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mardi 2 février 2021

LA SALINE D'AINCILLE-AINTZILA EN BASSE-NAVARRE AU PAYS BASQUE AUTREFOIS

 LA SALINE D'AINCILLE AUTREFOIS.


La source salée d'Ugarré, dite aussi saline d'Aincille est connue depuis de nombreux siècles.



pays basque autrefois basse navarre
BLASON D'AINCILLE BASSE-NAVARRE
PAYS BASQUE D'ANTAN




Voici ce que rapporta la Gazette de Bayonne, de Biarritz et du Pays basque, le 30 janvier 1932 :



"Une Saline basque... au XIII siècle 



Il se peut que l'oubli ait dans la pensée du lecteur bayonnais, passé sur une information — dame, elle date déjà de quelque temps ! — où Le Flâneur notait une agréable coïncidence. 



Dans le port de Bayonne, tout près du hangar de la Chambre de Commerce, amarrée à un ponton, depuis témoin d’un événement tragique, une goélette était amarrée, qui s'appelait La Flaneuse. Elle nous venait d'un port de Bretagne, de Morlaix autant qu’il nous souvienne, pour se charger de sel destiné aux pêcheurs morutiers. 



On l'y revit à différentes fois.



Nos salines n'ont pas perdu leur réputation. Qu'elles soient utilisées au point de vue thermal, comme à Salies ou comme à Biarritz, qu’elles aient leurs puits à Briscous ou à Mouguerre, elles sont encore — elles pourraient être davantage peut-être — d'un bon rapport. Leur réputation est ancienne. Il n’est pas longtemps que M. René Cuzacq, professeur au Lycée de Bayonne, y consacrait une attachante étude dans Gure Herria.  


"Pour aujourd’hui, disait-il, c’est d'une petite saline du Pays Basque à la fin du dix-huitième siècle que nous voudrions quelque peu parler. 


Il s'agit en l'espèce de la saline d'Aincille, à peu de distance au sud-est de Saint-Jean-Pied-de-Port. Curieux régime que le sien ! Elle appartenait aux habitants de temps immémorial, et malgré la tendance qu’avait l’Etat à exercer un droit éminent de propriété sur toutes les mines existantes, cette humble paroisse du Pays Basque avait pu entièrement démontrer la légitimité et la franchise de sa saline : le droit de ses habitants avait été reconnu une première fois par arrêt du Conseil du 22 mai 1672, par une sorte de dérogation à la grande ordonnance de 1669 sur les forêts. Continuant ses usurpations, le Domaine n’en donnait pas moins la source salante en adjudication à Pierre Bourgeois (8 juin-28 septembre 1683). Le syndic des Etats de Navarre s'empressa de porter la protestation du pays auprès du roi ; celui-ci lui donna raison le 15 juillet 1687. Une confirmation ultérieure et définitive eut lieu en avril 1694, rendue nécessaire par les mesures générales prises en juin 1691 et août 1692 à propos des vins, eaux-de-vie, cidres et "autres liqueurs". Au regard des agents du Domaine, l'eau salée rentrait évidemment dans cette dernière catégorie "


"Mais, continue M. Cuzacq, laissons de côté ces luttes acharnées qui soin bien dans la tradition de l’ancienne France. Non moins curieux était le mode d’exploitation ; il rappelait de près celui des parts-prenants de Salies. Au Pays Basque, la maison, l'etche, est la cellule fondamentale ; la source salante est la propriété des chefs de maison, du moins des chefs des maisons anciennes, du temps où se constitua la propriété collective de la source. L’auteur auquel nous empruntons cette description, et sur lequel nous aurons l’occasion de revenir ici même, s’est grossièrement trompé à ce sujet : les ayant-droits de la saline d’Aïncille étant 29 en 1785 ; il croyait pouvoir en déduire que la paroisse avait 29 habitants à l’origine ! En réalité, c'est 29 maisons qu'il convient de dire, 29 familles qui se transmirent héréditairement le privilège du sel à travers les siècles, et dont les intérêts étaient représentés par les maîtres de maison. 



Mais hélas ! au long des âges, il était arrivé qu’une maison, une etche, vendit sa part de la source, comme nous vendons aujourd’hui une action de quelque entreprise ; au besoin, c’étai. un fragment de "part" qui avait été cédé. En 1785, deux parts et demi restaient seulement aux habitants ; le reste était devenu l'apanage, jalousement et orgueilleusement conservé, de quelques seigneurs et de riches bourgeois de Saint-Jean Pied-de-Port.



Il en résultait un inévitable conflit. Les habitants prétendaient n’avoir aliéné que la "jouissance" de leur possession. La prescription jouait-elle, ou non, contre eux ? Un procès était imminent en 1785. Pourtant, c’était seulement à 360 livres de capital qu'était évaluée chaque part ou "portion". Ces parts étaient d'ailleurs affermées ; le fermier devait donner au propriétaire 8 à 10 conques de sel par an, la conque correspondant à un poids de 58 livres et se vendant 3 livres quatre sols. Cette quantité de sel correspondait de son côté à environ 1 conque à chaque vidange de puits. 



Le puits était profond de 15 pieds, soit seulement 5 mètres ; son diamètre n’atteignait pas un mètre. On le vidait sept à huit fois par an, en puisant l’eau salée dix jours de suite, après quoi l'eau perdait la salure suffisante. Ce degré de salure ne devait pas être très élevé à Aïncille, puisque, plus précisément, on commençait par vider le puits ; cette première eau n'étant pas assez salée, on laissait le puits se remplir pendant trois jours ; c’est alors seulement que le puits fournissait pendant une dizaine de jours, à l’aide de seaux ayant en mesures modernes 25 cm x 25 cm, l’eau oui allait être évaporée dans les chaudières. Le puits était ensuite laissé en repos pendant cinq ou six semaines ; puis l’opération recommençait. 



Il fallait treize seaux peur remplir une chaudière, et chaque chaudière en recevait une dizaine pour son alimentation durant la journée ; au cours d'un même jour, on retirait deux fois le sel de chaque chaudière, pour obtenir à chaque retrait une récolte d'une demi-conque de sel, soit 29 livres ; pour chacune de ces demi-conques, il avait fallu consommer 4 quintaux de bois des forêts communales. L'on sait à ce sujet comment forges, salines et verreries étaient au dix-huitième siècle de redoutables consommatrices d’arbres à l’intérieur du pays ; la disette de bois était alors un danger redoutable. Ce travail d’évaporation durait du mardi au samedi, les chaudières, se reposant ensuite, et la dernière eau salante étant versée à la fin de l’opération. Il ne restait point d’eau-mère dans les chaudières quand le travail était fini. 



La carte des gabelles qui figure sous la cote 2087 à la bibliothèque de la ville de Bayonne fait foi de ces renseignements."


 



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CARTE DES GABELLES



On voit que les salines n'ont pas cessé de tenir une place importante dans la vie économique et familiale du Pays Basque. Quelles ressources on leur peut devoir encore, dans le présent et dans l'avenir !"



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