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lundi 22 février 2021

LE MAIRE DE BIRIATOU ET LE CURÉ SANTA CRUZ AU PAYS BASQUE EN 1873 (troisième et dernière partie)

 

SANTA-CRUZ ET LE MAIRE DE BIRIATOU.


Le curé Santa Cruz , guérillero carliste, était un personnage hors du commun, considéré en Navarre comme un héros populaire, alors que ces adversaires le surnommait "le curé cabecilla" (le curé meneur ou leader), bandit en soutane ou encore "saint cabecilla" ou "saint homme qui s'approprie charitablement le produit de ses rapines".





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CURE SANTA CRUZ 1872


Voici ce que rapporta à ce sujet le journal La Patrie, le 1er août 1873, sous la plume d'H. 

Castillon :


"Huit jours de séquestration par ordre de Santa-Cruz.



II. 

Béhobie (France), juillet 1873. 



Nous arrivâmes enfin au nouveau poste-caserne, où on nous mena dans un sous-sol creusé dans le roc, une véritable caverne, où nous passâmes la nuit sous les regards de quatre factionnaires. Il nous fut impossible de dormir en ce lieu humide où tout contribuait à rendre le sommeil impossible. La fougère qui nous servait de lit était remplie de vermine, une chandelle de résine qui éclairait ce souterrain répandait dans cet espace étroit une fumée et une odeur nauséabondes ; enfin, le plancher qui se trouvait sur nos têtes retentissait, pendant toute la nuit, du piétinement des soldats de Santa-Cruz, qui dansaient, chantaient ou se disposaient à partir pour leurs expéditions nocturnes.



Mais ce qui contribua à nous rendre ce séjour très suspect, c’était les récits que les gardiens se faisaient entre eux. A vingt pas de ce poste-caserne se trouve l’endroit affectionné par Santa-Cruz pour ses exécutions sommaires. Deux mois auparavant, une jeune femme de Renteria, accusée d’espionnage y avait été fusillée ; le mécanicien français qui fut enlevé par les carlistes au déraillements du train, à Béasain, dont on n’a plus entendu parler, y avait été passé par les armes ; deux prisonniers sur trois avaient été tués en ce lieu néfaste, huit jours auparavant ; enfin, la veille de notre arrivée, une jeune fille de seize ans, sur laquelle on avait trouvé une lettre que Santa-Cruz avait déclarée suspecte, venait de recevoir, la veille, 60 coups de palos (bâtons) ; elle succomba à cet horrible traitement, le jour même de notre arrivée à ce poste-caserne, qu’entourent les tombes de tant de personnes assassinées.


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CURE SANTA CRUZ ET SES GUERILLEROS

Le lendemain, nouveau voyage. Cette fois au lieu de monter, nous descendîmes.



Nous étions trempés, et nos habits ruisselaient d’eau. Ce fut dans cet état affreux et exténués de fatigue que le commandant de ce poste, au lieu de nous conduire dans l’intérieur du bâtiment, nous fit assister à la revue qu’il passa d’environ cent hommes, dont vingt, tout au plus, étaient armés de mauvais fusils ; les autres n’avaient que des bâtons. Comme nous paraissions étonnés de ce singulier armement, le commandant, jeune homme d’une vingtaine d’années, eut la gracieuseté de nous dire :



—- Ce sont des volontaires arrivés depuis hier ; j’attends des fusils pour les armer !



Parmi ces volontaires, j’en remarquai une trentaine, au moins, qui n’avaient que quatorze ou quinze ans ; six ou sept avaient dépassé la cinquantaine ; les autres étaient dans la force de l’âge. La revue terminée, on nous introduisit dans l’intérieur du bâtiment, où notre condition de prisonniers ne changea point ; elle y fut ce qu’elle était depuis six jours.



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LIVRE LA CROIX DE SANG
DE GAËTAN BERNOVILLE


Nous étions gardés à vue. Le jour, un balcon en forme de cage nous servait de lieu de promenade ; la nuit, nous couchions dans des souterrains, sur des fougères desséchées, en compagnie des volontaires, qui chantaient, dansaient, se battaient ou faisaient jouer les batteries de leurs fusils.



Comparativement à notre situation, Gil-Blas, dans la caverne de Rolando, était dans un lieu de délices. Quant à notre nourriture, elle était à l’avenant, c’est-à-dire soumise aux éventualités toujours incertaines de l’approvisionnement du cantinier.



Le lendemain de notre arrivée, le jeune commandant, qui parlait quelque peu le français, et qui en tirait vanité vis-à-vis de ses subordonnés, voulut bien nous apprendre que ce poste-caserne, perdu dans les montagnes, était le plus éloigné de tous ceux qui composaient le camp d’Achulégui et le plus rapproché d’Oyarzun, que Santa-Cruz devait attaquer la nuit même.



En nous transférant en cet endroit, Santa-Cruz avait projeté de se débarrasser de nous de la manière suivante : si la bande était repoussée par les troupes régulières jusqu’au seul poste où elles pouvaient avancer, nous étions tués ou par elles ou par ses hommes qui en avaient reçu l’ordre, et dans l’un et l’autre cas, la responsabilité de notre mort devait être attribuée aux troupes. Telle était la combinaison diabolique qu’il avait méditée. Heureusement pour nous, l’attaque d’Oyarzun n’eut lieu que le lendemain de notre mise en liberté. La cause qui l’avait fait différer m’est inconnue.



Ce ne fut que le surlendemain, vendredi, et après un nouveau voyage bien plus pénible que les précédents, que nous fûmes mis en liberté.



A qui devions-nous notre délivrance ? On m’assure que le gouvernement français, cédant à la demande de Santa-Cruz, lui aurait accordé la liberté des internés, pour lesquels il nous retenait comme otages. Je ne puis le croire. Pour ma part, j’eusse préféré être fusillé que de consentir à ce que le gouvernement de mon pays acceptât les conditions d’un chef de bande.



Je ne ferai pas l’injure au parti carliste honnête, celui que représentent Dorregarai, Ellio, Lizarraga, Ollo et les autres braves cabecillas, de croire qu’ils pactisent avec Santa-Cruz et qu’ils le comptent dans leurs rangs. S’il en était ainsi, leur cause serait perdue d’avance. Ils doivent se séparer ouvertement de ce fanatique, qui, sous le prétexte de l’insurrection carliste, ne cherche qu’à assouvir son ambition, ses passions cachées et ses appétits sanguinaires. Pour eux comme pour les honnêtes gens de tous les partis, Santa-Cruz n’est qu’un chef de brigands et de bandits."



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