BAYONNE CITÉ GASCONNE OU BASQUE ?
Au cours des siècles, en fonction de son rattachement à des royaumes différents, Bayonne a été considérée soit Gasconne, soit Basque.
CARTE AQUITAINE 1585 |
Voici ce que rapporta à ce sujet La Petite Gironde, dans son édition du 1 septembre 1940, sous
la plume de Paul Courteault :
"La petite histoire.
Bayonne, cité gasconne.
L'Arrondissement de Bayonne vient d’être rattaché administrativement au département des Landes. Ce rattachement, imposé par les circonstances, évoque bien des souvenirs.
Avant 1789, la ville de Bayonne et le pays de Labourd, qu’elle commande, faisaient partie du domaine historique de la Gascogne, et cela depuis les temps les plus anciens. Le poste militaire de Lapurdum —— premier nom de Bayonne, transmis plus tard au pays basque voisin créé par les Romains au IVe siècle, devint, peut-être dès le Ve, —— c'était l’opinion de Camille Jullian —- le siège d’un diocèse découpé dans le territoire trop étendu de la cité de Dax. Au Xe siècle, ce diocèse était à cheval sur les Pyrénées et il comprenait une portion de la Navarre et du Guipuzcoa, et il conserva ces limites jusqu’en 1566.
CARTE DE LA GASCOGNE 1642 |
Cette dignité de ville épiscopale accrut, au moyen âge, le prestige qu’assuraient déjà à Bayonne son importance militaire et son activité économique. Au Xlle siècle, la ville fut une des premières de la région du Sud-Ouest à participer au réveil de la vie municipale. Elle devint, avec Bordeaux et Dax, l’une des trois grandes communes du duché de Gascogne. Sa forte personnalité explique le rôle particulièrement brillant qu’elle joua, au XlIIe, au XlVe et au XVe siècle, où son histoire est inséparable de celle de Bordeaux.
Réunis à la France en 1451, par la conquête de Charles VII, Bayonne et le Labourd furent incorporés, au milieu du XVIe siècle, à la grande circonscription financière connue sous le nom de généralité, puis d’intendance de Bordeaux. Au XVIIIe siècle, la monarchie absolue ne parvint pas à résoudre de façon satisfaisante le problème de la division territoriale des pays du Sud-Ouest. Bayonne et le Labourd furent tantôt rattachés à l’intendance d’Auch, tantôt à celle de Pau, tantôt à celle de Bordeaux. De ces rattachements, le premier ne pouvait les satisfaire, en raison de l’éloignement d’Auch ; le second pas davantage, le Béarn, dont Pau était la capitale historique, étant un ancien Etat souverain dont le passé était étranger au leur ; le troisième leur eût paru préférable, parce que conforme à leur tradition, mais, en fait, Bayonne aspirait à constituer avec le Labourd une circonscription distincte.
CARTE BAYONNE 1680 PAYS BASQUE D'ANTAN |
A ces hésitations, la réforme de la Constituante mit fin de façon assez brutale. Les décrets de 1790, qui divisèrent la France en départements, réunirent à celui des Basses-Pyrénées la ville gasconne de Bayonne et le pays basque de Labourd. La décision fut uniquement inspirée par le souci, d’ailleurs légitime, de donner au nouveau département une limite naturelle au nord, le cours inférieur et l’embouchure de l’Adour. La géographie l’emporta sur l’histoire, dédaignée ou ignorée. Le glorieux passé de Bayonne fut à ce point méconnu que la ville n’obtint pas d’abord d’être chef-lieu du district. Ce titre fut attribué à Ustaritz, la vieille capitale du Labourd. Bien plus, seule fut annexée aux Basses-Pyrénées la partie de Bayonne située sur la rive gauche de l’Adour On parut oublier ce faubourg Saint-Esprit qui, né au XlIIe siècle, avait grandi, depuis Louis XI, sur la rive droite, et qui, au XVIIIe, avait tenu une place brillante dans le développement du commerce bayonnais. Pour réparer cet oubli, il fallut attendre le Second Empire ; c’est le 1er juin 1857 que Saint-Esprit, et aussi Saint-Etienne, furent distraits du département des Landes et réunis à Bayonne.
CARTE BAYONNE 1750 PAYS BASQUE D'ANTAN |
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