LE CURÉ SANTA CRUZ HÉROS POPULAIRE OU BANDIT EN SOUTANE.
En effet, c'est un sacré personnage dont je vais vous raconter l'histoire aujourd'hui.
Le curé Santa Cruz (Sainte Croix, pour un curé, cela ne s'invente pas !), guerillero carliste, était une personne hors du commun, considéré en Navarre comme un héros populaire, alors que ces adversaires le surnommait "le curé cabecilla" (le curé meneur ou leader), bandit en soutane ou encore "saint cabecilla" ou "saint homme qui s'approprie charitablement le produit de ses rapines".
CURE SANTA CRUZ |
Une pastorale, due au Révérend Père Jules Casenave-Harigile : Santa Cruz, a été représentée à Sainte Engrâce (en basque Urdatx ou Santa Grazi), en Soule, en juillet-août 1992, mettant en relief le caractère exceptionnel de ce personnage.
Manuel Ignacio SANTA CRUZ y LOIDI était né à Elduayen (Elduain en basque), en
Guipuzcoa, près de Tolosa, le 25 mars 1842 dans une famille humble.
Orphelin très jeune, il fut élevé par son oncle, prêtre, qui l'envoya au séminaire d'où il sortit prêtre en 1866.
Il devint curé d'Hernialde, village proche de Tolosa.
Il est dénoncé en 1870, lors de la première tentative carliste pour avoir surveillé un dépôt de fusils et il doit s'enfuir, et il erre dans les montagnes et en France, entre 1870 et 1872.
Il demeura quelque temps à Urrugne et fut même interné à Nantes.
Suite à son appel, en 1872, trente mille hommes rejoignirent Don Carlos aux cris de "Vive le Roi".
Lorsque le général carliste Don Eustaquio Diaz y Rada arriva à Ascain (Labourd) en avril 1872, Santa Cruz se joignit à lui et passa de l'autre côté de la frontière par le col de Lizuniaga (Sare).
D'un caractère humble et modeste, il sut se concilier l'affection de ses amis; austère dans sa morale rigide, inébranlable dans ses convictions, il crut en Dieu, puis en la patrie.
Participant à toutes les embuscades, le curé carliste, chef de bande, se repliait au Pays Basque Nord après chaque coup de main ; il se cachait habituellement à Saint Jean de Luz-Ascain, soit chez son ami Isidro Ortiz Urruela, à Serres, soit, avec sa cavalerie, dans le bois de la propriété Haranedera, à Ascain.
Les désastres militaires s'enchaînèrent pour les carlistes et la convention d'Amorovieta fut signée entre les deux parties, entraînant la dispersion de l'armée dans tout le territoire.
Santa Cruz rentra en France, où il ne resta qu'une semaine.
D'aucuns diraient aujourd'hui qu'il avait la bougeotte.
Lui, voulait continuer le combat et il revint offrir ses services d'aumônier aux "catholiques".
Lors d'un combat, il fut fait prisonnier, condamné à mort et on voulait le fusiller.
Par quel miracle, on ne le sait pas , il réussit à s'évader par une fenêtre.
En fuite, il se cacha douze heures dans un marécage et il rentra en France.
Pour lui, "mugarik ez", pas de frontière...
CURE SANTA CRUZ 1872 |
Le premier décembre 1872, avec trente hommes déterminés, il repassa la frontière et il réalisa de nombreux raids sanglants qui entraînèrent massacres et représailles.
6 jours après, il arrêtait le train-poste à quelques kilomètres de St Sébastien (Donostia) et on apprenait à Madrid avec stupeur que la guerre carliste reprenait.
Le coup hardi de Santa Cruz déclencha une explosion de rage chez les libéraux et d'ardeur patriotique chez les catholiques.
Santa Cruz parcourut les villages pour recruter des hommes, peu ou point armés.
Très vite, ils eurent d'excellents fusils Remington et une abondante provision de cartouches.
Vêtus pour la plupart de haillons, Santa Cruz les fit habiller et porter vareuses et pantalons de France, avec ses ressources et celles qu'il s'était appropriées.
Les hommes recrutés devinrent des soldats organisés et armés.
Il lui manquait de l'artillerie et il se procura deux canons, puis trois autres ensuite rapidement.
La légion de Santa Cruz portait le nom de légion noire.
Elle était composée de jeunes gens vigoureux, qui adoraient leur chef et étaient pleins de confiance en lui.
Santa Cruz était un marcheur infatigable, qui faisait bouger sa troupe au gré des événements.
Tous les soirs, la prière était récitée pour le Roi Carlos-le-Désiré.
A quoi ressemblait le curé Santa Cruz :
"autrefois, maigre et frêle, il a pris de l'embonpoint depuis le commencement de la guerre ; son oeil qui brille étrangement nous fait deviner l'énergie de l'homme. Il est revêtu d'un veston noir et porte autour de la taille, comme écharpe, la ceinture de laine du Basque. De plus, il porte une culotte navarraise."
Au mois de janvier suivant, il se retrouva opposé aux troupes de Primo de Rivera et fit appel au général carliste Lizarraga, commandant en chef des troupes du prétendant Charles VII dans la région.
Devant l'échec de celui-ci, et la capture de 500 de ses partisans, Santa Cruz s'en prit avec véhémence aux généraux de Don Carlos.
Le général Lizarraga était décrit par le journal Bayonnais L'Avenir (républicain, hostile aux carlistes) comme un "petit homme fort laid, au nez retroussé, aux pommettes saillantes, rasé comme un séminariste" (30 juillet 1874), "clérical de la plus belle eau", "bigot fanatique, mystique" (4 février 1875), "type le plus parfait de fanatique hypocrite qui associe constamment les actes de violence à la prière" (9 septembre 1875).
ARTICLE LA PRESSE ILLUSTREE SUR SANTA CRUZ |
La tête de Santa Cruz fut mise à prix 10 000 pesetas.
Il restait néanmoins populaire des deux côtés de la frontière.
Je vous ai parlé dans un article précédent des photos faites à l'occasion de ces incursions en Navarre par le photographe luzien Konarzewski.
CURE SANTA CRUZ ET SES GUERILLEROS |
CURE SANTA CRUZ ET SES GUERILLEROS |
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