UN INCIDENT DE FRONTIÈRE À DANCHARIA EN 1893.
Au cours de l'Histoire, de nombreux incidents de frontière ont eu lieu à la frontière franco-espagnole, en particulier au Pays Basque.
Voici ce que rapporta à ce sujet le journal Le Temps, dans son édition du 13 avril 1893 :
"L'incident de frontière de Dancharia.
Voici, raconté par le Courrier de Bayonne, l’incident de frontière sommairement indiqué par les
dépêches Havas :
Samedi, trois cultivateurs d’Urdax (Espagne), les sieurs Rafaël Goyeneche, Juan Gastambide et Denis Durcudoy, étaient venus acheter eu France deux vaches et un veau. Ducurdoy était Français et natif de Villefranque. Déserteur, il s’était mis en règle avec l'autorité militaire lors de la dernière amnistie. Il exploitait, à Urdax, une métairie appartenant à MM. Etchenique,
Son intention et celle de ses compagnons était de faire passer à l'étranger le bétail qu’ils venaient d’acheter et de tromper la vigilance de la douane espagnole. A la nuit tombante, c’est-à-dire vers sept heures et demie, ils prirent un petit chemin se dirigeant vers l'Espagne et ils le quittèrent à une soixantaine de mètres de la frontière pour s’engager dans les bois.
BEHOBIA CARABINIERS ET GENDARMES ESPAGNOLS PAYS BASQUE D'ANTAN |
A ce moment, ils virent devant eux, venant de l’est et déjà en territoire français, deux carabineros porteurs de leurs armes. Ils rétrogradèrent. Les carabineros leur crièrent : "Alto !" non sans accompagner ce cri de violentes invectives. Les trois hommes n’en continuèrent pas moins à battre en retraite vers l’intérieur, Gastambide et Goyeneche menant chacun une vache en laisse, Durcudoy portant un veau sur ses épaules.
Un Espagnol, le sieur Genaro Lorenzano, venant chercher deux juments poulinières qui pacagaient en France, avait assisté a cette scène. Il se mit à interpeller les carabineros en leur langue : "Vous avez dépassé la frontière, leur cria-t-il ; vous n’avez aucun droit ici." Les carabineros, loin de tenir compte de cette observation, continuèrent leur poursuite. Puis, tout à coup, l’un d’eux, épaulant son remington, ajusta Durcudoy, qui n’était plus qu’à 11 mètres devant lui, et fit feu à bout portant. Durcudoy tomba comme une masse. La balle, entrée sous l’omoplate gauche, avait perforé le poumon, brisé la colonne vertébrale et était sortie sous l’aisselle droite. Le médecin qui a examiné le corps a remarqué, en outre, dans la région lombaire la marque d’un coup violent qui paraissait avoir été porté après la chute.
CARABINIERS SUR LA BIDASSOA PAYS BASQUE D'ANTAN |
Epouvanté, Gastambide, Goyeneche et Lorenzano allèrent chercher refuge dans une maison du voisinage. Un instant après, Lorenzano revint à l'endroit où gisait le corps, pendant que Gastambide allait prévenir M. Chou, receveur des douanes à Dancharia.
Cependant, le coup de feu tiré, les carabineros avaient compris, sans doute, la grave responsabilité qu’ils venaient d’encourir. Ils s’empressèrent de rebrousser chemin, de rentrer en Espagne ; ils y mirent une telle hâte que l’un d’eux, ayant laissé tomber son ros, ne prit même pas le temps de le ramasser. Le ros a été saisi par la justice française pour servir de pièce à conviction. Il était à peu de distance du corps de Durcudoy, que la gendarmerie retrouva à l'endroit dit Larespileta, situé à 180 mètres environ de la borne 67, point de délimitation entre Danchirenea et Sare.
BORNE N°67 FRONTIERE FRANCO-ESPAGNOLE |
Oui merci pour cette publication.
RépondreSupprimerIl s'agit de mon arrière grand-père né à Villefranque et père de Adolphe Durcudoy (mon grand-père)