L'HISTOIRE DU PARLEMENT DE NAVARRE.
Le Parlement de Navarre est une ancienne cour de justice, fondée en 1620 par Louis XIII à la suite de l'annexion du Béarn et de la Basse-Navarre au royaume de France.
Voici ce que rapporta à ce sujet le journal Le Droit, dans son édition du 6 juin 1873, sous la
plume de G.-B. de la Grèze, Conseiller doyen à la Cour d'appel de Pau :
"Le Parlement de Navarre.
Chapitre II.
Les gloires du Parlement de Navarre.
Parmi les grands hommes qui figurent au premier rang des gloires nationales de la France, nous sommes fiers de compter plusieurs magistrats célèbres. Nul n'ignore les noms des Harlay, des Molé, des Lamoignon, des d'Aguesseau, des Pasquier, des Séguier, qui nous rappellent la simplicité des moeurs et la dignité de la vie, le courage civil et la majesté du sacerdoce judiciaire.
Chaque Parlement peut citer des personnages dont la mémoire lui est chère, quoique leur vie ait jeté moins d'éclat. En Béarn, on ne saurait oublier Ravignan, de Mesmes, Ferrier, Sponde, Gillot, Lescan, Marca, Gassion, Doat, Dalon et d'autres encore. Le célèbre Cujas, était issu d'une famille béarnaise, qui, dit-on, existe encore.
A l'origine du Parlement apparaît d'abord Marca, né à Gan, près de Pau, le 23 janvier 1594. Il a laissé de grands ouvrages. Nous ne le considérons pas ici comme auteur, mais comme magistrat.
A vingt-deux ans, il entra au conseil souverain de Béarn tout composé de calvinistes ; seul défenseur du parti catholique, il n'eut là que des adversaires. Le plus redoutable était Lescan, homme d'éloquence et d'énergie qui eût été un Brutus sous les rois et un Catilina sous les consuls. Il sacrifia tout à ses opinions, jusqu'à la vie. Condamné à mort par le Parlement de Bordeaux, il porta sa tête sur l'échafaud.
Le feu du génie s'allume au choc des discussions. Marca, pour vaincre de grands obstacles, sentit la nécessité de faire de grands efforts, et lorsque Louis XIII fonda le Parlement de Navarre, il créa une charge extraordinaire de président, pour récompenser le magistrat énergique qui lui avait rendu tant de services.
Les études de théologie et d'histoire, qui ont fait la renommée de Marca, ne l'empêchaient pas d'être le modèle des magistrats par son amour du devoir et sa science de jurisconsulte. Pendant dix-sept années, il ne manqua jamais une audience sans motif légitime. Son esprit conciliant se manifestait dans la joie qu'il éprouvait à terminer les procès par des transactions plutôt que par des arrêts...
Après avoir perdu sa femme, marié ses filles et laissé sa place de président à son fils aîné, Marca voulut se consacrer entièrement à la science et à la religion. Il quitta Pau, et son mérite fut ailleurs mieux apprécié. Les Béarnais, transplantés ailleurs, ont en général bien réussi.
Le cardinal de Richelieu consultait souvent Marca et appréciait beaucoup ses lumières et sa sagesse. Il eut recours à son habilité de jurisconsulte dans plusieurs affaires, notamment dans celle de Monsieur. Il le choisit comme membre de la commission chargée de juger Cinq-Mars et de Thou.
MARQUIS DE CINQ-MARS https://www.christies.com/lot/lot-entourage-des-freres-le-nain-ecole-francaise-6016073/ |
Nous avons été heureux de retrouver et de mettre au jour la preuve que Marca ne mérite pas le reproche qu'on lui a adressé lorsqu'on a dit qu'un évêché lui fut donné comme prix du sang. Marca fut nommé évêque du Couserain, le 5 avril 1642. Cinq-Mars et de Thou ne furent arrêtés que le 13 juin 1642...
Envoyé en Catalogne comme inspecteur général, Marca montra de grands talents politiques et fut nommé archevêque de Toulouse. En cette qualité, il était conseiller né du Parlement. A l'occasion du mode de sa prestation de serment, il y eut des controverses qui donnèrent naissance à plusieurs mémoires. L'archevêque se montra jurisconsulte habile, et sans crainte de blesser les susceptibilités parlementaires, il n'hésita pas à soutenir que les Parlements n'avaient succédé aux Cours du royaume, tenues par les anciens rois de France, qu'en ce qui regardait l'autorité judiciaire.
Marca jouissait d'une telle renommée de jurisconsulte qu'il était en quelque sorte l'avocat consultant de tout le clergé de France.
Son habilité politique était si appréciée à la Cour qu'il fut question de lui à la mort de Mazarin pour remplacer le premier ministre. Louis XIV voulut gouverner lui-même. Il conféra à Marca la haute position d'archevêque de Paris.
De cette dignité si éminente, le célèbre prélat ne retira d'autre honneur que la sépulture à Notre-Dame. Il venait de succomber à l'âge de cinquante-huit ans, à une maladie imprévue, le 29 juin 1662, lorsque arrivèrent de Rome les bulles qui furent déposées sur son cercueil.
Les ouvrages nombreux de Marca sont connus et toujours estimés. Bossuet l'appelle un homme de très beau génie, et d'Aguesseau le proclame un des plus grands esprits de son siècle.
HISTOIRE DE BEARN DE PIERRE DE MARCA Par Lombards Library — Travail personnel, CC BY 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=12630003 |
Deux contemporains de Marca, Gassion et Bordenave, ont publié des recueils de discours, d'arrêts et de plaidoyers au Parlement de Navarre...
Jacques de Gassion était le père d'un des meilleurs capitaines de son époque, le maréchal de Gassion, tué à trente-sept ans sur le champ de bataille.
JEAN DE GASSION MARECHAL DE FRANCE |
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