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lundi 17 juin 2019

UNE TEMPÊTE EN BISCAYE AU PAYS BASQUE EN AVRIL 1878


UNE TEMPÊTE EN BISCAYE EN 1878.


Le golfe de Biscaye a toujours connu d'importantes tempêtes, au cours de l'histoire.

TEMPÊTE DU 20 AVRIL 1878
TABLEAU LIRIA Y RELIGION DE GUSTAVO DE MAEZTU

Je vous ai parlé de la tempête de 1912 dans un article précédent, mais en 1878 aussi, il y eut 

une très grosse tempête.



Voici ce que rapporta à ce sujet le Journal Officiel de la République Française, dans plusieurs 

éditions :


  • le 25 avril 1878 :


"On mande de Saint-Sébastien, 22 avril :



Nous recevons de tous les points du littoral cantabrique les nouvelles les plus tristes sur les naufrages occasionnés par la tempête du 20. Jamais les marins de ces parages n'avaient vu une bourrasque aussi violente es ils ont été d'autant plus surpris que, dans la matinée, la mer était fort calme et que l'horizon n'annonçait rien de dangereux. Plus de quatre-vingt barques de pêcheurs ont été prises en haute mer par la tourmente.




Quelques-unes ont pu chasser sous le vent et gagner les refuges de la côte, mais la plus grande partie d'entre elles a dû lutter contre le vent et contre les vagues, depuis quatre heures de l'après-midi jusqu'à la nuit close. Beaucoup se sont perdues. On ne sait pas encore très exactement leur nombre ; mais le chiffre des victimes est d'environ cent vingt.



Le port de Bermeo (Biscaye) a été le plus éprouvé. Trente-quatre marins de ce port ont péri.



A Lequeitio, Elanchove, Zarauz, Guetaria, Motrico, Deva, les victimes sont nombreuses. Presque tous ces marins étaient des pères de famille, de sorte que la consternation est générale.




Ici, il ne s'est perdu fort heureusement qu'une barque avec cinq hommes; quatre d'entre eux étaient mariés.




Hier matin, un naufragé a été sauvé dans les rochers situés au pied du phare d'Igueldo. Ce malheureux était sorti de Motrico avec six autres marins, dans la matinée du 20.




La tempête les a surpris à douze lieues en mer. Ils ont lutté jusqu'à huit heures du soir, mais leur barque a finalement chaviré et ils se sont alors accrochés au mât et aux agrès. Toute la nuit, ils sont restés ainsi, à la merci des vagues, transis de froid et désespérés. A la fin, les forces leur ont manqué et tous ont coulé bas, excepté celui que les gardiens du phare ont recueilli et qui était dans un état pitoyable, meurtri et à demi mort de soif et de faim.




L'autorité maritime attend des détails plus précis sur ces déplorables sinistres.




TEMPÊTE DU 20 AVRIL 1878
TABLEAU LIRIA Y RELIGION DE GUSTAVO DE MAEZTU

  • le 28 avril 1878 :

"On lit dans le Courrier de Bayonne.




Jamais nous n'aurions pu nous imaginer combien était immense l'étendue du désastre maritime qui afflige la côte espagnole du golfe de Gascogne. La catastrophe est inouïe : des familles entières ont disparu dans les profondeurs de l'Océan, et la plupart des ports du littoral basque ont perdu leur population masculine.




Les récits que nous lisons sont poignants. 




La mer, repue, rejette sur le rivage les cadavres de ces marins défigurés ; c'est la seule consolation qu'elle accorde à ces veuves éplorées, à cette masse d'orphelins. Leur triste sort n'inspire t-il pas de la compassion aux âmes généreuses qui, en toute occasion, se sont montrées ardentes pour le bien et prodigues dans leur charité ?




Le chiffre que nous avions indiqué dans notre dernier numéro, comme étant celui des victimes, s'accroît d'heure en heure; ce martyrologe est encore incomplet, et il compte déjà 306 victimes !




Les journaux espagnols ont dressé déjà la liste du tribut payé à l'ouragan par chaque port de la côte espagnole ; Bermeo perd 95 marins ; Santander, 56 m. ; Elanchove, 49 m. ; Laredo, 35 m. ; Colindres, 28 m. ; Mundaca, 15 m. ; Ondarroa, 13m ; Lequeitio, 7 m. ; San Sébastien, 5 m. ; Algorta, 2 m. ; soit en total 306.




—Une lettre de Bermeo, publiée par l'Irurac Bat, raconte en termes palpitants la scène et expose les causes de ce désastre. Les barques qui étaient sorties de ce port n'étaient pas les grosses embarcations avec lesquelles les marins vont en mer; c'étaient celles de plus petites dimensions appelées pontines, qui servent plus spécialement pour la rêche du merlus. Entre midi et demi et une heure, l'ouragan s'est déchaîné et ces frêles barques n'ont pu lui tenir tète. Il s'en est suivi un sauve-qui-peut général et, à coups d'avirons, on a essayé de gagner le port. L'Océan jouait avec ces bateaux comme avec de simples coquilles de noix ; les barques chaviraient les unes après les autres en essayant de se porter de mutuels secours.



TEMPÊTE DU 20 AVRIL 1878
TABLEAU LIRIA Y RELIGION DE GUSTAVO DE MAEZTU

Des actes de courage et de stoïque abnégation ont lieu ; les éléments ont eu raison des plus valeureux efforts. La furie de la tempête était sans égale. Quelques barques chargées de malheureux font force de rames pour arriver au port ; elles passent près de naufragés qui, accrochés à la quille d'une barque sans cesse retournée par les lames, font d'héroïques efforts pour s'y maintenir. Certains sont saisis aux cheveux par leurs compagnons et tirés à bord, les autres sont voués à la mort ; leur voix, qui est près de s'éteindre, lance à leurs compagnons un cri d'encouragement et cette dernière parole : "Adieu pour l'éternité !" D'autres sont moins résignés. "Ne nous abandonnez pas ! s'écrient-ils. — Nous ne pouvons vous secourir, leur répondent leurs amis, qui redoublent d'efforts. — Alors, adieu à tout jamais !"

Ces malheureux s'arrachent les uns aux autres les vêtements pour être à même de nager plus longtemps. Mais, les uns après les autres, ils disparaissent, et l'Océan se referme sur eux."



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