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mercredi 5 juin 2019

LES CERISES D'ITXASSOU EN LABOURD AU PAYS BASQUE EN 1942


LES CERISES D'ITXASSOU EN 1942.


Dès la fin du 19ème siècle, les premiers guides touristiques font référence à la cerise d'Itxassou  (Itsasu en Basque) et évoquent une partie de l'agriculture de l'époque.


pays basque autrefois
MARCHE AUX CERISES ITXASSOU
PAYS BASQUE D'ANTAN

Je vous ai déjà parlé de la cerise à Itxassou, dans un article précédent.


Voici ce que rapporta, à ce sujet, la Gazette de Bayonne, de Biarritz et du Pays basque,sous la 

plume de René Cuzacq, le 5 juin 1942 :



"Cerises d’Itxassou.



Il est revenu, le temps des cerises, comme l’avait prédit la romance populaire. Si 1941 avait vu les cerisiers épars dans le creux des montagnes procurer à leurs propriétaires des bénéfices inespérés (ne parla-t-on pas de 40 000 francs pour une simple ferme), 1942 a apporté en la matière la plus stricte des réglementations officielles. 


labourd autrefois
CUEILLETTE DES CERISES PAS DE ROLAND ITXASSOU
PAYS BASQUE D'ANTAN


Les cerises en sont-elles devenues plus abondantes sur le marché ? Pour l’instant, ce sont les lettres de noblesse du fruit délicieux que nous voudrions rechercher. Guiche, en pays gascon eut jadis sa renommée locale, mais aujourd'hui ce sont les cerises basques d'Itxassou et d'Espelette en Labourd qui connaissent une vogue de bon aloi : avant 1939, sous d’artistiques couvertures, les boîtes des chocolatiers de Bayonne les enrobaient dans la liqueur ou l’eau-de-vie, à l’intérieur d'une gaine de chocolat parfumé. 



chocolat bayonne autrefois
CHOCOLAT CAZENAVE BAYONNE
PAYS BASQUE D'ANTAN



chocolat bayonne autrefois
CHOCOLAT CAZENAVE BAYONNE
PAYS BASQUE D'ANTAN

C’est avant tout l’exposition des pentes encaissées qui assure, autour de la vallée de la Nive fringante, les conditions les meilleures à la culture du cerisier ; aucune espèce spéciale ne s’y rencontre ; bien mieux, il n’y a point de vergers de cerisiers à proprement parler : les arbres se disséminent sur les pentes ou au coin des baies à la façon de tout le Sud-Ouest. Il en est résulté un centre pittoresque de production, non moins qu’un curieux marché local. 




Il y a 112 ans bien sonnés que les cerises d’Itxassou attiraient au moins déjà l’attention. "Le petit village d’Itxassou, écrivait Lalanne dans les Eaux de Cambo en 1831, se fait un revenu annuel de 5 000 livres au moins seulement en cerises dont il approvisionne les villes voisines. Les femmes et non les hommes sont chargées de ce commerce qui se fait dans des paniers qu’elles portent sur la tête, comme en se jouant, avec cette précision d'aplomb, cette grâce d'équilibre qui appartient exclusivement aux Basquèzes (sic). Le pays ne connaît pas d’autre roulage accéléré." En fait, du Pays Basque au Béarn et à la Gascogne, les femmes allaient encore en 1914 chercher l’eau à la fontaine ou à la source, puis, les deux mains aux hanches, elles s’en allaient droit devant elles d’un pas alerte, le cruchon ou pega posé sur la tête à la manière antique, portant tout au plus sur un petit corbeillon arrondi, évidé et circulaire leur fardeau qui s’inclinait à peine sous la marche, il en était de même des paniers ou des petits sacs. 




Mais revenons à nos cerises : en 1858, Duvoisin publiait son Cambo : les flancs du Mont d’Arain offraient "un grand nombre de cerisiers chargés de fruits dont les vives couleurs charmaient les regards. Ça et là, des hommes, des enfants, des femmes étaient occupés à la cueillette" : chaque jour, de pleines corbeilles parlaient pour Bayonne. Le village d’Itxassou s’enrichissait ainsi chaque année "de plusieurs milliers de francs". Bayonne recevait "les cerises de Guiche et d’Itxassou, les raisins de Capbreton, les pommes et les beaux marrons de Souraïde, Saint-Pée, Sare, les fraises un peu petites mais fines et parfumées des Pyrénées. L’Espagne envoyait, outre ses fameux vins, ses oranges, ses citrons, ses olives, ses amandes, ses figues et ses raisins secs". (Duvoisin, p.p. 131 et 203). 


pays basque autrefois
LIVRE CAMBO ET SES ALENTOURS DE DUVOISIN
PAYS BASQUE D'ANTAN

La renommée des cerises d’Itxassou est, on le voit, assez ancienne. Mais je n’ai aucune illusion : ce simple rappel de leur passé centenaire ne saurait suppléer en l’an 1942 à leur relative rareté. Arrêtons-nous là pour aujourd'hui, il y aurait encore pas mal à dire. 




Quant aux cerises de Guiche, si vous le voulez bien, avec la permission de notre rédacteur en chef François Serpeille de Gobineau, nous vous en parlerons une autre fois."






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