LES FEMMES DANS LA PASTORALE EN SOULE.
Ce spectacle théâtral, très codifié a longtemps été en grande partie l'apanage des hommes et la mixité n'y a fait son apparition qu'en 1976, à Sainte Engrâce (Santa Grazi ou Urdatx en basque).
Les pastorales ont longtemps été jouées uniquement par des hommes ou uniquement par des
femmes, la règle étant, comme écrit Albert Léon, "de ne jamais mélanger les sexes sur scène".
Dans le passé ce théâtre était réservé aux hommes, comme dans les autres pays européens.
PASTORALE DE ROLAND TARDETS PAYS BASQUE 1908 |
Des femmes ont participé pour la première fois à un chœur de pastorale masculine en 1976,
dans la pièce Santa Grazi du Père Junes Casenave, jouée par son village de Sainte Engrâce.
Puis en 1980, elles ont eu accès aux rôles féminins dans la pièce Iparragirre, écrite par le poète
de Trois-Villes Pierre Bordaçarre / Etxahun-Iruri et jouée par le village d’Ordiarp (Urdiñarbe
en basque) .
Cependant, de temps en temps, les femmes seules jouaient une pastorale dédiée à une reine ou
à une sainte.
Elle ne bénéficiait malheureusement pas d’un prestige comparable à celui de la pastorale
masculine, qui était la pastorale par excellence.
Ce temps est heureusement révolu.
Un handicap subsiste cependant du fait de l’héritage historique : une relative difficulté à
trouver de grands rôles féminins.
En effet, jusqu’à une date récente et sauf exceptions notables, les femmes restaient exclues de la
vie publique : dans la République Française, elles n’ont gagné le droit de vote qu’à l’automne
1944, après la libération du territoire, par une ordonnance du chef du gouvernement
provisoire Charles de Gaulle.
Certes les auteurs et les metteurs en scène s’appliquent à leur donner de beaux seconds rôles,
mais ce n’est qu’à demi satisfaisant.
Avec un peu d’audace, en cherchant bien, l’on trouvera bien quelques héroïnes dignes d’êtres
portées au premier rang.
Sur ce point les anciens faisaient mieux que nous, en célébrant de belles figures de reines ou de
saintes comme Jeanne d’Arc, jouées il est vrai par de jeunes hommes peu barbus.
PASTORALE EN SOULE 1900 |
Une exception à souligner : la pièce Madalena de Jauréguiberry, écrite par Pierre-Paul
Berçaits et jouée en l’an 2000 par le village d’Esquiule.
La première mention de pastorale de femmes est faite par Georges Hérelle (historien spécialiste
des pastorales, 1848-1935) : en 1796, l'administration centrale aurait interdit une représentation
prévue à Licq.
La première représentation aboutie aurait été celle de Sainte-Engrâce, jouée à Licq en 1831.
Cette même pastorale est jouée à Aroue en 1835.
Une autre pièce souvent représentée par des femmes est celle de Geneviève de Brabant.
Les filles de Mauléon la jouent le 7 juin 1849 à Mauléon et elle est également jouée à Uhart-Mixe
en 1863 (année incertaine), ainsi qu'à Montory en 1878.
Enfin, autre sujet de représentation très répandu, Hélène de Constantinople ou Sainte-Hélène est
représentée à Viodos en 1850 et 1870, à Sauguis en 1874, à Uhart-Cize en 1875 et à Garindein en
1874.
Ainsi une dizaine de représentations auraient été jouées par des femmes au 19ème siècle.
La pastorale de femmes ne semblait cependant pas jouir du même prestige que celle des
hommes.
Nous ne connaissons pas le nombre exact de représentations jouées par des femmes, mais elles
étaient beaucoup moins nombreuses que celles données par des hommes.
Il est d'autant plus difficile de connaître leur quantité, que de nombreux sujets féminins étaient
interprétés par des hommes.
C'est systématiquement le cas avec Jeanne d'Arc.
JEANNE D ARC PASTORALE SOULE 1900 |
En 1834, les jeunes hommes de Gotein jouent aussi Hélène de Constantinople et ceux de Tardets
font de même en 1840.
Pour la représentation de Sainte Marguerite en mai 1818 à Larribar et en 1825 à Espès, les
acteurs semblent également tous être des hommes.
La première représentation de femmes du 20ème siècle – il existe encore bon nombre de
souvenirs sur cette pastorale dans la mémoire orale – est celle de Sainte Marguerite, jouée en
1905 à Aussurucq.
Elle est jouée le lundi de Pentecôte.
Quelques années plus tard en 1909, Ordiarp joue Sainte-Hélène dans une ambiance assez
désastreuse.
En effet, le village joue la même année trois pastorales, du fait de la mésentente entre
villageois !
On organise d'abord Roland pour le lundi de Pâques, mais le curé tente de faire échouer la
représentation.
Il n'y parvient pas et organise la représentation d'Abraham avec ses partisans.
Mais, le maire ne donnant pas la permission de la jouer sur le théâtre déjà construit, ni dans
un lieu public, ils construisent une nouvelle scène dans une propriété privée et
jouent Abraham le 31 mai 1909.
PASTORALE D ABRAHAM 1909 |
Les filles de leur côté, et en accord avec le maire, décident de jouer Sainte-Hélène sur le théâtre
construit près de l'église.
Pour contrer cette représentation, le même jour, les partisans du curé rejouent Abraham sur
leur scène, mais n'attirent que très peu de monde !
La représentation de Sainte-Hélène se fait dans des conditions météorologiques très difficiles.
Léopold Irigaray, fidèle informateur souletin de Hérelle, rapporte dans sa correspondance que la
partie des gradins s’effondre causant de graves dommages (un mort et plusieurs blessés).
PASTORALE MAULEON 1909 |
Les mêmes filles d'Ordiarp rejouent Sainte-Hélène à Mauléon le dimanche 17 octobre 1909.
Irigaray écrit qu'il s'agit d'une représentation "au profit des blessés, de leur catastrophe."
La représentation a lieu au trinquet, sous la direction de Jean Héguiaphal.
Georges Hérelle, présent le jour de la représentation, rapporte dans ses archives qu'il s'agit
d'une troupe uniquement constituée de femmes sauf "les rôles des satans, et dans les cas
particuliers, ceux du lion et du loup qui doivent enlever les enfants d'Hélène".
Pour le reste, "les autres personnages, rois chrétiens ou Turcs, soldats chrétiens ou Turcs,
courrier... etc sont des filles".
PASTORALE ORDIARP URDINARBE 1909 |
PASTORALE SOULE 1909 |
L'EVÊQUE PASTORALE SOULE |
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