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samedi 3 juillet 2021

LE CHÂTEAU D'AHETZIA À ORDIARP-URDIÑARBE EN SOULE AU PAYS BASQUE ATREFOIS

LE CHÂTEAU D'AHETZIA À ORDIARP.


De nombreux châteaux existent au Pays Basque Nord, et en particulier en Soule et en Basse-Navarre.



pays basque autrefois soule château
CHÂTEAU D'AHETZIA SOULE
PAYS BASQUE D'ANTAN



Voici ce que rapporta à ce sujet J.B-D. dans le Bulletin du Musée basque, N°10, en 1935 :



"Château d'Ahetzia à Ordiarp.



Lorsqu'on se rend de Mauléon à Saint-Jean-Pied-de-Port, par le col d'Osquich, on traverse, après avoir dépassé Garindein, un riche pays parsemé de maisons faisant partie de la commune d'Ordiarp. On le désignait autrefois sous le nom de dégaïrie de Peyriède et on y comptait deux maisons nobles, celle de Geinti, et celle d'Ahetze.



De la première, il ne reste plus que quelques bâtiments agricoles sans aucun caractère ; la seconde est représentée de nos jours par un joli petit château à tourelles relié à la route d'Ordiarp par une belle allée de peupliers. Il est connu dans le pays sous le nom d'Ahetzia.



La seigneurie d'Ahetze remonte à une haute antiquité. D'après la tradition, la fondation à Ordiarp d'un hôpital pour les pèlerins de Saint-Jacques de Compostelle aurait été décidée et réalisée par trois gentilhommes du pays, Loup de Janute, Arrocain Domec et le seigneur d'Ahetze. Il est vrai qu'on a contesté l'exactitude de cette origine de l'hôpital et qu'on en a donné plusieurs autres explications. En admettant qu'elle ne soit pas fondée, elle n'en montre pas moins qu'il existait déjà au 13ème siècle une seigneurie dont Ahetzia était le siège.



pays basque autrefois soule château
CHÂTEAU D'AHETZIA ORDIARP
PAYS BASQUE D'ANTAN



Il faut arriver au siècle suivant pour trouver des documents authentiques et plus précis. En 1327, Arnaud-Guilhem d'Ahetze de Péïrède signa, avec les Navarrais, une transaction réglant certaines questions dont celle des droits de pacage.



Quelques années plus tard, en 1373, Ahetzia est mentionnée comme étant une terre noble. 



Deux ans plus tard, en 1375, son seigneur et maître, nommé Menaut, reçut mandat de la part des Souletins pour réclamer 4 000 livres au comte de Foix-Béarn en paiement de l'aide qu'ils lui avaient prêtée lors d'un différend avec le roi Henri de Castille.



C'est tout ce que l'on sait antérieurement au 15ème siècle ; mais alors les renseignements sur cette seigneurie deviennent un peu plus nombreux.



En 1448, la lignée masculine s'éteignit et tous les biens revinrent à Marianotte d'Ahetze qui épousa, avant le 8 Août de cette année, Arnaud-Sanz de Tardets, dit Arnauton. Celui-ci devint, par ce mariage, seigneur d'Ahetze de Péïrède et d'Erbis de Musculdy. Arnaud Sanz avait une soeur nommée Domenge qui fit alliance avec le seigneur Menauton de Ruthie. La nouvelle dame de Ruthie ne semble pas avoir eu une existence bien heureuse au manoir d'Aussurucq, résidence de son mari.



Après le retour de la Soule à la France, c'est-à-dire après 1451, les seigneurs d'Ahetze se firent connaître en dehors de leur pays et arrivèrent à de belles situations. C'est le cas d'Arnaud, fils d'Arnaud-Sanz qui était panetier du roi Louis XI en 1466 et faisait partie, à la même époque, de la bande des cent gentilshommes de la maison du roi. Il y resta jusqu'en 1482.



Dans leur pays, ils firent surtout parler d'eux par leurs différends avec les moines de la commanderie d'Ordiarp. L'église actuelle d'Ordiap est l'ancienne chapelle de cette commanderie qui était autrefois entourée par l'hôpital et ses dépendances. Au pied de l'éminence sur laquelle elle se trouve est une petite plaine traversée par un ruisseau qui servait de limite entre les biens des religieux et ceux du seigneur d'Ahetze. Ce voisinage donna souvent lieu à des contestations.


pays basque autrefois soule eglise
EGLISE D'ORDIARP SOULE
PAYS BASQUE D'ANTAN

En 1474, les moines avaient établi une nasse dans ce cours d'eau qui alimentait leur moulin. Par les temps de pluie cette nasse retenait les eaux qui débordaient sur les terres d'Arnaud d'Ahetze et lui causèrent de graves dommages. On dut recourir à un arbitrage qui décida une rectification du canal.



