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mardi 19 octobre 2021

UN INCIDENT DE FRONTIÈRE À DANCHARIA ENTRE LABOURD ET NAVARRE AU PAYS BASQUE EN AVRIL1893

UN INCIDENT DE FRONTIÈRE À DANCHARIA EN 1893.


Au cours de l'Histoire, de nombreux incidents de frontière ont eu lieu à la frontière franco-espagnole, en particulier au Pays Basque.


pais vasco antes frontera
PONT INTERNATIONAL DE DANCHARIA-AINHOA
PAYS BASQUE D'ANTAN



Voici ce que rapporta à ce sujet le journal Le Temps, dans son édition du 13 avril 1893 :



"L'incident de frontière de Dancharia.



Voici, raconté par le Courrier de Bayonne, l’incident de frontière sommairement indiqué par les 

dépêches Havas : 


Samedi, trois cultivateurs d’Urdax (Espagne), les sieurs Rafaël Goyeneche, Juan Gastambide et Denis Durcudoy, étaient venus acheter eu France deux vaches et un veau. Ducurdoy était Français et natif de Villefranque. Déserteur, il s’était mis en règle avec l'autorité militaire lors de la dernière amnistie. Il exploitait, à Urdax, une métairie appartenant à MM. Etchenique, 



Son intention et celle de ses compagnons était de faire passer à l'étranger le bétail qu’ils venaient d’acheter et de tromper la vigilance de la douane espagnole. A la nuit tombante, c’est-à-dire vers sept heures et demie, ils prirent un petit chemin se dirigeant vers l'Espagne et ils le quittèrent à une soixantaine de mètres de la frontière pour s’engager dans les bois. 



pais vasco antes carabineros
BEHOBIA CARABINIERS ET GENDARMES ESPAGNOLS
PAYS BASQUE D'ANTAN



A ce moment, ils virent devant eux, venant de l’est et déjà en territoire français, deux carabineros porteurs de leurs armes. Ils rétrogradèrent. Les carabineros leur crièrent : "Alto !" non sans accompagner ce cri de violentes invectives. Les trois hommes n’en continuèrent pas moins à battre en retraite vers l’intérieur, Gastambide et Goyeneche menant chacun une vache en laisse, Durcudoy portant un veau sur ses épaules. 



Un Espagnol, le sieur Genaro Lorenzano, venant chercher deux juments poulinières qui pacagaient en France, avait assisté a cette scène. Il se mit à interpeller les carabineros en leur langue : "Vous avez dépassé la frontière, leur cria-t-il ; vous n’avez aucun droit ici." Les carabineros, loin de tenir compte de cette observation, continuèrent leur poursuite. Puis, tout à coup, l’un d’eux, épaulant son remington, ajusta Durcudoy, qui n’était plus qu’à 11 mètres devant lui, et fit feu à bout portant. Durcudoy tomba comme une masse. La balle, entrée sous l’omoplate gauche, avait perforé le poumon, brisé la colonne vertébrale et était sortie sous l’aisselle droite. Le médecin qui a examiné le corps a remarqué, en outre, dans la région lombaire la marque d’un coup violent qui paraissait avoir été porté après la chute. 




pais vasco antes carabineros
CARABINIERS SUR LA BIDASSOA
PAYS BASQUE D'ANTAN



Epouvanté, Gastambide, Goyeneche et Lorenzano allèrent chercher refuge dans une maison du voisinage. Un instant après, Lorenzano revint à l'endroit où gisait le corps, pendant que Gastambide allait prévenir M. Chou, receveur des douanes à Dancharia. 



Cependant, le coup de feu tiré, les carabineros avaient compris, sans doute, la grave responsabilité qu’ils venaient d’encourir. Ils s’empressèrent de rebrousser chemin, de rentrer en Espagne ; ils y mirent une telle hâte que l’un d’eux, ayant laissé tomber son ros, ne prit même pas le temps de le ramasser. Le ros a été saisi par la justice française pour servir de pièce à conviction. Il était à peu de distance du corps de Durcudoy, que la gendarmerie retrouva à l'endroit dit Larespileta, situé à 180 mètres environ de la borne 67, point de délimitation entre Danchirenea et Sare. 



pays basque autrefois borne frontiere
BORNE N°67 
FRONTIERE FRANCO-ESPAGNOLE



Un détail à retenir : ni Durcudoy ni ses compagnons n’avaient d’armes ; l’un tenait une badine ; l'autre, un aiguillon à piquer les bœufs et un bâton de coudrier. 



Notons, en outre, que plusieurs Espagnols sont venus spontanément se mettre à la disposition de la justice française pour attester que les carabineros avaient agi en dehors de tous leurs droits.



Durcudoy n’était âgé que de trente et un ans. Il laisse une veuve dans une situation intéressante et déjà mère de six enfants en bas âge. 



De son côté, le directeur de l’Avenir, de Bayonne, M. G. Long-Savigny, que le hasard avait conduit, ce soir-là, à Dancharia et qui s’est ainsi trouvé un des premiers à examiner le point précis où le cadavre est tombé, dit que la configuration du terrain ne permet point d’admettre qu’on ait tiré d’au delà de la frontière espagnole, celle-ci se trouvant sur le versant opposé et séparée du lieu du meurtre par une crête très prononcée. 



D’autre part, nous recevons de notre correspondant de Madrid la dépêche suivante : 


Madrid, 12 avril. 


Les journaux de Madrid publient des télégrammes confirmant l’agression commise contre des contrebandiers sur territoire français, à 180 mètres de la borne-frontière, par deux carabiniers espagnols. Les autorités de la province de Navarre ont chargé le colonel des carabiniers de faire une enquête ; le meurtrier sera soumis à un conseil de guerre. 



La version espagnole prétend que d’anciens ressentiments entre la victime et le carabinier motivèrent une rixe que le carabinier termina sur le territoire français en tirant, à bout portant, sur Durcudoy. La presse madrilène dit que la contrebande a pris un développement énorme depuis la promulgation du tarif espagnol de 1892, dont même les droits minima, quasi prohibitifs, encouragent la contrebande et entretiennent une grande surexcitation parmi les populations des deux côtés de la frontière contre les carabiniers, mal rémunérés et qui, d’ailleurs, montrent peu de ménagements, même pour le commerce et les voyageurs, à Irun et à Port-Bou, sur les voies ferrées et, à plus forte raison, dans les localités isolées. Les douanes et les carabiniers des zones fiscales ont été jusqu’ici impuissants à réprimer la contrebande, qui se fait partout sur une vaste échelle."


(Source : http://www.alaingillodes.fr/Bornes_frontieres_france_espagne/BF61-80/BF61-80.htm)





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1 commentaire:

  1. Oui merci pour cette publication.
    Il s'agit de mon arrière grand-père né à Villefranque et père de Adolphe Durcudoy (mon grand-père)

    RépondreSupprimer