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vendredi 29 octobre 2021

UN GUIDE POUR LE VOYAGEUR EN GUIPUSCOA AU PAYS BASQUE EN 1877 (septième partie)


UN GUIDE DE VOYAGE EN 1877.


Vers la fin du 19ème siècle, apparaissent des guides de voyage pour les voyageurs désirant se rendre en Hego-Alde, dans les  provinces Basques du Sud.




SAINT SEBASTIEN VERS 1730
PAYS BASQUE D'ANTAN




Voici ce que rapporta à ce sujet, M. L. Capistou, en 1877 :



"Province du Guipuzcoa.



Saint- Sébastien.



Son nom. — Sa fondation. — Ses ouvrages de défense. — Son histoire. — Sa position. — Climat. — Industrie. — Monuments. — Statistique, etc., etc.



La capitale du Guipuzcoa était anciennement connue sous le nom de Hizurum ou Irurum, qui en basque signifie trois entrées, allusion probable aux deux entrées de la baie et à celle de l'Urumea. Elle se nommait aussi Easo, et c'est sous ce nom qu'elle est désignée dans les auteurs romains. (Easopolis, Ptolémée).



Jusqu'au Xe siècle elle conserva son nom de Hizurum, ainsi qu'il semble résulter des manuscrits de cette époque, entr'autres d'un acte signé par D. Sancho-el-Mayor, roi de Navarre, en 1014, dans lequel on cite les monastères de San Sebastian (el antiguo) et la ville de Hizurum, avec ses paroisses de Santa Maria et de San Vicente, qui existent encore aujourd'hui.



Le qualificatif de Donostiya, qui lui a été appliqué, et sous lequel on la désigne en langue basque, ne remonte pas à une époque plus reculée que le XIe siècle. On a cherché inutilement une étymologie plausible à ce qualificatif.



Comme ville, Saint-Sébastien n'est connue, dans l'histoire, que depuis Sancho-le-Sage, lequel lui donna des lois et des usaticos, qui furent confirmés comme fueros par Alphonse VIII roi de Castille. Au XIIe siècle, la juridiction de Saint-Sébastien s'étendait de Fontarabie à l'Oria, et de Passages à Arano (Navarre).



Sa forteresse date de l'an 1208, époque à laquelle des troupes castillanes en prirent possession, au nom du roi Alphonse VIII, avec le consentement préalable de la province.



Deux siècles et demi plus tard, en 1475, sous les rois catholiques, Saint-Sébastien prit une part active dans la guerre du roi Ferdinand contre Alonso V, de Portugal. Les hommes d'armes et les marins que cette ville mit au service du roi de Castille contribuèrent à la prise de Vibero, de Pontevedra et de Bayona.



Lors de l'invasion des Français, commandés par Alain d'Albret et Ivon du Fou, en 1476, la ville de St-Sébastien résista aux envahisseurs, qui venaient comme alliés du roi de Portugal.



En novembre 1512, la ville se défendit également contre un corps d'armée commandé par le prince Charles de Bourbon.



En 1521, les volontaires du Guipuzcoa, réunis dans Saint-Sébastien, allèrent par détachements au secours de Fontarabie qu'assiégeait Bonnivet.



C'est en 1522 que l'empereur Charles-Quint concéda à la ville le titre de Noble et Loyale en récompense de sa conduite dans la guerre des comuneros de Castille.



De 1526 à 1558, Saint-Sébastien prit une part directe dans tous les conflits qui eurent lieu sur la frontière française et dans les ports du golfe de Gascogne, ce qui lui mérita les éloges royaux et de nouveaux titres nobiliaires.



La peste la ravagea en 1597, et elle se fût trouvée isolée entièrement du reste de la nation sans les secours efficaces de l'évêque de Pampelune et des républiques alavaises.



Le roi Philippe III et sa fille, Anne d'Autriche, séjournèrent à St-Sébastien, dans les premiers jours de novembre 1615, à l'occasion du mariage de cette princesse avec le roi Louis XIII de France. La ville fit des dépenses considérables en l'honneur de ses hôtes. C'est encore à Saint-Sébastien que s'arrêtèrent Philippe IV et l'infante Marie-Thérèse, lorsque en 1660 se célébra, sur la Bidassoa, le mariage de Louis XIV. Vers cette époque, la capitale du Guipuzcoa fut élevée au rang de cité, et quelques années plus tard ses fortifications furent complétées.





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GUIDE DU VOYAGEUR EN GUIPUZCOA 1877


Le duc de Berwick assiégea Saint-Sébastien en 1719, avec un corps d'armée de 16 000 hommes. La place n'était pas en état de faire une grande résistance à l'artillerie française, réputée comme la première de l'époque, mais le général espagnol Don Alejandro de La Mota refusa de capituler sans combattre, et après avoir vu démanteler les murailles extérieures de la ville, il se réfugia dans la citadelle, laissant les autorités civiles traiter de la reddition avec le duc de Berwick. Le 2 juillet commença le siège du Castillo, où les Espagnols firent une héroïque défense ; mais le 17 du même mois, une bombe s'étant introduite dans les magasins des assiégés et les ayant détruits, il ne resta plus à ceux-ci aucun moyen de résistance, et ils se rendirent après avoir obtenu les honneurs de la guerre.



Jusqu'en août 1727, la province du Guipuzcoa toute entière fut au pouvoir des armées françaises.