En 1480, se produisit un autre sujet de désaccord ; ce fut un terrain dont les deux parties réclamaient la propriété. Il s'en suivit un long et onéreux procès.



Enfin, en 1508, la nasse donna lieu à de nouvelles difficultés. Les religieux fermèrent un passage appelé Berrogain, ce qui occasionna des inondations et la permanence d'une mare rendant la circulation impossible sur le chemin. L'accord n'ayant pu se faire, la question fut portée devant la cour de Licharre qui nomma des experts. Ceux-ci estimèrent que, contrairement à la plainte du seigneur d'Ahetze, la nasse pouvait être maintenue, mais à la charge par la commanderie d'entretenir un pont établi à cet endroit pour les besoins de l'hôpital et des habitants d'Ordiarp.



Arnaud d'Ahetze n'en jouissait pas moins d'un grand crédit dans le pays. En 1475, il avait été chargé d'un arbitrage entre les habitants de la Soule et ceux de l'Ostabarret au sujet d'une question de pacage. A la même époque, il était un des gentilshommes souletins faisant partie de la cour de Licharre comme "juge jugeant".



Comme beaucoup de leurs compatriotes plusieurs membres de la famille embrassèrent le métier des armes. On les trouve souvent mentionnés dans les rôles des monstres ou revues que l'on passait souvent et dont les procès-verbaux ont été conservés.



Le fils d'Arnauton, Tristan, archer de la garde du corps du roi Louis XII, mourut sans postérité et les biens d'Ahetzia revinrent à leur fils cadet, Pierre-Arnaud homme d'armes morte-paie à Bayonne, en 1546. Ce dernier avait épousé l'héritière de la seigneurie de Trois-Villes, nommée Jeanne, et était déjà seigneur d'Eliçabia et de Casamajor de Trois-Villes lorsqu'il hérita de son frère aîné. Il transmit tous les biens qu'il possédait aussi bien à Ordiarp qu'à Trois-Villes à son fils Pierre et, par lui, à sa petite-fille Hélionor, seule survivante des trois enfants de Pierre.



Hélionor épousa noble Arnaud d'Echauz qui appartenait à la famille des vicomtes de Baïgorry.



Bernard, le fils d'Arnaud et d'Hélionor, vendit tous les biens de Trois-Villes à Armand de Peyrer dans les conditions mentionnées à l'occasion du château de Trois-Villes. Bernard eut trois enfants dont deux fils.



L'aîné, Laurent, héritier des biens d'Ahetze, mourut sans postérité, le 18 janvier 1633.



Le second, Henry, entra dans l'armée. Il est mentionné comme faisant partie d'une compagnie de 109 hommes de guerre à pied des Gardes du roy sous la charge du capitaine Léon d'Albert de Luynes, seigneur de Brante, d'après le rôle d'une revue passée à Paris devant la porte du palais du Louvre, le 20 octobre 1618. A la mort de son frère, il lui succéda comme seigneur d'Ahetze et bénéficia de toutes les prérogatives attachées à cette seigneurie.



En 1648, Henry épousa Gabrielle de Loïteguy de Caro. La nouvelle dame d'Ahetzia s'était mariée, en premières noces, avec Pierre d'Irigaray qui était mort le jour de son mariage. Pendant plusieurs années Gabrielle resta fidèle à sa mémoire ; mais, à l'approche de la cinquantaine, elle se laissa fléchir par les avances d'Henry d'Ahetze un peu plus âgé qu'elle. Malgré ses 46 ans, elle donna trois enfants à son nouvel époux : Jean, en 1649, Martine, en 1651 et Catherine, en 1652. Douze ans plus tard, elle devint veuve pour la seconde fois et tutrice des ses trois enfants.



Quand il eut atteint l'âge de faire des études supérieures, le fils se rendit à Bordeaux ; mais sa santé très délicate ne lui permit pas de les poursuivre. En novembre 1666, il dût revenir dans sa famille et il mourut au château d'Ahetzia, peu de temps après son retour.



L'héritage des biens d'Ahetzia et d'Erbis passa alors à la soeur d'Henry, Martine, qui épousa, en 1675, un homme de dix-huit ans plus âgé qu'elle, Arnaud de Berterèche. Le nouveau seigneur d'Ahetzia, désigné comme écuyer et avocat à la cour de Licharre, appartenait à la famille de Menditte. Il mourut le 21 janvier 1688, à l'âge de 55 ans, sans laisser de postérité.



La dernière fille d'Henry et de Gabrielle de Caro épousa le 13 février 1680 à l'âge de 28 ans, Raymond de Bordagaray, marchand du village de Pagolle. Elle eut au moins un fils, Thomas, qui hérita des biens d'Ahetzia et, suivant la coutume du pays, en prit le nom et les armes.



Quant à Gabrielle de Caro, elle mourut au château d'Ahetzia, le 27 avril 1688, à l'âge respectable de 86 ans."



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