinzième et seizième siècles, pour en avoir la preuve. Et cependant, bien qu’ils aient, à certains points de vue, des caractéristiques particulières, originales, il ne m'est jamais venu à l'esprit d’attribuer à ce linteau, intéressant une origine ibérique... Sinon origine, du moins influence ibérique, dit M. Colas, si j’ai bien compris sa pensée... 


pays basque autrefois cimetiere morts
TOMBES DISCOÏDALES MUSEE BASQUE BAYONNE
PAYS BASQUE D'ANTAN


Influences moyenâgeuses.



A quoi, je réponds, mais pour quoi n’y aurait-il pas influence du moyen-âge, puisque nous sommes à cette époque ? Pourquoi pas influence de milieu, selon la thèse chère à Taine, l'éminent philosophe et critique d’art, puisque tous les éléments décoratifs, analogues à ceux de la tombe basque, apparaissent à cette époque gothique, en pays basque ; éléments dont quelques-uns, manifestement, sont presque les copies de certains qui entraient dans la composition des productions architecturales des provinces voisines. 



Le linteau basque ci-dessus mentionné, comme la porte, à longs claveaux, en forme d’ogives, apparut à la même époque que les encorbellements, que les meneaux d’indéniable provenance moyenâgeuse. Et avec les motifs du linteau de la tombe, avec les soleils, les roses, les croix, naquirent les accolades de platebandes ou des sablières qui, certes, indiscutablement, sont de l’époque gothique, en tous endroits des provinces françaises. 



Pourquoi donc croire que ces cercles, ces hexagones, ces pentagones, ces figures géométriques aux arrangements très simples qui constituent les principaux thèmes décoratifs de l'art basque, soient dus à des survivances ancestrales très reculées, alors qu’à cette époque, ils constituent les thèmes fréquemment employés, en toutes régions ? Je dois m’empresser d’ajouter qu’ils sont, du reste, analogues, sur bien des fragments de l’époque romane, voire même de l’époque mérovingienne."



A suivre...



Merci ami(e) lecteur (lectrice) de m'avoir suivi dans cet article.

Plus de 5 500 autres articles vous attendent dans mon blog :

https://paysbasqueavant.blogspot.com/


N'hésitez pas à vous abonner à mon blog, à la page Facebook et à la chaîne YouTube, c'est gratuit !!!

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire