"LA CHANSON DE BERTERECH".
Cette chanson date du 15ème siècle et parle d'une histoire tragique de la province de Soule.
BLASON FAMILLE BERTERECHE DE MENDITTE PAYS BASQUE D'ANTAN |
Voici ce que rapporta à ce sujet la Gazette de Bayonne, de Biarritz et du Pays basque, dans son
édition du 6 mai 1924 :
"A la Société des Sciences, Lettres, Arts et d’Etudes régionales.
La Chanson de Bertereche.
Lundi après-midi a eu lieu la réunion mensuelle des Sciences, Lettres et Arts et d'Etudes régionales dans la Salle des délibérations du Conseil municipal à l’Hôtel de Ville.
Après diverses communications faites par le président M. Hoyim de Marien, M. Gavel, professeur au Lycée, présenta une étude très intéressante sur "la Chanson de Berterech".
Parmi les vielles chansons qui se chantent actuellement en France, la chanson de Berterech est une des plus anciennes.
Elle remonte au XVe siècle et se chante encore couramment dans le peuple alors que les chansons de la même époque sont exhumées parfois dans des conférences, des recueils spéciaux où elles reposent.
Cette chanson de Berteretch est chantée dans le pays de Soule.
MASCARADE SOULETINE DE RAMIRO ARRUE PAYS BASQUE D 'ANTAN |
Trois causes peuvent expliquer cette popularité persistante :
1. Cette chanson intéresse particulièrement le pays de Soule (elle n’est pas d’ailleurs la seule chanson historique qu’on y entende) ;
2. Il y a un monument matériel que maintient son souvenir : c’est une vieille pierre discoïdale encastrée dans une mur après le meurtre de Berteretch ;
3. Une légende moderne est venue s’ajouter à l‘événement en le déformant. Cette légende raconte que Berterech habitant de Larrau devait épouser une jeune fille nommée Marguerite. Le seigneur de Troisvilles, gouverneur de Mauléon, réclama le droit du Seigneur ; opposition violente de Berterech qui fut occis par le méchant seigneur, lequel obligea Marguerite à ramasser de ses mains le sang de son fiancé.
Une étude un peu serrée du texte prouve que cette légende est fausse et que la chanson est bien antérieure au gouvernement de Mauléon par le Comte de Troisvilles, lequel se place aux alentours de 1676.
Or la chanson indique le prénom de la mère de Berterech "Marie-Saintz" ; ce prénom était très répandu en Soule au XVe siècle. Il se faisait rare dans la première moitié du XVIe siècle et disparaissait complètement à la fin du XVle siècle.
M. Jean de Jorgain, dont les travaux sur les œuvres basques sont si remarquables a eu l’honneur d’identifier le personnage auteur de la mort de Berterech, et il a également découvert les réelles raisons de cet assassinat.
DANSEURS PAYS BASQUE D'ANTAN |
La tragique histoire de Berteretch.
Deux gouverneurs de Mauléon seulement eurent le titre de Comte Jean de Foy, Comte de Candale et Louis de Beaumont, Comte de Lérins. C’est incontestablement celui-ci qui est en cause dans la chanson. Il fut gouverneur de Mauléon de 1434 à 1447.
On ne peut admettre que ce fut l’exigence du droit du seigneur qui amena la tragique aventure ; depuis longtemps déjà ce droit était remplacé par une simple redevance en argent.
Le drame fut un des épisodes de la longue rivalité des familles de Luxe et de Grammont qui dura tout le XVe siècle et qui ensanglanta la région. Berterech appartenait au parti de Grammont alors que Louis de Beaumont était partisan des de Luxe dont il était le parent.
Berterech était riche et influent : dans la chanson il promet de donner cent vaches au comte.
C’est dans la nuit du dimanche de Pâques au Lundi que la maison de Berterech est cernée par des hommes d’armes, au nombre de trois douzaines est-il précisé.
Berterech après avoir parlementé, suit le comte qui l’emmène à Mauléon par la vallée d’Andos et Tardets. On arrive à Espeldoy vers trois ou quatre heures du matin ; c’est là que Berterech est mis à mort. Pourquoi ? A-t-il tenté de s’échapper à ce carrefour, ce jeune homme de 20 à 25 ans que sa mère appelle "galant" ?
La pierre témoin.
Une pierre discoïdale encastrée dans un mur doit marquer la place fatale devant la maison Eskeldoïpé.
M. Colas, le savant professeur du Lycée de Bayonne, qui a traité magistralement de la tombe basque a relevé les dessins de cette pierre, avers et revers. On y voit d’un coté un cadavre ; de l’autre, à côté des signes du zodiaque, des arcs et des flèches : très vraisemblablement, les flèches furent l’instrument de la mort de Berterech.
PIERRE D'ESPELDOY SOULE PAYS BASQUE D'ANTAN |
Chouette ♥️
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