Rentrée sous la domination du roi de Castille, la ville de Saint-Sébastien s'occupa spécialement de l'organisation de son commerce et de la création d'un bon régime économique. C'est grâce à cette organisation qu'elle put supporter, sans trop en souffrir, la grande disette de 1766, qui suscita tant de perturbations politiques en Espagne.



En juin 1777, cette ville fut visitée par l'empereur Joseph II, qui séjourna quelque temps dans ses murs, allant en Allemagne.


EMPEREUR JOSEPH II
Par Joseph Hickel — artnet.com, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=10253708


Quelques années plus tard, en janvier 1780, l'amiral anglais Rodnay détruisit presque toute sa marine de commerce.



PORTRAIT DE L'AMIRAL GEORGES BRYDGES RODNEY
PAR JEAN-LAURENT MOSNIER EN 1791




Lorsque survint la Révolution Française, la province du Guipuzcoa fut envahie par les troupes républicaines. La campagne de 1793 fut courte et ne permit pas aux Français d'attaquer Saint-Sébastien, mais en août 1794, après la prise d'Irun, de Fontarabie et de Oyarsun, le corps d'armée de Moncey se présenta devant cette place, qui capitula immédiatement (4 août 1794). L'année suivante, après la paix signée entre la Convention nationale et le roi d'Espagne, l'armée française évacua Saint-Sébastien (22-25 juillet 1795).



Pendant les guerres du premier Empire, c'est-à-dire après l'abdication de Charles IV, au château de Marrac, la ville et la citadelle de Saint-Sébastien tombèrent sans coup férir au pouvoir des armées impériales. Une brigade s'y établit en garnison (8 mars 1808).



En juillet de la même année, Joseph Bonaparte traversa la ville, se rendant à Madrid.



Jusqu'en 1813, la province du Guipuzcoa fut soumise à l'autorité française, et il ne s'y passa rien d'important à noter. L'armée d'occupation vivait avec les Basques en parfaite intelligence, les laissant s'administrer à leur guise, sans intervenir ni directement, ni indirectement dans leurs affaires.



Après la défaite de l'armée française dans la plaine de Vitoria, le 21 juin 1813, la garnison de Saint-Sébastien, commandée par le vaillant général Rey, se mit en état de défense et attendit une attaque imminente des anglo-portugais.



GENERAL JEAN-PIERRE REY
Par wikipedia, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=2427260



Le 28 juin, les guerrillas qui servaient d'avant-garde aux alliés se montrèrent sur les hauteurs de San Bartolomé ; à leur suite arrivèrent les forces régulières du général anglais sir Thomas Graham. La ville fut investie du côté de terre, sur les deux rives de l'Urumea, et bloquée en mer par quelques navires de guerre. Dans la nuit du 17 juillet, les assiégés évacuèrent leurs positions extra-muros et s'enfermèrent dans la place, dont les ouvrages de défense avaient été bien couverts.



Le général Graham, croyant sans doute à une faiblesse de la garnison, fit à Rey une première sommation pour la reddition. Le lieutenant de Napoléon ne daigna même pas répondre à une telle insulte faite à son courage proverbial et à sa loyauté sans reproche.



GENERAL THOMAS GRAHAM
1ER BARON DE LYNEDOCH



Sir Thomas Graham était orgueilleux et il se sentit fort humilié par le dédain de son adversaire. Le 25, il ordonna un assaut général. Ce fut pour les assiégeants une fatale journée, car ils perdirent inutilement près de deux mille hommes sans diminuer en rien la force des assiégés. Un blâme de Wellington vint atteindre Graham dans l'amertume de son insuccès, et déjà l'on songeait dans le camp anglais à convertir en blocus le siège effectif, lorsque la bataille de San Marcial changea la face des choses et ôta aux assiégés tout espoir d'être secourus (31 août 1813).



Les travaux d'attaque avaient été repris avec activité ; mais la garnison française ne s'en était pas émue : elle abandonna la ville proprement dite et s'enferma dans la citadelle après un sanglant combat, bien décidée à se défendre jusqu'à la dernière extrémité.



Le 3 septembre, Graham proposa aux assiégés une capitulation honorable. Elle fut repoussée. Le siège de la citadelle fut repris le 8, mais une épidémie s'étant déclarée dans la garnison, le brave général Rey accepta alors de nouvelles offres. Les assiégés abandonnèrent la place avec les honneurs de la guerre. Déjà, à ce moment, Saint-Sébastien n'existait plus. Dans la nuit du 31 août, les anglo-portugais, maîtres de la ville, traitèrent comme ennemie sa population et lui infligèrent un traitement horrible et odieux...



Les malheureux habitants se réfugièrent dans les environs de la ville. Une junte de secours s'organisa au barrio de Zubieta, et une plainte fut adressée au général Wellington ; ce dernier refusa de recevoir la municipalité de Saint-Sébastien et laissa, sans le châtiment qu'ils méritaient, les généraux sous ses ordres qui avaient eu la culpabilité de ne pas maintenir leurs troupes dans les lois de la discipline. Ce sera là une tache indélébile sur la gloire du vainqueur de Waterloo. Les pertes matérielles de la ville furent considérables : 600 maisons brûlées, tous les monuments détruits, toutes les marchandises pillées, constituaient une perte de plus de trente millions de pesetas."



A suivre...







 




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