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lundi 8 février 2021

TROIS PROJETS DE BARRAGE SUR LA NIVE AU PAYS BASQUE EN 1929

DES PROJETS DE BARRAGE SUR LA NIVE EN 1929.


En 1929, il y a des projets de barrage en Basse-Navarre.




pêcheurs nive pays basque autrefois
BULLETIN DE LA SOCIETE DES PÊCHEURS DE LA NIVE N10



Voici ce que rapporta La Gazette de Biarritz-Bayonne et du Pays basque, le 8 juin 1929 :



"Les Nives sont menacées. 

Mais voici une protestation. 

C'est celle de la Société des Pêcheurs de la Nive qui demande si l’on va laisser tarir nos rivières et supprimer la pèche.



Nous avons reçu la protestation sui vante : 



Trois projets de barrages viennent d'être déposés par une Société métallurgique qui se propose de créer à Banca une aciérie électrique. 



D'après ces projets, la Nive de Baïgorry serait captée à Banca, mise en conduite forcée et amenée à Saint-Martin d’Arrossa ; la Nive de Saint-Jean-Pied-de-Port captée en aval de cette ville et amenée à Saint-Martin d'Arrosa. 



Les deux rivières seraient ainsi à peu près totalement asséchées, l'une sur neuf kilomètres, l'autre sur quinze kilomètres. 



On doit bien se rendre compte de ce que cela signifiera. D’un côté : un intérêt particulier, étroitement même particulier puisqu'il s’agit là de courant destiné à une usine. 



De l'autre : une masse d'intérêts généraux anéantis. 


pêcheurs nive pays basque autrefois
BULLETIN DE LA SOCIETE DES PÊCHEURS DE LA NIVE N1




C’est la suppression totale du saumon dans le bassin de la Nive, car 90% des frayères sont sur les parties asséchées. 



Résultat : atteinte considérable à l'industrie touristique de toute la région basque, car le saumon, dont les montées vont s'accroître à partir de 1930 grâce aux mesures prises depuis cinq ans, constitue une attraction très importante pour créer une clientèle hors saison. 



Les hôtels de Biarritz, Saint-Jean-de-Luz et de toute la vallée de la Nive s'en sont maintenant rendu compte. 



Pour les inscrits maritimes du quartier de Bayonne, ce sera une diminution considérable des prises et probablement l’impossibilité d'équilibrer chaque année leur budget. 



Il y aura en même temps accroissement de nos importations, car Paris, seul, importe plus d'un million de kilos de saumons frais expédiés d'Allemagne et de Hollande. 



Or la pêcherie de Bayonne pourrait dans quelques années fournir à elle seule une bonne part de cette consommation. 


pêcheurs nive pays basque autrefois
BULLETIN DE LA SOCIETE DES PÊCHEURS DE LA NIVE N4



Pour la truite, même désastre, car là aussi sont les frayères, en même temps que la grande réserve qui fournit les grosses truites à tout le bassin. 



Le rendement actuel de ces rivières est annuellement de 100 à 200 kilos de truites au kilomètre, chiffre très inférieur à ce que l'on peut obtenir avec le repeuplement rationnel, puisqu'en Suisse on est arrivé dans des rivières analogues à des rendements de 500 kilos de truites au kilomètre. A 30 fr. le kilo, cela représente un revenu considérable, car non seulement vingt-quatre kilomètres seront rendus stériles, mais en aval la truite disparaîtra, tandis qu'en amont toute migration sera supprimée, donc diminution importante. 



Ce sont des centaines de pêcheurs de toute classe atteints dans leurs ressources ou dans leurs intérêts. 



Ruine des hôtels, décadence du commerce local, tout cela doit-il plier devant un seul intérêt particulier ? 



Enfin, que restera-t-il de la beauté de ces vallées lorsque les eaux qui en font tout le charme auront disparu ? 



Nul ne peut rester insensible à la splendeur de la vallée de la Nive de Baïgorrv, c’est un des sites les plus merveilleux de France. Que l’on vienne des Landes ou de la région des Gaves on éprouve le même sentiment d'admiration, on comprend mieux tout l’attrait qu'exerça ce coin de terre sur toute une race. 



Et voilà ce que l'on veut supprimer ! 



Nous demandons aux municipalités de la Côte Basque qui doivent tant à l’arrière pays, aux Syndicats d'Initiative, aux Syndicats d'hôteliers, à tous ceux qui estiment que l'industrie ne doit point tout détruire, de s'opposer énergiquement à semblable dégradation. 



Quant à nous, Société des Pêcheurs de la Nive, qui avons construit pour 60 000 francs de pisciculture, nous qui possédons presque tous les droits de pêche privés ou publics, qui avons déversé dans cette région plus de trois cent mille petites truites, nous ne permettrons pas que l'on anéantisse notre œuvre. 



Nous chiffrerons tous les dommages causés, nous montrerons à tous ce qu'on leur doit comme indemnités et, comme pour le barrage de Narp, on devra encore reconnaître qu'il y a des richesses que l'on ne peut détruire."



Merci ami(e) lecteur (lectrice) de m'avoir suivi dans cet article.

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